Ibrahima « Capi » Camara: «J’ai décidé de tourner la page UFR»

Le vendredi, 10 juin 2011, une lettre signée et cachetée du responsable de la communication de l’Union des Forces Républicaines (UFR) de Sidya Touré parvenait au desk politique de votre site, AfricaLog.com annonçant sa démission du parti. En dépit de ses fonctions de membre du bureau exécutif en charge des sports…

Du coup, comme nous l’avions notifié au moment de mettre en ligne cette lettre, nous avons tenté de joindre les deux principaux concernés. A savoir le démissionnaire et le président du parti. En vain. Finalement, c’est à 18 h 50 que nous parviendrons à avoir le premier, au téléphone. Ibrahima « Capi » Camara nous confirme l’authenticité de la lettre et nous parvenons à décrocher une séance d’explication des mobiles de son acte pour le lendemain.

La rencontre a lieu dans le bureau flambant neuf qu’il vient d’aménager au deuxième étage d’un immeuble situé près du Ministère de l’Economie et des Finances.
Entretien :

AfricaLog.com: Depuis le vendredi, 10 juin 2011 un document circule annonçant votre démission du parti politique, Union des Forces Républicaines (UFR) que dirige M. Sidya Touré. Au bas de ce document, il semble que c’est votre signature. L’authentifiez-vous?

Ibrahima « Capi » Camara: (sourire) Oui, je l’authentifie. Le document est bel et bien de moi.

Alors que s’est-il passé?

Bon, comme vous devez le savoir, cela fait 11 ans que je suis à l’UFR. Onze ans de bonheur parce que je suis venu au parti de moi-même, de par ma propre volonté. Mais, bien entendu, quand vous êtes dans une association, dans un parti politique, dans toute entité qui regroupe plusieurs hommes, il y a des hauts et des bas. Donc, j’ai tenu à respecter mon engagement à la fois pour mon leader, qui est un frère, mon ex-leader, on peut dire comme ça, qui est Sidya Touré mais aussi engagement vis-à-vis du parti, à l’idéal du parti. Sauf que, ces derniers temps, depuis que je suis à Conakry… J’ai passé l’essentiel de mon militantisme en Europe, au service donc du parti. Depuis un peu plus d’un an, à la faveur de la dernière élection présidentielle donc, j’ai décidé, en accord avec le président, de venir l’accompagner dans cette aventure…

Vous parlez de quel président ?

Le président Sidya Touré, je veux dire. Président de l’UFR. Donc, j’ai volontairement démissionné de mon travail [ndlr : en Europe], ce que je ne regrette pas, parce que c’était quelque chose qu’il fallait tenter pour son pays. Je crois avoir donné ce que je pouvais donner. Le maximum de moi-même, à la fois pour le candidat qu’il était, et pour le parti qu’il préside. Je dois dire, pour l’essentiel, j’ai eu une bonne collaboration avec lui. Pour l’essentiel. Mais ces derniers temps, il y a eu des différends sur lesquels j’ai débattu avec lui, en tête-à-tête. Je souhaite ne pas en parler et garder ça pour nous deux. Donc, cette alliance, mon appartenance à l’UFR, Dieu a voulu que ça s’arrête au bout d’un peu plus d’une décennie. J’ai décidé donc de tourner la page UFR.

Tourner la page avec l’UFR. Qu’est-ce qui s’est réellement passé ? Parce que vous n’avez  jusqu’à présent pas été clair quant au mobile de votre départ du parti.

Ce n’est pas que je n’ai pas été clair. C’est parce que, volontairement, je ne veux pas dire ce qui s’est passé. Je n’ai pas pour habitude …, je pense que tout homme responsable, quand vous avez passé dix ans avec des hommes de valeur, avec des hommes de conviction, pour un idéal pour lequel vous vous êtes battus, ce qui s’est passé, ce n’est pas ce qui est important pour moi. Ce qui est important pour moi, c’est ce que je vais faire. Ce qui est important pour moi, c’est que l’opinion retiendra de moi par rapport à ce que j’ai fait. Ce que j’ai fait n’est pas anonyme. J’ai travaillé avec des gens qui reconnaissent certainement ce que j’ai apporté au parti et quelque fois, j’ai payé cher pour le parti. Mais, malgré tout cela, je suis resté moi-même. J’ai voulu accompagner le président jusqu’à l’atteinte de son objectif. C’est-à-dire, candidat qu’il était à l’élection présidentielle, je me suis battu pour qu’il devienne président ! Malheureusement, ça n’a pas été le cas. Mais, ça n’est pas la cause de mon départ ! Puis qu’après, je suis resté, j’ai même continué à me battre.

C’est quoi, alors, la cause de votre départ?

La cause de mon départ, j’ai dit plus haut, qu’il y a eu des différends assez profonds sur lesquels, lui et moi, nous nous sommes expliqués en tête-à-tête. A partir des faits que je lui ai exposés, de mon point de vue, il n’était plus possible de collaborer. En tout cas, dans la loyauté, dans la sincérité. Parce que moi, je ne sais pas être dans un camp puis aller à l’encontre. Si je suis dans un camp, je pédale pour avancer. D’autres pourraient dire « oui, mais reste ; même si ça ne va pas… » Non, non. Moi, si ça ne va pas, ça ne va pas. On en débat. S’il n’y a pas moyen d’avancer, mais écoute… C’est bizarre, mais 11 ans après, oui, oui, je suis parti parce que je ne pouvais plus continuer.

Qu’est-ce qui montre que ça n’allait pas?

Mais, bon, … contre le président lui-même, je ne, … c’est un grand frère. C’est un grand frère pour lequel, je dois reconnaître…, pour moi, c’est un modèle. Pendant 11 ans, partout où je passe, les gens disent « Capi de Sidya » ou tout ce que j’entreprends c’est pour Sidya. Ce n’était pas forcément le cas. Ce que j’ai entrepris, je l’ai fait de moi-même. Bien entendu, je le consultais. Parce que, je l’ai dit, je le considère comme un grand frère. Je ne le consultais pas en tant que président du parti. Quand je voulais entreprendre quelque chose que je devais financer moi-même, je requérais ses sages conseils. C’est tout comme vous qui êtes devant moi. Si vous étiez à sa place, j’aurais fait la même chose. Maintenant, mon engagement vis-à-vis de lui, a fait que, comme vous devez le savoir, aussi bien en Afrique que partout ailleurs, lorsque vous vous engagé à un tel degré, les gens ont tendance à dire « ah, oui, c’est le leader qui fait ceci ou cela, c’est lui qui est derrière… » Ce qui n’est toujours pas le cas.

Vous vous étiez trop affiché quoi, dans votre engagement pour la cause de Sidya, ou de l’UFR?

Ah, oui. C’est ce que je vous ai dit, si j’ai décidé de travailler avec lui, c’est parce que je voulais m’engager à 100% à ses côtés. Parce que je croyais en lui, en l’idéal qu’il véhicule, en sa politique. Et c’est ce que j’ai fait pendant 11 ans. C’est ce que j’ai fait pendant 11 ans.

Vous n’y croyez plus?

Non, pas que je n’y crois plus. Je vous ai dit et je me reprends, cet homme est un grand frère et il le demeure. Pour moi, c’est un modèle.

Oui, mais à vous entendre parler et la gestuelle qui accompagne vos mots, c’est comme si vous ne regrettez pas votre acte.

Je peux vous dire que, j’ai … (rire) C’est un sourire trompeur.

Un rire …

Un rire trompeur.

Un rire jaune donc?

Appelez ça comme vous voulez. Mais, quand j’ai eu l’entretien avec le président, j’ai eu les larmes aux yeux.

Des larmes de crocodile, peut-être?

Mais, pourquoi des larmes de crocodiles ? Je le connais. Ça fait dix ans, au-delà de la politique, je suis presque son confident. Ce n’est pas facile de tourner la page. Mais, je vous dis encore une fois, je lui ai expliqué. Quand je lui ai expliqué, je crois qu’il m’a compris. Mais, peut-être qu’il n’a pas pensé… j’ai dit « je prends mes distances, je m’en vais »… Il m’a dit « oui ». Mais, nos relations sont telles que, peut-être, il n’a pas pensé que je pouvais franchir le pas.

Alors, l’avez-vous rencontré d’abord pour lui parler de votre démission ou bien êtes-vous venu avec la lettre de démission et la lui tendre?

Non, non. Non, non. Moi, je fais les choses normalement.

C’est-à-dire?

J’ai vécu 26 ans en Europe. J’y ai travaillé 20 ans. Quand on veut se séparer de quelqu’un, on y met la forme. Et, au-delà de la forme, j’ai mis du respect. Je suis allé le voir. Je lui ai expliqué. Mais, avant cela, il savait que quelque chose n’allait pas. Moi, je savais en tout cas. Mais, je crois qu’il savait que quelque chose n’allait pas. C’est d’ailleurs sur ces points que nous avons parlé. Et je ne souhaite pas les mettre au grand jour. Pour moi, ça va rester entre lui et moi.
Je suis donc parti lui dire que fort de tout cela, ce que j’attendais, je n’ai pas vu cela. Comme je n’ai pas vu cela, j’ai observé un certain temps quand même, je n’ai pas vu cela, j’ai dit « bon, je m’en vais ». Maintenant, les gens peuvent interpréter cela comme ils veulent.

Qu’est-ce que vous attendiez de Sidya Touré?

J’attendais un arbitrage. Voilà. J’attendais un arbitrage. Je n’ai pas vu cet arbitrage-là.

Entre vous et qui?

Je sais que vous voulez me pousser à le dire, mais je ne le dirais pas.

Non, vous n’y êtes pas obligé. Mais, si je comprends, ce n’est pas entre Capi et Sidya mais plutôt entre Capi et autres membres du parti.

(Silence) Pour l’essentiel, l’UFR a de bonnes personnes. Pour l’essentiel. Mais, il y a, peut-être, deux ou trois personnes qui veulent, si ce n’est déjà fait, prendre le président en otage. Bon, c’est un homme, hein. Mais, croyez-moi, je ne travaille pas pour plaire à Sidya. Je dis que, moi, je l’aime naturellement. Je crois en lui naturellement. Pourtant, ce n’est toujours pas rose entre lui et moi. Surtout quand on vient lui dire des choses du genre « Capi est comme ci, comme ça, machin, machin » … Mais, moi aussi, en tant que responsable du parti, on vient aussi me dire des choses sur le président !

Vous concernant?

Non, le concernant. Les gens viennent me dire des choses sur le président aussi.

Comme quoi par exemple?

Non, ce n’est pas important. Je vous ai dit que nous nous sommes expliqués, entre hommes, entre frères.

Des choses, peut-être, qu’il a dû dire dans votre dos?

Non, je ne pense pas que ça soit son genre. Mais, vous savez quand vous êtes dans un groupe, ce n’est pas tout le monde qui vous aime. Tout le monde ne vous aime pas. Mais quand vous lui remontez les choses que l’on vient vous dire ou des choses que l’on a dû lui dire vous concernant, … Bon, on dira que c’est mesquin ; mais à force d’accumuler ces choses, si petites soient-elles, arrivé à un certain niveau, ça met votre responsabilité en cause.

Alors quand vous avez dit que vous démissionniez, au point de lui tendre votre lettre de démission, quelle a été sa réaction?

Non, honnêtement, je n’ai pas parlé de lettre de démission avec lui. Je lui ai dit que je démissionne. Dans son esprit, c’est peut-être, partir …

Du bluff?

Du bluff, non, il sait que je ne bluffe pas. Mais, nos relations sont telles, qu’il a dû se dire : « oh, peut-être la nuit va porter conseils ; il va peut-être prendre congé du parti ; peut-être s’occuper un peu de ses propres affaires… » puisque j’ai des projets dont je vous ai déjà parlé. Je suis en train, par exemple, de créer un magazine, un mensuel d’informations générales. Je me consacre essentiellement à cela.

Puis-je avoir la primeur du titre?

JDG, « Jours de Guinée ».

Merci pour la confiance et cette exclusivité

J’avais déjà le projet. Je me consacre essentiellement à cela pour l’instant. Il a dû penser que c’est par rapport à cela que je veux prendre un petit congé par rapport au parti.

Alors que pour vous, c’est un vrai départ du parti?

Effectif. D’ailleurs pour moi, les choses étaient très claires. Ce qui est clair dans ma lettre, c’est ce que je lui ai dit. Simplement, je l’ai formalisé et j’ai tenu, comme ça se fait, à ce que ça soit enregistré au secrétariat général du parti.

Cela a-t-il été fait ?

Oui. La copie que j’ai ici est signée par le secrétaire général du parti. Une sorte d’accusé de réception.

Le secrétaire général, M. Bakary Goyo Zoumanigui?

Exact.

On sait quelque part, que vous avez des relations autour du pouvoir, vous auriez des entrées au Palais … !

(rire) Vous savez, je vais vous dire, je connais le Professeur Alpha Condé depuis que je suis en France. Lui, il ne me connait pas. Mais quand nous, nous sommes arrivés en France, tout le monde connaissait déjà le Professeur Alpha Condé. Et Paris, vous savez, c’est une très grande ville.

Une mégalopole

C’est ça. Le nombre des guinéens n’atteint même pas le chiffre de 10 000 habitants. Selon les statistiques officielles, nous serions 5 000.

Des gens dont la situation est régularisée?

Oui. Moi, je bénéficie de la nationalité française. Donc, je suis quelque part, un citoyen français.

Un binational?

Je suis binational. Le Professeur Alpha Condé qui était quand même une icône de la diaspora guinéenne, même africaine, pour avoir été leader de la FEANF, il le dit d’ailleurs avec une certaine fierté, tout le monde le connait. Et dans le cadre de la vie associative, en France, je suis un membre actif. Nous avons eu, à plus d’une occasion, à inviter, dans le cadre du club de réflexion qui s’appelle « DLG » [Demain, la Guinée], qui a été créé chez moi, avec deux ou trois personnes dont un certain Bouba Sampil qui est aujourd’hui, aux côtés du Président Alpha Condé. Nous l’avons créé à trois à Paris : Bouba Sampil, Rachid N’Diaye et moi. Dans mon salon. Sur mon ordinateur. Et depuis, en terme d’association de réflexion, c’est quand même la structure la mieux organisée, la plus représentative en France. En tout cas pour les Guinéens. Nous avons invité tous les leaders sauf Lansana Conté. Je peux citer : Bah Mamadou, Siradiou Diallo, Alpha Condé, Jean Marie Doré, …

Et Sidya?

Bien sûr. C’est peut-être lui qui est passé le plus souvent à cette tribune. Au point que certains que nous invitions refusaient de venir avec pour motif, selon eux, que l’essentiel des membres de « DLG » est composé des militants de l’UFR, sinon, des sympathisants. Ce que, personnellement, moi, j’assumais. C’est pour cela, bien que créé chez moi, je n’ai jamais voulu prendre la présidence de « DLG ». Pour, aussi bien, protéger mon président que la structure puisque je savais que c’était composé de jeunes cadres valables qui, dans l’exercice de leur fonction dans « DLG », ne laissaient pas transparaitre leur appartenance politique. Je précise que dans « DLG », il n’y avait pas que des sympathisants de l’UFR. Il y avait aussi des sympathisants de l’UPR de Siradiou Diallo à l’époque, et même du RPG.

Alors, il y a une dizaine de jours, on vous voyait dans les parages de la primature. Quel rapport avec le cours des événements aujourd’hui?

Non, non, non. Je ne sortais pas de la primature. Je suis allé voir Kiridi Bangoura, le chef de cabinet de la présidence de la république avec lequel j’ai des contacts suivis depuis au moins deux ans. Depuis au moins deux ans. Kiridi est un ami. Nous nous soutenons mutuellement. Chacun, à sa façon. De temps à autre, je vais le voir. Mais, je vais le voir depuis qu’il est là. Je suis même allé à sa plantation. Et ça, le Président Sidya le sait. Je vous fais un aveu : j’avais même copté Kiridi pour qu’il vienne travailler avec nous au premier tour. Malheureusement, ça ne s’est pas passé comme je le voulais. Il est parti dans un camp, moi je suis allé dans un autre. Bien qu’il soit là où il était et moi, là où j’ai porté mon choix, nous avons continué à garder la fraternité. Aujourd’hui, c’est l’une des rares personnalités, parce que les guinéens sont méfiants hein, au niveau du pouvoir qui, en rentrant chez lui, après le bureau, s’arrête de temps à autre chez moi, il me dit bonjour. Et moi, je vais chez lui, on va à sa plantation.

Donc, pour revenir à votre question, ma visite là-bas, d’abord ce n’était pas à la primature, je n’ai jamais mis les pieds à la primature.

J’ai parlé des parages de la primature. Du côté de la primature…

Voilà, je n’ai jamais mis pied à la primature, c’était à la présidence. J’étais allé voir Kiridi.

Mais entre le petit palais (la primature) et le palais de la colombe (les services de la présidence) il n’y a que quelques mètres?

Affirmatif. Mais c’était pour aller voir Kiridi. Peut-être que quand la personne m’a vu, je sortais de là-bas, j’étais à la hauteur de la primature.

Si je comprends, les relations de fraternité que vous entretenez avec Kiridi ont fait que vous avez dû adopter la stratégie « que le camp du vainqueur tire l’autre » ?

Avec Kiridi Bangoura?

Oui.

Mais, non, ça n’a rien à voir. (il éclate de rire) Je vous assure tout de suite qu’avec Kiridi, nous nous donnons des conseils. Nous nous donnons des conseils. Je peux même vous dire que lorsqu’ils ont gagné, à travers le Professeur Alpha, je l’ai appelé pour le féliciter. J’ai dit que je suis là où je suis, il est là où il est.

Et qu’en cas d’opportunité, de ne pas vous oublier, vous Capi?

Non. Mais, non. Pas du tout. Je vais vous dire une chose, je n’avais aucune intention de changer. Au moment où je vous parle là, j’ai juste démissionné de l’UFR, hein, je vous le dis. Je vous dis ou répète mon objectif : je veux m’occuper de mon magazine. Mais, je ne suis pas fermé. Ça fait 11 ans que je fais de la politique. Je vais vous faire un aveu.

Un de plus!

Bon, (rire). Vous comptez tout ?

Non, je suis attentif seulement. Alors, l’aveu, c’est quoi?

C’est bien. J’ai deux leaders qui m’ont appelé. Je peux citer Abe Sylla [ndlr : Ibrahima Abe Sylla, leader de la NGR, Nouvelle Génération de la République]. Je peux le citer. Il m’a appelé. Il était désolé, il m’a dit : « qu’est-ce que tu fais ? » Il m’a dit : « si tu veux, je sais que la vie de Conakry, c’est difficile. Je vais te donner la direction de ma télévision, tu vas la gérer ».
Je vous dis de passage que j’ai toujours gardé de bons rapports avec les différents leaders. Ça, Sidya le sait. Et j’ai toujours œuvré à rapprocher les gens du président Sidya. Je n’ai jamais fait quelque chose un jour, qui l’éloigne des autres. J’ai toujours travaillé pour le rapprocher de tout le monde. Bien avant même que je ne démissionne, je l’ai dit plus haut, moi, je m’entendais avec tout le monde : Dalein, Kassory, et bizarrement, il n’y avait qu’avec le Professeur Alpha Condé avec lequel j’avais des rapports tendus, je puis m’exprimer ainsi. Toutefois, je n’ai rien fait contre lui, lui, non plus. Mais en tant qu’homme politique, il sait ce que j’apporte à Sidya. Peut-être qu’il va dire : « ce garçon-là, comme c’est un des lieutenants de Sidya qui est un concurrent… » bon. Mais retenez qu’avec le Professeur Alpha, je n’ai jamais eu des relations souples avec lui. C’est toujours tendu.

Alors, si dans les prochains jours, on entendait un décret vous promouvant, on ne devrait pas en être surpris ? Ou bien ce serait une pure coïncidence avec ce qui vient de se passer, je veux parler de votre démission de l’UFR ?

Ecoutez, moi je fais la politique, c’est pour servir mon pays !

Vous n’avez pas répondu à la question

Ce serait une pure coïncidence. Mais, je pense qu’on ne fait de décret sans avoir consulté les gens ? Je me l’imagine. Au moment où vous et moi sommes en train de parler, je n’ai de rapport particulier avec aucun camp. La seule proposition qui m’est faite au moment où je vous parle, je dis bien, c’est Abe Sylla qui m’a appelé et m’a dit : « écoute, mon frère, si tu as le temps, moi je suis en train de restructurer ma télévision, je peux te donner la direction de ma télévision. Parce que je sais ce que tu fais avec tes médias » J’étais le vice-président de la commission communication de l’alliance Cellou Dalein Diallo et directeur de la communication du candidat Sidya Touré lors du premier tour. Dans un cas comme dans l’autre, il [Abe] a su ce que j’ai fait. Il estime que je pourrais être la personne qui réussirait à restructurer sa télévision.

Et quelle réponse lui avez-vous donnée?

Je lui ai répondu en disant : « grand frère, tu as raison. Tu es à Washington. Quand tu viendras, on verra ». Maintenant, vous me parler de décret. Le décret, ça ne vient pas comme ça. Mais, moi je suis un guinéen. Je fais la politique aussi, pour servir mon pays. Je vous l’ai dit. S’il me donne, je le prendrais. Je vous le dis.

En attendant ce jours, que je vous souhaite de tout cœur, avez-vous un message à faire passer. Quelque chose que vous n’avez pas dû dire pendant cet entretien et qui est venu à l’esprit?

Vous savez, la Guinée est un pays de rumeurs. Moi, j’ai démissionné et je me suis expliqué avec Sidya Touré. Sidya Touré, c’est quelqu’un avec lequel j’ai travaillé pendant dix ans. Je viens de vous dire ce qui me lie à lui. L’entretien que j’ai eu avec lui, j’ai trouvé qu’il était affecté. Moi, j’ai eu les larmes aux yeux. Même quand j’en parle, je suis ému, parce que ce sont 11 ans de ma vie. Je connais Sidya depuis Abidjan. J’ai fait mon lycée en Côte d’Ivoire avant d’aller en France. Nous avons d’abord des relations fraternelles. C’est quelqu’un d’ouvert. Moi, également. Quelque soit ce que je fais, ou ce que je ferai, il sera un frère pour moi. Il n’est plus mon leader politique, il sera toujours un grand frère. En tout cas, moi, je le considèrerai toujours comme un grand frère. Et je pense bien que c’est réciproque de son côté aussi.

Quand j’entends les gens dire : « oui, il veut partir parce qu’il est en pourparlers avec le pouvoir, il a des offres,… » Je n’ai pas d’offres, je vous dis les yeux dans les yeux. Mais, s’il y a une offre, je la prends. Si c’est pour servir le pays. Si j’ai une offre, je la prendrais. Si c’est pour servir le pays.

Ecoutez, j’ai fait la politique avec Sidya, ce n’était pas pour autre chose, hein. Ce n’était pas que quand il va gagner, je vais aller au champ. Sinon, je serais parti dans la plantation de mon père ! Je faisais la politique avec lui, pour qu’il gagne. Et s’il gagnait, j’aurais eu peut-être, certainement un décret pour l’accompagner. Il se trouve qu’il n’a pas gagné. J’ai 50 ans. Ce n’est pas à 80 ans que je vais servir mon pays. Ma priorité, je dis, c’est d’abord la Guinée. Si j’ai une offre là où je peux être utile pour mon pays, je l’accepterais. Mais, si l’offre n’est pas en rapport avec mes compétences, vous pouvez me croire, je vous le dis les yeux dans les yeux, je déclinerais cette offre. Parce que je veux me lancer dans une entreprise que je maîtrise. Dont j’ai les aptitudes. Si je ne peux pas faire quelque chose, je ne vais accepter l’offre pour le plaisir d’avoir un poste. D’ailleurs, le journal que je fais, occupe bien mon temps.

Monsieur Ibrahima Capi Camara, merci

C’est moi qui vous remercie. Je pense que vos lecteurs seront bien servis.

Interview réalisée par Ibrahima Sylla pour AfricaLog.com