Alpha Condé et opposition: Non, au dialogue et aux élections contre la Démocratie!

« Aux grands Hommes, la Patrie reconnaissante ». Il est  parfois nécessaire de faire un peu d’histoire, surtout si l’actualité le commande,  pour ne pas s’égarer dans le présent, pour ne pas insulter l’avenir…

Honoré Gabriel Riqueti, comte de Mirabeau, plus connu sous le nom Mirabeau, journaliste,  écrivain et homme politique français, le premier est entré au Panthéon après sa mort. 

Il en est sorti, lorsqu’il a été révélé sa correspondance secrète avec le roi. Celui-ci, bien sûr, le rémunérait pour son effort de l’informer et de le conseiller ;  Mirabeau a surtout espéré être l’un des ministres de la monarchie constitutionnelle.

C’est dire que l’histoire finit toujours par livrer ses secrets, par rattraper chacun à l’épreuve du temps et de la vérité. Même si les hommes n’y croient pas toujours, préoccupés par l’instant et guidés par leurs instincts.

Les générations de Guinéens qui descendent dans la rue ont certainement appris hier de la cérémonie au panthéon pour honorer la mémoire de quatre français, deux femmes, deux hommes qui ont se sont engagés au  prix de leur liberté, de leur vie aussi pour l’honneur et la grandeur de la France. 

De nombreuses années après, ces résistants anonymes  vivent à nouveau, alors qu’ils semblaient disparus dans le temps et oubliés de tous, en particulier, de la nouvelle génération qui,  sans les avoir connus, s’incline devant leur force de conviction et saluent leur passion de la France.

Leur engagement fut en faveur de la liberté de chacun, l’égalité entre les hommes, la justice pour tous. Des défis auxquels se trouve  confrontée aussi aujourd’hui la Guinée. 

Nos jeunes, héros et martyrs à la fois d’une cause qui les honore, leur ouvre aussi le chemin de l’histoire et de l’avenir, en attendant notre panthéon à nous aussi, sont désormais les gardiens de nos libertés démocratiques.
Conscients que le combat qu’ils mènent,  les mains nues,  avec courage et un sens élevé du devoir et de l’histoire, ils le font pour leur avenir et l’honneur de la Guinée, ils résistent à la corruption et ne cèdent pas non plus au découragement.

Témoins de leur temps, acteurs de leur propre histoire,  comme toutes les femmes et tous les hommes qui meurent pour la patrie plutôt que de la trahir, ils sont peut-être les perdants des régimes qui passent comme on veut le leur fait croire,  mais ils sont les éternels vainqueurs d’une histoire continuellement en marche qu’ils contribuent à écrire et à faire par le sang, la sueur et les larmes , souvent dans l’indifférence  et les railleries des esprits veules, des consciences vénales.

En attendant le jugement de l’histoire, la Guinée continue de vivre au rythme quotidien et forcé  d’une opposition qui se croit obligée de faire la paix et d’un pouvoir engagé dans une logique de guerre permanente.

Entre les deux, un peuple qui attend, dans l’espoir et l’impatience aussi,  le jour de sa libération prochaine. D’ici  là, il faut admettre que les Guinéens n’ont pas de chance. Ils sont en droit de croire que la roue de la bonne fortune ne tourne pas ou n’arrive pas eux, tant ils semblent subir un sort funeste dans une monotonie et fatalité chroniques. Pas de répit de l’histoire, pas la moindre promesse tenue de l’avenir.

Qu’à cela ne tienne !

Les Guinéens qui, d’habitude , souffrent dans le silence et s’adaptent à toutes les situations, s’interrogent maintenant à haute voix : Qu’ont-ils fait à Dieu pour avoir un Président comme Alpha Condé qui ne pense qu’à lui, n’écoute personne, ne trouve son bonheur que dans les conflits inutiles, les tensions créées et entretenues par lui ?

Pourquoi, Ciel, subissent-ils encore et à notre époque  le règne et le diktat des « pouvoiristes, carriéristes » dévoués à tous les régimes, soumis à chaque Président sans scrupule ni la moindre éthique ?

La Guinée est devenue  « leur chose » et l’otage malheureuse de Alpha Condé. Et tout le monde aurait tort de croire que le vieil opposant malade de «  Sékhoutoureya » partira du pouvoir par la démocratie et la négociation, lui qui ne croit guère aux élections, se prépare à réprimer l’inéluctable résistance à la dictature en devenir, après avoir réduit les droits et les libertés dans le pays, après avoir domestiqué toutes les institutions de la République. 

Aucun accord n’est possible avec un homme qui a la violence ancrée dans sa conscience profonde et fait de la mauvaise foi son ADN politique.

Les élections, un piège à éviter

Il est illusoire de penser défaire un régime qui s’est imposé par la force et règne par la brutalité par des élections préparées et organisées par ses soins. Si l’opposition guinéenne continue à se comporter  comme une opposition «  civilisée »’ et ses leaders voudraient être plus démocrates  qu’il ne faut, il y a lieu dès maintenant de faire  le deuil de l’alternance attendue cette année au sommet de l’Etat. 

L’homme qui a forcé le destin en 2010 pour devenir  Chef de l’Etat paraît encore plus déterminé en 2015 à imposer un second mandat à un peuple qui semblait pourtant compter sur les élections à venir pour le « sanctionner » de l’avoir abaissé et honni à la face du monde. 

Or, Alpha Condé a décidé que le processus électoral soit encadré et orienté pour lui permettre de battre, sans avoir à livrer bataille, les prétendants à  « son fauteuil » : « Je gagne ou je gagne », comme l’autre camarade.

Alpha Condé veut le dialogue sans conditions, ni préalables avec l’objectif affiché de ne pas faire de concessions à propos du chronogramme fantaisiste de la CENI et du départ des délégations spéciales.

Il croit pouvoir  forcer l’opposition à se déjuger parce qu’elle exige des garanties avant le début de toute négociation. Il veut aussi « enterrer vivante » son opposition en obtenant d’elle, bon gré mal gré, qu’elle revienne dans le processus électoral, c’est-à-dire qu’elle l’aide  à gagner et se résigne à la défaite programmée.

Acceptera-t-elle de tomber dans la mascarade électorale de Alpha Condé et de ses obligés au risque d’être « victime consentante » de sa mise à mort politique et électorale publique et flagrante ?

En tout état de cause, l’opposition doit refuser le dialogue tel que proposé par Alpha Condé et déjà refusé par elle parce que contraire au besoin de démocratie en Guinée et au désir ardent de transparence enfin dans les élections.

Elle doit, sans attendre, annoncer son refus de participer à des élections truquées pour légitimer une victoire acquise d’avance. Cette opposition a le choix maintenant entre le recours pressent à une violence légitime ou la contrainte absurde d’aller à un dialogue qui profite à Alpha Condé et risque de démobiliser des citoyens électeurs, intimement frustrés de consentir chaque fois d’immenses sacrifices pour rien.

Ou plutôt pour le bonheur d’un pouvoir qui, très souvent, a le dernier mot et à l’usure fatidique.

Quand comprendra-t-on enfin que chaque fois que Alpha Condé gagne, c’est l’opposition qui perd et malheureusement la démocratie en Guinée aussi qui s’éloigne ?  

Viendra le moment où comme d’autres patriotes en d’autres temps sous d’autres cieux, les patriotes Guinéens déserteront la République clanique et abandonneront la démocratie de façade pour aller chercher dans la nuit de la résistance la liberté et la dignité introuvables sous le régime franquiste de Alpha Condé.

Comme à cette époque, pour reprendre l’éloge au courage de Dolores Ibarruri « Mieux vaut mourir debout que de vivre à genoux ».

C’est le message -inscrit dans la  conscience nationale- des jeunes de Guinée exposés à la « puissance des baillonnettes » du régime d’Alpha Condé que les politiques, l’opposition, en particulier,  devraient entendre comme l’appel à dire non au dialogue et aux élections qui accordent un sursis à un homme et son régime et condamnent un pays et son peuple tout entier.

Tibou Kamara