En 2010, Alpha Condé, pour légitimer la fraude organisée en sa faveur et justifier une victoire suspecte, a semblé former une alliance électorale ; en réalité, un front fasciste destiné à isoler et mater l’UFDG dans sa tentative éventuelle d’exiger la vérité des urnes…
Aujourd’hui, c’est à son tour de se retrouver bien seul contre tous, lâché qu’il est par tout l’électorat du pays. Les représentants légitimes des 4 régions naturelles que compte la Guinée, comme Dadis Camara, dans la région forestière, Elhadj Sékhouna Soumah, notable de la Guinée Maritime et d’autres encore partout dans le pays ont décidé de faire alliance avec Cellou Dalein Diallo, le redoutable challenger. Objectif affiché : bouter Alpha Condé hors de Sékoutoureya.
Ainsi, commence la chronique d’une défaite annoncée et inéluctable, car on voit mal comment le Président sortant peut gagner l’élection présidentielle, lorsque 3 des 4 régions du pays, dans un sursaut de survie face à la menace qu’il représente pour chacune d’entre elle, font bloc contre lui. Son slogan ridicule d’un ‘’Coup KO’’ pour un Président impopulaire ressemble déjà à un ‘’KO débout’’, dès le premier tour à la faveur de l’opération de salubrité publique engagée contre lui. La justice de Dieu est toujours la meilleure. Et, personne ne pourra empêcher la Guinée de se libérer du boulet qu’elle traîne depuis maintenant cinq longues, minables et interminables années.
« …Prétendre faire la France avec une fraction est une grave erreur. Et, prétendre représenter la France au nom d’une fraction, cela est une erreur nationale. »
Le ‘’professeur’’ Alpha Condé n’a pas été, sans le moindre doute, à l’école républicaine et de l’intérêt général du Général De Gaulle. Il n’a pas, non plus, appris dans l’histoire que ‘’le fait ethnique’’ qu’il promeut sans cesse et depuis toujours au cœur de son action politique et de ses stratégies électorales est un poison pour l’unité nationale, une bombe à retardement dans les démocraties africaines si jeunes et fragiles. Hier, dans l’opposition, aujourd’hui au pouvoir, Alpha Condé est l’homme politique guinéen qui joue le plus et à fond la carte ethnique, au gré de ses intérêts politiques particuliers et de ses visées électorales, d’une élection à une autre. Pendant son mandat funeste qui s’achève, les Guinéens ont vécu dans la méfiance des uns envers les autres, et dans un climat de défiance permanente entre les différentes communautés.
En effet, Alpha Condé a entrepris de diviser les Guinéens pour régner sans partage et pour mieux les exploiter aussi. Pour cela, il attise les rancœurs, cultive chez chacun la peur et la méfiance de l’autre. Pour lui, il ne sera tranquille et ne pourra se sentir fort que si la Guinée est divisée, que si les ethnies sont opposées les unes aux autres. Le Peuple de Guinée a compris qu’il court à sa perte avec un homme animé d’aussi sombres intentions. Aujourd’hui, Alpha Condé ne devrait plus pouvoir tromper personne, parce que ceux qui avaient l’excuse de ne pas le connaître nourris du mythe de l’opposant historique , à leur tour, comprennent que seul le pouvoir intéresse l’homme ; comme il n’est plus obsédé que par ‘’son second mandat’’ , chaque jour plus incertain.
Les Guinéens qui semblent oublier trop vite le passé et ne se réfèrent pas souvent à l’histoire toujours emportés par l’euphorie des ‘’temps nouveaux’’, sont victimes de Alpha Condé depuis qu’il a mis en tête que son unique destin, sa raison d’être, c’est de devenir le Président des Guinéens. Alors qu’il ne le connaît guère et les méprise profondément. C’est pourquoi, il les divise, les oppose les uns et aux autres au point que les Guinéens paraissent aujourd’hui irréconciliables.
Des faits récents inscrits dans le marbre de la mémoire collective indiquent que Alpha Condé a fait la guerre à chaque groupe ethnique du pays, tout comme il a eu à utiliser à chaque époque de sa vie chacune des communautés contre l’autre. L’effet boomerang maintenant ?
Diviser pour régner
Lorsqu’en juillet 85, le colonel Diarra Traoré a été accusé de vouloir renverser le régime du général Lansana Conté, il a été arrêté, battu, tué dans des conditions qui jurent avec la dignité humaine. Damaro Camara, président du groupe parlementaire du Rpg-arc-en-ciel, dans une interview accordée, en 1992, au journal ‘’L’indépendant’’, a confirmé la thèse du coup d’Etat manqué dans lequel lui-même a joué un rôle obscur, avant de ‘’coopérer ‘’ avec les autorités de l’époque, afin de préserver son insignifiante vie, quitte à sacrifier celles de beaucoup d’autres proches à lui.
Au-delà des faits reprochés à la personne de Diarra Traoré, la communauté Malinké à laquelle il appartient a été prise pour cible dans une véritable hystérie collective et une vague d’expéditions punitives, sur fond de règlements de comptes aveugles. Les victimes civiles et militaires pour la plupart des partisans d’Alpha Condé et leurs familles éplorées attendent toujours que justice soit rendue dans un pays, abonné à l’impunité. Pendant ce temps, un des bourreaux, ‘’l’honorable’’ satané Damaro bénéficie des honneurs de la République et s’agite dans l’entourage immédiat d’Alpha Condé, principal bénéficiaire sur le plan politique de cette autre tragédie guinéenne. A cette époque-là, la communauté Malinké, bafouée dans sa dignité et montrée du doigt, a trouvé en lui à la fois le protecteur et le justicier.
Pendant de longues années, Alpha Condé ne fera pas que de l’opposition politique orthodoxe, il se croira investi du mandat de venger les Malinkés contre les vexations et les exactions du régime soussou. Engagé dans cette logique ethnique absurde, il creusera davantage le fossé entre Malinkés et Soussous. En plus, Il vouait une haine viscérale à Lansana Conté dont il rêvait du fauteuil, même s’il voudrait apparaître maintenant, par opportunisme politique, comme son meilleur avocat, sinon son digne héritier. Lansana Conté n’a eu la vie sauve que grâce à la baraka que tout le monde lui reconnaît, son régime n’a survécu que parce qu’il fut vigilant et déterminé aussi face aux multiples et fréquentes tentatives de Alpha Condé de le renverser par tous les moyens : Rébellion, attentat, soulèvement populaire, mutinerie militaire…
Dans la guerre sauvage que Alpha Condé a déclenchée contre le défunt président, celui-ci a pu compter sur le soutien des Peulhs alliés à lui durant son long règne pour les besoins de la cause. D’où d’ailleurs l’explication en partie de la cohabitation impossible entre Alpha Condé et les Peulhs coupables d’avoir soutenu et défendu le général Lansana Conté contre lui. Il leur reproche d’avoir entravé sa lutte et ainsi d’avoir retardé son avènement au plus haut sommet de l’Etat.
Maintenant qu’il est arrivé au pouvoir, son unique but dans la vie, il a oublié, opportunément, la cause qu’il défendait, la plupart des hommes et femmes qui ont donné leur vie ou sacrifié leur carrière pour lui. Alpha Condé a fait de ses ennemis d’hier – les soussous-, ses partenaires d’aujourd’hui pour se venger des Peulhs, les ennemis du moment. Cependant, les parents et amis, collaborateurs, les vrais et sincères aussi de feu Lansana Conté, comme le patriarche de Tanene Elhadj Sekouna Soumah, n’ont pas oublié que Alpha Condé leur a fait du mal dans un passé récent. Et comme ils sont les plus nombreux, le pays soussou n’est toujours pas favorable à Alpha Condé, comme l’indiquent les résultats des élections législatives dernières notamment à Conakry et malgré le recours pathologique aux fraudes massives.
Peu importe ! Pour Alpha Condé, les Guinéens se distinguent par leur appartenance politique, se définissent par rapport à l’ethnie : est Guinéen qui il veut. Anti-Peulhs dans l’âme et devant l’éternel, même si certains d’entre eux n’en sont pas toujours conscients pour s’éloigner de lui, même si lui non plus, il ne l’assume pas pour préserver une réputation déjà ternie, Alpha Condé a dépassé les limites à Kankan. Il a déclaré publiquement et malheureusement sans conséquence pour lui : ‘’La Guinée appartient aux Malinkés, Soussous, Forestiers…’’ Quid des Peulhs ?
L’ethnie, comme unique référence
Dans la répartition ethnique voulue par Alpha Condé des postes dans l’administration publique ou au sein des forces armées nationales, au mépris des valeurs de la République et de l’exigence de justice sociale, par exemple, la Présidence de la République devrait rester aux Malinkés, la Primature serait le domaine réservé des Soussous, l’Assemblée Nationale pourrait contenter la Forêt. La Guinée qui est, dans sa théorie, un véhicule à 4 roues, n’en n’aurait plus que 3 ? Les Peulhs devraient-ils se résigner à l’injustice et à la discrimination aussi honteuses que flagrantes ?
Après les Soussous, les Peulhs, Alpha Condé, a, dans son collimateur la région forestière qu’il voudrait soumettre par tous les moyens, car réputée ‘’rebelle’’ et devenue surtout hostile à lui. Il réveille les vieux démons en se livrant à une classification des ethnies, sous-ethnies dans la région, pour bien montrer que les ‘’mandingues’’ sont plus nombreux que les autres, ‘’étrangers chez eux’’, et ‘’minoritaires’’ sur leurs propres terres. Tout cela, tout simplement parce qu’il sent le vent tourner contre lui. Et pour cause ? Pendant les cinq années de son mandat lugubre, premier et dernier, il a terrifié toute la région par une campagne de répressions systématiques qui a fait d’innombrables victimes et laisse présager un vote sanction massif.
Alpha Condé panique davantage depuis que Dadis Camara, le plus populaire des leaders politiques dans la région, a annoncé qu’il sera candidat à l’élection présidentielle contre lui. Comble du malheur, il a l’intention de faire une alliance avec l’empêcheur de tourner rond, Cellou Diallo, le candidat le plus sérieux pour sa succession. En guise de représailles, Alpha Condé menace Dadis Camara, en rupture de banc avec lui, d’ameuter la justice nationale et internationale dans l’affaire du 28 septembre jusqu’à maintenant au point mort. C’est à peine qu’il ne suggère pas aussi que l’ancien Président du CNDD met sa vie en danger s’il regagne sa Guinée natale. Beaucoup de ses proches ont déjà été inculpés par la justice guinéenne pour le massacre du 28 septembre, un militaire de son entourage proche soupçonné de préparer un coup d’Etat, vient d’être arrêté aussi. Un climat de chasse aux sorcières qui devrait se poursuivre parce que Alpha Condé voit en Dadis et dans sa nouvelle ambition présidentielle une menace sérieuse pour son avenir politique. Le peuple de la Forêt appréciera le jour fatidique du vote.
Alpha Condé, faux ami des Malinkés, vrai ennemi des autres
Alpha Condé s’est servi des Malinkés pour accéder au Pouvoir. Sentant sans doute qu’ils commençaient à se détourner de lui comme tous les patriotes et démocrates, il a essayé de se faire passer, à nouveau, comme le père protecteur, l’ombre tutélaire. Même si pour cela, il faudrait réécrire l’histoire. Car, il n’y a rien de plus faux que de dire avant lui, les Malinkés étaient forcés de vivre dans la peur, au point de ne pas oser parler, en public, leur langue. Lansana Conté, à qui il fait allusion avec son régime, certes a commis un dérapage historique sous l’emprise de la colère, mais il a cherché par la suite à se racheter. Aussi a-t-il fait des investissements publics considérables en Haute Guinée, a-t-il aussi confié des responsabilités importantes dans son parti, son gouvernement, l’administration publique, les institutions à des ressortissants de la région. Des efforts de réconciliation sapés par Alpha Condé qui y voyait pour lui- seul lui compte- un péril politique certain. Il a appelé à la violence et à des représailles contre ‘’tout malinké’’ qui pactiserait avec le ‘’régime ennemi’’. Pour lui, ce Malinké, passé de l’autre coté, était un ‘’traitre à sa cause’’ ou se comporterait comme un ‘’bâtard’’.
Malgré tout, le Général Lansana Conté a poursuivi son opération de ‘’rattrapage’’ vis-à-vis des Malinkés, convaincu qu’il était qu’aucune communauté de la Guinée, quand bien même elle serait jugée hostile, ne méritait d’être mise en quarantaine comme Alpha Condé le fait aujourd’hui avec la communauté Peulhe pour des raisons de politique politicienne.
Après avoir dans le passé opposé Malinkés et Soussous, maintenant il veut créer un conflit entre Peulhs et Malinkés, entre ceux-ci et les populations de la forêt. En fin de compte, il ne rend pas service à sa communauté en l’exposant à la colère et aux frustrations des autres.
La mentalité, selon laquelle, ‘’On n’est jamais mieux servi que par soi et les siens’’ risque d’être un héritage d’Alpha Condé qui compromet le ‘’commun vouloir vivre ensemble’’ que partage une majorité de Guinéens.
Dans une récente intervention dans la presse, Dadis Camara a dénoncé la tentation hégémonique de Alpha Condé en faveur des siens : ‘’Une seule ethnie ne peut prétendre gouverner le pays’’.
Heureusement que Alpha Condé ne fait pas l’unanimité au sein des Malinkés pour la plupart lucides. Lansana Kouyaté, par exemple, persuadé que l’ethnie est le refuge des faibles a choisi la République et croit en une Guinée, une et indivisible. Le Président du PEDN, pour cette attitude républicaine et responsable, compte de nombreux électeurs dans sa région et partout en Guinée, mais n’arrive pas à bénéficier de leurs suffrages, parce que Alpha Condé a décidé que tant qu’il sera au pouvoir, Lansana Kouyaté opposé à sa politique, n’aura pas la place qui lui revient sur l’échiquier électoral national.
Combien de temps va durer cet ostracisme qui n’est pas du goût de tous les électeurs dans le fief naturel de Alpha Condé et bien au-delà ?
Eux aussi, Malinkés ou non, voteront contre le candidat déclaré du RPG.
Ainsi qu’on le voit, Alpha Condé est aujourd’hui un ‘’Président nu’’ dont les intrigues ethniques, les manipulations politiques et électorales ont fini par couper de toutes les communautés, victimes l’une après l’autre de lui. L’alliance Dadis-Cellou qui met côte à côte la Forêt et le Foutah, le fervent soutien d’Elhadj Sékhouna Soumah, leader d’opinion très écouté et respecté en pays soussou, l’opposition de Lansana Kouyaté, fer de lance en Haute Guinée, la résistance farouche de Sidya Touré en Guinée Maritime pour sauvegarder son électorat ont déjà scellé le destin de Alpha Condé, à la prochaine élection présidentielle. Pour peu que le scrutin présidentiel soit transparent, il sera battu, dès le premier tour, car la volonté nationale de se débarrasser de lui en cette année 2015 fait pousser des ailes au candidat de l’UFDG, Cellou Dalein Diallo qui, depuis 5 ans, attend de prendre sa revanche sur Alpha Condé, ayant usurpé la fonction de Chef de l’Etat en 2010. Ce sera aussi la revanche du peuple et de la démocratie, premières victimes de la fraude électorale la plus grossière de toute l’histoire de la Guinée qui n’a profité qu’à Alpha condé et son clan. Contre eux, la Guinée s’unit et se mobilise.
Tibou Kamara