On ne le dira jamais assez. Une fois passée l’euphorie qui a suivi le coup de force du 5 septembre 2021, le CNRD s’est heurté à la réalité de la gestion du pouvoir qui l’a aussitôt démystifié.
L’égo surdimensionné de ses responsables a enterré les attentes légitimes des Guinéens, qui ont été effarés par l’énormité de l’incompétence et l’ampleur de l’amateurisme dans la gestion de la junte.
Trois ans après, le constat est sans appel : lamentable. Les discours populistes tous azimuts et les pseudo-chantiers de la magouille, brandis ici et là, initiés et exécutés en toute opacité, se sont avérés être la voie par excellence de gavage de la junte et ses acolytes passés experts dans la dilapidation de l’argent public.
Résultat des courses : 36 mois de gaspillage, de souffrances, de désenchantement et d’incertitudes quant à l’avenir. Surtout avec le mode opératoire de cette nébuleuse qui cherche à s’incruster au pouvoir en faisant fi de la situation explosive du pays, qu’elle condamne davantage à la précarité, tandis que ses ambitions démesurées l’enfoncent un peu plus dans la prédation.
Malheureusement, aucun signe de rectification de cette direction périlleuse. Aucun élan de redressement. Comme pour nier l’évidence sur la gouvernance chaotique du CNRD, qui n’a engendré que misère et prévarication, ses laquais entendent célébrer en grandes pompes l’an 3 de leur putsch. Ce, en violation de leur propre décision interdisant de manière illégale et arbitraire toute forme de manifestation sur la place publique.
Désormais dans une bulle, perchée sur sa tour de Babel, la nébuleuse CNRD n’aura aucun scrupule à présenter un bilan élogieux de sa gestion, alors que tous les indicateurs sont au rouge.
L’ambiance festive à laquelle elle se prépare pour célébrer l’une des plus grosses arnaques de l’histoire de notre pays contraste fortement avec l’immense douleur du deuil et le besoin de recueillement des parents des jeunes militaires tués lors du putsch du 5 septembre 2021, dont certains corps sont encore introuvables.
Les bourreaux se moquent également de la douleur des familles de jeunes Guinéens pro-démocratie tués à l’occasion des manifestations pacifiques et citoyennes, réprimées dans le sang.
Le seul crime de ces martyrs aura été de s’opposer à la confiscation du pouvoir et aux violations massives des libertés individuelles et collectives dans leur pays.
Il est temps de leur rendre un hommage appuyé et de prier pour le repos de leurs âmes.
Ce qui précède n’est qu’une ébauche du bilan catastrophique de la gouvernance de la junte au pouvoir, dont on ne peut mettre au crédit que la crise multidimensionnelle aiguë que traverse notre pays et les nombreuses conséquences qui en découlent. Si bien que l’avenir de la majorité des Guinéens se voit de plus en plus hypothéqué.
Disons-le tout haut: le CNRD a échoué sur toute la ligne, et les erreurs du passé se sont multipliées sous son règne !
Les exemples ne manquent pas pour illustrer la décadence de notre pays sous le règne du CNRD. En trois ans, les nouveaux fossoyeurs de notre économie prétendent avoir investi plusieurs milliards de dollars US dans le secteur de l’électricité. Pour quel résultat à ce jour ? Même le peu que le régime déchu a laissé, le gouvernement actuel est incapable de l’entretenir.
Les principales villes de l’intérieur du pays sont actuellement plongées dans le noir. À Conakry, les délestages sont devenus monnaie courante, au grand dam des ménages et des entreprises qui vont tout droit à la faillite.
On nous parle également de plus de 300 millions d’euros comme subvention à l’EDG, ce qui met à nu un sérieux déficit de transparence et de gouvernance du secteur, eu égard aux résultats produits.
Dans le domaine de l’agriculture, l’échec cuisant d’une politique menée à la hâte et dans l’opacité totale qui se traduit par la part substantielle de l’importation des denrées de première nécessité.
Mais la propagande savamment relayée sur le petit écran par la RTG montre des champs interminables, dont les maigres récoltes et leur répartition se font incognito.
Sur le plan social, la gouvernance Doumbouya est tout simplement un désastre. Aujourd’hui, plus de la moitié des Guinéens (67 %) vivent en dessous du seuil de pauvreté. Pendant ce temps, le gouvernement continue à affirmer à cor et à cri que le pays a un niveau de croissance de 4,1 %.
Le comble de la contradiction, c’est que le Chef du gouvernement dit haut et fort qu’il travaille à ce que la performance macroéconomique soit ressentie par les Guinéens dans leur quotidien. Une promesse en l’air !
La Guinée va mal. Très mal !
L’inflation est galopante, tout comme le chômage des jeunes, l’injustice, l’exclusion, la division ethnique, l’immigration clandestine avec son cortège de morts dans le désert du Sahara et dans les eaux froides de la Méditerranée, ainsi que le harcèlement des opérateurs économiques considérés proches de l’opposition, notamment de l’UFDG… La liste des maux qui assaillent le pays sous le magistère de la nébuleuse CNRD est longue.
Actuellement, dans les différents marchés du pays, un sac de riz se négocie à 350 000 GNF, le sucre à 380 000 GNF, la farine à 360 000 GNF, etc. Il faut arrêter de tromper l’opinion. Mentir au peuple qu’on gouverne, c’est à la fois le trahir et lui manquer de respect.
Dans les discours officiels, on ne retrouve nulle part d’explications sur la façon dont le gouvernement compte améliorer les conditions de vie et d’existence de nos compatriotes.
Le narratif de la refondation, mot-valise que même le CNRD et son gouvernement ne sauraient définir, est devenu une rengaine.
Il faut dire à cette junte qu’il ne revient pas au peuple de payer le prix de sa mauvaise gouvernance et de sa gabegie financière.
Quid des allégations de détournement par l’agent judiciaire de l’État portant sur plus de 415 milliards de nos francs, qui ont éclaboussé plusieurs cadres de la gouvernance actuelle ?
Sur le plan politique, les trois ans du CNRD n’ont servi qu’à exacerber les tensions et les divisions ethniques.
Le Général Mamadi Doumbouya et son gouvernement cherchent désespérément à museler l’opposition et toutes les voix discordantes dans notre pays. Tout porte à croire qu’il y a même un plan concerté pour confisquer le pouvoir et instaurer une nouvelle dictature. Depuis le 5 septembre 2021, plus de 57 de nos compatriotes ont été assassinés dans l’impunité. Une cinquantaine d’acteurs politiques et de la société civile ont été détenus illégalement dans les prisons de la honte. Une pensée pour Foniké Manguè et Billo Bah, kidnappés et détenus illégalement dans un endroit inconnu du grand public.
Le pouvoir utilise la violence et la terreur pour se maintenir, dans le seul but de piller impunément les ressources du pays. Sans oublier le harcèlement judiciaire des citoyens dignes aujourd’hui en exil et le refus obstiné des autorités de la transition d’ouvrir un dialogue fécond et crédible avec les acteurs politiques et sociaux les plus représentatifs du peuple de Guinée, en l’occurrence l’UFDG, l’UFR et le RPG, qui mobilisent 95 % du corps électoral.
Les putschistes continuent de se servir de notre institution judiciaire pour traquer, arrêter et traduire en justice les acteurs politiques et sociaux considérés comme gênants pour la survie de leur clan mafieux.
En plus de museler et de retirer l’agrément des trois plus grandes entreprises de presse du pays, de restreindre drastiquement nos droits et libertés, le CNRD et ses laquais proposent un avant-projet de constitution taillé sur mesure, en occultant volontairement les articles 46, 55 et 65 de la charte de la transition, qui interdisent au Président de la transition et aux membres des organes de cette transition de se porter candidats aux prochaines échéances électorales.
Il est évident que la multiplication des dérives autoritaires du CNRD n’augure rien de bon quant à la suite des événements. Bien au contraire, elle met à nu l’ambition de confiscation du pouvoir nourrie par la junte, quoi qu’il en coûte à la Guinée et aux Guinéens, y compris ceux actuellement au pouvoir.
C’est pourquoi il est impératif que nous prenions ensemble nos responsabilités devant l’histoire afin d’éviter à notre pays une interminable descente aux enfers aux conséquences incalculables.
Souleymane Souza KONATE,
Président de la Commission Communication de l’ANAD et Conseiller chargé de Communication de CELLOU DALEIN DIALLO.