La panique de fin de règne c’est jusqu’au bout. A force de mettre la pression, l’opposition guinéenne vient de clouer la gouvernance de Mr Alpha Condé au pilori. Il faut remonter la chronologie des faits pour s’en convaincre et convaincre.
Il faut juste rappeler que l’impasse qui avait conduit au dialogue politique de 2016 était la résultante de l’inapplication des conclusions de l’accord politique du 20 Août 2015, pour rester dans le plus récent. Les différentes parties s’étaient voulues cette fois-ci plus rassurantes face au nombre important d’observateurs sceptiques, en prenant des dispositions pour l’application de l’accord.
Ainsi, pour relever le défi, la 11e partie de l’accord politique a prévu la création d’un comité de suivi présidé par un Magistrat et comprenant des représentants de toutes les parties prenantes au dialogue, y compris les membres observateurs que sont la communauté internationale et la société civile. Le Comité de Suivi a été mis en place depuis longtemps mais il n’avait apparemment reçu aucun mandat. Avait-il un budget ?
Autant le mouvement syndical avait mis la pression pour obtenir la prise en compte de ses revendications, autant l’opposition a maintenu la mobilisation pour faire fléchir MR Alpha Condé. Après plus d’un mois de confinement dans le pays (Koro ne voyage plus), plusieurs semaines de manifestations de rues, des pertes en vies humaines, des dégâts matériels importants, une exacerbation sans précédent de la haine, le locataire de Sékhoutouréa fini par ce par quoi il aurait commencé. Céder.
Si lors de la signature de l’accord en 2016 Alpha s’était engagé ‘’à respecter et à faire respecter cet accord politique et les précédents’’, cette fois-ci, on est allé plus loin, grâce à la pression de la rue. Alpha Condé a instruit au Comité de Suivi de trouver la solution aux contentieux électoraux et de veiller à l’application intégrale de l’accord politique du 12 Octobre 2016.
Première conséquence, le désaveu cinglant de l’actuelle CENI. En instruisant au Comité de Suivi de trouver une solution aux contentieux issus d’une élection dont cette CENI a eu la charge de conduire en tant qu’OGE, le chef de l’Etat signe la mort anticipée et l’inhumation subite de l’équipe de Me Salif Kébé. Le premier acte du Comité de Suivi dans ce sens devrait être le gèle des comptes de la commission électorale. Il ne faudrait pas qu’un groupe d’individus dont les actes posés ne servent qu’à bruler le pays continue à dilapider délibérément les deniers publics.
Deuxièmement et le plus important, Mr Alpha Condé a fait sauter le dernier verrou du dernier accès à l’application des accords politiques inter guinéens. Désormais, l’indemnisation des victimes des violences politiques, l’identification et la traduction des bourreaux devant les tribunaux, la révision du fichier, la loi sur la CENI et les autres points, dépendent de la diligence et de la volonté des membres du Comité de Suivi.
Les guinéens ont juste besoin de connaitre l’identité des différents membres du Comité de Suivi pour qu’ils soient invités à rendre régulièrement compte de l’évolution de la situation. Le chef de l’Etat leur a donné le mandat et l’a exprimé devant les communautés nationale et internationale.
En fin de compte, on est en droit d’espérer qu’il n’y aura plus y de blocus. Alpha Condé a pris un ultime engagement devant le peuple. A moins que le locataire de Sékhoutouréa ne soit hanté par le rêve de partir comme son compère burkinabé Blaise Compaoré, la leçon corrective tirée du scrutin du 04 Février 2018 et l’évidence de l’impopularité corrodante de la gouvernance restent plus que jamais éloquentes…
Alpha Issagha Diallo