Au début février, on a vu le Ministre guinéen des sports, de la culture et du patrimoine historique, Sanoussi Bantama Sow, inciter des militants du RPG à faire des listes de cibles et aller « déchirer les derrières » des partisans de l’opposition après les communales du 4 février 2018.
Au moment de haute tension où on reproche au régime d’Alpha Condé, de racisme et de favoritisme ethnique, deux de ses Ministres se livrent à des actes anticonstitutionnels constituant la pire des incitations à la haine et à la division ethnique en Guinée : le ministre de la fonction publique Billy Nankouma Doumbouya et celui de l’administration du territoire, le général Boureima Condé.
Pour le Recrutement dans la fonction publique, ces deux individus recrutent 92 nouveaux fonctionnaires au Ministère de l’Administration (MATAP) dans les proportions suivantes :
75 Malinkés, 9 Peuhls, 5 Forestiers et 3 Soussous. Soit plus de 81% une seule ethnie (Lire) ! Une véritable « apartheisation » de la Guinée qui n’est ni dans l’intérêt national ni dans l’intérêt du Président en exercice Alpha Condé. Rappelons-nous que c’est la même pratique qui a conduit au drame de Womey en septembre 2014 et aux soulèvements de Boké en avril et en septembre 2017 où les populations locales ont été victimes de racisme au profit des « personnes importées » de la Haute Guinée.
Alpha Condé doit faire attention : certains de ses collaborateurs ou Ministres, pensant que son régime tend vers sa fin, cherchent à tirer des profits personnels en commercialisant les postes administratifs et les services de l’Etat. D’autres utilisent leurs positions pour régler des comptes et éliminer des futurs adversaires. Ce sont ces gens qui monteront demain au créneau pour accuser Alpha Condé de tous les crimes enregistrés sous sa Présidence.
En garantissant l’impunité aux criminels et en maintenant de tels personnes aux postes de responsabilité nationale, le Président Condé se rend détestable par la majorité des Guinéens aujourd’hui et difficile à défendre demain.
Le Messager de Dieu a déclaré plus d’une fois que : « Dieu ne bénit pas une nation où il n’est pas donné au faible ses droits sur le fort ».
Après le chaos et la mascarade électorale du 11 octobre 2015, Alpha Condé a déclaré qu’en 2010, il a été obligé de faire des alliances qui l’ont conduit à une politique de récompense. Et que pour son second mandat, grâce à sa victoire au premier tour, il ne doit rien à personne et que c’est le peuple qui l’a directement élu. Il a juré de faire changer les choses pendant les 5 années de son second mandat (2015-2020) afin de laisser un nom positif derrière lui en Guinée.
J’ai alors formulé, dans un article publié le 16 décembre 2015, à l’intention du Président Alpha Condé que j’ai connu dans les années 90, les conseils que l’Imam Ali, le quatrième et dernier calife, successeur du Prophète Muhammad (saw), a adressés au nouveau gouverneur de l’Egypte en l’an 659 :
« Tu ne peux gagner l’estime et le respect de ceux que tu gouvernes que si tu leur sers d’exemple dans l’équité, dans le respect et l’application de la loi. »
« Les choses les plus agréables et les plus précieuses pour un administrateur sont l’épanouissement de la justice dans le pays et les manifestations d’amitié entre les administrés. »
« Libère les hommes de la rancune que nourrissent les uns pour les autres, par la pratique de la justice et le traitement équitable des gouvernés ! ».
« Le pire de tes collaborateurs est celui qui fut d’abord partisan et complice des criminels. Qu’il ne fasse pas partie de ton conseil. Considère-le comme collaborateur des malfaiteurs et des oppresseurs. Tu trouveras, à leurs places, d’autres collaborateurs aussi clairvoyants et jouissant d’aussi grande audience qu’eux, mais n’ayant pas commis de crimes aussi ignobles, ni assisté un tyran dans son action d’oppression. »
« Observe bien le comportement de tes collaborateurs, ne les nomme pas par favoritisme ou par égoïsme. … Contrôle leurs activités, fais- les inspecter par des gens loyaux et sincères. Tu les inciteras ainsi au respect de la confiance mise en eux et les rendra bienveillants envers les administrés. »
Aucune ethnie, aucun groupe d’intérêt particulier n’a le droit d’utiliser les ressources du pays et l’Etat guinéen à ses fins personnelles. Il revient au Président de la République, Premier Magistrat du pays qui a prêté Serment dans ce sens, d’empêcher ou de réprimer ce genre de pratiques qui sèment la haine et la division en Guinée en compromettant l’unité et le développement du pays.
SADIO BARRY,