Depuis la proclamation des résultats du second tour de la Présidentielle en Guinée et surtout depuis l’Investiture du nouveau Président de la République, l’opinion publique tant nationale qu’internationale se pose des questions sur la capacité réelle de cette équipe avec pour leader, le Professeur Alpha CONDE, à mettre ce pays sur la voie effective du changement dont le peuple a tant soif…
Après un discours d’Investiture qui n’a donné aucune orientation réelle sur sa vision, si vision il y a ; Après la mise en place d’un Gouvernement pléthorique sans aucune structure ; Après une retraite gouvernementale pour tracer les grandes lignes du Programme qui n’a absolument rien donné ; Après une présentation d’un Programme de gouvernement au CNT avec cinq priorités qui ne sont toujours pas en application ; Après des violations flagrantes et régulières des lois et de la constitution ; Après l’expérience des Décrets et contre décrets ; Après les grandes annonces pour la mise en place de la fameuse Commission Vérité – Justice – Réconciliation dont les premiers actes sont toujours attendus ; Après six mois d’exercice approximatif du pouvoir par cette équipe, il est aisé pour tout un chacun de voir que cette équipe n’est pas en mesure de mettre les bases d’un redressement de ce pays pour amorcer le changement tant attendu par tous.
Mais au-delà de cette incompétence notoire dont fait preuve cette équipe dans ses actes et ses discours Alpha CONDE et son équipe entament maintenant une nouvelle phase dans se gestion, c’est celle de la provocation.
En effet, après le premier tour, nous avons assisté à des alliances contre nature juste pour barrer la route à un leader en tribalisant totalement le débat, au nom de je ne sais quel principe. A l’époque, l’opinion s’est dit que c’est de bonne guerre dans la course au pouvoir. Mais à la grande surprise des uns et des autres, le Président fraîchement élu a continué à s’attaquer à une Communauté et à une certaine catégorie de personnes en traitant les uns de saboteurs et de tortues et les autres de trafiquants et de voleurs. C’est alors qu’on ouvre parallèlement la chasse aux cadres dans l’Administration Guinéenne.
A rappeler que dans son projet de conquête du pouvoir, Alpha CONDE n’a pas hésité à s’approcher de ses « Oncles » qu’il avait toujours jurés de mâter un jour. Dans cette action, il s’est approché des purs et durs du régime CONTE qu’il a toujours combattu. L’opinion a été surprise de voir ces cadres qui ont miné la gestion et la présidence du Général, revenir aux affaires. Certains observateurs ont pensé à une stratégie en vue des législatives.
Pour revenir à la chasse à l’homme, le nouveau Président essaie de casser les « Monopole » économiques en criant aux « Saboteurs ». Il s’est alors attaqué au Commerce du Riz et on connaît la suite de l’histoire. Ensuite, on a assisté à une chasse ouverte aux Cambistes (Echangeurs d’Argent), mais là aussi, la méconnaissance du terrain et des réalités économiques du pays, lui a ouvert les yeux.
Pour ce qui est des cadres de l’Administration, le Président de la République a sorti une liste de « Débiteurs » de l’Etat, concoctée du temps du Capitaine Moussa Dadis CAMARA pour les mêmes objectifs. Il était question d’une seconde liste que l’on attend toujours. Mais la rigueur et la compétence n’étant pas les meilleures qualités de nos dirigeants, l’opinion reste sur sa faim et sa soif.
Se rendant alors compte qu’il est en train de se noyer, le Président de la République ouvre un grand et vaste chantier de lutte contre les « voleurs » à col blanc, à travers la création d’un Comité d’Audit qui est directement rattaché sous son contrôle. Il est question de poursuivre tous les « Débiteurs » de l’Etat pour détournements de biens publics.
Mais si cette action est salutaire pour le redressement de ce pays, en y apportant des comportements et des actes de bonne gouvernance, le Professeur oublie que ces actions de redressement devraient d’abord et avant tout s’appliquer à la gestion de ses principaux collaborateurs qui étaient aux affaires il y a peu de temps encore.
A cet effet, son Cabinet est rempli de cadres dont la gestion des affaires du temps de CONTE a été, à tout point de vue, tout simplement catastrophique. Il n’est nullement besoin de les citer ici. Cependant, il est tout de même important d’insister sur les dernières nominations de El Hadj Ahmed Tidiane SOUARE et de El Hadj Fodé SOUMAH qui ont tous les deux des Casseroles, l’un pour de fameux Bons de Caisses de la BCRG et sa gestion en tant que Parrain du PUP, et l’autre, pour la reconnaissance publique de détournement de fonds et de biens publics dans le dossier du Fonds Minier.
Oups !!!! Voilà l’expression lâchée : « Le Fonds Minier ». Ce dossier qui a fait la « Une » des « Dadis Shows » à une époque. On se souviendra que des Quatre cadres impliqués dans la gestion de ce dossiers à des périodes différentes, trois sont aujourd’hui aux affaires, dont un qui est à la tête de la Banque Centrale de la République de Guinée et les deux autres à la Présidence.
Quel signal le Président de la République veut-il donner à l’opinion nationale et internationale ?
Que va penser ce peuple qui a cru à ce slogan : « Ensemble, changeons la Guinée ! » ? Que peut-on dire d’un Président qui garde proche de lui, très proche de lui, les deux personnes par qui les évènements de Janvier – Février 2007 sont arrivés avec le massacre que l’on connaît et les deux autres qui ont joué un rôle clé dans la répression sanglante du Lundi 28 Septembre 2009 ?
Que vont penser nos Bailleurs de Fonds et nos Partenaires au Développement en général et les dirigeants du Fonds Monétaire International (FMI) et ceux de la Banque Mondiale (BM) en particulier, en voyant des cadres dont la moralité est en dessous de tout, occuper de hautes fonctions dans la gestion de l’Etat et donc des biens publics ?
A chacun de vous, chers lecteur de voir, en votre âme et conscience, en dehors de tout esprit partisan, la réponse à ces questions en toute responsabilité.
Pour moi, il s’agit tout simplement de la provocation et je me souviens d’une autre provocation qui avait entraîné une marche pacifique du côté du Stade du 28 Septembre et qui a fini par le départ du Président de l’époque.
Si le Président de la République n’était pas au Stade à l’époque, il y a au moins un de ses proches collaborateurs actuels qui y était.
Attention, Monsieur le Président, un homme averti en vaut plusieurs !
On ne fera jamais du Neuf avec du Vieux !
Conakry, le Samedi 11 Juin 2011
Mamadou BARRY,
Analyste Financier mamadoubiro@yahoo.fr
68-28-09-09 (Orange – 28 – Septembre – 2009)