Le gouvernement guinéen a annoncé récemment son intention à procéder à un nouveau recensement des électeurs, qui devrait débuter en fin mai, avant la tenue des prochaines élections législatives, apprend-on de source officielle…
Mais l’opposition guinéenne rejette en bloc cette proposition du gouvernement qu’elle qualifie de « complot » orchestrée par le pouvoir pour le contrôle de la future Assemblée Nationale.
L’annonce a été fait jeudi par le Ministre en charge de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation, Alassane Condé, qui s’est exprimé à la télévision nationale.
« Le recensement de la population pour les prochaines législatives débutera dans une ou deux semaines » et les élections « pourront avoir lieu en novembre 2011. Je vais faire la proposition aux partis politiques et aux institutions républicaines », a déclaré M. Condé.
S’agissant du financement du coût de l’opération qui pourrait coûter plusieurs dizaines de millions de dollars, Alassane Condé a déclaré que le gouvernement guinéen était « prêt à financer seul le recensement avec ou sans l’apport de qui que ce soit cette opération.
« Ce n’est pas normal qu’un pays qui se dit souverain tende la main pour organiser des élections présidentielles et législatives », a estimé le ministre Condé, qui rappelle que la Commission électorale nationale indépendante (Céni), n’était pas à mesure d’organiser ce scrutin compte tenue de sa partialité.
« On ne peut pas aller à des élections avec des gens partisans », a-t-il affirmé en soulignant que la composition de la Céni « est contestée par tout le
monde sans parler de son rôle lors des dernières élections ».
Il a l’intention de dissoudre cette institution chargée d’organiser les élections en Guinée. Une décision rejetée par plusieurs partis de l’opposition dont celui de Cellou Dalein Diallo son rival au 2ème tour du scrutin présidentiel, l’UFR de Sidya Touré, le NFD de Mouctar Diallo.
« Le gouvernement va organiser un recensement bâclé partout où il estime qu’il est minoritaire et ça, nous ne l’accepterons pas », a déclaré Bah Oury, vice-président de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), de Cellou Dalein Diallo, à notre confrère de l’AFP.
« Pourquoi il ne fait pas confiance au recensement qui lui a donné le pouvoir? C’est un complot qu’il organise pour avoir la majorité à l’Assemblée
nationale », a ajouté M. Bah. Pour ces partis d’opposition dont l’Union des forces républicaines (UFR) de Sidya Touré et les Nouvelles forces démocratiques (NFD) de Mouctar Diallo, le même recensement électoral ayant servi lors de la présidentielle de novembre peut être reconduit pour les prochaines législatives.Pour sa part, l’Union Européenne a fait savoir sa position sur cette affaire.
A l’occasion de la récente visite à Conakry d’un émissaire Européen, l’Union Européenne s’oppose catégoriquement à un nouveau recensement des électeurs avant le scrutin législatif, estimant qu’il serait intéressant d’aller le plus rapidement possible aux élections législatives en vue de mettre fin à la transition, qui a duré plus que prévue, et, en plus l’UE a contribué à hauteurs de 5 millions d’euros pour les opérations de recensement en Guinée. Donc, il n’est pas question que l’Union Européenne s’implique au financement à un nouveau recensement, a t-on précisé.
Comme on le voit, c’est le début d’un bras de fer entre le pouvoir et l’opposition qui n’entend baisser les bras et qui entend tout mettre en œuvre pour empêcher l’instauration d’une nouvelle dictature en Guinée.
Alassane Sylla, guineebox.com