Si l’arrestation spectaculaire de monsieur Dominique Strauss-Kahn dit DSK avait été comme un coup de tonnerre dans le ciel mondial, le 14 mai 2011, l’abandon de toutes les charges contre lui engendre aujourd’hui l’indignation de plusieurs êtres dans le monde dont Dame Nature. Comme prise de colère, la Terre trembla en entendant le juge Michael Obus…

Quand le journaliste-reporter de l’événement annonça que la foule autour du Palais de justice de New-York n’était là ni pour soutenir Nafi ni pour huer DSK, mais parce que les bâtiments ont été évacués du fait d’un tremblement de terre, ce fut l’incrédibilité. On crut à un jeu de mots, à un style journalistique. Il fallut se rendre compte qu’il annonçait bel et bien la réalité, que Dame Nature avait fait exploser sa colère quand le juge prononça le non-lieu. Elle bougea alors un de ses membres, la Terre, qui trembla. Ce tremblement ne survient ni en Afrique, ni en Europe, ni en Asie, ni ailleurs aux États-Unis, mais sur sa côte Est, secouant le bâtiment du Palais de justice où se tenait l’audience. Les services judicaires de New-York fermés, DSK ne put récupérer son passeport 2 et sortir de là libre comme le vent. Un signe !

Un signe dirait en effet certains qui croient aux pouvoirs des Ancêtres, à la justice divine, etc.

Mais, sortons vite de là, de cette pente glissante qu’est le domaine surnaturel et/ou mystique. Remettons les pieds à terre! Notons plutôt qu’en plus de la Terre qui trembla, beaucoup de gens furent indignés de la décision du juge d’arrêter le processus judiciaire de Nafissatou DIALLO contre DSK, de ne pas aller au procès. Ce refus du procès qui allait permettre de lever le voile sur ce qui s’est réellement passé dans cette chambre de l’hôtel SOFITEL, le 14 mai 2011, engendre le sentiment d’un travail inachevé, de l’étouffement de la vérité. Les femmes en général, celles qui luttent en particulier pour l’égalité femmes/hommes, contre l’impunité des auteurs des agressions sexuelles en furent choquées. Comme la Terre-Mère, elles laissèrent éclater leur colère en Amérique, en Europe, en Afrique, et surtout en Guinée, terre natale de madame Nafissatou DIALLO. Les hommes épris de justice sociale entre les femmes et les hommes ne furent pas en reste. Beaucoup levèrent leur voix, posèrent l’acte de créer des comités de soutien à Nafi et/ou de signer les pétitions qui la soutiennent.

Depuis l’annonce de l’arrêt du processus judiciaire de cette plainte hyper-médiatisée d’agression sexuelle et le refus du procès par le juge, l’inquiétude habite les militant-e-s de la cause des femmes. Car, c’est un grave précédent dans la justice en faveur des femmes, car cette décision juridique envoie un très mauvais message aux femmes et fillettes victimes de viol et d’agressions sexuelles. On semble leur dire : «taisez vous et souffrez en silence!»

Ce qui engendrera l’emmurement des victimes dans le silence et dans leurs souffrances.

Le procureur Cyrus Vance avait pourtant déclaré « posséder des éléments médico-légaux qui confirmaient le récit fait par la présumée victime Nafissatou»3 et tenir un dossier solide. Il évoque aujourd’hui sa non-crédibilité et ses incohérences antérieures pour refuser le procès. 1 http://ganndal.com/index.php?option=com_content&view=article&id=263:nafissatou-diallo-victime-de-dsk-et-de-lopinion-publique-&catid=25:actualites ou dans le SOLEIL (Sénégal), le 1er juin 2011

2 Séisme aux États-Unis : DSK touché in : http://www.francesoir.fr/actualite/international/seisme-aux-etats-unis-dsk-touche-130324.html 3 Cyrus Vance Jr., un proc. trop pressé in : http://fr.news.yahoo.com/cyrus-vance-jr-proc-peu-press%C3%A9-033011501.html

Ce qui soulève bien des questionnements. Pourquoi ce revirement à 180 degrés? DSK, lui n’a-t-il pas changé de version? N’avait il pas déclaré n’avoir pas eu du tout de relations avec Nafi. C’est face à des preuves évidentes d’une relation sexuelle (l’ADN de DSK sur le tapis de la chambre d’hôtel, sur les oncles de Nafissatou, les griffures de celles-ci sur son cou4, son vagin portant des traumatismes rouges, etc.) que son ingénieux avocat plaida le consentement de la relation. DSK a-t-il toujours dit la vérité et rien que la vérité? A-t-il été véridique dans sa défense contre toutes celles qui l’accusent ? Comment se fait-il d’ailleurs qu’un homme soit accusé par des femmes d’horizons aussi divers qu’une Hongroise (Piroska Nagy), une Française (Tristane BANON) et maintenant une Africaine (Nafi), sans compter celles qui parlent sous l’anonymat? Mentent-elles toutes? Comment se fait qu’on ne fasse pas le procès du passé du comportement sexuel de DSK, plutôt que de faire celui de Nafissatou sur le plan de l’immigration et autres? Comme disait cette dame qui s’est retiré du jury : «Une femme qui a menti hier, peut avoir été violée aujourd’hui.» En d’autres termes, une femme qui a menti dans le passé sur tel ou tel aspect de sa vie, peut dire la vérité aujourd’hui en affirmant qu’elle a été violée. La façon de traiter l’Affaire Nafi/DSK a donné le sentiment que le principe du «Nul n’est au dessus des lois» de l’Amérique ne semble avoir été mis en œuvre. Tout cela laisse un goût amer et introduit le doute vis-à-vis de la justice. Doute largement exprimé par des milliers de gens à travers divers médias. C’est dommage !

Tout en soutenant Nafi DIALLO, nous n’affirmons pas qu’elle a raison sur DSK, nous souhaitions simplement que le procès se tienne afin que le monde en ait le cœur net en sachant si Nafissatou est réellement une victime ou si DSK est vraiment innocent. Cela aurait également l’avantage de rassurer les femmes qu’elles peuvent obtenir justice, quelque soit le statut de l’abuseur. Avec le dénouement de l’affaire Nafi/DSK, le message qui se dégage de ce procès semble être celui-là : « si vous vous en prenez à un homme de pouvoir (riche, puissant ou célèbre) vous y laisserez votre peau» Bien des femmes hésiteront désormais de porter plainte, car elles craindront d’être doublement victime, être agressée puis, traînée dans la boue. Ce qui constitue un énorme recul pour le Mouvement des femmes pour la justice et l’égalité entre les femmes et les hommes.

Par:

Dre Aoua Bocar LY-Tall

Sociologue & Présidente fondatrice du Réseau « Femmes Africaines, Horizon 2015 (FAH2015) »

Chercheure associée à l’Institut des Études des femmes, Université d’Ottawa, CANADA

En collaboration avec :

Le Comité Africain de Soutien à Nafissatou DIALLO (CAS Nafi)

Clicker dessous pour la petition

http://www.petitions24.net/soutenons_nafissatou_diallo