Le président du parti FIDEL tire à boulet rouge sur la gouvernance d’Alpha Condé. Dans cet entretien accordé à notre rédaction, le transfuge du RPG souligne que le président de la République devait être poursuivi par la justice. Par ailleurs, Mohamed Lamine Kaba déclare que, le RPG et l’UFDG devraient présenter des excuses à la population à la suite de l’adoption du nouveau code électoral qui, selon lui comporterait des manquements.
Bonsoir M. Kaba. L’actualité oblige, quelle lecture faites-vous de la mise en examen de Vincent Bolloré ?
Je pense que ce qui est beaucoup plus regrettable dans ces histoires de dégâts financiers, les Guinéens ont toujours appris à travers des structures ou journaux internationaux, c’est par exemple l’affaire de PALARDINO ou bien cette affaire d’argent au Sénégal par le quotidien sénégalais. On se rappelle aussi cette histoire de Mahmoud Thiam. Tout ça, c’est à l’étranger qu’on l’apprend. On a l’impression que l’étranger est beaucoup plus déterminer à lutter contre les corrompues et corrupteurs Guinéens que notre gouvernement, c’est déplorable. Alors ceci dit ce qui est en train de se passer, je crois que c’était prévisible lorsqu’on sait que le président Alpha comment il a octroyé ce marché à Bolloré. C’est un fait connu de tous, même s’il le nie. On se rappelle que le 3 février 2011, il a effectué un déplacement au port conteneur avec Bolloré. Quelques semaines après, le contrat de ZETMA a été résilié et donné directement à Bolloré. Tout ça prouve à suffisance que Bolloré et Alpha ont conspiré pour avoir ce marché. Le président Alpha lui-même le reconnait quand il dit qu’il favorise ses amis. Il a du mépris non seulement pour le droit international, mais aussi du mépris pour le code du marché public. Ça veut dire qu’il se moque de nos textes et de nos relations internationales. Cela est très grave lorsqu’on sait que lui-même il a prêté serment en disant qu’il va respecter et faire respecter la constitution en cas de parjure qu’il peut être poursuivi. Je crois que le président Alpha devait être poursuivi à cause de ses malversations que nous sommes en train d’enregistrer sur sa gouvernance auquel il se moque. Le président Alpha vit de la corruption. Le système est maintenu par les corrompus et les corrupteurs. Nous souhaitons que la vérité triomphe sur cette histoire.
3 mois après les élections communales, aucun conseil communal n’a été installé. Quelle est votre point de vue ?
C’est une situation qui préoccupe beaucoup les citoyens, mais les leaders politiques n’en parlent pas. C’est parce que tout simplement, il y a eu une grosse erreur qui a été commise dans l’élaboration de la loi sur le code électoral et la loi sur le code des collectivités locales que nous avons dénoncé. Malgré les efforts que nous avons investis, finalement ces lois ont été votées à l’Assemblée nationale par l’UFDG et le RPG. Il y a plusieurs erreurs qui ont été commises. Par exemple, il n’y a pas une date qui a été fixé dans le code de collectivité locale pour permettre aux maires d’être installé après les résultats définitifs. La seule date qui est là, c’est celle qui sépare le bureau du conseil et la mise en place du conseil régional, 60 jours. Ça veut dire au regard de la loi aujourd’hui, le président Alpha peut nous tirer sur un an ou deux ans, on ne peut pas s’attaquer à lui parce que la loi n’a pas prévu la date ce qui est une grosse erreur de la part de ces deux grandes formations. Mais aujourd’hui, on n’est obligé encore de nous faire revenir au consensus.
Donc à ce niveau je crois qu’il faudra faire une révision de ces textes qui n’ont même pas fait encore un an. Et ce qui sera galant de la part de ces deux formations, c’est de demander pardon à cette population, à nous tous, surtout les conseillers déjà qui ont eu la confiance de la population et qui ne peut pas exercer parce qu’il y a une erreur monumentale qui s’est glissé. Et il n’y a pas que l’opposition et la mouvance, il faut reconnaitre que la cour constitutionnelle a failli à sa mission en acceptant le passage d’une loi qui n’a pas prévu l’installation du bureau exécutif de la mairie.
L’opposition menace de quitter la table de négociation pour se retrouver dans la rue. Quel est votre point de vue ?
Il y a 342 communes il y a que 12 c’est-à-dire 6 communes rurales et 6 communes urbaines dont l’opposition revendique. Il reste 330, mais on pouvait les installés. Mais si personne n’en parle, c’est parce que la loi n’a pas prévu une date. On a tellement parlé de consensus dans ce pays, encore une fois, il faut qu’on commence à appliquer nos textes. Il faut reconnaitre que ce comité de suivi s’est transformé en parlement. Parce que tous ceux qui sont au niveau de ce comité c’est ceux-là aussi qui sont au niveau du parlement. C’était une occasion de permettre aux partis politiques qui ne sont pas encore au parlement d’avoir au moins une plateforme de discussion en vue de faire la proposition à ceux qui sont à l’Assemblée. Dans ce cas précis on tiendra compte de nos avis, les indépendants, tous ceux qui ont été à ces élections. Mais si on abandonne ceux-ci, pour privilégier ceux qui sont de l’autre coté à l’Assemblée, je crois que tout ça est une défaillance.
Alors que pensez-vous de la proposition de la mouvance à savoir l’installation des conseils communaux des circonscriptions qui ne sont pas sous contentieux ?
Je crois qu’il n’y a pas de problème à ce niveau. Là où il y a conflit on attend pour voir qu’est-ce qu’il faut pour rétablir les électeurs dans leur droit. Mais les autres on les installe.
Pour remettre la Guinée sur la bonne voie, est ce qu’il ne serait pas nécessaire de mettre en place un gouvernement d’union nationale qui sera ouvert à l’opposition, à la société mais aussi à d’autres cadres reconnu pour leurs intégrités ?
Je crois qu’il est important lorsqu’on est dans une crise multiforme, de faire appel à un gouvernement qui rassure non seulement les Guinéens, pour créer la confiance entre les gouvernants et les gouvernés, mais aussi avec les partenaires. Le FMI vient de quitter, il a désavoué la gestion calamiteuse du président Alpha. Donc aujourd’hui, il est important de faire appel à un gouvernement qui sera confié à un homme qui rassure mieux les Guinéens. Il ne faut pas qu’on fasse recours à la même pratique, c’est-à-dire à un monsieur qui est soumis à ses bottes et qui ne pourra pas non seulement rassurer et rehausser la confiance entre les Guinéens, les partenaires avec le gouvernement, mais aussi qui ne pourra pas aussi apporter une grande amélioration dans la condition de vie des Guinéens. Pour le moment le président Alpha n’a pas vu clair.
Et le nom du monsieur que j’entends régulièrement qui est Kassory, moi il ne m’inspire pas confiance à partir du moment où il est à l’abime, à la catastrophe sous le régime du général Lansana Conté, il ne peut pas prétendre être premier Ministre dans ce pays si ce n’est pas le gouvernement d’Alpha qui est entrain de promouvoir l’impunité. Il faut reconnaitre aussi cette façon de choisir le premier Ministre sur la base purement communautaire comme si la République n’appartenait pas tout le monde. Je crois qu’aussi ça c’est une défaillance. Il faut faire en sorte que tout le monde se reconnaisse de cette nation à ne pas faire ce qu’on appelle institutionnalisation de l’ethnocentrisme. Il faut qu’on cherche à faire intégrer tout le monde dans cette nation que nous avons en partage. Le premier Ministre son devoir constitutionnel c’est de maintenir le dialogue social et politique. Lorsqu’on sait que M. Kassory a déjà fait son choix parmi les communautés guinéennes quand il dit que les Soussous doivent choisir leur leader quand il était dans l’opposition, je pense que ce dernier ne rassure plus, ne peut plus être un lien fort pour recoudre le tissu social. Parce que déjà, lui-même il a participé à l’abime de ce tissu social. Donc pour moi, il n’est pas l’homme idéal.
Si le choix d’un premier Ministre est fait sur la base du critère ethnique, tout Guinéen qui soit politique ou apolitique qui accepterait d’aller dans ce gouvernement, a cautionné l’institutionnalisation de l’ethnocentrisme en Guinée et il sera combattu à la dimension de nos forces, frapper par le même fouet que le président Alpha par le parti FIDEL.
Entretien réalisé par Sadjo Diallo pour guineebox.com