Le 53ème anniversaire de l’indépendance Guinéenne sous forte tension. Quel Bilan ?

Cette année, en prélude à la commémoration de l’an 53 de l’indépendance de la Guinée, l’opposition organisait une marche qui se voulait pacifique pour, à la fois,  exprimer des revendications politiques de premier ordre et rappeler le martyr de la tragédie  du 28 septembre 2009 resté impunie jusque là…

Fort malheureusement comme à l’accoutumée, la violence, le « recours aux mêmes méthodes brutales que (les) prédécesseurs»1 ont de nouveau fait parler d’eux  sur cette terre de Guinée tant éprouvée. Bilan officieux : Cinq(5)  morts, de nombreux blessé(e)s, plusieurs  disparitions et 356 arrestations pour les seules  journées du 27 et du 28 septembre. Ce qui en dit long sur le chemin qui reste encore à faire jusqu’à l’avènement d’un Etat de droit en Guinée.

Ce 02 Octobre 2011 donc, la Guinée célèbre  les 53 ans  de son accession à l’indépendance, après s’être  libérée du joug colonial de la France,  en disant non au General De Gaulle au referendum du  28 Septembre 1958.L’heure est au bilan :

Ahmed Sékou Touré  (1958-1984) -26 ans : civil, Président à vie, régime socialiste totalitaire à parti unique (le PDG-RDA), 50.000 morts au moins, 2millions de Guinéens exilés officiellement,  25 complots (réels et fictifs), de nombreuses geôles dont le fameux camp  Boiro ou « camp de la mort » de sinistre mémoire, un pays extrêmement appauvri, en détresse,  déséquilibré et traumatisé.

Lansana Conté  ( 1984-2008)-25ans :
militaire, coup d’Etat pour accéder au pouvoir à vie , inaugure l’ère du libéralisme économique et le « temps de faste  du kaki couronné » , incurie administrative, gabegie financière, corruption banalisée, impunité chronique, détournements financiers scandaleux à répétition, psychose d’attaques rebelles dans les années 2000 qu’il mate dans le sang, multipartisme politique dans les années 1990 mais  à forte coloration ethnique avec le parti présidentielle (PUP ) unique vainqueur de toutes les élections, opulence de l’armée qui règne sans partage , peuple extenué et miséreux.

«  Si Sékou Touré a tué les Guinéens pour sauver la Guinée, Lansana Conté a tué la Guinée pour essayer de sauver les  Guinéens.»(Williams Sassine)

Moussa Dadis Camara (Décembre 2008 – décembre 2009)-11 mois :
militaire, à  la tête de la junte militaire (le CNND) qui prend de force le pouvoir à la mort de Lansana Conté , s’autoproclame Président de la république, grièvement  blessé à la  tête suite à une tentative d’assassinat, quittera le pouvoir , en convalescence en exil. Il  Combat efficacement le narcotrafic généralisé, lance des assauts contre l’impunité , amorce à grande pompe des audits inaboutis à travers les médias d’Etat (les fameux Dadis-shows télévisés ).La Guinée vivait là son moment de télé-realité politique avec un clown de Président impulsif, agité  et ses bouffonneries théâtrales loufoques qu’imprévisibles,  massacre du stade 28 septembre 2009  faisant 157 morts (officiels) qui  révèle de véritables bourreaux dans l’armée guinéenne  (Toumba Diakité, Claude Pivi alias Coplan, Moussa Thiégboro, etc.) , de milliers de blessé(e)s et de nombreuses femmes violées. Crimes impunis jusqu’à ce jour.

Sékouba Konaté  (Décembre 2009 –Décembre 2010)-1 an :
militaire, purge financière sans précédent dans l’histoire du pays, des milliards disparaissent des caisses de l’Etat, la Banque Centrale, le Trésor public sont en déficit, le « General » ou « El tigre » quitte le pouvoir après un simulacre d’élections Présidentielles auxquelles il ne prend pas part mais laisse les caisses de l’Etat vides. CDD dans une « Alliance des Bâtisseurs »  est privé de sa victoire légitime au profit d’AC, opposant de longue date autour d’une coalition de partis politiques baptisée Arc en ciel, qui devient Président de la république.

Alpha Condé ( Depuis janvier 2010) :
Foulaphobie viscérale, Etat ethnique, une présumé-tentative d’assassinat pour lancer une sanglante chasse aux sorcières contre des opposants politiques , militaires et civils, inflation galopante , cherté aiguë de la vie,  bérézina sociopolitique et économique, pays profondément divisé au « tissu social en lambeaux », menace  de partition .AC  promet le « changement »  mais , les besoins primaires des guinéens : eau, électricité, alimentation saine et suffisante , éducation, sécurité , transport irrésolus depuis l’indépendance se sont aggravés.

Le bilan de l’indépendance guinéenne est sans équivoque. Au  vu des potentialités humaines et naturelles du pays, l’échec d’un demi-siècle d’indépendance s’avère absurde et totalement  injustifiable.

L’indépendance de la Guinée ne sera effective que lorsque l’on réussira  à édifier  une démocratie et un Etat de droit fonctionnels en extirpant les  populations  guinéennes de la pauvreté.

Oury Baldé