Suite à l’annonce de la candidature de Mr. Daddis Camara aux élections présidentielles de la Guinée, une coalition de 29 organisations de défense des droits de l’homme incluant le FIDH et l’OGDH, a fait une déclaration pour marquer leur indignation sur cette candidature inopportune qui est un signe de mépris du processus judiciaire et aux victimes des massacres du 28 septembre 2009…
New York, le 29 Mai 2015
Chère Madame Bensouda,
Suite à l’annonce de la candidature de Mr. Daddis Camara aux élections présidentielles de la Guinée, une coalition de 29 organisations de défense des droits de l’homme incluant le FIDH et l’OGDH, a fait une déclaration pour marquer leur indignation sur cette candidature inopportune qui est un signe de mépris du processus judiciaire et aux victimes des massacres du 28 septembre 2009.
A maintes occasions – par pétitions en ligne, mémorandums et lettres – notre organisation ainsi que de nombreuses victimes vous ont interpellée pour demander le transfert des enquêtes sur les crimes de 2009 à la cour internationale de justice. Nous vous avons régulièrement tenue informée des actions et des propos de déni évident de justice aux victimes des crimes contre l’humanité de 2009 du gouvernement guinéen. En date du 25 octobre 2014, dans un discours en langue Soussou aux îles de Loos, le président guinéen a avoué avoir demandé aux « blancs » de mette fin aux enquêtes sur les massacres. Ce même mois, le ministre de la justice, accusa ceux qui veulent que les procédures judiciaires soient accélérées d’avoir des arrière-pensées politiques.
La culture de l’impunité ne procède pas seulement du passé de violence d’état en Guinée. Elle est devenue une méthode de gouvernance. À l’approche des élections présidentielles, le chef de l’état guinéen veut faire des crimes de 2009 un moyen de discorde entre les communautés guinéennes. Les montages de manifestations dans la ville de Nzérékoré et la nomination dans le gouvernement d’un supposé allié de Mr. Daddis Camara, Mr. Boubacar Barry, font partie de ses plans. En outre, les autorités répandent des rumeurs de rébellion dans la région par des prétendus affidés de Mr. Daddis. Cette campagne est faite pour entretenir l’illusion d’une stature politique de Mr. Daddis Camara derrière laquelle les guinéens originaire de la région de la Forêt se reconnaitraient. En soi, elle est une insulte aux guinéens de la région du Sud de la Guinée qui restent fermement opposés aux violations de droits de l’homme dont ils ont été toujours victimes. La gouvernance par l’impunité instaurée par le président guinéen a fait de l’appartenance ethnique un paravent pour des crimes imprescriptibles. Le but visé est de faire – à des fins de marchandages électoraux – de toutes dénonciations des crimes commis par le CNDD, une atteinte aux habitants de la région. Ces amalgames sont la couverture aux crimes d’état en Guinée et le cadre de perpétuation de l’impunité.
Notre organisation et les associations des victimes considèrent que toutes les conditions sont remplies pour une intervention de votre part. Depuis les inculpations de quelques officiers en 2012, les juges guinéens en charge du dossier des crimes de Septembre 2009 n’ont fait aucun progrès. Ce laxisme est inacceptable. L’une de ses conséquences est d’avoir permis au gouvernement guinéen d’injecter un accusé de crimes contre l’humanité dans le processus électoral. Face à cette obstruction manifeste de la justice du gouvernement guinéen, il est du devoir de la CPI de se saisir du dossier des massacres. Les populations guinéennes et les victimes placent leur espoir en votre institution de derniers recours pour entamer l’éradication de l’impunité dans notre pays. Cette éradication reste le seul moyen pour contrer les affrontements dont le gouvernement de Mr. Condé a préparé les conditions de par ses politiques de division et de laxisme juridique.
Nous restons à votre disposition pour toute information complémentaire et vous prions de croire à nos sentiments distingués
Pour la commission centrale de Pottal-Fii-Bhantal Fouta-Djalon