Dans l’histoire de chaque Nation, il arrive des moments où l’on se pose la question de savoir s’il existe vraiment des hommes et des femmes capables de la sauver et de satisfaire les besoins les plus primaires du peuple…
Malheureusement, notre pays la Guinée, vit un de ces moments de son histoire car, la plupart des clignotants du tableau de bord sociopolitique et économique sont au rouge et suscitent conséquemment beaucoup d’inquiétudes.
En effet, après 53 ans de déception avec ses multiples dirigeants, le peuple guinéen se demande aujourd’hui, qui dans l’arène politique, suscite l’espoir et la confiance eu égard aux attentes nombreuses et à la dérive qui se dessine à l’horizon si les dirigeants actuels ne se ressaisissent pas pour bâtir un véritable état de droit et relancer le développement économique.
L’élection de Alpha Condé en fin 2010 avait suscité beaucoup d’espoirs, mais un an après, certains voient en lui un dirigeant capable de relever le défit, par contre, d’autres voient en lui l’incarnation de la médiocrité à son comble d’un président pyromane au comportement honteux et au langage insolent et incendiaire, venu d’une certaine génération des temps révolutionnaires révolus.
Parlant de ‘’génération’’, tentons ensemble de faire une analyse de la mentalité dans laquelle chaque génération de politiciens guinéen a évolué. Pour ma part, j’ai identifié quatre (4) générations politiques bien distinctes.
1. La génération des révolutionnaires (nés avant 1950) : pas peur du toubab, soif de liberté et prête à mourir pour la Patrie. Malheureusement cette génération est aussi la plus suspicieuse envers ses semblables, car consciente de l’éventualité d’une manipulation du toubab pour l’éliminer. Elle a la phobie de la diaspora et se méfie de l’occident. Elle s’est rendue coupable de nombreux cas d’atrocités envers son propre peuple.
Ceux qui sont toujours en vie, curieusement nostalgiques d’une période d’affranchissement du joug colonial, et considérés comme des ‘’sages’’ dans certaines communautés, profitent de chaque souffle d’air qui leurs restent pour intoxiquer leurs petits fils avec les interminables histoires de complot ou d’injustice envers leur ethnie et cultivent les grains de la haine dans les âmes de leurs progénitures.
Et ceux parmi eux qui sont toujours dans la politique, veulent vivre la vie de leurs enfants et celle de leurs petits enfants. Ils restent, après tout, assoiffés de pouvoir et feront tout pour l’obtenir.
2. La génération des indépendances ou les traumatisés politiques (nés entre 1950-1970) : ils ont vu leurs parents se donner corps et âmes pour libérer notre Nation des mains des toubabs. Malheureusement ils ont aussi été témoins des répressions radicales et sanglantes des dirigeants noirs contre leurs semblables. Cette génération a évolué dans une psychose marquée par des pendaisons publiques, des assassinats au camp Boiro, des rafles nocturnes, des tortures et éliminations systématiques de tous ceux qui s’opposent au pouvoir. Ils ont peur de l’obscurité et se retranchent dans leur nid à la première lueur de la lune. Pour cette génération il n’est pas question d’être opposant, au risque de se faire éliminer comme leurs parents. Elle a été au pouvoir depuis notre indépendance.
A son crédit, cette génération est la mieux formée et possède en son sein de grands cadres avec des connaissances aigues sur l’administration publique. Elle a acquis des expériences inouïes en travaillant avec et pour les institutions internationales.
Paradoxalement, elle ne croit pas à la succession et ne croit pas au travail d’équipe. Elle croit au travail individuel et se cramponne au pouvoir. Elle occupe tous les postes stratégiques de l’administration et fait des caisses de l’Etat son bien personnel.
La majorité de cette génération préfère faire allégeance au pouvoir en place pour gagner son petit pain en toute discrétion et subvenir aux besoins quotidiens de la famille.
Ceux parmi eux qui ont osé être opposants sont considérés par les uns comme des dinosaures politiques et de rapaces économiques par les autres.
3. La génération consciente ou l’espoir (1970-1990) cette génération est la plus agressive et la plus bruyante, mais aussi grand défendeur des droits universels de l’Homme. Elle veut la démocratie qui est aujourd’hui à la mode et refuse toute forme de dictature. Elle se réfère à des slogans comme ‘’yes we can ’’, ‘’y en a marre’’ et est obnubilée par les outils technologiques et de communication dont elle fait usage, comme les portables avec camera, des sites tels que youtube, facebook, twitter, des emails, des blogs etc.…pour exprimer son mécontentement. Cette génération a le plus grand potentiel de mobilisation et croit au travail d’équipe.
Mais, malheureusement pour cette génération, elle n’a pas encore acquis assez d’expériences dans l’administration et la gestion du bien public et elle n’a pas conquis l’arène politique, donc elle est le plus souvent ignorée et sans voix.
4. La génération hybride (1990 à nos jours) cette dernière génération a connu les instabilités socio politiques et a passé beaucoup plus de temps dans les rues à manifester que dans les classes d’écoles et d’université. En cas de marche politique ou populaire, elle est la plus sollicitée et la plus convoitée. Elle est très facile à manipuler car elle n’a ni d’espoir ni d’éducation civique. Elle suit aveuglement celui qui remplit mieux le ventre. Elle, elle a la malchance de se faire manipuler par les deux premières générations.
Par contre, une grande majorité de cette génération est née ou a grandi à l’étranger et reçoit une bonne formation ainsi qu’une éducation presque occidentalisée, d’où le nom hybride. Son retour au pays peut être un grand Game changeur.
Donc, vous constaterez qu’a l’exception de la génération ‘’hybride’’ qui est victime de la génération ‘’des révolutionnaires’’ et des ‘’traumatisés’’, chacune des autres générations est victime de celle qui la précédée.
Il est tout à fait logique de conclure que pour amorcer un développement continuel de la Guinée, il est nécessaire de rompre avec cette culture vicieuse qui fait de chaque génération une victime de celle qui la précède. Chaque génération doit inculquer la notion de responsabilité envers la future génération. Chaque génération est responsable de celle qui la succède et elle a le devoir de poser les jalons nécessaires pour favoriser son épanouissement.
M. Safa Tounkara
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