Les autorités guinéennes doivent sans délai mener une enquête sur le décès de trois manifestants, tués mardi, dans la capitale Conakry, au cours d’affrontements entre la police et des manifestants lors d’un rassemblement de l’opposition qui avait été interdit, a déclaré Amnesty International mercredi 28 septembre 2011…
À la veille du deuxième anniversaire d’un massacre au cours duquel les forces de sécurité ont tué plus de 150 personnes à Conakry, des manifestants qui se rendaient dans un stade ont été brutalement stoppés par des policiers qui ont utilisé des balles réelles, des gaz lacrymogènes et des matraques. Certains manifestants ont réagi en lançant des pierres sur la police.
Cette manifestation a été appelée par deux des principaux partis d’opposition qui contestaient la manière dont les prochaines élections législatives, prévues pour décembre, étaient organisées.
« Chaque fois que des manifestations populaires ont réclamé des réformes politiques ou économiques, les forces de sécurité guinéennes ont réagi en frappant et tuant des manifestants » a dit Paule Rigaud, directrice adjointe du programme Afrique d’Amnesty International.
« Il est très inquiétant de constater que le président Alpha Condé a recours aux mêmes méthodes brutales que ses prédécesseurs. Bien que le Chef d’État major ait demandé aux militaires de rester dans leurs casernes, il semble que les forces de police n’aient reçu aucun ordre visant à limiter leur recours à la force », a-t-elle dit.
Le président Alpha Condé est arrivé au pouvoir en novembre 2010, suite à une élection contestée qui a mis fin à un régime militaire dirigé par le capitaine Moussa Dadis Camara.
L’un des participants à la manifestation a déclaré à Amnesty International qu’il avait été témoin de l’assassinat d’un autre manifestant par la police : « Les forces de sécurité nous ont pourchassés et ont commencé à frapper certains d’entre nous avec des matraques. Nous nous sommes enfuis et l’un d’entre nous est tombé par terre. Un membre des forces de sécurité s’est penché sur lui et l’a poignardé à mort ».
Un autre témoin oculaire a indiqué à Amnesty International que les forces de sécurité avaient pénétré dans les concessions privées et ont pillé des maisons.
Le 28 septembre 2009, les forces de sécurité guinéennes ont abattu plus de 150 manifestants non armés durant un rassemblement de l’opposition dans ce même stade. Plus de 40 femmes ont été violées en public, au moins 1 500 personnes ont été blessées et beaucoup d’autres ont disparu.
Bien qu’une enquête judiciaire ait été ouverte sur ces faits il y a plus d’une année, les principaux responsables de ces actes n’ont pas été relevés de leurs fonctions et aucun d’eux n’a été traduit en justice.
« Pour mettre un terme à cet usage excessif de la force par la police, il est essentiel de mettre fin au climat d’impunité qui règne actuellement en Guinée », a dit Paule Rigaud.