Le groupe des «Anciens» a rencontré Laurent Gbagbo

L’ancien président ivoirien a rencontré, lundi 2 mai 2011, le groupe dit des « Anciens » composé de Kofi Annan, Desmond Tutu et Mary Robinson en visite actuellement dans le pays pour promouvoir l’apaisement et la réconciliation après la crise post-électorale…. Lors de cette brève rencontre, Laurent Gbagbo a déclaré qu’il fallait « panser les plaies » de la Côte d’Ivoire. Au même moment, ses avocats ont déposé, en France, une plainte pour crimes contre l’humanité concernant les massacres commis à Duékoué, fin mars, dans l’ouest du pays. 

Laurent Gbagbo, le président ivoirien déchu a déclaré qu’il fallait « panser les plaies » de la Côte d’Ivoire, lors d’une courte rencontre ce lundi matin avec Mgr Desmond Tutu, Kofi Annan et Mary Robinson à Korhogo (Nord), où il est en résidence surveillée. Détendu et souriant, Laurent Gbagbo n’avait plus rien à voir avec l’homme hébété, en maillot de corps, photographié lors de son arrestation le 11 avril dans la résidence présidentielle à Abidjan.

« Merci d’être venus ! », a déclaré l’ancien chef de l’Etat, vêtu d’un pantalon noir et d’une chemise bleue. Il a serré la main des trois membres du groupe dit des Elders (Anciens), l’ex-secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, l’archevêque sud-africain Desmond Tutu, et l’ancienne présidente d’Irlande et ex-Haut commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, Mary Robinson.

Laurent Gbagb a même pris la pose pour les photographes et vidéastes accompagnant la délégation, mais il n’a fait aucune déclaration à la presse. « Nous avons eu un échange bref mais chaleureux, nous avons été heureux de constater que l’ancien président a exprimé le désir de voir le pays retourner à une situation normale. Dans son intervention, il a insisté pour dire qu’il fallait panser les plaies du pays », a déclaré Mgr Tutu, à l’issue de la rencontre. Le prix Nobel de la Paix a ajouté qu’il avait l’air en bonne santé, « il nous l’a dit lui-même. Il a l’air détendu et il a demandé une bible ».

A leur arrivée à Korhogo, les Elders ont été accueillis par une délégation, comportant des casques bleus et le chef local des FRCI (Forces républicaines de Côte d’Ivoire) ,  le commandant Martin Kouakou Fofié, qui, ironiquement, se trouve sous le coup de sanctions de l’ONU depuis 2006. Ses hommes ont été accusés de « recrutement d’enfants soldats », « sévices sexuels sur les femmes », et « exécutions extrajudiciaires ».

C’est la première fois que Laurent Gbagbo recevait la visite d’officiels depuis son transfert le 13 avril à Korhogo, où il est assigné dans une résidence présidentielle, un modeste bâtiment d’un étage entouré d’un jardin et de hauts murs, dans un paysage aride de savane, protégé par l’Onuci et les Forces républicaines de Côte d’Ivoire.

Plainte des avocats de Gbagbo pour crimes contre l’humanité

Ce lundi, les avocats de Laurent Gbagbo ont porté plainte en France pour crimes contre l’humanité, ont annoncé deux de ses avocats, Jacques Vergès et Roland Dumas. Cette plainte concerne les massacres commis à Duékoué, une ville de l’ouest de la Côte d’Ivoire, tombée aux mains des forces fidèles à Alassane Ouattara, le 29 mars dernier. 

Selon le Comité international de la Croix-Rouge, 800 personnes avaient trouvé la mort, tandis que les Nations unies parlent de 220 tués imputés aux hommes d’Alassane Ouattara et 110 autres à des partisans de Laurent Gbagbo. Selon l’agence Reuters, la plainte a été déposée au nom de la fille d’un exploitant forestier qui aurait été enlevé et assassiné par des membres des forces pro-Ouattara. D’après Jacques Vergès, les poursuites sont susceptibles de viser également des éléments de la force française Licorne, qui, dit-il, n’aurait pas empêché les exactions. 

AFP