Le lundi 4 décembre 2017, le Collectif contre l’impunité en Guinée (CCIG) a reçu la visite d’un éminent représentant de l’ONG basée aux Etats-Unis Pottal fi Bhantal Fouta Djallon, à la Mairie du XXème Arrondissement de Paris. Cette rencontre a eu lieu dans le cadre des échanges très suivis entre les deux associations, notamment pour intensifier la recherche des biens mal acquis par les proches d’Alpha Condé mais aussi pour faire aboutir le procès des responsables présumés des crimes du 28 septembre 2009 et organiser les poursuites judiciaires contre les auteurs de crimes de sang en Guinée à la suite des manifestations publiques. A ce titre, il faut rappeler aussi les centaines de morts et les milliers de blessés causés par les forces de l’ordre lors des événements de janvier-février et de juin 2007.
Lors de cette rencontre, Pottal fi Bhantal (ce qui signifie Union pour le développement) a été représenté par Bachir Bah venant de Washington. Plus connu sous nom de plume et de guerre Ourouro Bah, il a fait le point sur l’état d’avancement des recherches sur les biens mal acquis par les hommes politiques guinéens. Pour des raisons stratégiques évidentes, nous n’allons pas révéler les résultats de ces recherches à l’heure actuelle. Nous pouvons simplement rappeler qu’Alpha Condé et ses proches sont la cible principale des investigations. Mais nous n’allons pas pour autant oublier les responsables de l’opposition dans l’enrichissement personnel. Il faut souligner que les auteurs des crimes économiques sont aussi le plus souvent les mêmes qui commanditent les crimes de sang au cours des manifestations publiques.
Dans cette tâche, Pottal fi Bhantal s’appuie principalement sur deux de ses membres – dont nous gardons l’anonymat -, qui sont les points de ralliement aux Etats-Unis. Chacun d’entre nous peut également être une source d’information. Les membres de l’opposition peuvent beaucoup y contribuer. De même que des personnalités comme Mme Doussou Condé et d’autres dont nous taisons les noms. Chaque fois que nous discutons avec des Guinéens, nous pouvons recueillir des informations précieuses car le plus souvent l’information est dans le domaine public.
Les bandits en col blanc qui pillent les ressources de la Guinée sont notoirement connus. Le Collectif contre l’impunité en Guinée a déjà dénoncé la manière dont ils procèdent. Ils ont transformé l’Europe, notamment la France et la Belgique, et les Etats-Unis en une base arrière où ils viennent dissimuler le magot volé au peuple de Guinée et où ils achètent de nombreux biens immobiliers. Ils y font venir leurs épouses, leurs enfants et divers prête-noms souvent sous la couverture frauduleuse de demandeurs d’asile (alors que ce sont eux qui créent les conditions du départ en exil de leurs compatriotes par les exactions et les violations des droits de l’homme qu’ils commettent). Ces épouses obtiennent le statut de femmes isolées en bénéficiant de subsides (dont elles n’ont nullement besoin) à la charge des contribuables des pays d’accueil.
Le CCIG a déjà dénoncé publiquement deux cas patents dans sa lettre du 29 octobre 2017 adressée aux membres du Parlement de l’Union Européenne et signée de son président Ibrahima Sory Makanéra. Il y a le commandant Sékou Resco Camara, ancien gouverneur de Conakry, qui est un cas typique de l’utilisation de l’Europe comme base arrière. Il fait l’objet en Guinée de plaintes et de poursuites de la part de victimes de faits de torture et vit aujourd’hui grassement du fruit de ses prébendes avec femme et enfants dans la province française de Chartres.
De même, Malick Sankon est le cas d’un autre haut fonctionnaire guinéen, actuel directeur général de la CNSS, la Caisse nationale de sécurité sociale, dont la femme et les enfants sont installés dans la ville du Mans en France où il dispose de biens immobiliers très nettement identifiés. Ce personnage possède 1 pavillon de plain-pied à Saint-Denis dans la région parisienne, 2 maisons au Mans et 1 maison aux Etats-Unis. Il vient en outre de revendiquer la paternité d’une milice privée de 2 500 à 3 000 hommes, en violation flagrante de l’article 143 de la Constitution guinéenne qui interdit explicitement toute formation de milice privée. Le RPG, le parti au pouvoir, prévoit de porter cette milice en cours de formation militaire à 10 000 hommes et de l’intégrer ultérieurement à l’armée nationale. C’est sur cette fraction militaire que le pouvoir compte s’appuyer dans l’agenda caché d’Alpha Condé de briguer un troisième mandat.
Le CCIG et Pottal fi Bhantal travaillent en étroite collaboration pour rechercher, trouver et identifier les biens des criminels du régime Alpha Condé afin de les traduire devant les juridictions nationales ou internationales. La valeur de leurs biens illégalement acquis et se trouvant en Afrique (principalement dans les pays voisins comme la Côte d’Ivoire et le Sénégal) et dans les pays occidentaux dépasse le montant cumulé de plusieurs centaines d’années de salaires d’un fonctionnaire guinéen moyen. Ces biens doivent être saisis et restitués au peuple de Guinée, conformément aux dispositions de la Convention des Nations unies contre la corruption (Résolution N° 58/4 du 31 octobre 2003 de l’ONU) ou de la Convention de lutte contre la corruption des agents publics étrangers dans les transactions commerciales internationales de l’OCDE du 21 novembre 1997.
Il est un fait que l’impunité est devenue un arbre géant qui s’enracine profondément et continue de fleurir de plus belle. Elle nourrit à la fois la corruption et les violations des droits de l’homme. Pour déraciner l’arbre de l’impunité, le CCIG et Pottal fi Bhantal s’engagent à conjuguer leurs efforts pour recenser les dignitaires du régime guinéen qui, non seulement se livrent aux crimes économiques, mais aussi participent activement aux violations des droits de l’homme pour pérenniser ce régime afin de pouvoir continuer à encore piller davantage les ressources du pays. Objectif : constituer une base de données fiable des biens mal acquis et des prébendiers. Nous pourrons ainsi les traquer dans leurs moindres retranchements et les traduire devant les juridictions nationales ou internationales. C’est une véritable guérilla patriotique que nous engageons contre les bandits en col blanc qui pillent les deniers publics tout en violant les droits de l’homme.
Alpha Sidoux Barry