Il y’a encore deux ans, Baidy Aribot, simple technocrate et observateur de la vie politique, ne savait pas si le destin allait le conduire dans l’arène politique. Face au tumulte et aux différents échecs des politiques publiques du gouvernement d’ Alpha Condé au pouvoir, il a décidé de se jeter aux eaux troubles du marigot politique guinéen en créant l’ AFAG, l’ Alliance pour les Forces de l’ Avenir de la Guinée…
Objectif : devenir un jour le locataire de » Sékhoutouréyah ». Il faut le dire : sa mue politique se passe vite et très bien. Il sera le candidat de l’opposition républicaine, sous la bannière de l’ UFR à Kaloum lors des prochaines législatives.
C’est en homme politique averti et serein que Baydi Aribot nous a accordé une interview exclusive. Des événements tragiques de N’ Nzérékoré à la fin du procès politique dans l’affaire du 19 juillet en passant par ses ambitions politiques, l’ancien ministre de la jeunesse et des sports du gouvernement Kouyaté n’a pas pris de gants pour dénoncer les contreperformances spectaculaires de l’équipe d’ Alpha Condé.
guinea-forum : bonjour. On vient d’apprendre, par les rumeurs, que vous allez porter les couleurs de l’opposition pour conquérir Kaloum lors des prochaines législatives. Est-ce vrai ?
Baydi Aribot : je vous remercie beaucoup. Je lis régulièrement guinea-forum. J’avoue que c’est un site crédible. Je me réjouis de ce choix . Pour le moment, je n’ai pas tous les paramètres pour pouvoir affirmer que tous les partis de l’opposition républicaine soutiennent ma candidature ou pas à Kaloum. Ce que je peux vous dire, c’est que les accords signés par mon parti l’ AFAG, l’ UFR et l’ UFDG pour la finalisation de la transition ont été honorés. Cela dit, j’ai bénéficié de leur soutien comme ils l’avaient promis lors de mon engagement aux côtés de ce collectif. C’est une bonne chose de savoir que beaucoup de grands partis me soutiennent.
Mais, malgré ce soutien, c’est le terrain qui va commander. Il ne faut pas crier victoire ou penser très tôt que ceux qui sont en face ne sont pas à la hauteur ou pas crédible. Loin de là. Je ne sous-estime rien en politique. Je ne sous-estime personne en politique. Surtout que ceux qui seront en face seront des représentants du pouvoir. Qui dit pouvoir, dit : administration, moyens financiers illimités, parti politique structuré et moyens humains. En face, ça ne sera pas de la rigolade. Je vais sur le terrain pour me battre dans l’espoir de gagner. Pour permette aussi à l’opposition de gagner la circonscription très stratégique de Kaloum et aussi avoir un bon pourcentage pour la liste nationale en faveur de notre alliance.
Ce sera très dur. On va se battre . On va se concentrer sur nos objectifs. On ne va pas se laisser distraire par quoi que ce soit ni par qui ce soit. On doit être très alerte. Si nous voulons sortir victorieux de ces élections législatives, nous devons rester unis, solidaire et mobiliser d’avantage tout en restant concentrer sur nos objectifs.
En politique, pour réussir, il faut une synergie entre plusieurs éléments que sont entre autres, le terrain, les réseaux , les connexions que vous avez et la stratégie que vous allez mettre en place pour remporter une échéance électorale, qui seront déterminant. Et c’est à cela que nous allons nous atteler ces derniers jours avant la campagne. Nous espérons que ces élections seront transparentes. Si nous constatons toutes manœuvres visant à truquer les résultats des urnes, nous n’accepterons jamais, et nous allons nous battre par tous les moyens dont nous disposons. Il ne faut même pas se leurrer sur cette question qui reste non négociable.
guinea-forum : allez-vous défendre, lors des législatives, les couleurs de votre parti, l’ AFAG, ou alors celles de l’ UFR ?
Baydi Aribot : je suis dans une alliance, mais par contre je serai présenté sous la bannière de l’UFR. Cela dit, l’ AFAG reste un parti structuré qui, peut-être, va grandir avec les grands partis de l’opposition, derrière les aînés qui sont, aujourd’hui, en avance sur nous par rapport à l’expérience qu’ils ont sur le terrain politique et l’avance qu’ils ont pris sur nous dans l’implantation de leurs structures politiques sur le terrain.
guinea-forum : la date fixée pour la tenue des législatives avancent à grands pas. ET vous continuez de séjourner en France. Quelles sont vos ambitions dans l’immédiat ?
Baydi Aribot : je suis en France dans un but bien précis. D’abord, à cause du mois Saint de Ramadan, qui est un mois de pureté, de recueillement et de communion avec le Tout-Puissant. Pendant ce mois, en tant que croyant, j’évite tout ce qui est susceptible de perturber ce recueillement. Pendant ce mois, j’aime consacrer mon temps aux prières et à la méditation.
Comme j’ai ma femme et mes enfants en France, j’ai profité de cette période pour mieux passer le ramadan dans la tranquillité auprès de ma famille. Cela dit, malgré mon séjour parisien, j’appartiens à des structures politiques bien outillées. Les autres sont sur le terrain. Et on est en communication tous les jours. On échange sur les stratégies et les manœuvres à mettre en place dans le but de conquérir Kaloum.
Kaloum sera une circonscription très difficile et stratégique. Il faudrait qu’on travaille avec intelligence. On ne doit sous-estimer personne, on doit éviter de se donner l’air d’un candidat déjà gagnant. Ne pas se fier ni aux rumeurs, ni aux sondages. C’est rester le real politic qui va primer parce qu’en face, on a l’ État, le gouvernement, l’administration et puis le parti au pouvoir. Avec ses moyens illimités et surtout, des moyens humains et financiers.
Compte tenu de tous ces paramètres, je crois qu’on doit se préparer très bien pour pouvoir mieux affronter et vaincre l’adversaire qui est de taille. Donc l’organisation est nécessaire et surtout la stratégie censée nous permettre de contrôler tout ça reste déterminante.
C’est vrai, qu’avec l’accord politique signé tout récemment avec la mouvance présidentielle et le gouvernement sous la caution de la communauté internationale, nous donnent un certain nombre de garanties. Mais, en Guinée, l’expérience a prouvé que le problème n’est pas au niveau des textes conclus. Mais, plutôt, au niveau de leur application. J’ai toujours dit et répéter que le comportement de ceux qui sont chargés d’appliquer les textes est plus grave que l’on ne l’imagine. Pour la simple raison, que chez nous, il y’a un grand décalage entre les textes et la mentalité de ceux qui sont chargés de les faire appliquer.
Ainsi vous conviendrez avec moi que les rôles que vont jouer les chefs de quartiers, les présidents des délégations spéciales, les préfets et gouverneurs nous inquiètent et pourraient, si ils ne sont pas canaliser d’affecter la transparence des élections. Et mettre le pays dans une situation instable de conséquence incalculable surtout à cette période de troubles récurrents que connait la Guinée. Je crois qu’il serait souhaitable que les autorités de notre pays le comprennent et essayent des mesures pour éviter ça.
guinea-forum : finalement, vous irez aux élections avec Waymark; A quoi servie les opposants tués qui manifestaient pour exiger le départ de cette société au passé trouble. Même vous, vous avez frôlé la mort. Est-ce que l’ opposition radicale n’a pas fait la concession de trop en donnant carte blanche à Waymark de poursuivre ses activités ?
Baydi Aribot : je crois que les gens font de l’amalgame. Nous ne partons pas aux élections avec Waymark. Encore, une fois, il faut le dire et répéter. Nous avons négocié parce qu’il fallait partir aux élections dans les meilleurs délais. Parce qu’aussi, quelque part, il y’ avait des prépondérances politiques et des exigences que la Guinée devait respecter pour pouvoir bénéficier de l’aide publique au développement, et de l’investissement privé. Étant patriotes, même si on n’est pas au pouvoir, nous ne pouvons pas rester insensibles à ces arguments. n’oubliez pas que les hommes passent et l’ État reste.
Si ces objectifs sont atteints, même après ce régime, ça restera des acquis qui vont s’ajouter aux ceux déjà réalisés avant eux. L’essentiel, c’est le bien-être des populations guinéennes qui n’a aucun prix. Nous tenons véritablement à ce bien être.
Cela dit, en raison des violences meurtrières qui ont émaillé les différentes manifestations de l’opposition, des manifestations qui ont enregistré des morts, des blessés par balles et des dégâts matériels importants, il fallait s’asseoir autour de la table. Parce que, dans la violence, personne ne gagne. C’est ce qui nous a motivés à revenir à la table des négociations pour discuter sous l’ égide de la communauté internationale. C’est donc, avec l’arbitrage de la communauté internationale, que nous avons pu discuter avec le gouvernement des questions relatives au fichier électoral, au chronogramme, au vote des guinéens de l’étranger et, surtout, au fonctionnement de la CENI.
Ces paramètres nous ont permis de comprendre qu’on avait les possibilités de régler les problèmes de Waymark à mi-parcours avant d’arriver à la présidentielle de 2015. Je crois que c’est ce qui a été posé sur la table, surtout la question relative au problème du fichier. Ce que nous avons obtenu par rapport aux concessions du régime nous ont permis d’accepter les conclusions de l’accord. Je vous informe que les accords sont clairs : Waymark n’est plus dans le jeu. Désormais, nous avons la possibilité de contrôler les activités menées par Waymark durant la période qui a précédé la signature de l’accord politique. Je vous informe que Waymark ne gère pas les élections législatives prochaines.
Nous avons exigé que les décomptes se fassent, le jour J, manuellement dans les bureaux de vote. Dans les bureaux de vote, il y’ aura nos représentants et les journalistes de la presse indépendante. Comme ça, les résultats seront, d’abord, connus, dans les bureaux de vote avant qu’ils ne parviennent la commission de centralisation qui doit comptabiliser tout le monde.
Au niveau de cette commission de centralisation aussi, on aura des représentants. Et les résultats ne seront jamais comptabilisés par Waymark.
Comme le prévoit l’accord, le traitement de l’information sera fait devant tout le monde. Et un comité de veille sera mis en place pour surveiller tout ça, pour que la transparence soit au rendez-vous.
En ce qui concerne le travail que Waymark a fait, notamment par rapport à la sécurisation du fichier et la transparence dans la gestion du fichier, nous avons pris d’autres mesures pour mieux sécuriser le scrutin. Sur notre demande, des experts vont venir pour vérifier le travail de Waymark.
Que ceux qui ne comprennent rien arrêtent de véhiculer des mauvaises informations en disant que l’opposition a accepté Waymark, malgré les morts. Il faut qu’on arrête de raconter des choses qui ne sont pas vraies. Certes, il n’ y a aucun accord parfait, mais nous nous sommes battus pour gagner davantage en ce qui concerne la gestion des futures législatives.
En tant que patriotes, en tant que guinéens de souche, nous devons tous œuvré afin que ce pays retrouve sa stabilité pour qu’on parle enfin d’autres choses que des élections. Pour que nous parlions du développement pour que le débat ne soit plus dans la rue, mais dans l’ hémicycle.
guinea-forum : question d’actualité à présent. Quel regard porte-vous sur les récents affrontements inter ethnique à N’ Nzérékoré et la centaine morts à déplorer ?
Baydi Aribot : ces violences m’ont bouleversé à plus d’un titre. Je n’arrive pas à comprendre pourquoi notre pays peut en arriver à ce genre de situations. Je profite de l’occasion pour condamner ces actes de violences, en appeler à l’ unité des guinéens. ET, surtout, pour me recueillir devant la mémoire de ceux qui ont perdu leur vie dans ces événements tragiques.
Toutes mes condoléances également à tous les proches des victimes, à toutes les communautés de la Guinée Forestière et du reste de la Guinée. Plus jamais ça dans notre pays.
A regarder de près ce conflit, il faut se dire que le gouvernement en place a sa responsabilité dans ça. Le gouvernement a été d’une légèreté indescriptible dans la gestion de ce violent conflit. Depuis l’arrivée d’ Alpha Condé au pouvoir, si on comptabilise tout, c’est-à-dire les tueries de Zogota et les répressions sanglantes des marches pacifiques de l’opposition, le bilan macabre du régime friserait les 200 ou 300 morts. C’est trop. Sans parler des opérateurs économiques qui n’ont plus rien aujourd’hui, parce que leurs biens ont été détruits. C’est trop. Je crois qu’il est temps qu’ Alpha Condé s’interroge sur le sort qui est en train de s’acharner sur la Guinée afin de tirer les conclusions qui s’imposent.
Ce régime a échoué sur tous les plans. Ceux qui sont chargé d’animer les structures de l’ État sont incapables de mener à bien les reformes et les politiques qui s’imposent. Pis, je pense qu’il y’ a un manque notoire de considération pour le guinéen. Dans certains pays, un seul mort interpelle toutes les autorités, ça interpelle, en premier lieu, le chef de l’ État. Mais quel fut mon désappointement quand j’ai appris qu’au premier jour des affrontements, pendant qu’il y’avait des dizaines de morts, le président Alpha Condé a pris son avion le même jour pour se rendre à la réunion de la CEDEAO à Abuja. Alors là je me suis dit quelque chose d’anormale se passe au sommet de l’état.
Souvenez-vous : le président Issoufou du Niger n’avait pas fait le déplacement pour le cinquantenaire de l’ UA à Addis-Abeba parce que quelques jours plus-tôt, son pays a connu une attaque terroriste meurtrière à Agadez et parce qu’il a de la considération pour sa population. Pourquoi le nôtre, qui, au lieu de gérer une crise qui frôle aujourd’hui les 74 morts, a pu laisser la Guinée et les guinéens dans de tel situation et faire ce déplacement. Parmi ces cinquante conseillers et membres de gouvernements personnes n’a osé lui dire de ne pas commettre une telle bavure. parce qu’il n’y avait rien à Abuja de plus important plus que la Guinée.
J’ai entendu dire que le président Alpha Condé a hérité d’un pays, mais pas d’ un État. Aujourd’hui, à l’allure où vont les choses, on se demande si le pays existe, à plus forte raison l’ État.
Il est temps qu’ Alpha Condé tire les conséquences de ses différents échecs. Il est le premier responsable qui doit veiller, comme le prévoit la constitution sur laquelle il a prêté serment, à la sécurité des guinéens. Il est temps qu’il prenne de la hauteur et qu’il ait une haute vision de sa mission. Pour cela, il doit veiller à ce que le pays ne connaisse plus une situation pareille sous son règne.
Certains ont accusé les éléments de l’ ULIMO d’être derrière les violences survenues à N’ Nzérékoré sans en apporter la moindre preuve. Je pense qu’on doit arrêter ce genre d’accusations. A mon avis, ce sont des frustrations latentes qui ont engendré ces violences meurtrières. Il y’ avait une haine latente et que les rapports psychologiques de bon voisinage et de travail étaient malsains. Pourquoi ça ? Le régime actuel a monté à la face du monde qu’il n’a plus la maitrise totale des communautés vivent en Guinée. La politique de division, d’exclusion, le sentiment de rejet, le repli ethnique et identitaire ont favorisés une crise de conscience majeure au sein de nos populations. C’est pourquoi le gouvernement doit prendre des mesures fortes pour que plus jamais ça.
guinea-forum : le verdict dans l’affaire du 19 juillet vient de tomber. Après 7 mois, disons, le commandant AOB et le menuisier Jean Guilavogui ont été condamnés à a réclusion criminelle à perpétuité. Même peine pour votre collègue de l’ opposition Bah Oury. Vos commentaires ?
Baydi Aribot : franchement, je n’arrive pas à comprendre pourquoi on a condamné Bah Oury à une telle peine ? Tout au long du procès, son nom n’a été cité qu’une ou deux fois. Qu’il soit une cible privilégiée dans ce jugement, cela m’étonne. On est dans le domaine judiciaire, c’est vrai. On doit respecter la décision de la justice. Pour le cas Ba Oury, je n’ai rien compris. Je me pose encore la question de savoir pourquoi le tribunal a condamné Bah Oury, quels sont les éléments de preuve qu’ils ont contre Bah Oury ?
En matière pénale, il faut trois éléments pour constituer une infraction : l’élément légal, l’élément moral et l’élément matériel. Si l’un de ces éléments manque, on ne pourra plus établir une preuve contre un accusé. Pendant tout le procès, je n’ai pas vu un de ces éléments dans les accusations qui pèsent contre Bah Oury. Pour moi, cette condamnation est injuste. Et cela doit interpeller les autorités de notre pays pour qu’on arrête les persécutions contre les hommes politiques.
Qu’est-ce que Bah Oury a-t-il fait pour mériter ça ? En tout cas, moi, je ne sais pas. J’apporte mon soutien total au vice-président de l’ UFDG. J’espère que la procédure n’est pas terminée et que les avocats de la défense vont interjeter l’appel pour qu’une autre juridiction puisse examiner de manière sérieuse cette condamnation en disant le droit.
En ce qui concerne le commandant AOB, Jean Guilavogui et madame Fatou Badiar, je n’ai pas suivi le réquisitoire du procureur général. Mais, par contre, je crois que les preuves apportées par la partie civile étaient trop minces pour constituer une vraie infraction. Néanmoins, on est dans le domaine judiciaire. Avec tout le respect que j’ai pour nos juridictions et nos différentes institutions, je crois qu’on doit permettre à ce que le droit soit dit et que ce droit ne soit pas influencé par l’ exécutif.
guinea-forum : une dernière question. Monsieur le président de l’ AFAG, certains racontent que vos relations avec votre ami le général Konaté ne sont plus au beau fixe, que la brouille est totale entre vous et l’ancien homme fort du pays. Qu’en est-il réellement ?
Baydi Aribot : je ne sais pas sur quoi ces gens-là se fondent pour dire que je ne m’entends pas avec Sékouba. Peut-être qu’ils ne connaissent pas réellement ce qui me lie au général Sékouba. L’ancien président de la transition est un ami depuis plus de trente ans. Ce n’est pas 30 jours, encore moins 30 semaines. Avant la politique, on était ensemble. Pendant la transition, j’étais avec lui. Et après la transition, je suis toujours avec lui. Chez moi, l’amitié est sacrée.
Aujourd’hui, vous le savez autant que moi, qu’on a traversé des moments très difficiles pendant cette transition. ET grâce à Dieu, Sékouba et ses amis en sont sortis indemnes. Nous n’avons pas connu le sort des proches de Sékou Touré ou de Lansana Conté. Dieu nous a évité ça.
Je vais vous dire que mon amitié avec le général Sékouba Konaté n’est pas basée sur le matériel ou sur des problèmes de positionnement. Si, parmi tous nos, amis, c’est Sékouba qui a atteint la plus haute fonction dans l’exercice de l’ État, c’est parce que, le destin a voulu ça. Franchement, en tant que soldat, qui ne connaissait rien en politique, le général Konaté ne s’est pas mal débrouillé pour sortir de cette transition avec beaucoup de tacts.
Il a fait ce qu’il avait à faire. Il a remis le pouvoir à un civil qui devrait mieux faire que lui. Au lieu de prôner l’unité nationale comme Konaté le lui avait recommandée avant son départ, au lieu de se battre pour que le guinéens parlent le même langage, pour que les politiciens soient unis comme au temps du forum des forces vives où ils combattaient tous comme un seul homme le CNDD, aujourd’hui, force est de constater que c’est la division totale. Et cette division n’est pas la faute à Sékouba, ce n’est pas la faute à ses amis. Qu’on nous laisse tranquille là où on est.
Maintenant, il est haut responsable de l’ Union Africaine, moi, j’ai choisi de faire la politique. Chacun a pris le chemin qui lui semble bon. Mais, notre amitié est toujours intacte. Que les gens cessent de dire que je suis en conflit avec mon ami Konaté. Là où il est, je lui souhaite bonne chance. Et j’espère que, quand on sera à la retraite, on sera dans nos villages en Guinée, pour pratiquer l’agriculture.
Propos recueillis par Mamadou Saliou Diallo