Affaire saisie des 4 milliards de FCFA par la douane sénégalaise.

C’est avec consternation que j’ai vu les brouillons de pièces justificatives mis à disposition par la BCRG. Tant sur le fond que sur la forme, ces documents laissent à désirer. Et dire que c’est une banque centrale, une institution républicaine, qui se ridiculise à publier de tels documents, la honte pour le peuple de Guinée l’est encore plus.

 

On retiendra tout de même qu’Alpha Condé et sa bande d’amateurs auront essayé avec la dernière énergie de camoufler ce détournement des fonds publics, au point d’humilier tout un pays.

L’analyse des documents de la BCRG ressort des incohérences et un manque de professionnalisme criard.

En effet, la Banque centrale dit avoir signé avec la société MSS un contrat le 25 Juin 2014 pour un transfert de 58 millions de dollars et 20 millions d’euros, avec toute la précision qui s’en suit. Le mode opératoire retenu étant le suivant : 58 000 000 dollars par tranche de 10 millions et 20 000 000 euros en une seule tranche.

1. Déjà là, sur le document signé par Mr Kemo Charles Zogbelemou (sans tampon de la BCRG), il faut noter la correction apportée au stylo, un manque de sérieux même sur ce qui peut être appelé (selon les RPGistes) un contrat officiel.

Les qualités de M. Charles Zogbelemou (BCRG) et de Mr Yacoub Sidya (Société MSS) n’ont pas été mentionnées.

Pour sortir une telle somme à la BCRG, il faut la signature de M. Louncéni NABE le patron de la banque centrale. A défaut, il doit déléguer son pouvoir. Ce document n’est pas conforme et est illégitime en matière de contrat.

2. L’authenticité du document laisse à désirer car la signature a été faite sur une photocopie. Le changement de tons et de couleurs sur les différentes signatures le prouve à suffisance.

3. Le document de la douane fourni est de 01/07/2014, début du transfert des fonds de 10 millions de dollars pour un coût de 1 000 000 de dollars soit 10 % du montant : c’est trop, une véritable arnaque, de corruption.

(Commentaire de guineepresse : ce coût et la méthode utilisée rappellent le transfert artisanal et illégal d’argent dans les milieux africains).

4. Ce document fourni de 10 000 000 millions de dollars du 01/07/2014 ne peut être utilisé pour un transfert en avion le 8 Août 2014, intercepté par la douane sénégalaise car le montant trouvé est 4 milliards de fcfa en devises (dollars et euros) donc loin du document fourni. C’est donc un détournement pur et simple. La BCRG doit fournir le coupon de sortie du 8 août 2014 et la signature de la douane sénégalaise.

5. La banque centrale dit avoir informé les autorités sénégalaises. Encore un autre mensonge ! Au Sénégal, c’est l’absence d’un document officiel qui a alerté les services de douane qui ont eux-mêmes relayé l’information à leur hiérarchie.

Le ministère des finances du Sénégal a appelé son homologue de la Guinée pour explication et celui-ci, ignorant toute cette magouille n’a pu lui donner les informations sur la contenance et l’itinéraire des fonds. L’information que le ministre guinéen relaie à la présidence et à la banque centrale crée la panique d’ailleurs.

Franchement, si Dakar en était informé et que l’opération était transparente, les douaniers n’auraient pas considéré suspect le colis et que le ministre sénégalais contacte la BCEAO pour décider du sort de la mallette d’argent contenant une valeur de 8 millions de dollars (dollars et euros cohabitant).

Le hic sur le contrat, c’est mentionné que le transport des 20 000 000 d’euros se fait en une fois, une autre incohérence pour ne pas dire tentative de fraude.

6. Sur le bordereau d’enlèvement de la douane de l’aéroport Gbessia, il est mentionné une valeur de 10 000 000 de dollars ce qui correspond à ce qui a été expédié de la Guinée vers le pays de destination qui se trouve être la SUISSE.

Une facture de 1 000 000 de dollars de frais de transport montre l’énormité de la bêtise et la fausseté de ce contrat.

7. Dans le bordereau du transport, c’est indiqué le pays d’origine des fonds (Etats-Unis), l’exportateur (Guinée) et le Destinateur (Crédit Suisse). Véritable incohérence car l’argent est remis en Guinée. Comment donc expliquer l’origine USA de ce fonds remis en Guinée ?

Ainsi, le destinateur, selon la Banque centrale, est Dubaï et City Bank New Yok alors que c’est le contraire sur le document !

8. Aucune adresse de la société MSS Security n’est mentionnée sur le document : absence de logo, d’adresse postale, de numéro de téléphone, d’E-mail et de site web !

La conclusion qui s’impose : ce document de la MSS est un faux. Aucune société sérieuse ne peut fournir un document sans identification.

9. Des destinations confuses…

Lorsque la BCRG, dans sa tentative de tromperie affirme que la destination des fonds est Dubaï puis CITY BANK et enfin New York, elle omet volontairement d’afficher la destination finale qu’est la banque CREDIT SUISSE, une banque dont les activités laissent peu désirer, car, cités comme marraine de l’évasion de fonds africains et de contributeurs fiscaux européens et américains. Nul doute qu’il s’agisse ici d’un détournement de fonds publics guinéens ! C’est vraiment abominable de la part des dirigeants d’un pays qui connaît tous les problèmes auxquels notre Guinée est confrontée en ce moment !!!

10. Le contrat concernent les livraisons de 10 millions de dollars par jour et 20 000 000 d’euros en une seule fois. Comment du 01/07/2014 l’argent remis à MCC chargé du transfert des fonds peut se prolonger jusqu’au 8 août 2014 ??? Sachant qu’ils devraient finir en 6 jours maximum pour les 58 millions de dollars : 5 jours x 10 millions et 8 millions de dollars en un jour.

Comment peut on expliquer qu’on emprunte un avion Conakry – Sénégal spécialement pour acheminer des fonds (pour quel prix ???), alors qu’ils avaient en 6 jours expédiés tous les fonds concernés en juillet 2014 ??? Qui a payé ces frais de vole ??? La Guinée et non pas la société MCC. Ce n’est rien qu’un détournement organisé au plus haut niveau de l’Etat !

11. Pourquoi la compagnie Emirates pour rallier Dubaï alors que la destination est la Suisse, air France étant disponible depuis Conakry, plus proche de la Suisse et mieux sécurisé ?

La seule raison, c’est d’éviter les douanes européennes qui sont inflexibles et très vigilantes, parce qu’il s’agit d’une opération de blanchiment ou de détournement de fonds publics.

12. Sur le contrat mal ficelé on connaît le propriétaire (Banque centrale) et le transporteur (MCC), mais nulle part il n’est mentionné le compte où l’argent sera déposé ni le coût total de la transaction. Cela justifie tous les soupçons de corruption et de détournement !!!

13. La compagnie Emirates a suspendu ses vols réguliers vers la GUINEE le 3 août 2014. La Société, en ayant la marchandise à sa disposition le 01 juillet, a largement eu le temps d’évacuer ces colis. Combien de fois et depuis quand notre pays est victime de ces magouille criminelles ?

La BCRG et son partenaire MSS doivent publier tous les bordereaux de transbordement ainsi que l’attestation de la banque réceptrice des fonds. L’opposition parlementaire peut l’exiger et l’obtenir conformément aux dispositions de la Constitution et au rôle qui est sien dans l’Assemblée Nationale.

 

Hamide Balde, Paris