L’association Pottal-Fii-Bhantal Fouta-Djallon a pris note de la libération à la suite d’une grâce présidentielle des 37 citoyens guinéens incarcérés depuis le mois d’Avril 2011 pour avoir participé à une manifestation à l’aéroport de Conakry…
Espérant qu’il s’agisse d’une annulation des verdicts, qui ne sauraient figurer dans le casier judiciaire des ex-détenus, notre association qui se bat pour mettre fin à l’impunité en Guinée s’interroge à juste titre sur les circonstances entourant le geste du Président Condé.
L’arrestation et la condamnation hâtive de ces citoyens au mois d’Avril constituent, non seulement une violation du droit d’expression des citoyens venus accueillir un leader politique mais surtout une tentative flagrante de règlement de compte et d’intimidation politiques. Il convient de rappeler que le premier juge en charge du dossier fut subitement dessaisi du fait de son manque de zèle. Un juge plus expéditif fut désigné. Il prononça des peines outre-mesure eût égard aux accusations et aux faits. Malgré les blessés et la mort d’un jeune guinéen, les instances judiciaires n’ont, à ce jour, engagé aucune enquête pour appréhender et traduire en justice les éléments des forces de sécurité responsables de ces crimes. Le gouvernement de son côté n’a engagé aucune procédure pour compenser les personnes blessées ou même présenter à la famille du défunt un soutien moral ou matériel.
Notre association note avec étonnement que l’élargissement des anciens prisonniers se produit à un moment de résurgence des arrestations politiques dans le pays. Des citoyens accusés de complicité dans la prétendue tentative d’assassinat du Président Condé sont arrêtés de façon arbitraire et violente. Les prévenus sont interrogés sans leurs avocats et selon les informations reçues sont systématiquement torturés. Ces pratiques barbares perpétuant le passé de violence politique et d’affaiblissement de l’appareil judiciaire en Guinée favorisent ni l’assainissement des rapports entre l’état et les citoyens ni la décrispation de la vie politique. Elles doivent cesser pour qu’un dialogue civil s’établisse dans le pays.
Notre association réitère son appel pour l’arrêt immédiat de la torture des prévenus. Nous rappelons aux agents de la sécurité que la pratique de la torture constitue un crime contre l’humanité, passible de poursuites imprescriptibles. Nous exigeons le respect du droit constitutionnel des accusés qui leur garantit l’accès aux services d’avocats. Nous demandons aux organisations humanitaires nationales et internationales de maintenir la pression sur le gouvernement guinéen pour la mise en place d’une commission internationale en charge de conduire les enquêtes. Enfin nous en appelons à tous les acteurs de la vie sociale de notre pays pour pétitionner le gouvernement guinéen pour le respect scrupuleux des droits des citoyens et la traduction en justice des personnes accusées de crimes contre l’humanité.
La commission centrale de coordination
Pottal-Fii-Bhantal Fouta-Djallon
pottalfiibhantal@yahoo.fr