Le 22 mai 2011 à l’appel des associations féministes, des centaines de personnes ont organisé une manifestation au Centre Pompidou (Paris) pour dénoncer la dévalorisation des femmes et protester contre le sexisme constaté chez certains hommes notamment politiques depuis l’éclatement de l’affaire DSK…
Pour ma part, je partage la position de la journaliste française Audrey Pulvar qui dit qu’il y a présomption d’innocence de DSK, celle-ci est inaliénable, mais il y a aussi une présomption de véracité des propos de Nafissatou Diallo.
Qui sait ce qui s’est passé dans la suite 2806 de l’Hôtel Accor quelques heures avant l’arrestation de celui qui a du démissionner de la tête du Fonds Monétaire International ?
Seuls DSK et Nafissatou connaissent les faits. Il y a de fortes chances que la justice américaine fasse toute la lumière sur cette affaire au regard des faits et des preuves que fourniront les parties et les expertises.
Ce qui est certain, la justice américaine ne traite pas à la légère les crimes à caractère sexuel. L’acharnement de l’unité spéciale pour les victimes entend ainsi ne pas banaliser les agressions sexuelles et les viols contrairement aux autorités guinéennes.
Quelle a été ma consternation de voir Mme Doussou Condé tenir certains propos sur une chaîne TV ivoirienne du Net. Si personne en dehors des deux protagonistes de l’affaire DSK ne sait ce qui s’est réellement passé dans la chambre d’hôtel, cette femme membre influente du parti d’Alpha Condé à New York semble avoir été mis dans les secrets d’alcôves. Plus que convaincue de la théorie du complot, elle insinue que Nafissatou aurait été manipulée par le nommé Blaky Diallo. Mme Doussou Condé soutient que Nafissatou fréquente un milieu qui n’est pas sain. Elle affirme que toute cette affaire tourne autour de l’argent. Bien que reconnaissant ne pas connaître Nafissatou Diallo, elle élabore ses propres théories sur qui est Nafissatou, ses nombres d’enfants et de divorces.
Mme Condé prétend pourtant lutter pour les droits des personnes tout en soutenant qu’une femme peule mère de famille réellement victime de viol n’oserait pas porter plainte. En Guinée peut être mais pas en Amérique, heureusement.
Si on suit le raisonnement de cette femme, une victime d’agression sexuelle doit ruminer sa peine en silence et la boucler.
Rien d’étonnant alors que le président de son parti qui a été propulsé à la tête de la Guinée n’ait pas encore fait engager des poursuites contre les agressions sexuelles et les viols du 28 septembre 2009 commis, pas dans une chambre mais en plein jour devant des caméras de télévisions et des portables. Des criminels identifiés par la Commission d’Enquête des Nations Unies sont membres du gouvernement.
Les propos tenus par Madame Condé ne sont pas sans rappeler le contenu d’un tract signé par une obscurantiste union régionale en panne de leadership culturel qui la fait complètement occulter l’idée de la construction de la Nation guinéenne et la conduit à créer la méfiance et la suspicion entre les Guinéens. Enjolivant le discours avec du « mon frère » ou ma « sœur » pour feindre de renforcer les liens ou éviter tout débat contradictoire. C’est à se demander si ce ne sont pas de simples masques à d’autres fins plus destructrices. Sinon quelles valeurs véhiculent des individus qui sont capables de nier tout l’héritage culturel hérité de leur mère ou de la mère de leur progéniture ? Comment des êtres humains peuvent ils chosifier leur épouse, leur mère, rangeant celle –ci au simple rang d’élément de son ethnie ou d’objet ?
Dire que Madame Condé affirme qu’elle s’est engagée en politique après ce qui est survenu à sa communauté en 1985 et qu’elle a adhéré au parti de son président pour la justice. Une justice très sélective où il faut bafouer les droits des uns et créer de nouveaux droits sans limites à d’autres.
Madame Anne Sinclair est effectivement une femme extraordinaire, qui apporte un soutien indéfectible à son mari comme le font des millions de femmes dans le monde. C’est aussi une femme qui bien qu’ayant reçu un héritage conséquent n’a cessé d’exercer son métier de journaliste que pour des raisons d’éthique visant à éviter tout conflit d’intérêt lorsque son mari a été nommé Ministre de l’Economie alors qu’elle animait l’émission politique la plus prisée.
Il est vrai que les crimes sexuels sont difficiles à exposer à la face du monde, mais ce n’est pas une spécificité peule ou guinéenne mais universelle. Heureusement dans les pays où la justice est indépendante surtout pas inféodée à la volonté du président, les victimes peuvent bénéficier du huit clos, des mesures de protection spéciales et de l’assistance psychologique leur permettant de surmonter la honte et porter plainte pour obtenir justice ce qui peut contribuer à leur rendre leur dignité et à punir les criminels auteurs de ces actes. J’espère que Madame Condé n’a pas oublié les victimes des viols du 28 septembre 2009. Cette date est le point marquant de la transition guinéenne car les morts, les violées, les blessés et les autres traumatisés ont payé de leur chair l’évolution politique de la Guinée. Si cela continue à vous choquer comme vous l’exprimez qu’on ne parle de la Guinée qu’en rapport avec de tels évènements humiliants que moi je qualifie de tragique, la balle est aujourd’hui dans votre camp, Madame. Si justice équitable est rendue, on parlera positivement de la Guinée. Ce qui est encore loin d’être le cas.
Hassatou Baldé