Au cours de la séance plénière du vendredi 8 Juillet 2011 du Conseil National de la Transition (CNT), un certain nombre de points ont été traités à cette occasion…
Mais celui qui aura fait couler beaucoup de salive est celui relatif à la situation politique, entendez par là la conférence de presse tenue le 30 Juin dernier par le Ministre de l’administration du territoire et de la décentralisation, docteur Al Hassan Condé.
Lors de cette conférence de presse consacrée au processus électoral, Docteur Al Hassan Condé, parlant de la CENI n’a pas manqué de dénoncé l’incapacité du CNT à jouer son rôle de législateur et aller même jusqu’à traiter l’institution d’illégitime.
Voici à titre de rappel, quelques extraits des propos du ministre au sujet de la CENI et du CNT,
Dr Al Hassane Condé :
« …Vous savez, quand le Ministère de l’administration du territoire a dit que la CENI est illégitime, ils sont incompétents techniquement, la même opposition a dit que c’est cette CENI qui va organiser les élections. C’est elle qui a organisé la présidentielle ; c’est elle qui va organiser les législatives.
J’ai écrit une lettre au CNT pour demander à Madame Rabiatou Diallo, non seulement la dissolution mais de mettre en place une CENI restructurée, ce qui a été demandé par l’audit.
L’audit qui a été commanditée par l’union européenne (…)
J’étais personnellement opposé à la CENI. Il ne faut pas faire de cela un problème personnel. Ce n’est pas Louncény. Ce sont les 27 membres. C’est la CENI en tant qu’Institution que je dis qui n’est pas crédible et je dis que cette CENI là, ce qu’elle a fait aux élections présidentielle, elle a montré son incompétence (…) Quand je demande la dissolution de la CENI, on dit oh ! C’est la Constitution.
Tous les partis d’opposition, Cellou Dalein l’a dit au moins trois fois, ils veulent que ce soit cette CENI. Ils ne veulent pas de Louncény mais ce n’est pas moi qui ai mis Louncény là-bas (…) Qu’on aime, qu’on n’aime pas, l’Etat est là (…)
Moi, j’étais Ministre de Lansana Conté, il y a eu des choses graves. J’ai refusé de dénoncer, pas parce que j’avais peur (…)
J’ai envoyé deux lettres au CNT pour demander la restructuration de la CENI, pour qu’on nous donne une CENI crédible.
Je vais vous dire pourquoi ils ont approuvé la CENI, c’est parce que la CENI que le CNT propose est une CENI sans les partis politiques, parce que, quand vous avez une CENI qui se dit indépendante, qui doit organiser des élections impartiales, sincères et honnêtes, ce n’est pas possible. Nous avons une CENI qui est partiale. Quand vous allez à la CENI, non seulement elle est corrompue, ça je peux vous donner des preuves, j’ai les papiers ici(…)
Je vous demande un chien, vous me donnez un chien galeux et j’ai besoin d’un chien. Qu’est-ce que je vais faire? Je dois l’abattre ?
Si les partis étaient d’accord avec nous, parce que, qu’est-ce qui va arriver ? Si nous décidons avec la CENI actuelle, je dis, je ne travaille pas avec la CENI actuelle, les partis politiques ne veulent pas accepter, le CNT n’est pas capable de nous donner une CENI dans les délais. Qui doit organiser les élections ? Les textes disent la CENI. Il n’y a pas de CENI. A défaut de sa maman, qu’est-ce que vous faites ? Je ne souhaite pas qu’on en arrive là. C’est pour cette raison que j’ai accepté de coopérer pour le moment avec cette CENI qui est là.
Si demain, le CNT me donne une CENI crédible, croyez-moi, c’est avec cette CENI que nous allons partir, ce n’est pas moi, c’est la constitution qui le dit.
Je ne veux pas critiquer la constitution que nous avons, mais s’il y a des constitutionnalistes ici, ils vous diront que cette constitution est pleine d’incohérences et de contradictions. Mais nous l’acceptons. Moi, je l’accepte jusqu’aux élections. Le jour où nous aurons une Assemblée Nationale digne de ce nom, cette constitution là va disparaître. Il y aura une constitution qui sera adoptée par le Peuple de Guinée … »
Au cours de la plénière de ce 8 Juillet qui se poursuivra le Lundi 11 Juillet 2011, la vingtaine de conseiller qui a pris la parole pour rappeler la mission du CNT et exprimer leur position sur les déclarations du chef du département de l’administration du territoire et de la décentralisation.
Les extraits de certaines interventions des conseillers en disent long :
El Hadj Al hassane Barry conseiller national du CNT :
« … Vous avez dit, monsieur le Président, que nous avons voulu accompagner le pouvoir exécutif dans les urgences. Je crois que le moment est venu de revenir aux fondamentaux.
L’article 157 de notre constitution a établi que le Conseil National de Transition joue le rôle d’assemblée nationale jusqu’à l’installation de la totalité du pouvoir législatif. L’article 133 de notre constitution précise que s’agissant de la CENI, une loi organique détermine la composition, l’organisation et le fonctionnement de la commission. Enfin l’article 155 de notre constitution précise que le Conseil Economique et Social, le Conseil National de la Communication et la Commission Electorale Nationale Indépendante restent en place jusqu’à l’installation des institutions correspondantes. Cependant l’article 160 précise que des dispositions relatives à la cour constitutionnelle, à la cour des comptes, à l’Institution Nationale des Droits Humains, au Médiateur de la République, au Haut Conseil des Collectivités Locales entreront en vigueur à la date de leur installation. Cette installation sera réalisée dans un délai de six mois au plus tard à compter de l’installation de l’Assemblée Nationale. Ce qui exclu la CENI.
Aujourd’hui nous sommes interpellés pour clarifier les choses.
Première clarification, c’est notre capacité à communiquer sur nos positions. Ce qu’a dit le deuxième vice-président est très important. Nous nous le savons entre nous. Ceux à qui on s’est adressé le savent, mais la population ne le sait pas. Aujourd’hui, tout le monde est convaincu que nous sommes les empêcheurs de faire avancer les choses. Nous sommes les empêcheurs du changement, or ce n’est absolument pas le cas, nous avons voulu aller aux urgences, maintenant comme je l’ai dit au départ revenons aux fondamentaux, jouons notre rôle législatif et allons dans le sens d’établissement les bases institutionnelles de ce changement et de la mise en place de l’état de droit.
Aujourd’hui, il devient urgent que nous puissions nous engager dans l’élaboration de la loi organique sur la CENI. Ne nous emballons plus sur autre chose, travaillons là-dessus de la même façon que nous travaillerons sur d’autres lois organiques dont on a absolument besoin et qui vont aller dans le processus général de la mise à disposition d’une assemblée nationale d’autres institution nécessaires au non fonctionnement de notre démocratie. »
Professeur Galéma Guilavogui, conseiller national CNT :
« …Le deuxième problème que je vais aborder est celui du recensement. Nous avons tous entendus les propos que se sont échangés le Ministre de l’administration du territoire et certains responsables de l’opposition. C’est de cette façon que le feu couve.
J’estime en âme et conscience, c’est ma conviction profonde que le CNT est encore légitime non pas peut être aux yeux du Ministre de l’administration du territoire et de la décentralisation, mais aux yeux du peuple en raison de tout le travail que nous avons fait ici (…) Mais je pense que le CNT devrait comme à l’accoutumée, jouer son rôle, mais dans une composition restreinte.
Souvent ce qui nous fatigue, c’est que quand on est trop nombreux, c’est difficile d’arranger les choses. Je pense, qu’une composition restreinte et bien équilibrée du CNT peut faire revenir à la table de négociation les 134 partis et les 9 absents, parce que c’est ce qui pose problème. Ceux qui étaient absents pèsent lourd et on ne peut pas simplement passer par perte et profit le fait qu’ils n’étaient pas là. Ce qui fait que les 9 partis n’étaient pas là, nous avons écoutés les différentes radios, les uns et les autres, ce qu’ils estiment que ce n’est pas le Ministre de l’administration du territoire qui devait convoquer cette concertation là, et que ça appartenait à la CENI.
Le conteste que nous vivons, il est difficile à la CINI de convoquer aujourd’hui une journée de concertation regroupant tous ces partis.
Je pense que le CNT pourrait le faire, afin d’amener à un consensus pour éviter un embrasement dans ce pays.
La troisième chose, j’appuie Abdoulaye pour ce qui est de relancer les travaux de l’inter commission sur la CENI, parce qu’on avait commencé, et on nous avant dit d’arrêter les travaux pour faire face aux droits de l’homme. Je souhaiterais enfin concernant le problème de la communication qui est réel que le bureau exécutif puisse demander au gouvernement une grille hebdomadaire et choisir quelqu’un qui pourrait parler au nom du CNT à la radio et à la télé même si c’est une fois par semaine. »
El Hadj Sékou Béka Bangoura, Conseiller national du CNT
« …Monsieur le Président, la nature du temps a horreur du vide.
Je pose donc la question de savoir quelle est l’importante que le CNT (Conseil National de Transition) accorde ou a accordé à cette loi portant sur la CENI (Commission Electoral Nationale Indépendante) par rapport à une loi de finances, par rapport à une loi qu’on appelle réconciliation ou bien droit de ceci ou droit de cela.
Une loi de finances, dans les conditions normales, sa durée de vie, c’est douze mois. Nous avons constaté avec quel empressement le CNT a été soumis à l’examen et à l’adoption d’un projet de loi de finances, au sixième mois de l’année. Cette loi de finances n’aura pas douze mois dans son application, peut être six mois. Mais nous avons négligé cette loi qui devait nous doter d’une CENI.
Monsieur le président, je tiens à rappeler que notre loi fondamentale, notre constitution ne fait pas du premier ministre, le passage obligé d’une institution pour saisir l’autorité du Président de la République. Donc qu’est-ce à dire ?
Si le professeur Alpha Condé a signé un contrat avec le peuple de Guinée, il a fait appel à des collaborateurs. Si parmi ces collaborateurs, il y en a qui sont là pour incendier la Guinée, c’est d’attirer l’attention de façon respectueuse du chef de l’Etat. Pour dire Monsieur le Président, nous constatons ceci, cela de la part de tel collaborateur. Si jamais vous ne prenez pas de mesures contre ce Monsieur, voici les conséquences et vous serez le seul à les assumer. Voilà la responsabilité du CNT.
Mais mieux, Al hassane Condé encore ça va parce qu’il a la manière des fois de le dire, mais il ya un certain Makanéra. Il est un, leader de parti politique (..) mais mieux, il est conseiller régional de l’autorité de ce même ministre de l’administration du territoire. Il n’ya pas de radio privée où il n’est pas passé ce Makanéra (…) Partout on est entrain d’allumer le feu, on laisse faire.
Monsieur le Président, je voudrais, dans les recommandations que vous saisissez l’autorité du chef de l’Etat par une correspondance officielle au nom du CNT pour lui rendre compte des dérapages que les uns et les autres, relevant de son autorité sont entrain de faire aujourd’hui.
Deuxièmes que le CNT ne vient pas de Al hassane Condé et qu’il n’en mettra pas fin. Que ça lui plaise.
Rappelez au ministre Al hassane Condé, je m’excuse, j’ai été un de ses collaborateurs quand il a été nommé secrétaire d’Etat à la décentralisation. Il y a des choses qui portent sur le peuple de Guinée que certains évoquent avec mépris.
Nous avons une histoire longue, tumultueuse que nous devons tous respecter. Aujourd’hui il est devenu docteur, parce que nous allons interroger les institutions internationales de formation parce que les professorats, les docteurs, ça se multiplie aujourd’hui, au gré de ceci et de cela.
Nous, nous ne sommes pas de ceux-ci mais nous respectons notre peuple. Il y a des professeurs dans cette salle, il y a des docteurs dans cette salle. Comment Monsieur Al hassane Condé peut être amené à nous traiter de piètres législateurs pour quelqu’un qui respecte (…) c’est le symbole de la Guinée dans son ensemble qui est dans cette salle.
Sortez-mois un seul conseiller qui ne représenterait pas une catégorie sociale de ce pays là Monsieur le Président. Le moment est venu d’arrêter ce genre de sirènes, d’arrêter.
Maintenant je termine en m’adressant au quart des conseillers de cet hémicycle. Ce quart est composé de jeunes. Les trois quart que nous sommes, c’est parce que nous connaissons les capacités de nuisance de l’Etat que nous avons peur de l’Etat par rapport au quart qu’il constitue.
Ce bureau exécutif là fait partie des trois quart (…) donc messieurs et mesdames relevant d’une certaine jeunesse, aidez le CNT à aller au bout de sa mission. Je vous invite à ce travail (…) L’avenir c’est vous. Dénoncez avec véhémence comme vous le faites aujourd’hui.
Depuis que nous sommes rentrés, c’est la première fois que je constate cette détermination des gens de parler de la Guinée, de la Guinée seulement.
Les dérives des uns et des autres n’engagent pas la responsabilité d’Alpha Condé tant qu’il n’aura pas donné la preuve que c’est lui qui donne. »