Les deux victimes de la transition se rapprochent : Dadis Camara et Cellou Dalein Diallo

La transition guinéenne de 2009 à 2010 n’a pas livré encore ses vrais secrets. Car elle fut une transition complexe dans une logique de manipulation à outrance et de trahison dans les rangs de l’opposition et du CNDD…

Quatre personnalités furent les acteurs clés de cette sombre page de l’histoire de la Guinée, à savoir Dadis Camara, Cellou Dalein Diallo, Sékouba Konaté et Alpha Condé. Le temps a-t-il permis aux leaders du FPDD et de l’UFDG de voir ce qu’ils n’ont pas vu en 2009 ?

La naïveté a pris le dessus sur Dadis Camara et Cellou Dalein Diallo au détriment de la ruse pratiquée par Sékouba Konaté et Alpha Condé sur fond de manipulation et de trahison, avec la complicité active de Bernard Kouchner. Dadis Camara et Cellou Dalein s’étaient affrontés têtes baissées en misant sur leurs forces respectives. Tandis que Sékouba Konaté et Alpha Condé avaient noué une complicité dans le but d’éliminer leurs deux principaux rivaux afin de prendre les rênes du pouvoir. Les deux hommes avaient défini leur plan machiavélique en précisant les rôles et responsabilités respectifs.

Alpha Condé a agi subtilement sur deux leviers clés pour accéder à ses fins. Le premier levier reposait sur l’opposition. Il s’était servi du poids politique de son challenger Cellou Dalein Diallo pour exercer une forte pression sur la junte en faveur du retour rapide à l’ordre constitutionnel dont le meeting du 28 septembre 2009 fut l’apothéose. Il participa à la préparation et quitta le pays à quelques jours de l’évènement fatidique. Il avait donné des instructions fermes à ses militants de ne pas prendre part au meeting. Il s’était fait représenter par Dr Diané.Du coup, le RPG n’a enregistré aucun blessé et ni une perte en vie humaine lors de cette tragédie. La liste des victimes recensées par les organisations des droits de l’homme en fait foi.

En fin manipulateur, il utilisa le CNDD comme second levier pour la conquête du pouvoir à travers Sékouba Konaté pour trahir son compagnon d’arme et brandir les audits dans l’unique dessein d’empêcher Cellou Dalein Diallo de briguer la magistrature suprême. La confiance aveugle de Dadis Camara placée en son frère d’arme lui fut fatale. Sékouba Konaté annonce publiquement la candidature de Dadis Camara et travaille de concert avec Alpha Condé pour préparer la chute de son compagnon. En sa qualité de ministre de la Défense, il se trouve toujours des excuses pour être absent de Conakry lors des évènements fatidiques tels que les tueries du 28 septembre et l’attentat contre la personne de Dadis Camara. Les coups bas sciemment orchestrés par Sékouba Konaté et Alpha Condé ont permis le premier à prendre les destinées de la transition avec mission principale de transférer le pouvoir à son parent comme l’illustre le holdup électoral lors deux tours des présidentielles de 2010.

L’exercice du pouvoir d’Alpha Condé a révélé des faits cyniques dont entre autres, le refus de tirer au clair l’épineux dossier du 28 septembre 2009 et les atrocités commises contre les citoyens de la région de la Forêt et les militants de l’UFDG. En demandant aux blancs d’oublier le dossier du 28 septembre, il a ouvertement montré à la face du monde son désir d’empêcher la manifestation de la vérité qui risque de l’épingler ainsi que Sékouba Konaté. Les atrocités commises contre les pauvres citoyens de la Guinée Forestière et les militants de l’UFDG attestent si besoin en est le mépris d’Alpha Condé contre ces deux cibles.

Le rapprochement entre Dadis Camara et Cellou Dalein Diallo constitue un fait naturel qui trouve sa justification dans la trahison et les persécutions dont leurs bases électorales font l’objet. C’est un salut qui renforce les chances d’une alternance crédible. C’est aussi un grand pas vers la réconciliation nationale. Cette ouverture doit prendre en compte Lansana Kouyaté et Sidya Touré afin de mettre les quatre roues du pays ensemble pour le sortir des tristes ténèbres où il est plongé par le pouvoir actuel.

Les Guinéens n’ont pas besoin d’être divisés. Car, les pactes et alliances entre nos communautés condamnent les filles et fils du pays à vouloir vivre ensemble en harmonie parfaite, dans le respect des différences culturelles et la complémentarité.

Unis, dans nos différences culturelles et politiques, sur la base des visions et des valeurs et principes basés sur la promotion de la démocratie, de l’Etat de droit, de la bonne gouvernance, de l’unité et de la réconciliation nationale, nous serons forts et outillés pour bâtir des politiques répondant aux attentes du peuple de Guinée.

Pierre Richard Haba