Certains diront sans doute qu’il est trop tôt pour faire un bilan après seulement un an d’exercice du pouvoir…
Mais on conviendra, si on veut éviter toute déconvenue, qu’il est indispensable de s’enquérir de la direction suivie par un conducteur, même si la distance parcourue reste faible. Il est donc tout à fait légitimement qu’on se pencher sur l’action de M. Condé depuis qu’il est au pouvoir, il ya maintenant un an. Ce bilan, tant il est sombre, représente un vrai défi pour un observateur.
La vie des Guinéens n’arrête pas de se dégrader. Certains vous diront qu’au bout d’un an, il ne faut pas s’attendre à des miracles, d’autres plus nombreux jugent les actes posés par Alpha Condé.
En effet, si nous jugeons M.A. Condé par ses actes, nous pouvons constater avec effroi, le retour du régime ethno-fasciste mis en place par le sanguinaire Sékou Touré. Aujourd’hui, la Guinée n’a jamais été aussi divisée, non pas pour des raisons politiques, mais plutôt pour des raisons ethniques. « L’élection présidentielle », qui a été plutôt une mascarade électorale, a eu pour résultat la nomination d’A. Condé, avec l’aide de Sékouba Konaté, Jean Marie Doré en Guinée, aidé par les agents de la Francophonie, le sénégalais Abdou Diouf, le malien Toumani Sangaré et le burkinabé Compaoré, eux-mêmes chapeautés par l’ancien ministre français des affaires étrangères (l’homme d’affaires) B. Kouchner, véritable homme-orchestre du vol des voix des Guinéens. Jamais aucun Guinéen n’oubliera le mensonge criminel d’A. Condé sur l’ « empoisonnement de l’eau » des militants du RPG et les massacres et les pogroms contre la communauté Peulh à Siguiri, Kouroussa, Kankan et Kissidougou.
Sékouba Konaté avait promis de faire « la tournée des casernes pour nommer un civil Président » : cela a été fait, Alpha Condé est nommé Président !
Depuis l’entre deux tours de cette mascarade électorale, tous les actes posés par A. Condé ont pour objectif de stigmatiser les Peulhs. Pour illustrer notre propos, il suffit d’écouter le ministre de l’intérieur Alhassane Condé, Loucény Fall, Facinet Touré….tous les membres du gouvernement ethno-fasciste d’A. Condé ont pour seul projet stigmatiser les Peulhs (45% des Guinéens !!!).
Actuellement le N°2 du principal Parti de l’opposition l’UFDG, Bah Oury, est accusé sans aucune preuve d’avoir organisé l’ « assassinat de A. Condé » à sa résidence. Nous n’avons toujours pas un début d’enquête sur cette tentative « d’assassinat ». Nous assistons à la libération de quelques personnes, d’autres restent en prison, certains sont obligés de quitter le pays pour assurer leur sécurité à l’exemple de Bah Oury. Que fait l’UFDG pour exiger le retour de Bah Oury en Guinée ? A. Condé a peut être pu éloigner du terrain l’opposant le plus averti politiquement qui a toujours fait une analyse « froide » de la situation du pays. Rappelons-nous, qu’à l’entre-deux tours de la mascarade d’élections présidentielles, il avait compris et dénoncé le manège qui se préparait à tel point que Sékouba Konaté a voulu le faire arrêter. Il est temps que l’UFDG exige son retour !
Cette folie incarnée par A. Condé se retrouve dans l’ensemble des nominations par décret : toutes les nominations ont pour seule compétence reconnue, l’appartenance à l’ethnie maninka ; rien d’autre. Le ridicule ne tuant pas, nous avons vu le Directeur de Sotelgui, refuser de quitter son poste et avoir gain de cause parce qu’il est maninka !
Pour tromper l’opinion internationale et la population Guinéenne, les responsables du régime ethno-fasciste parlent de réconciliation ; chaque fois, ils veulent incriminer l’ensemble des Guinéens en disant « tout le monde a été victime….et les Guinéens doivent se pardonner » et pire, ils veulent faire croire que le règlement de comptes entre anciens miliciens du régime ethno-fasciste Sékou Touré en 1985 est du même ordre que les tueries commises par Sékou Touré ou les massacres du 28 septembre au stade du même nom!
Je vous rappelle que le sanguinaire Sékou Touré a semé la terreur juste pour se maintenir au pouvoir en tuant des personnes innocentes, comme Dadis et Konaté le 28 septembre 2009.
Le règlement de comptes entre Lansana Conté et Diarra Traoré est d’une autre nature : il s’agit d’anciens miliciens qui se font passer pour des militaires, qui avaient trempé dans la trahison de l’armée républicaine, et s’étaient mis à la disposition d’un régime politique des plus sanguinaires. Dans ce règlement de comptes l’équipe de Diarra Traoré a perdu !
Le fait de parler de réconciliation et de vouloir tout mélanger, victimes et bourreaux et de plus y associer des religieux dont on connait le comportement de soumission à tous les régimes dictatoriaux qui se sont succédé en Guinée, montre que l’équipe d’A. Condé n’est pas sincère dans sa volonté de réconcilier les Guinéens.
Aujourd’hui beaucoup de Guinéens parlent de sécession des 4 régions, d’autres de fédéralisme. Nous pouvons tout à fait comprendre nos compatriotes même si, personnellement je penche pour une Guinée unie.
Cette Guinée unie ne peut se faire que si tous les Guinéens sans exception se reconnaissent dans les institutions de la république. Nous constatons avec regret que tel n’est pas le cas. Le fait d’appartenir à une ethnie vous favorise ou vous exclue du système ; mais en Guinée, surtout depuis les pogroms de Siguiri, Kouroussa, Kankan et Kissidougou contre les Peulhs l’ethnie devient le critère d’appartenance le plus important en Guinée ; la montée des divorces entre couples mixtes aujourd’hui est révélateur des problèmes de cohésion nationale.
Je crois, si nous voulons que la Guinée reste une nation, il faudrait que dans toutes les institutions de la République que trois critères de sélection soient mis en œuvre : la compétence, l’appartenance ethnique et la proportionnalité dans la population totale de l’ethnie du candidat potentiel. Ainsi, dans toutes les institutions de la république, il faudrait 40% de Peulhs, 23% de maninkas, 17% de sousous et 10% de forestiers et les derniers 10%, rien que la compétence.
La situation actuelle où vous avez un gouvernement pléthorique (près de 50 ministres) avec deux ou trois ministres Peulhs en rupture avec leur communauté ne peut que paralyser le pays. J’ai l’intime conviction que pour M. A. Condé et ses différents ministres le rêve s’est réalisé: se faire appeler Monsieur le Président ou Monsieur le Ministre ; dans un pays comme le notre ça compte mais, je suis convaincu que pour le Guinéen de base la vie devient de plus en plus difficile.
Le minimum pour que les femmes et les hommes de ce pays vivent mieux, il faut qu’ils travaillent. Tout le monde ne peut pas travailler pour l’Etat, d’où la nécessité d’encourager les entreprises privées. Un entrepreneur ne peut pas investir dans un environnement politiquement instable, dans lequel les contrats ne sont pas respectés, d’où la nécessité de créer cet environnement favorable à l’investissement. Et en réalité A. Condé, du fait qu’il est aux affaires du pays, c’est à lui que revient cette obligation de stabiliser l’environnement économique en s’attaquant aux vrais réformes et non des réformes qui ont pour seul objectif s’attaquer aux Peulhs.
Les réformes à initier sont d’ordre économique, politique et social.
M.A. Condé doit comprendre que le monde a beaucoup changé : l’URSS n’existe plus, la quasi-totalité des pays du monde (sauf la Corée du Nord) et même Cuba ont adhéré à l’économie de marché. Donc, il n’y aura plus des investissements « politiques » dans les pays pauvres ; tous les investissements seront économiques. C’est pourquoi l’Europe et le FMI exigent un programme de finalisation de la transition pour débloquer l’ « aide » à la Guinée !
On voit donc que l’échec aussi bien économique que politique de ce gouvernement procède d’une même logique : la mesquinerie et la haine. Quand on est animé par ces deux sentiments il est difficile de concevoir des choses nobles susceptibles, notamment, de conduire un peuple vers le salut et la dignité. C’est dire donc qu’une chose essentielle manque à ce pouvoir : la probité.
Alpha-Malal BARRY