(1) la rencontre entre le PRG et les leaders politiques; (2) la visite de Cellou Dalein à l’intérieur du pays et (3) l’interdiction des manifestations politiques par le MATAP…
Aujourd’hui, je me propose de donner mes avis et analyse sur: (1) la rencontre entre le PRG et les leaders politiques; (2) la visite de Cellou Dalein à l’intérieur du pays et (3) l’interdiction des manifestations politiques par le MATAP (1). Lorsque je perle d’avis citoyen, il s’agit de mon avis personnel enrichi de celui de mon milieu afin de faire savoir aussi l’avis des citoyens sans voix.
1- La rencontre entre le chef de l’État et certains leaders politiques
Cette rencontre a été mal préparée et de ce fait, n’a pas produit les résultats concrets auxquels la majeure partie des guinéens s’attendaient. Je pense que le PRG a commencé par la fin. Il aurait dû poser des actes concrets allant dans le sens de la réconciliation en agissant sur les revendications objectives de l’opposition avant de solliciter cette rencontre qui aurait plus d’effets. L’agenda devrait être publié et préparé par les uns et les autres avant la rencontre afin de tabler sur du concret.
En effet, rien qu’à voir la liste des invités et les répondants à l’invitation, l’on peut facilement se rendre compte du caractère médiatique voire folklorique de la rencontre. Il aurait dû également maintenir la rencontre avec les 5 meilleurs candidats au premier tour ce qui l’aurait toujours avantagé car parmi eux trois sont de l’alliance arc-en -ciel. Une réunion où l’on retrouve Jean Marie Doré, Mamadou Sylla et Kassory Fofana sans Lansana Kouyaté, ni Papa Koly Kourouma, ni Jean Marc Téliano, ni Mouctar Diallo, ni Faya Millimono n’est tout simplement pas au top. Cependant, il n’est pas mauvais que l’atmosphère soit décrispée, que la glace soit cassée entre les membres de l’opposition et ceux de la mouvance présidentielle. Maintenant, il s’agit de changer de discours et de passer à des actes stimulant la réconciliation. Il faut faire face aux demandes légales de l’opposition et soumettre les grandes décisions à un débat contradictoire pour avoir la vérité. Il faut dépassionner le débats et passer aux choses sérieuses afin d’organiser des élections non contestables pour regagner la confiance du peuple de Guinée et celle de la communauté internationale. Il faut purement et simplement arrêter de violer la loi pour regagner la crédibilité nationale et internationale. Un Président de la République qui viole la constitution de son pays n’est crédible devant personne surtout face aux bailleurs de fonds.
Après avoir gracié les membres de l’opposition arrêtés, il faut maintenant autoriser les manifestations pacifiques et respecter les droits des citoyens. Le PRG a pris cet engagement au siège des Nations Unies à la face du monde.
La transparence devra revenir dans la gestion des affaires de l’État y compris et surtout dans la gestion du processus électoral. La question de la CENI devra faire l’objet d’un débat transparent et une solution consensuelle devra être trouvée. La CENI ne devra pas être alignée à la mouvance sinon les élections seront d’avance, contestables. La crédibilité de l’actuel président de la CENI faisant l’objet de controverse, celui-ci devra purement et simplement aider le chef de l’État en démissionnant ou ce dernier devra le virer pour incompétence.
Il faut également arrêter la discrimination des citoyens guinéens et le régionalisme au sommet de l’État.
Je souhaite que le PRG reprenne le dialogue avec les 5 premiers candidats au premier tour de l’élection présidentielle de 2010. Ceux-ci ont avec eux plus de 90% de la population guinéenne et de ce fait sont un échantillon représentatif du peuple de Guinée pour débattre des problèmes courants. En vue de faciliter ce dialogue, la commission ne devra pas être dirigée par l’actuel ministre de l’administration du territoire et des affaires politiques. Il n’est plus crédible aux yeux de l’opposition. Je souhaite donc que ce ministre tire les leçons de la situation actuelle et qu’il aide le PRG en donnant sa démission faute de se voir limogé par le PRG. De même, le Gouverneur de Conakry qui ne peut pas souffrir de voir des manifestations pacifiques devrait rendre service au PRG en donnant sa démission. Le départ de ces trois personnes rendrait le PRG plus fort et faciliterait ses actions concrètes vers le consensus national. Ces Messieurs ne sont pas indispensables encore moins irremplaçables. L’actuel Gouverneur de Labé est l’un des meilleurs cadres que le PRG a en main qui pourrait prendre l’un des deux postes de Ministre du MATAP ou de Gouverneur de la ville de Conakry. Il a fait ses preuves à Labé et c’est un homme qui cherche toujours le consensus. Ceci est sans démagogie et n’engage que moi.
Une démission est un acte courageux et souvent souhaitable dans la résolution des problèmes d’un service ou d’une administration. Mais, les cadres guinéens ne le font jamais même quand leur responsabilité est engagée et que l’option saute aux yeux.
Finalement, quelle que soit la situation, il faut éviter certains défis car tout défi provoque une réaction engendrant de facto un conflit. Apprenons à prévenir les conflits au lieu d’attendre que le feu se propage pour faire le sapeur-pompier.
2- La visite de Cellou Dalein au Foutah Djallon
Au vu des objectifs de Cellou Dalein pour cette tournée, c’est réussi et gagné. Il a pu malgré les hostilités franches des autorités préfectorales des régions visitées, rencontrer ses militants. Ceux-ci ont défié ces autorités un peu partout sauf à Labé où un consensus avait été obtenu grâce au Gouverneur Mr Sadou Kéita qui a fait preuve de responsabilité et de compétence dans les négociations.
De cette tournée, il faut retenir que Cellou a prouvé qu’il a encore son fief électoral en main. Mieux, il a prouvé la fausseté des rapports des suppôts du RPG qui avaient fait croire qu’ils ont réussi à déstabiliser l’UFDG dans ces préfectures.
D’autres part, le malentendu Cellou Dalein et Dr Saliou Béla n’a pas entaché la popularité de Cellou Dalein dans leur fief commun. La machine Cellou Dalein est bel et bien vivante car même lorsque sa trajectoire est délibérément déviée, il rencontre une marée humaine sur son chemin. C’est le cas dans la ville de Labé où le tour de la ville vers Konkola n’était pas prévu mais en raison de la longueur du cortège, qui faisait le kilomètre au moins, il était contraint de passer vers ce lieu et là, il a eu l’un des plus grands bains de foule.
A Mali, où le préfet a choisi le défi, la jeunesse a non seulement déblayé un terrain neutre pour recevoir Cellou Dalein, mais a engagé une centaine de motos pour l’attendre depuis Fougou soit à 25km de Mali Centre.
Il faut dire que la haine mandingue contre les Peuls a aussi fortement contribué à la popularité de Cellou Dalein. C’est certain, plus de 95% des Foutaniens sont derrière cet homme. Il n’est pas faux de dire que Cellou Dalein est le vrai leader de l’UFDG.
Dès que Cellou se présente, tout le monde veut être de son côté. Tant qu’il dirige l’UFDG, c’est et ce sera une machine politique jamais égalée en Guinée. La machine de l’UFDG est plus puissante que celle du PUP du temps de Conté et /ou du PDG au temps de A.S.Touré car, dans ce parti, les militants y sont par choix, par conviction et sont volontaires pour tout ce qu’ils font.
Le phénomène Cellou n’est pas à bloquer. Il vaut mieux négocier avec lui.
3- L’interdiction des manifestations politiques
L’interdiction des manifestations pacifiques est non seulement anti- constitutionnelle mais aussi c’est un défi que l’autorité lance en conséquence, qu’elle ne soit pas surprise d’avoir une réaction en face malgré le caractère légaliste de l’opposition guinéenne.
Comme je l’ai dit plus haut, il vaut mieux prévenir que guérir. Ce faisant, il vaut mieux trouver un consensus avec les organisateurs des marches pacifiques pour éviter d’être en porte à faux avec la loi. Les exemples de Labé lors de la marche du 27 et de la visite de Cellou Dalein, montrent on ne peut plus clair que si les forces de l’ordre ne se mêlent pas des manifestations, rien ne se passera de mal. C’est ce qui s’est passé à Labé. Je félicite les autorités communale (Mme Tiguidanké la vice maire), le préfet Mr Safioulaye Bah et le Gouverneur Sadou Kéita (2) et les responsables de la sécurité à Labé pour cela. Ça n’engage que moi et c’est sans démagogie.
Finalement, je pose une question et souhaiterai une réponse des spécialistes de la loi et de la constitution. Entre un article de la constitution et un communiqué signé d’un Gouverneur, d’un Ministre ou d’un préfet, qu’est-ce qui prévaut ?
Dans ma petite tête, j’ai toujours pensé que rien n’est au-dessus de la Constitution. Instruisez-moi sur cette question.
4- Conclusions
De la rencontre entre le PRG et les membres de l’opposition, il faut retenir que :
Le mieux aurait été de commencer par poser des actes concrets allant dans le sens de l’apaisement avant de convoquer les leaders. En agissant comme il l’a fait, le PRG a renforcé Cellou et Sidya.
Que le PRG n’a pas besoin de tout ce monde autour de lui pour un dialogue constructif. Il a besoin juste des poids lourds qui seront porteurs des aspirations des autres.
Le PRG ne devra pas considérer que la réconciliation est acquise. C’est un long processus qui exigera de faire des omelettes et de facto, de casser des œufs d’abord, c’est-à-dire de prendre des décisions qui fâcheront certains de sa mouvance et de son entourage.
Pour sa crédibilité, l’opposition guinéenne devra arrêter de se faire représenter pas Jean Marie Doré.
La glace étant brisée, le PRG devra continuer sans faire un pas en avant deux pas en arrière.
De la visite de Cellou Dalein à l’intérieur du pays, il faut retenir ceci :
Cellou a pu renouer avec sa base électorale malgré les tentatives de blocage de la part des autorités préfectorales.
La base électorale de Cellou est encore entièrement derrière lui.
Les autorités ont montré leur manque de tact et de neutralité ce qui présage des moments difficiles lors des prochaines élections car en effet, il est maintenant établi que cette administration n’est pas neutre.
Le PRG ne devra pas chercher à bloquer la machine de l’UFDG. C’est impossible. Il faut négocier avec Cellou Dalein.
La popularité de Cellou Dalein n’est nullement affectée bien au contraire et l’attitude du PRG et de l’administration n’a fait que la stimuler et renforcer.
De l’interdiction des manifestations pacifiques je dis que:
Le pouvoir doit arrêter de violer la constitution et autoriser ces marches sans la participation des forces de l’ordre. E n’est pas de la faiblesse. Bien au contraire. Ceci contribuera à faire respecter les engagements internationaux et nationaux du PRG.
Il vaut mieux prévenir les arrestations que d’avoir à tenir des procès qui seront de nul effet demain. La jeunesse ne devra pas être salie. Le casier judiciaire des jeunes est sacré. Pour éviter de se faire défier, il vaut mieux aller dans le sens de la volonté populaire donc des jeunes ou au moins respecter la loi. C’est ce respect de la loi qui est le principe cardinal de l’État de droit. Sans cela, c’est l’anarchie qui est loin de la démocratie.
L’activisme des jeunes de l’UFDG est un talent à valoriser et non à étouffer.
Labé le 19 Novembre 2011
Par Dr Mamadou Maladho Diallo mdgoumba@yahoo.com
1- Ministre de l’administration du territoire et des affaires politiques
2- Je souhaite que cela ne soit pas une raison pour mal indexer ce Monsieur qui est entrain de donner l’exemple aux autres.