Interview : Diallo Abdoulaye Conseiller national, membre du CNT

Monsieur Diallo Abdoulaye est membre du Conseil National de Transition (CNT), représentant les guinéens de l’extérieur vivants aux Etats-Unis d’Amérique. Il est membre de la Commission Constitutionnelle…

Après un peu plus d’un an de dur labeur, il a bien voulu nous faire un bilan des activités de son institution, de la situation politique guinéenne à la veille des élections législatives et le message à l’endroit de ses mandants.

Monsieur Abdoulaye Diallo, vous êtes membre du CNT, représentant des guinéens vivants aux Etats-Unis

Pouvez-vous nous faire un bilan de vos activités après un peu plus d’un an d’exercice ?

AD. Merci Monsieur Diallo. Un bilan du CNT après un an, je crois que c’est un bilan qui est connu dans une certaine mesure. Je dirais que sur le plan législatif, le CNT a réussi non seulement à mettre en place la constitution, nous avons également le code électoral, il y a eu les deux lois relatives à la presse, notamment la loi sur la liberté de la presse, la loi portant création, organisation et composition de la Haute Autorité de la Communication. Ensuite, le CNT a réussi à adopter la loi d’accès à l’information publique. Ce fut également le cas de la loi portant sur la Cour Constitutionnelle. Donc voici donc sur le plan législatif, ce que nous pouvons dire par rapport au bilan du CNT. Egalement, après un an d’exercice le CNT, conformément aux accords de Ouagua, est un organe politique de libérant devait jouer le rôle de contrôle par rapport à l’exécutif, notamment l’action gouvernementale. A ce titre, peut-être c’est là que le bilan n’est pas tellement luisant. Si sur le plan législatif, le CNT a réussi à jouer ses fonctions, on dira que sur le plan du contrôle de l’exécutif à ce niveau, le CNT a réellement manqué de responsabilité.

Dans quelle atmosphère avez-vous travaillé dans votre Commission ?

AD. Sur le plan administratif et technique, les missions n’ont pas été tellement faciles. J’appartiens d’ailleurs à la commission constitutionnelle, et là je dirais que c’est une commission qui, sur le plan technique est très mal équipée. Nous avons travaillé pendant un an à partir de nos propres moyens, nos clés USB.

Les conditions techniques sont difficile parce qu’il arrive parfois que nous ne soyons pas à mesure ou d’imprimer des papiers ou des photocopies de documents. Par contre, sur le plan relationnel, je dirais que j’ai eu l’occasion et l’opportunité de découvrir et faire connaissance avec d’autres collègues de ma commission et avec eux, j’entretiens de bons rapports de travail, de bons rapport de confiance et d’amitié, rapports que je m’emploie partout et à tout moment à sauvegarder et à garantir.

Monsieur Diallo, quelle lecture faites-vous de la situation politique actuelle, surtout à la veille des élections législatives en vue.

AD. Une question difficile. Vous me demandez de faire une lecture d’une situation politique actuelle. Je dirais qu’elle est difficile en ce sens que la situation politique, elle est illisible. Cependant, cette situation est inquiétante. D’un côté, les nouvelles autorités ont raté le préalable, puisqu’elles auraient dû poser comme acte afin de permettre une bonne évolution de la situation politique ; donc le départ a été faussé, de l’autre, la situation est telle qu’il y a une absence quasi totale de dialogue entre les nouvelles autorités et le reste de la classe politique notamment l’opposition.
Si vous me posez la question surtout par rapport aux échéances législatives, le contexte, je dirais qu’il est encore une fois précaire, il est inquiétant et je pense qu’il appartient à l’ensemble des acteurs de se ressaisir et de savoir que notre pays ne peut se construire qu’au tour des positions partisanes.
Justement du sujet de cette élection il a été beaucoup question de la CENI ces derniers temps, surtout au cours de la conférence de presse organisée la semaine dernière par le Ministre de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation. Une CENI qui est encore à la croisée des chemins et au sujet de laquelle le Ministre a accusé le CNT d’incapable de fournir une CENI viable.

Quelle est votre position là-dessus ?
AD. Ma position est claire. Je suis entièrement d’accord, et pour moi c’est sans surprise que la CENI se retrouve dans la cacophonie actuelle. Vous l’avez dit, c’est encore ce qui veut dire qu’il fut un moment aussi nous avons connu ce que nous avons connu par rapport à cette CENI.
Donc si aujourd’hui la cacophonie reprend de plus bel au sein de l’institution, c’est sans surprise. Quant à la déclaration du Ministre de l’administration et de la décentralisation
Comme quoi le CNT n’a pas été capable de doter la nation d’une nouvelle CENI. Je précise effectivement qu’il appartient à al CENI d’élaborer la loi organique portant composition, organisation, attributions et fonctionnement de la CENI. Et là je suis entièrement d’accord avec le Ministre que, pour des raisons partisanes d’ordre personnel et particulier, les conseillers nationaux que nous sommes, n’arrivons pas à s’entendre sur l’essentiel afin d’adopter une loi qui devrait donc permettre une nouvelle composition de la CENI. C’est quelque chose de regrettable, de déplorable, parce que tout simplement le CNT, non seulement par les accords de Ouagadougou surtout l’article 157 de notre constitution donne au CNT la latitude de jouer toutes l’installation de l’assemblée nationale. Donc c’est vraiment regrettable que le CNT puisse aujourd’hui occasionner ce que nous ne souhaiterions pas encore voir.

Après séjour de plus d’un an en Guinée, quel parallèle pouvez-vous faire entre la vision d’un guinéen de la diaspora et d’un guinéen de l’intérieur sur l’évolution de la Guinée ?
AD. Je dirais qu’il n’y a pas de différence entre les deux, en ce sens que c’est vrai, je suis de ceux qui vivent hors du pays. Je vous rassure que les guinéens qui vivent à l’étranger vivent au rythme de ceux qui vivent au pays. Je veux dire que tout ce qui se passe au pays, aucun des problèmes ne nous échappe, au point que, avant même que je me retrouve ici au CNT, j’étais parfaitement informé de la situation telle qu’elle se passe et d’ailleurs, je crois qu’à ce titre tout le monde doit reconnaitre ce qu’a été le rapport des guinéens de l’extérieur, particulièrement les guinéens des Etats-Unis dans le cadre de la lutte que nous avons mené ces dernières années, notamment depuis 2007 jusqu’à nos jours.

A mon arrivée ici, c’est sans surprise, la situation était en notre connaissance. Ce qui est déplorable par rapport justement à cette notion de guinéen vivant à l’étranger et ceux qui sont restés au pays, je dois dire que nous devrions comprendre une chose ; les guinéens qui vivent à l’étranger et ceux qui sont au pays, nous avons eu commun notre pays, nous avons eu commun le souci de construire une Guinée forte, une Guinée prospère, une Guinée libre et démocratique.

A ce titre une fois encore les efforts qui sont en train d’être déployés au sein de la communauté guinéenne de l’extérieur ces efforts sont donc considérables, et il devrait appartenir aux nouvelles autorités à travers notamment le Ministère des guinéens de l’extérieur tout mettre en œuvre pour que cette forte communauté composée de plusieurs millions malheureusement le chiffre exact n’est pas connu afin que ses apports que ça soit sur le plan économique et financier, que ces apports puissent être canalisés et que des mécanismes soient définis devait permettre non seulement le retour et l’insertion sociale de ceux qui le désirent ; mais ceux qui optent encore, qui préfèrent y vivre continuent toujours facilement travailler avec ceux qui sont restés au pays.

Votre message pour vos mandants vivant aux Etats-Unis d’Amérique.
AD. Pour le moment, je dois dire que c’est un acte de reconnaissance, de profonde gratitude à l’ensemble des guinéens vivant aux Etats-Unis, en ce sens que ma nomination, mon élection, constitue pour moi une marque de conscience que ces milliers de guinéens ont placé en moi.

Je voudrais les rassurer que chaque jour que Dieu fait, je me battrais à mériter cette confiance et que vis-à-vis donc de ceux qui m’ont mandaté, je dois leur dire que je suis témoins de ce que nous avons fait ensemble aux Etats-Unis de 2006 à nos jours, mais le passé, c’est aujourd’hui que nous devrions être beaucoup plus engagés, parce que tout simplement je suis au regret de vous dire que mon constat c’est que nous risquons non pas de stagner mais de reculer, c’est-à-dire les acquis que les guinéens ont obtenus ces dernières années, nous risquons de les perdre parce que tout simplement que ça soit sur le plan politique, nous enregistrons un recul, sur le plan économique, la dégradation ne fait que se renforcer, sur le plan financier, le pouvoir d’achat des guinéens ne fait que baisser.

Donc vis-à-vis de mes compatriotes vivant aux Etats Unis, je leur dirai d’attacher d’avantage la ceinture et que ce que nous avons mené jusqu’ici nous devons appuyer davantage sur l’accélérateur afin que nous ne perdions pas les acquis obtenus jusqu’ici afin que, pour une raison ou pour une autre, pour des raisons partisanes, d’ordre personnel ou particulier, que personne et que rien ne nous fasse dérouter de l’essentiel face au pays.

Nous avons en commun la construction d’une Guinée unie, forte et prospère ; nous avons en commun de rester surtout de vivre dans une Guinée paisible, et cela ne peut se faire qu’ç travers ce que nous avons toujours appelé l’unité nationale, la cohésion sociale et la réconciliation. Malheureusement une fois encore, le contexte actuel ne s’y prête pas.

Interview réalisée par Mody Sory Diallo
Conakry 04 Juillet 2011