DECLARATION No 39 DU BLOC LIBERAL

 Fin à l’auto-justice!…

 

Le Bloc Libéral (BL) a appris avec consternation l’assassinat de messieurs Koly Soua Kolié et Mamady Kallo, par des ressortissants de la localité de Sangardo, dans la Préfecture de Kissidougou. Selon les journaux, qui rapportent le témoignage des autorités de Kissidougou, messieurs Kolié et Kalo auraient été pris pour des « marchands d’enfants ». C’est cela qui aurait poussé la foule à les lyncher jusqu’à ce que mort s’en soit suivie.

Dans un État de droit, des personnes accusées de tout acte de transgression doivent être remises aux autorités judiciaires pour en élucider le fondement ; les citoyens ne doivent pas se rendre justice. C’est pourquoi, le BL condamne sans appel ce meurtre ignoble de deux innocents ; en fait, rien n’établit leur culpabilité quant à leur accusation d’être des « marchands d’enfants ». Partant, le BL enjoint les autorités Guinéennes à tout mettre en œuvre afin que les auteurs de ce crime abominable soient dépistés, traduits en justice et punis à la dimension de leurs forfaits. Une telle attitude des autorités aurait un effet dissuasif sur les citoyens quant à la pratique de l’auto-justice devenue une pratique courante en République.

En fait, le meurtre de messieurs Kolié et Kallo constitue une sonnette d’alarme quant à la pratique de l’auto-justice qui sévit en Guinée. Faut-il rappeler les cas de massacres de :

– Quatre (4) détenus par une foule en colère, qui a offensé une prison à Kouroussa suite à l’assassinat d’un marchand d’or, le 29novembre 2015 ;

– Deux (2) présumés bandits à Siguiri, le 12 décembre 2015 ;

– Un présumé voleur de volaille à N’Zérékoré, 14 décembre 2016, etc.

Il faut rappeler que le phénomène de l’auto-justice, remonte au temps du régime de feu Lansana Conté. En effet, le peuple de Guinée se rappelle certainement de la pratique du soi-disant article « 750 ». Cet article était en référence au prix du litre d’essence qui était utilisé pour bruler les présumés voleurs. Ce phénomène a continué à s’élargir jusqu’à atteindre la dimension effarante que le pays connait aujourd’hui. Cette dynamique établit clairement la faiblesse des institutions de l’État à faire face à leur devoir de sécuriser des populations.

L’explication de ce phénomène ahurissant se situerait dans l’incompétence des services de sécurité, l’impunité et l’absence de justice.

La pratique de l’auto-justice risque de faire tache d’huile sur l’ensemble du territoire national et à tous les échelons de la structure de notre organisation sociale. Un tel fait est susceptible d’échauder les investisseurs privés; ce qui aggraverait la crise économique qui frappe la Guinée, qui a figuré, en 2015, parmi les pays les plus pauvres du monde, selon la Banque Mondiale.

Le BL demande aux institutions de l’État en charge de la justice et de la sécurité en Guinée de prendre les mesures efficaces pour corriger cette dérive sociale. Pire, elle met en cause le fondement de la justice et de l’Etat de droit en Guinée.

Fait à Conakry, le 11 Janvier,  2017

Le Bloc Libéral