Pour un Foutah Djallon grand et fort, il est indispensable et urgent de procéder d’abord à une réconciliation interne des Foutanké (1) ….
Pour ce faire, il faut d’abord, et dans l’ordre, procéder à la réconciliation voire la réunification géographique de la région puis, repeupler la région et réconcilier les populations qui s’y reconnaissent.
En effet, il y a deux phénomènes majeurs qui ont ponctué notre histoire récente (depuis l’indépendance) qui méritent une attention particulière de la part des Foutankés. Il s’agit dans l’ordre, de la migration forcée des populations du Foutah vers les pays voisins dont notamment le Sénégal, la Côte d’Ivoire, la Gambie, la Guinée Bissau et ailleurs; à cause des arrestations et des pendaisons du régime de Sékou Touré puis, de la balkanisation géographique de la région par le même régime pour mettre en œuvre sa politique de diviser pour régner. Examinons ces deux phénomènes au vu de la situation actuelle des Foutankés dans le pays.
Le retour des populations forcées à l’exil (2) sans que personne ne lève le doigt et la reconstitution des limites régionales basées sur la culture sont indispensables à la cohésion donc à la paix et au développement. C’est la déchirure du tissu social et la mal gouvernance actuelles qui l’imposent.
2- Les migrations forcées des populations du Foutah Djallon de la période du PDG
Il est certainement impossible aujourd’hui de dire combien sont les Guinéens. Le Gouvernement veut un recensement intégral mais je suis persuadé qu’il n’envisage pas le cas de ces millions de Guinéens qui avaient fuit la répression de Sékou Touré. Rien qu’au Sénégal, il y a plus de 2 millions de Guinéens dont plus de 90% sont des Foutankés. Cette région avait subi la pire des exactions du régime et la proximité de ce pays liée à l’hospitalité sénégalaise avaient fait du pays de la Teranga, le lieu d’asile de prédilection des populations Foutankés en détresse. Certes, cette immigration forcée a résolu aussi des problèmes domaniaux aigus mais au vu de la situation actuelle des Peuls et des Foutankés en général, il est impératif et urgent d’organiser au mouvement inverse en vue de faire face aux défis du moment. Nous ne devons plus avoir peur de rentrer chez nous pour nous battre à faire valoir nos droits les plus élémentaires foulés au pied par des ennemis car ils ont prouvé que nous ne sommes pas des adversaires mais des ennemis. C’est comme le poème de Mr Oury Baldé (mon sanaku) le stipule, l’heure est au retour pour faire comprendre aux autres que les Foutankés sont bel et bien la plus grande fraction de la population Guinéenne, la plus puissante et la plus crédible en matière de développement en Guinée. Une fois que cette condition de retour de tous ces compatriotes sera posé, je vous garanti que le pouvoir en place va reculer face à son projet. Souvenez vous que lors de la dernière élection présidentielle, moins de 25 000 guinéens du Sénégal ont été enregistrés sur plus de 2 million soit près de 10% de la population. Combien ont été laissés pour compte à travers le monde comme s’ils ne sont pas des guinéens? En Angola (3 , au Canada, en France, au Gabon, en Belgique, en Allemagne, au Portugal, en Espagne, en Hollande, et ailleurs, ils sont des milliers de nos compatriotes qui n’ont plus d’attache car non recensés par leur pays d’origine et méconnus par le pays d’accueil. Je suis presque certain que si tous les Peuls à travers le monde sont recensés, nous ferons les 55% de la population Guinéenne. En ce cas, qui peut contester une victoire de notre région?
J’ai toujours dit et défendu qu’une seule région peut bel et bien élire un Président de la République de Guinée mais une seule région ne peut et ne doit pas diriger le pays pour le respect de notre devise, pour la paix et l’unité nationale.
La Mauritanie a tenté avec plus ou moins de succès ce retour des exilés. Je sais que ce n’est pas facile mais croyez mois qu’il le faut. C’est ce retour que les esclavagistes ont voulu annuler par un recensement ciblé dans ce pays. Le retour de ces millions de Foutankés posera certes le problème foncier mais, il peut être résolu grâce à la solidarité peule en les aidant à se réinstaller quelque part dans la région qui ne manque pas de terres fertiles habitables. Ceci résoudrait en même temps le problème de les voir citoyens de seconde classe dans les pays d’accueil. Cette question devrait être un enjeu électoral.
3- La balkanisation du Foutah Djallon par le régime de Sékou Touré
La Moyenne Guinée à ne pas confondre avec le Foutah Djallon avait été divisée en 5 morceaux par Sékou Touré pour trois raisons majeures : (1) affaiblir la région en réduisant sa sphère d’influence et faciliter de facto la politique de diviser pour régner (Mamou contre Labé). (2) Satisfaire les ambitions de pouvoir de son grand frère Ammara Touré qui avait besoin d’un territoire d’influence à gouverner. (3) Offrir à la Haute Guinée des réserves alimentaires de la forêt et les bœufs du Foutah Djallon.
Les 5 morceaux sont :
La région administrative de Labé avec comme préfectures : Labé, Mali, Koubia, Lélouma et Tougué;
La région de Mamou avec comme préfectures : Pita, Dalaba et Mamou;
Le morceau de la région de Faranah avec comme préfectures rattachées Dinguiraye et Dabola;
Le morceau de la région de Kindia composé de la préfecture de Télimélé
Et enfin le morceau de la région de Boké avec comme préfectures rattachées celles de Gaoual et Koundara.
Dans les conditions normales, toutes ces préfectures sont de la région naturelle du Foutah Djallon et devraient s’y retrouver.
La culture est l’une des bases du développement. De ce point de vue, je ne vois rien de mal à ce que les communautés se regroupent et s’autogèrent dans un cadre définit dans la constitution que l’on respecte tous. Il est à mon sens utopique de penser que des populations analphabètes choisiront un étranger à eux devant un des leurs dans n’importe qu’elle circonstance électorale et ce quel que soit l’effort de campagne contre l’idée.
Examinons les dégâts causés sur ces populations de suite de ces divisions.
D’abord Télimélé, Gaoual et Koundara : Les populations de ces préfectures étaient forcées non seulement de parler le Soussou en conférence ou autres rencontres officielles mais jouaient même des pièces de théâtre dans une langue autre que la leur. Ils étaient donc soit non comprises ou elles mêmes ne comprenaient plus ce qui se disait. C’est l’abandon de leur langue, de leur culture au profit du Soussou. Certes elles ont bénéficié de cette exposition car ont appris la langue des autres alors que les autres n’ont rien appris d’eux mais ce n’est pas juste.
De même, les populations peules de Dinguiraye et de Dabola ont connu le même sort avec les mandingues. La langue maninka était obligatoire pour ces populations qui auraient certainement préféré s’exprimer dans leur propre langue. Que n’a-t-il pas essayé pour réduire les Peuls au silence! Même les livres d’histoire et de géographie de l’élémentaire n’ont pas échappé à cette tentative.
Lorsque Lansana Conté est arrivé au pouvoir, il a perpétué cette division puisqu’elle arrangeait le PUP (4) en matière d’élections et économiquement, les droits de douanes des commerçants peuls sont versés à Boké et non à Labé.
Ce n’est pas faire du cynisme intellectuel que de le dire car il s’agit d’une réalité qui affecte jusqu’à présent les populations du Foutah Djallon.
Dinguiraye et Dabola ne sont pas plus loin de Labé que Kankan. Télimélé n’est pas si loin de Pita et Mamou. De même, Koundara et Gaoual ne sont pas trop loin de Boké par rapport à Labé. C’est une question de construction des infrastructures routières qui arrangeraient tout le monde surtout la Haute Guinée. La route Siguiri- Dinguiraye- Tougué- Labé- Pita- Télimélé- Fria- Dubréka –Conakry est un raccourci pour tous surtout pour Siguiri.
4- Conclusions
A l’heure où la Guinée veut amorcer un changement comme le prétend le Gouvernement,
A l’heure où les peuls sont pris pour des citoyens de seconde classe dans leur propre pays qui les a vus naître,
Il est impératif de :
Faire un recensement exhaustif de tous les guinéens de l’intérieur comme de l’extérieur sans discrimination aucune;
Ce recensement devra être fixé non pas sur des bases électoralistes mais des base économiques tout en sachant que la démographie est désormais un facteur de développement comme l’a souvent dit Jacques ATALI ancien Ministre Français. La Chine n’est pas le pays le plus riche en réserves de devises au monde aujourd’hui par hasard. Sa population est un facteur de croissance et d’investissement puisque c’est un gros marché de consommation donc de recettes.
L’union et le renforcement du Foutah Djallon ne peuvent aller sans le repeuplement de la région en inversant le phénomène de l’exode rural et en rapatriant les millions de Guinéens exilés de force par le régime de Sékou Touré.
La culture donc la langue aussi est un outil de développement que l’on ne doit pas entraver.
Les Peuls doivent orienter leurs efforts vers la construction des infrastructures routières sur l’axe Dinguiraye –Conakry en passant par Télimélé. De même, l’axe Kédougou-Labé et celui Labé-Madina Gounasse doivent être construits et entretenus pour le bonheur de la Région du Foutah et de la Guinée.
Enfin, mettons un arrêt à la balkanisation du Foutah Djallon en œuvrant à ressouder les populations peules de Guinée. Nous devons nous battre pour le retour de Koundara, Gaoual, Dinguiraye, Dabola et Télimélé dans la grande famille du Foutah Djallon. Même si par après des unions inter régionales seront scellées entre par exemple la Basse Guinée et le Foutah Djallon.
Ces sujets devront faire l’objet de débats. Rappelons-nous que l’attaque est aussi une bonne stratégie de défense. Alors, défendons-nous, car c’est notre droit.
Je vous remercie pour votre aimable attention.
Labé le 11 Novembre 2011
Par
Dr Mamadou Maladho Diallo
1- Peuls et non Peuls confondus
2- N’est ce pas Mr Oury Baldé sur Guineeactu.com?
3- Dans ce pays ce matin j’ai été informé que les Peuls vivent l’enfer; au cache cahe avec une chasse à l’homme qui ne dit pas son nom.
4- Parti de l’unité et du progrès au pouvoir sous Lansana Conté