Dans la vie d’un peuple, d’une nation (entendez comme nation : un ensemble des citoyens vivant sur le même territoire, partageant les mêmes lois de leur république, ayant un même responsable ‘’suprême’’), il est des choses qui interpellent par devoir certaines personnes qui prennent le temps d’observer et d’analyser ce qui se passe en établissant une certaine comparaison avec d’autres sociétés, d’autres pays qui sont connus par leur manière de faire. Une manière de faire qui ne rime pas toujours ou même pas du tout avec ce qu’on nous offre chez nous…
Ces derniers temps, un certain nombre de faits et paroles sont enregistrés par mes compatriotes qui apprennent toute sorte de chose à leurs dépens.
Ceci dit, j’aborderai dans cet article trois phénomènes pour lesquels des questions se posent:
Pourquoi le président guinéen fait-il toujours fi des préoccupations des guinéens à la tête desquels il trône depuis maintenant bientôt quatre ans ?
Pourquoi l’ironie de l’autre est elle notre argument de défense au quotidien, alors que la roue tourne et elle tournera (même si je ne sais à quel rythme) ?
Pourquoi la vertu, la sagesse, le bon sens sont des éléments que l’on recherche à tue-tête en guinée sans réponse ?
Après la phase de questionnement, je vais aborder les éléments qui m’ont interpellé ces derniers temps.
Je disais tantôt que le président guinéen méprise les guinéens. Il lui a souvent été reproché de ne jamais faire attention aux préoccupations de ceux-là qui sont censés être ses protégés ; mais la nature humaine étant ce qu’elle est, il n’arrive toujours pas à changer de fusil d’épaule. Le Guinéen ne l’intéresse pas. Par contre, il adore le bien du Guinéen qu’il peut piller, voler comme il veut, sans aucune forme de gêne. La dernière preuve en date est la cagnotte de devises interceptée à Dakar en partance pour une destination réellement inconnue.
Pendant ce temps, il se la coulait douce à Tunis et quelques jours après, il rentre à Conakry comme si de rien n’était. Aucune explication à la nation guinéenne (y compris ses partisans au siège du rpg ‘’en ce que je sache’’ à plus forte raison passer un message quelconque à la RTG qui lui est réservée).
Mais cette histoire d’argent est insignifiante face à son mépris qu’il nous manifeste dans ce pays même quand on compte des cadavres et des blessés sur toute l’étendue du territoire (plus précisément en Guinée Forestière, en Basse Guinée et au Fouta Djallon).
Président de la Guinée, votre attitude nous paraît déplacée et même très indigne du chef que vous devriez être à l’endroit de tous les Guinéens. Je voudrais par là vous dire que pour faire preuve de grandeur, il vous incombe d’être présent et actif dans la vie du Guinéen lambda. Le guinéen a le droit de vous entendre quand il y a quelque chose qui l’inquiète. Je ne dis pas qu’à la moindre question vous devez prendre la parole pour apporter un éclaircissement, mais quand le phénomène révèle une certaine ampleur, un niveau capital, vous avez le devoir de nous donner des éléments explicatifs dans ce sens. Vous devez vous montrer courageux. Et ce courage vous demande d’aller même à l’encontre de vos intérêts même si on a déjà compris que votre seul souci, ce sont vos intérêts personnels. Ayez le courage de comprendre que vous ne pouvez pas faire l’affaire du Guinéen, même si vos néo-griots vous font croire le contraire. Vous êtes incapable, président, parce que vous ne connaissez pas et vous n’aimez pas le Guinéen. Ayez le courage, président, de prendre de la hauteur pour dire à ceux qui ont combiné toutes les tactiques frauduleuses que vous n’êtes pas l’homme de la situation parce que vous ne pourrez jamais arriver à un certain équilibre entre vos envies qui sont de nature viciée par conviction et les attentes du Guinéen. De Conakry à N’Zérékoré, les morts sont nombreux, très nombreux pour un règne comme le vôtre. Vos n’avez jamais fait observer une minute de silence à la mémoire de nos jeunes martyrs et victimes du pays. Vous les ignorez totalement. Président, être courageux, ce n’est pas de prendre des armes pour tuer, c’est plutôt la capacité de voir ce qui se passe en face de soi, ce qu’on a fait pour son peuple et ce qu’on doit faire tant les attentes ne doivent être déçues. Mais avec vous, hélas !!!
Aujourd’hui votre mépris du guinéen est exagéré. Tout ça parce que vous vous sentez invincible ? On n’est jamais roi pour ne pas tomber au moment venu.
Le deuxième point parle de l’ironie de l’autre. J’au dû lire sur un site guinéen une intervention d’un ministre du gouvernement faisant allusion à la mort de certains leaders politiques guinéens (je pense, en l’occurrence, à Siradiou Diallo et à Bah Mamadou ‘’ qui ont été des précurseurs de la lutte pour l’avènement de la démocratie en Guinée même si cette démocratie tarde toujours à venir).
C’était le samedi 13 septembre 2014 au siège du rpg. Un ministre du nom de Mohamed Traoré dit :
« quand j’ai entendu ces menteurs dire que le président Alpha Condé est mort, j’étais très content. Car, quand ils ont dit un jour que Lansana Conté est mort, c’est leur premier leader qui est décédé. Quand ils ont dit pour la deuxième fois, leur deuxième leader est mort encore (…). La haine finira par les emporter un jour. Pour le moment, ce qui est clair, la vérité c’est RPG-Arc-en-ciel».(Cf. www.guineenews.org).
Je n’arrive toujours pas à comprendre (peut-être qu’il m’aidera dans ce sens) si c’est le souvenir de la mort de ces deux leaders qui lui a redonné joie ou bien c’est parce qu’il est persuadé qu’un autre leader va encore bientôt mourir car dans sa tête, dire du président qu’il est mort est synonyme de la mort de ses principaux opposants. Aidez-moi, Ministre. Mais avant tout rappelez-vous de deux choses :1- les premiers en guinée à dire que Conté est mort, c’est pour la plupart des militants du rpg qui voulaient à tout prix prendre le pouvoir, même par les armes (Cf. Piné-gate entre autres) et après tout, même s’il a été dévancé par d’autres, il avait fini par mourir quand son heure a sonné.
2- Chaque âme goutera à la mort (disait le Souverain de l’univers dans son coran), même si aujourd’hui vous en pensez le contraire.
Je ne suis tout de même pas surpris malgré mon incompréhension, surtout quand on sait que la culture de la violence mortelle est en quelque sorte le fondement même du rpg dont vous prenez part au rassemblement en cette période d’état d’urgence sanitaire pour cause d’Ebola, pendant que les autres formations politiques ont décidé de s’abstenir de toute forme de regroupement afin de vous aider à vaincre cette maladie dont l’issue pourrait vous servir de gloriole électoraliste.
Mais ma seule consolation ici, c’est que votre point de vue n’est partagé que par votre clan, cette mafia qui pille la Guinée. Le peuple de Guinée vous a l’œil y compris dans les rangs de votre parti dont certains éléments restent encore lucides même s’ils n’ont pas vraiment la voix au chapitre. C’est le cas d’un des mes compagnons militant dans votre fameuse fédération de France qui m’a ténu un raisonnement vertueux, imbu d’espoir de voir s’opérer un véritable sursaut contrairement à cette parodie de changement que vous offrez avec tam-tam et tambour aux guinéens.
Il me dit : « Barry, je m’attendais à un changement drastique avec des bons mais il nous a amené des bidons et des cons ».
Ministre, votre poste doit procéder d’une certaine tempérance malgré votre désir d’attaquer et aussi d’une certaine hauteur malgré votre manque de résultats qui n’est d’ailleurs un secret pour personne. Ministre, votre mission doit procéder d’une certaine moralité qui voudrait que la République ne soit pas un vain mot. Vous avez le devoir de préserver la quiétude sociale et sociétale. Vous nous faites comprendre que votre point de vue sur la nation repose sur le désir de voir les principaux battants et batailleurs de la démocratie mourir pour faire place à la médiocrité dont vous êtes un illustre prototype. Ministre, ces leaders qui sont morts (ici, paix à leurs âmes) sont vos frères, vos ainés, et aussi des compagnons et patrons de votre idole du jour et maître de la nuit : Alpha Condé. Demandez-le-lui en toute honnêteté.
Ministre, on ne peut vous empêcher de penser du mal pour les autres qu’ils soient vivants ou morts. C’est votre nature, je le sais et c’est bien ce que vous extériorisez.
Mais à votre place, j’honore les morts pour la noblesse du combat qu’ils ont mené.
A votre place, je rends hommage à la bravoure dont ils ont fait preuve pendant la lutte qu’ils ont menée contre les différents régimes ethno-fascistes et dictatoriaux, comme le vôtre d’ailleurs, des années durant.
A votre place, je dirai que la vie appartient à Allah tout comme la mort.
A votre place, je ne me réjouirais jamais de la disparition de mes compatriotes, fussent-ils des adversaires.
A votre place, je prendrais de la hauteur et inviterais mes compatriotes à faire preuve de retenue en cette période où Ebola frappe à plusieurs portes à cause de la faveur que vous lui accordez de par votre désinvolture. Ministre, ma seule consolation est que vos masques ne font que tomber et du coup, on ne se demande plus qui vous êtes et que faites-vous. C’est déjà connu du Guinéen.
A votre place, moi j’aime les Guinéens de ce Fouta qui m’a vu naître, de la forêt qui nourrit grandement mon pays de par la production de ses enfants valides et respectables, du manding qui avait pactisé avec le Fouta dans le cadre de la résistance ( Samory et Alpha Yaya) , et de la Guinée maritime pour son caractère cosmopolite et hospitalier ( toutes les ethnies y vivent). Ministre, on ne se réjouit pas à l’idée que son prochain va ou doit mourir. Ministre, je ne partage pas votre point de vue, mais votre mort m’affligera et je ne m’en réjouirais point. Vous êtes fils de mon pays la Guinée. Ministre, longue vie à vous pour que l’on puisse demain vous montrer c’est quoi un ministre de la république et c’est quoi un changement pour une nation prospère.
Pour ce qui est du troisième point portant sur la mort qui ne cesse de frapper tous les jours, je voudrais dire ici, que ceci n’est rien d’autre que le seul bilan où la stratégie d’Alpha Condé fonctionne comme un réacteur inarrêtable.
Depuis sa prestation de serment le 21 décembre 2010 à l’issue d’une mascarade électorale qui ne dit pas son nom, la Guinée ne fait que pleurer et saigner. Des larmes, on en a assez, président. Du sang, on n’en veut plus.
Mais ce qui est plus choquant dans votre politique, votre façon de diriger, c’est que même la manière de tuer que vous employez est détestable. Regardez bien ce que vous faites : Vous tuez des gens par votre incompétence à laisser les Guinéens se débrouiller afin de joindre les deux bouts. Vous nous tuer en dépêchant vos miliciens armés en dépit de l’existence d’un corps armé dans nos casernes. Une armée qui est aujourd’hui reléguée au second rang au profit de vos miliciens (escadrons de la mort et autres sortes de donzos que l’on peut classifier selon les missions que vous leur assignez).
Président, vous tirez sur les civils à Conakry, vous entremêlez les Guinéens qui se blessent entre eux au Fouta, et vous tirez et faites égorger les Guinéens en Forêt. Par-ci on a des corps sans vie, par-là des corps sans têtes ou des têtes sans corps. Vos agents se rendent en Forêt, disent-ils, pour sensibiliser la population sur le danger du virus Ebola. Pendant ce temps, ils ne font que chanter vos louanges, parler de votre parti le rpg en agitant des foulards qui vous symbolisent. Comment voulez-vous qu’on écoute quelqu’un, qui, au lieu de parler du sujet principal, prend tout son temps à vous lancer des fleurs que vous n’avez jamais méritées ?
En plus, vous procédez à une sélection de vos victimes plus que jamais. El. Amadou Oury Diallo (paix à son âme) en est une parfaite illustration.
Des questions se posent.
Je ne pense qu’il soit honorable de vouloir se cramponner au pouvoir par le plus grand nombre de victimes que l’on fait. Alors cherchez à mériter et non à vous accaparer.
Au vu de ces éléments qui précèdent, je voudrais simplement rappeler à mes amis de la Guinée que vous n’êtes que l’exemple de vous-même, président. Les illuminés de votre parti sont en train de comprendre. Et heureusement pour nous autres Guinéens (les quatre régions naturelles), vous n’êtes pas un symbole. Nous savons que le problème de la Guinée n’est pas un problème d’ethnies même si les partis politiques sont à base généralement ethnique. Le problème, c’est bien vous, car vous n’avez pas la bonne volonté d’appliquer et de faire appliquer les textes des lois de la République de la même manière envers tous les fils du territoire.
Que les Guinéens se rappellent que jamais, pour une cause quelconque, vous n’avez reporté un de vos voyages (à l’étranger naturellement car l’intérieur du pays n’est d’ailleurs pas votre préoccupation). Vous préférez l’extérieur où vous allez chercher des corrupteurs et des magnas de la mafia moderne pour vous garnir en devises avant votre départ du pouvoir qui finira par arriver.
Président, mon optimisme est que vous finirez par quitter et que le peuple de Guinée (comme une seule personne) se tiendra débout pour combler les fissures que vous allez laisser et comme un seul artisan, on commencera la marche vers le progrès contrairement à celle du regret que vous nous offrez sous le label du changement du ‘’professeur’’.
Je salue les Guinéens.
Boubacar 1 Barry
Citoyen Guinéen pour une Guinée-Nation
albouba1@gmail.com