Des tirs à balles réelles sur quatre-vingt-treize (93) guinéens à la responsabilité de l’État.

L’organisation de l’élection de 2010 laisse place à l’impunité puisque des citoyens subissent des exactions de toute sorte jusque dans leur dignité et dans leur intégrité sans que les auteurs de ces actes atroces ne soient transférés devant les tribunaux. De ces violences, on peut citer l’eau empoisonnée entre les deux tours de l’élection présidentielle de 2010 qui reste une infraction mystérieuse jusqu’à nos jours puisqu’aucune enquête n’a été diligentée pour situer les responsabilités, des citoyens guinéens qui n’ont rien avoir avec l’infraction commise à Conakry ont été réveillés par de violences physiques, de pillages et de destructions de leurs biens à Siguiri et Kouroussa. Pourquoi associer de citoyens guinéens vivant en haute Guinée alors qu’ils ne sont ni de près, ni de loin impliqués à cette infraction d’eau empoisonnée? L’action publique ne s’est pas mise en mouvement jusqu’à nos jours pour réprimer les auteurs de cette infraction de chasse à l’homme. Une injustice que seule la justice pourrait répondre. Des tirs à balles réelles sur plus de quatre-vingt-treize (93) guinéens qui jouissent d’un droit consacré par la constitution pour exiger l’organisation d’élection transparente. De nos jours aucune enquête n’a été enclenchée pour retrouver les coupables de ces tirs. Nous réitérons nos propos en demandant à tout guinéen qui se sent frustrer de cette injustice de se lever partout dans le monde pour dire calmement, mais fermement ça « suffit ».

Sans oublier, depuis 2010, de pillages de commerces à Conakry ainsi qu’à l’intérieur du pays et de saccages de domiciles de citoyens habitants dans la commune de Ratoma. On se demande pourquoi, ce sont seulement les jeunes de Ratoma qui sont touchés par des tirs à balles réelles lors des manifestations? Ce lundi 12 mars 2018, il y a eu des manifestations sporadiques dans d’autres communes de Conakry (Kaloum, Matoto, Matam, Dixinn) où des jeunes ont barricadé les routes réclamant le retour des enfants à l’école, aucune personne n’a été blessée ou tuée. Existe-t-il en Guinée de citoyens de première zone et les autres citoyens sont de seconde zone? Je félicite ceux qui ont encadré les révoltes à Kaloum, Matoto, Matam, Dixinn sans qu’ils aient eu de blessés ou de morts. Je ne souhaite pas qu’il y’ait de morts dans ces communes citées, je mets juste à l’évidence le caractère prémédité des crimes commis à l’encontre des citoyens de Ratoma sans que justice ne soit rendue. Lors de la manifestation pacifique de l’opposition du 16 août 2016, un jeune se trouvant au troisième étage de son balcon à Bambeto a été touché par de balles réelles, ce mercredi 14 mars 2018, un jeune se trouvant sur sa moto a été touché à Wanindara. C’est grave, qu’on sorte pour manifester ou pas, on n’est pas à l’abri des tirs à balles réelles. Nous réitérons nos propos en demandant à tout guinéen qui se sent frustrer de cette injustice de se lever partout dans le monde pour dire calmement, mais fermement ça « suffit ».

De toutes ces violations des droits humains en Guinée, on est en droit de se demander qui est les responsables de ces violences? C’est l’État qui est responsable par ricochet. L’une des fonctions de l’État est d’assurer la sécurité des citoyens et de leurs biens, lorsqu’un État n’y arrive pas à protéger ces citoyens, alors cet État est en situation d’échec lamentable. Lorsque des citoyens sont tués par les forces de sécurité sans que les auteurs ne soient identifiés et transférés devant la justice, alors dans ce cas, il y a là, un échec de l’État. Les forces de maintien d’ordre ont une fonction déterminée au sein de l’appareil de l’État, les actes qu’elles accomplissent engagent directement l’État. On comprend que les actes d’un organe de l’État sont considérés comme des actes de l’État. Alors, l’État devrait être responsable pénalement des conséquences répréhensibles de l’acte commis par un organe. Dans cet état de fait, l’État étant une entité abstraite agissant par l’intermédiaire de ces fonctionnaires. Donc, les tirs à balles réelles des agents de sécurité sur des citoyens guinéens engagent l’État guinéen. On voit la fiction de l’État se brise permettant d’engager la responsabilité de ces organes pris individuellement. C’est pour cela, les forces de sécurité sont désormais responsable de leurs propres agissements. Une personne est responsable pénalement non seulement quand elle commet matériellement une infraction mais aussi quand elle adopte une autre forme de comportement criminel, c’est-à-dire, elle fournit une arme à l’auteur du meurtre par exemple. Par contre, il faut préciser que les forces de maintien d’ordre ne doivent pas obéir le mandat qu’il a reçu de l’État pour commettre un acte illicite (tuer), puisque l’État en donnant ce mandat a outrepassé les pouvoirs que lui reconnait le droit « Jugement de Nuremberg ». Nous réitérons nos propos en demandant à tout guinéen qui se sent frustrer de cette injustice de se lever partout dans le monde pour dire calmement, mais fermement ça « suffit ».

 

Abdoulaye Bah,

Secrétaire général

UFDG île de France