Une nouvelle voie

Expliquez-moi pourquoi il est allé avec les autres, comme un sous-fifre à cette rencontre avec une bande de « zéros virgules » ?…

Le 21 décembre 2010, après 53 années d’indépendance nous avons enfin notre 1er président de la République élu suite à des élections « propres ». Il est notre 5e chef de l’État, notre 3e président élu mais pourtant nous sommes toujours dans la 1ère République démoniaque de Guinée, celle dont la devise est «Corruption, Injustice, Médiocrité». Je reprends donc mon exploration des méandres de décisions importantes pour la nation prises par nos nouveaux chefs en proposant des pistes de réflexions et d’actions qui pourraient être envisagées pour que le « vrai changement » soit effectif.

Puisque les comptes rendus officiels des conseils des ministres ne nous offrent que brouillard et langue de bois je vous présente les comptes rendus mensuels d’un observateur indépendant :

1. Échantillon de paroles et pensées présidentielles du mois : « malheureusement, on ne peut pas reconnaître six corps, car ils n’avaient pas de pièces d’identités. C’est pourquoi, la nécessité que tous les guinéens aient une carte d’identité s’impose » (le 30 octobre) à propos du triste accident de la route qui a fait des dizaines de mort et de blessés graves à Conakry en fin octobre ; « il y a beaucoup de malentendus du fait qu’on ne dialogue pas assez.

Je les rencontre pour leur (ses opposants politiques) montrer que nous sommes des frères, nous nous sommes battus ensemble dans l’opposition et nous voulons tous que ce pays change » ; « nous pensons que chaque leader a le même souci donc il faut qu’on lève les malentendus et que nous ayons les meilleurs rapports comme c’était le cas lorsque nous étions tous dans l’opposition, au sein des forces vives pour le combat pour la démocratie » ; « par ma position j’assume toutes les fautes commises par l’armée guinéenne. Je suis le chef de l’armée guinéenne, je les assume. Pour la police guinéenne j’assume également parce que je suis le chef de la police nationale » ; « J’ai commis deux erreurs graves. Première erreur : après mon investiture, j’ai décidé de ne pas avoir de garde présidentielle parce que je ne pensais pas qu’on pouvait m’en vouloir au point d’attenter à ma vie. Deuxième erreur : j’ai décidé, contre l’avis de mes conseillers, de ne pas bouger de mon domicile privé tout en sachant qu’il se trouve dans le seul quartier de Conakry qui n’a pas voté pour moi lors de l’élection présidentielle. On ne m’y reprendra plus » ;

· Pour : ce mois-ci je dis BRAVO Mr le PPAC pour les 2e et 3e déclarations devant son opposition plurielle à la présidence le 15 du mois mais je demande quand même à être convaincu de ce virage verbal à 180 degrés. Au nom de tous les guinéens je voudrais remercier nos « Big Brothers » qui ont enfin réussi à lui faire comprendre qu’il devait obligatoirement mettre beaucoup d’eau dans son apéro s’il voulait la légitimité indispensable pour recevoir leurs sous. Maintenant s’ils pouvaient aussi lui imposer de parler en priorité aux journalistes nationaux (publics et privés) ils mériteront, comme le (présumé) génocidaire Claude Pivi, nos plus grandes décorations nationales.

· Contre : la première citation de l’homme-gouvernement date de la fin du mois dernier mais je ne pouvais l’exclure de ma collection des perles célèbres présidentielles car elle est si caractéristique du personnage : oser utiliser un tel drame en plein milieu de la douleur des familles pour faire la promotion de ses tentatives de magouilles électorales est digne de Machiavel. Il insinue ainsi que si on l’avait laissé organiser « son recensement » les pauvres seraient peut-être morts, mais avec une carte d’identité en poche ; ou mieux que cette carte leur aurait facilité l’enterrement après la mort !

Le général Toto, ministre de la sécurité (toujours au fond de la classe) a lui aussi fait très fort : il a trouvé des coupables partout, sauf à son niveau – il a même accusé certains d’être morts parce qu’ils étaient en surcharge dans le taxi !

Ce qui ne l’a pas empêché de décider 3 jours après que les camions devraient tous être contrôlés et qu’ils ne pourraient plus rouler pendant la journée et aux heures de pointe, des décisions qu’il aurait dû prendre AVANT ce massacre.

Eh oui, en Guinée on ne démissionne jamais pour faute lourde – on attend un décret pour l’être. Puis patatras, nouvelle déclaration à la presse étrangère, donc nouvelles perles sur ses 2 seules « erreurs » de cette première année au pouvoir – comme il est triste qu’il n’ait vu que celles-là!

· Une Nouvelle Voie : en sa qualité de chef de l’État, un président a l’obligation de parler régulièrement à ses administrés même si sa parole doit être rare et précieuse ; il doit enthousiasmer les plus jeunes, rassurer et faire espérer ceux qui souffrent et convaincre ceux qui doutent.

Il doit œuvrer avec rigueur, franchise, clarté et modestie pour nous faire accepter que nous sommes tous membres d’une même nation avec des intérêts communs et des particularités qui doivent être synergiques ; accepter que dans chaque nation il y a des bisbilles mais que finalement on trouve toujours une solution parce qu’on peut choisir ses amis mais pas sa nation.

Il doit nous faire honneur lors de missions bien préparées et ciblées à l’étranger et être une fierté pour la majorité de sa diaspora. Il doit laisser son équipe de gestion des affaires courantes travailler en toute liberté mais sous sa supervision discrète, polie et efficace car il l’a mise là justement pour cela. Il doit se rappeler chaque matin qu’il est un homme chanceux mais qui a plus de devoirs que de droits – pas un nouveau riche qui n’a plus les pieds sur terre. Voilà les principales qualités que nous attendons de notre président lorsqu’une nouvelle voie sera mise en œuvre dans notre pays.

Ce jour-là les fausses promesses et paroles pieuses qui nous ont été servies pendant 53 ans seront bannies, remplacées par des actions fortes, concrètes et rapides – fini le bla-bla pour gagner du temps sans rien changer. Et toute personne qui ne peut remplir ces conditions n’aura rien à faire au sommet du pouvoir en Guinée.

Alors où en êtes-vous Mr le PPAC dans ces différentes exigences ?

2. Formations, séminaires, ateliers, colloques et autres « rendez-vous du donner et du recevoir » du mois : atelier de formation de OSIWA sur le thème « Médias en Guinée : pistes pour une contribution pertinente de la consolidation de la démocratie et au développement du pays » ; tables rondes (4) sur la participation de la jeunesse aux élections législatives ; forum public sur le thème « la problématique de la réconciliation nationale : contribution des acteurs politiques » ; 9e réunion annuelle du réseau francophone de la régulation des télécommunications ; réunion des experts de la CEDEAO autour de la « Charte pour la Prévention et la Gestion des Crises Alimentaires ; atelier de formation des formateurs nationaux qui seront chargés de former les membres des CARLE de la CENI ; ateliers régionaux (3) de l’ONG « Tous pour la Constitution » pour la sensibilisation de tous les acteurs des élections législatives ; conclave des inspecteurs chargés du contrôle de qualité des biens de consommation ; séminaire de formation sur l’application du DEL (Développement Économique Local) et du PPP (Partenariat Public Privé) dans les zones minières ; salon de l’emploi et de l’investissement ; atelier du consortium des ONG nationales pour l’éducation pour tous ; forum de la réconciliation de Pita ; formation des agents des brigades anti-criminalité de Conakry ; séminaire national des acteurs du processus de la réforme des secteurs de la sécurité et de la défense ; 1er cours d’initiation aux droits de l’homme pour les élèves et étudiants.

· Pour : les statistiques sont en légère baisse ce mois-ci (19) sûrement l’effet cumulé de l’excès de « cadeaux » du mois dernier et de la peur des bailleurs de sortir de leurs bureaux et maisons depuis que même leurs ambassades les mettent en garde contre les Conakrykas « en tenue ».

Je ne vais pas là aussi m’en plaindre, mais cette baisse n’est nullement un signe que la situation des « donner et recevoir » s’améliore. Au vu de ce que j’en ai lu le salon de l’emploi qui se tient (je crois) annuellement semble une bonne initiative pour des milliers de jeunes diplômés laissés ensuite « à se débrouiller » pour survivre.

Mais comme d’habitude il n’y a aucune évaluation présentée des résultats du précédent salon donc il est impossible de dire si c’est vraiment utile. Un petit effort de professionnalisme svp, Mrs les organisateurs…

· Contre : un forum public pour la réconciliation nationale : quelles humiliations devrons-nous encore encaisser en Guinée ?

Réunir des griots et des badauds qui ne connaissent rien du sujet pour leur distribuer un peu de perdiems de l’USAID et finalement faire des recommandations farfelues en l’absence de tous les responsables nationaux !

Je n’ose même pas citer ici les propositions qui ont été faites, de peur de vous faire pleurer. Je suis quand même sidéré par cette volonté manifeste du PPAC de saboter autant qu’il le pourra tout processus de VJR inclusif et transparent.

J’ai cru au début qu’il ne savait pas vraiment comment faire – maintenant je suis sûr qu’il fait exactement ce qu’il a prévu de faire depuis sa 1e campagne présidentielle en Guinée. Pour conclure Big Up au préfet de Pita pour son forum sur la réconciliation nationale : les participants devaient au contraire payer (de force) leur participation, en cash ou en bœufs ; un moyen original pour diminuer ces rencontres !

Hélas devant le tollé jusqu’à Conakry, elle a été sommée de rembourser – encore une visionnaire freinée pour ses innovations….

· Une Nouvelle Voie : il n’y aura plus rien de nouveau à dire ou à proposer pour cette rubrique en 2011. Peut-être demander un coup de pouce aux « Big Brothers » ici également ?

3. Les décisions et actions « positives » du mois : visite sans violence d’état (mais avec tracasseries de petits administrateurs broussards zélés) d’un des principaux leaders politiques de l’opposition en Basse-Guinée et en Moyenne-Guinée ; 6 « petits poissons » des détournements des fonds publics sont déférés devant la justice, mais les requins et les baleines du système rigolent en haute-mer; le droit de manifestation politique est redevenu constitutionnel 24h après avoir été abrogé par arrêté ministériel ; finalisation du draft du document stratégique de la réforme des forces de défense et de sécurité de Guinée qui sera maintenant présenté au CNT pour adoption (et application ??) ; lynchage médiatique dans les règles sur les plans national et international du chérif de la ville de Conakry, Mr Resto-Cop ; coup de théâtre le 12 du mois : le feu est intenable sous la carapace de la tortue PPAC donc il invite les 2 principaux leaders de l’opposition (et 1 particule décoratif) à venir le 15 du mois discuter avec lui « dans le cadre de (l’unique) consultation périodique avec les acteurs sociaux et politiques pour discuter du dialogue national ».

Mais la veille de la rencontre il nous fait une « alifacondéite » habituelle : il étend sans consultation préalable la participation à toute la bande des opposants-opposés et en particulier à ses particules lèche-bottes. Du coup c’est la photo de la belle-famille réconciliée et tous sourires qui sera le résultat principal, plus les vœux pieux habituels bien sûr ; suite à cette mascarade 25 parmi les centaines d’innocents de l’UFDG sont graciés par le PPAC – c’est vraiment dur d’être Diallo, Barry, Baldé et Sow dans notre pays.

· Pour : pour cette visite « civilisée » d’un opposant dans son pays profond, voilà Mr le PPAC comment il fallait faire depuis janvier 2011. Pour convaincre les guinéens de voter pour vous il vous faut juste bien réfléchir et travailler beaucoup ; améliorer même un tout petit peu leur qualité de vie car ils ne comptent que sur vos promesses électorales pleines de « je jure..» pour espérer enfin.

Vous aurez après cela leur soutien massif aux législatives prochaines car votre programme politique, social et économique les rassurera que nous sommes sur la bonne voie, même si la progression sera très lente. Il n’y a pas d’autre option pour vous de réussir votre mandat et la pire des manières est de croire que ce sera possible avec des mensonges, des menaces, de la violence et des injustices ethniques.

Pour ce 1er petit pas de bon sens à l’endroit de ceux qui n’ont pas voté pour lui, c’est vraiment un début forcé mais positif – attention, le tigre est blessé et il est encore plus dangereux dans ce cas-là. A mon avis il y a trois choses à mettre en priorité :

-1) jouer cartes sur table, sans aucune faiblesse au contraire, comme lui sait si bien le faire, en particulier pour les prisonniers, la CENI, le cas Bah Oury et un nouveau gouvernement qui ne sera plus à sa botte ;

– 2) mettre sur papier tout ce qui sera convenu et ensuite largement partager avec tout le monde pour forcer le menteur pathologique au respect de sa parole ;

-3) virer le plus vite possible JMD et tous les autres pourritures bien connus des négociations sans complaisance entre le PPAC et son opposition. Il n’a plus le choix maintenant, il est enfin forcé de descendre de son nuage pour revenir dans le même monde que ses concitoyens.

Maintenant on attend plus que Dadis, Pivi et Tiegboro soient mis en cargo vers La Hayes et on finira par croire que notre prési a enfin été touché par la Grâce Divine.

· Contre : J’ai néanmoins 3 regrets pour cette rencontre : a) les 3 premiers invités n’auraient jamais dû accepter d’être reçu avec la bande des autres particules. Ils ont été invités à part et ils devaient donc exiger que l’ordre d’invitation soit respecté, c’est à dire eux trois d’abord, puis les autres.

A mon avis la ruse du PPAC a marché : il a réussi à les « réduire » au même rang que les « zéro-virgules ». b) il est confirmé que la principale raison du show du 15 novembre est que les « Big Brother » ont donné le choix au PPAC entre une décrispation immédiate et franche de ses relations avec l’opposition et la remise en place du groupe de contact international sur la Guinée – la 2e option serait bien-sûr la honte suprême pour notre Kim Jong Il tropical. Idem pour la justice où on nous parle maintenant d’amener les génocidaires du 28 septembre 2009 à la barre (mais ça on attend de le voir pour le croire).

Ira-t-il jusqu’au bout de cette logique ou cherche-t-il juste à gagner un peu plus de temps pour espérer récolter quelques sous arabes ou sud-américains pour offrir de l’eau et de l’électricité à Conakry ?

A son grand désavantage plus personne ne le croit sur parole maintenant.

A ce titre je pense que nos « grands opposants » devaient absolument répondre positivement à cette « convitation » (convocation/invitation, dixit Kylé) mais ils ont dit OUI trop vite : la pression actuelle sur le PPAC qui est entièrement à leur avantage leur aurait permis de le faire marcher et le contraindre à de vraies concessions préalables. Les Ivoiriens diraient que pour une fois « il avait ses doigts dans leur bouche » – il ne leur restait plus qu’à les mordre !

En particulier Cellou Dalein, qui est le seul à avoir ses militants innocents en prison, devait poser ses conditions non négociables avant d’accepter de venir sourire devant la RT-PRG !

Expliquez-moi pourquoi il est allé avec les autres, comme un sous-fifre à cette rencontre avec une bande de « zéros virgules » ?

Pourquoi ne pas exiger d’être reçu seul (ou avec toute son alliance), sur un agenda précis convenu à l’avance et uniquement après la libération de tous les innocents, le retrait de la poursuite contre Bah Oury et la mise à la poubelle de Louncény?

Et JMD comme porte-parole à la sortie de la réunion !!! c) après toutes ces discussions, aboutir à la mise en place d’un comité de dialogue présidé encore par le gouvernement-fantôme c’est pitoyable, surtout quand il y a moins d’un mois, un comité de sages indépendants accepté par les 2 parties a été chargé de faire exactement la même chose…

· Une Nouvelle Voie : maintenant nous voulons voir le PPAC, Cellou et tous les autres leaders politiques de l’opposition et du pouvoir en Haute-Guinée et en Guinée-Forestière, là où leurs partisans ont le plus besoin d’eux aujourd’hui ; beaucoup plus que ceux des deux autres régions.

Ils ont l’obligation de tenir un langage digne de responsables nationaux et ils devront se montrer dans nos 4 régions pour indiquer aux guinéens exaspérés et désespérés qu’ils pourront enfin voir la lumière de jour, en priorité ceux qui voient chaque matin leurs vies s’enfoncer un peu plus en enfer alors que des millions sont dépensés sans aucune gêne par des bandits en treillis, des ministres invisibles et des fonctionnaires bénis du pouvoir. Prenons exemple sur le Chili, l’Argentine et l’Uruguay : dès que les nouveaux dirigeants ont mis fin à l’impunité des militaires criminels en supprimant toutes les amnisties qu’ils s’étaient accordés avant de rendre le pouvoir aux civils, dès que le respect des DDH et la justice sont revenus pour les victimes et dans les mœurs nationaux, les booms économiques avec des croissances proches des 2 chiffres ont démarré et se poursuivent sans problèmes.

4. Les décisions et actions « négatives » du mois : bilan final de la marche pacifique de l’opposition du 27 septembre : 4 morts par armes blanches, 351 personnes arrêtées, 59 condamnées à des peines de prison ferme et un mineur sans famille interdit de séjour dans sa capitale – vive le changement du PPAC ; notre président a fait « don » aux FDI (Forces de Dépenses et d’Insécurité) d’un avion-cargo et de motos de cortège pour fêter leur 51e anniversaire – son livret épargne à la poste française est blindé ! ; Un avion de ligne sénégalais est cloué au sol à Conakry et le gouvernement veut faire croire qu’il n’a aucune responsabilité dans cet incident diplomatique, qu’une société étrangère a pris cette décision sans consulter les autorités nationales. Al Qu’Aïda peut donc se frotter les mains, ils peuvent venir chez nous avec leurs chars et bazookas en passant par cette même agence ; après la France, c’est les USA qui mettent en garde leurs concitoyens de visiter la Guinée sauf pour raison indispensable en raison de risques pour leur sécurité – en avant toutes pour les investissements étrangers ; trois brèves escales du PPAC à Conakry entre ses balades touristiques présidentielles : ce mois-ci ce sont les « républiques sœurs » des Émirats Arabes Unis (où il est invité par des requins de la finance internationale qui veulent investir en Guinée) et du Brésil (où il était invité pour un sommet de chefs d’état où il était le seul invité, pour ensuite remplacer le maire de Boké à la signature des accords de jumelage entre sa ville et celle de Salvador de Bahia, qu’il a signé avec le sous-préfet de la ville et enfin pour participer à un concert de Tidiane World Music avec Takana Zion et compagnie) ; après avoir joué le coq sur son tas de fumier de dignité, de liberté et de « à bas le colonialisme » pour le nouveau code minier « sans pitié » pour les investisseurs étrangers, le PPAC et son gouvernement sont forcés de faire marche-arrière sur leurs prétentions fiscales car celui-ci se révèle finalement non attractif pour des investisseurs majeurs en pleine crise mondiale – ils menacent d’aller travailler avec nos voisins dont les mines communiquent souterrainement avec les nôtres ! ; nous avons un nouveau record du monde : d’après une estimation de HWR (donc fiable sur le plan international) 80 à 90% des prisonniers guinéens n’ont jamais été en contact avec un juge donc reconnus coupables de quoi que ce soit, les plus anciens ayant plus de 10 ans de prise en charge musclée et gratuite dans ces hôtels tristement célèbres de l’État; l’armada de militaires soudards qui accompagnent le PPAC partout où il va à Conakry grandit tous les jours et elle dépasse largement ce que nous avons connu au temps des militaires au pouvoir. Il est vrai qu’il est en même temps chef suprême des armées et ministre de la défense ; le PM pose la 1e pierre d’une raffinerie, mais il n’y a pas encore un seul puits de pétrole opérationnel – où est la logique ?

· Pour : comme de coutume, R.A.S.

· Contre : pour revenir rapidement sur le clou du mois passé, l’augmentation de 27% du prix du carburant, le pouvoir nous a rabâchés que cette mesure permettra de supprimer les subventions de l’état sur le carburant (environ 200 milliards de GNF par mois). Mais il a oublié de nous dire à quoi vont donc servir ces « nouveaux fonds disponibles ». Dans le même sens, une nouvelle révision de la loi des finances 2011 est-elle programmée pour réduire conséquemment le déficit abyssal de notre budget national qui a d’ailleurs largement augmenté entre les versions 01 et 02 ? A moins que cela ne serve pour les frais de location et de carburant des jets privés prêtés par le patron mafieux de RUSSAL et les achats de costumes et robes de soirs commandés à Paris et Rome – on veut savoir où ira cet argent. S’il existait des Jeux Olympiques de la malhonnêteté et de la bêtise au pouvoir, l’équipe de Guinée n’aurait même pas besoin de s’entrainer avant d’y aller ! Pour la mission de collecte de cadeaux dans les pays du golfe arabique et le Brésil, puisque la récolte chez les occidentaux est plus beaucoup problématique que prévue, il essaie du côté des pétrodollars. Il sera de nouveau très vite déçu car ceux-ci sont les plus grands bandits de la finance mondiale actuelle ; ils ne sont pas arrivés où ils sont en gaspillant des sous dans des gouffres financiers tropicaux. Il devrait mieux regarder autour de lui avant de voyager : il obtiendra au mieux quelques mosquées intégristes, des banques privées et des hôtels dont nous ne tirerons que des miettes financières car ils en restent toujours les propriétaires. Pour la ballade aux Emirats relisez bien les termes des accords signés : « la convention fiscale concernant le revenu et la fortune, la convention sur la protection des investisseurs, l’accord bilatéral sur la coopération économique, commerciale et technique et la convention sur la non double imposition en matière d’impôts sur le revenu et sur les biens ». Ces requins ont pensé à tout pour éviter les déboires des compagnies chinoises et brésiliennes qui sont venues investir sans protections préalables dans les grandes sociétés minières déjà en place. Je mettrais ma main au feu qu’ils ne pensent qu’à des joint-ventures ou à des acquisitions d’actions dans ces sociétés ayant déjà pignon sur rue en Guinée, pour éviter l’enfer du démarrage que celles-ci ont déjà subies et dépassées. La visite du Brésil est d’autant plus incompréhensible que le lendemain de son départ se tenait à Brasilia le forum de coopération Amérique du sud – Afrique (Asacof) qui a réuni les chefs d’états et de gouvernements de 55 pays des 2 continents – mais ça c’est trop « fort » pour notre PPAC qui ne veut pas de choses compliquées, juste quelques petits dollars de plus. Au vu de toutes ces bêtises présidentielles et gouvernementales je conclus avec regret que la seule manière de sortir de la crise actuelle est effectivement le retour du groupe international de contact sur la Guinée : puisque nous sommes incapables de nous débrouiller tout seuls, faisons encore une fois appel aux toubabs pour nous y forcer avec la chicotte…

· Une Nouvelle Voie : le président d’une nation démocratique ne fait pas de « dons » à sa population, et en particulier à ses forces armées, surtout quand elles retournent régulièrement ces cadeaux contre les populations civiles. Personne ne lui demande cela, car il n’est pas censé être un millionnaire – il doit rester avant tout le 1e administrateur de la nation, avec un salaire de fonctionnaire, même celui-ci est souvent le plus élevé du pays. Il doit également éviter d’insulter l’intelligence de son peuple : l’analyse coût-bénéfice de chacune de ses missions devraient être faite succinctement par lui à sa descente d’avion et ensuite plus en détail par son gouvernement. La population ne doit jamais douter de la moralité de son 1e magistrat et de sa famille. Hélas on a déjà raté cela 5 fois en Guinée…

Monsieur le PPAC, comme pour vos prédécesseurs, votre parcours au pouvoir ne sera pas écrit par vos courtisans. L’Histoire avec le grand H est l’œuvre de professionnels neutres, des historiens, des politologues, des sociologues – et des psychiatres pour le cas spécifique de la Guinée. Je ris toujours en lisant le chansonnier du PDG, Kobélé Keita qui est persuadé que plus il mentira fort, plus ses rêves deviendront des vérités. Lui qui aime tant les définitions des dictionnaires devrait les parcourir dans toutes les langues des Nations-Unies, pour trouver ce qu’ils disent à l’unanimité de son père Sékou Touré : « homme d’état guinéen qui a connu la gloire pour avoir piloté le seul Non au referendum des indépendances africaines du général de Gaulle.

Néanmoins il est devenu au fil des années l’homme du Camp Boiro, l’artisan de la décadence politique, sociale et économique de son pays ». Il est l’exemple parfait de ce que la médiocrité et l’amateurisme des premiers présidents africains ont fait pour détruire tous les espoirs de ces belles indépendances pacifiques. La plus grande victoire du général de Gaule sur la Guinée aura en fait été de l’avoir laissé gérer par un minable comme Sékou Touré – sa plus grande vengeance aura été que 3 ans après cette indépendance la majorité des Guinéens regrettaient dans leur for intérieur le départ de la France ! Il a permis à tous nos pays voisins et en particulier la Côte d’Ivoire de prouver à quel point ce Non était surtout une fanfaronnade d’un complexé et aigri social ; une erreur grave de gestion de la Guinée comparée aux autres pays de la région qui ont eux attendus une année de plus pour obtenir la même indépendance mais avec un résultat diamétralement opposé. Mr Kobélé se croit malin en proposant des réconciliations différentes sur 3 périodes de notre histoire (1958-1984 ; 1984-2008 ; 2008-2011). Il espère ainsi réduire la responsabilité entière de son gourou sur le demi-siècle d’échec « global et multiforme » de la Guinée. Peine perdue, l’Histoire retiendra que notre pauvre pays est passé de l’aïeul AST à son fils Lansana Conté qui l’a transmis à ses petits-enfants Dadis Camara et Sékouba Konaté avant de revenir enfin à son petit frère Alpha Condé qui est venu reprendre le travail là où il avait laissé. Et oui, AST est le principal responsable de cinq gâchis guinéens successifs et de toutes les années qui seront ensuite nécessaires pour éliminer nos graves problèmes de fond. Son système de gouvernance basé sur la jalousie primaire, la vengeance mesquine, la haine ethnique, la cruauté gratuite et le Mal absolu s’est écroulé déjà trois fois en moins d’une semaine et par des militaires en grande partie illettrés, en sandales et ne possédant même pas des vélos gagnés à la sueur de leurs fronts ; quelle ironie ! Pour échapper à cette malédiction il faudra exorciser le diable AST. Comme dans le film « l’exorciste » : on devra le révéler au grand jour pour ensuite le brûler à la vue du Coran et de la Croix. Apres cela seulement le bon Dieu nous pardonnera tous les péchés du pays et nous pourrons gérer pour une fois correctement notre indépendance. Tous les démocrates guinéens prient pour ce jour et sont prêts à se battre (mais pas à mourir en servant de piédestal à des ambitions politiques personnelles) pour avoir le bonheur de voir ce jour avant de retourner auprès de leur créateur.

Je profite de ce message pour dire BRAVO ET MERCI à mon jeune frère Paul Théa pour sa vidéo sur la vie de notre maman, Hadja Kadiatou Diallo. Je rêvais de ce travail de mémoire depuis des années et l’avais même entrepris plusieurs fois sous forme écrite, mais quoi de mieux en notre époque de NTIC qu’une vidéo accessible au plus grand nombre et particulièrement à tous ceux en Guinée qui sont illettrés mais qui sont des guinéens à part entière, de simples victimes de la médiocrité nationale. J’espère que la famille et la belle-famille de Sékou Touré ainsi que le PPAC verront cette vidéo et que Mme Andrée Touré acceptera aussi de livrer ses souvenirs honnêtes de cette période de chaos national. Ils découvriront dans ce témoignage une épouse et mère guinéenne qui ne leur en veut pas mais qui cherche encore aujourd’hui à comprendre, comme des milliers d’autres victimes innocentes de la république de Guinée, pourquoi sa vie a été en grande partie détruite avant son 50e anniversaire ; pourquoi deux familles se sont prises pour des Dieux et ont donc décidé de mettre à mort tous ceux qui étaient plus avantagés par la vie (par leur études, leurs familles ou leurs richesses) que eux. Vous imaginez qu’un des meilleurs chirurgiens guinéens (Dr Bocar Maréga) a été torturé et fusillé tout simplement parce que son père avait constaté que son bourreau n’avait pas le niveau requis pour passer en classe supérieure – même les Dieux de l’Olympe n’ont jamais fait cela !!! Il est dommage que ces monstres soient partis avant de nous expliquer (si possible) pourquoi ils ont préféré niveler notre pays par le bas plutôt que travailler fort et prier comme tous les autres guinéens de bonne foi. Je déplore leurs exécutions sommaires autant que leurs familles – une grande partie de la Vérité sur l’Histoire de la Guinée a disparu lors de ces massacres extrajudiciaires. A ce titre un petit conseil à Mgr Vincent Coulibaly (et à son complice) co-président du comité de réconciliation entre le président et les Guinéens qui luttent pour la Vérité, la Justice et la fin de l’impunité au pays : votre patron, le papa Benoit XVI a dit dans un de ses discours à Cotonou ce mois-ci « Pour devenir effective, cette réconciliation devra être accompagnée par un acte courageux et honnête : la recherche des responsables de ces conflits, de ceux qui ont commandité les crimes et qui se livrent à toutes sortes de trafics, et la détermination de leur responsabilité. Les victimes ont droit à la vérité et à la justice. Il est important actuellement et pour l’avenir de purifier la mémoire, de construire une société meilleure où de telles tragédies ne se répètent plus ». Monseigneur, si vous ne changez pas rapidement votre discours démagogique de « la voix de son maitre » vous risquez, vous aussi d’être viré de sa classe…

Tic-tac, tic-tac, la montre tourne ; aujourd’hui est le 344e jour du « changement radical » et du « Guinea is back » 8210; déjà 11 mois ! Je disais le mois précédent qu’il y en a marre des promesses irréelles sur notre PIB (Produit Intérieur Brut) – maintenant nous exigeons du concret sur notre BIB (Bonheur Intérieur Brut). Une personne bien intentionnée m’a demandé pourquoi je comptais les jours du pouvoir du PPAC ; je lui ai expliqué que c’était parce que chacun d’entre eux nous rapprochait de la délivrance finale et de la prochaine reconstruction à zéro de la nation guinéenne. Et oui je n’y peux rien, je suis guinéen mais optimiste, malgré toutes nos épreuves…

30 novembre 2011

A.O.T. Diallo