De quoi souffre la Guinée en réalité? A mon avis de deux choses:
1- du non respect des règles
2- du mensonge…
En effet depuis 1958 tous les Présidents qui se sont succédés en Guinée ont tous systématiquement violé la Constitution, loi suprême de leur Pays. Notre actuel Président, pourtant juriste de formation, excelle dans cette pratique.
La société civile guinéenne, quant à elle, elle est sans état d’âme lorsqu’elle tourne le dos aux accords de Ouagadougou, ou se terre dans un silence assourdissant quand l’actuel Président viole la constitution, segmente la société, laisse libre cour aux experts de la balkanisation de la Guinée.
Mais la situation la plus incompréhensible est le silence de la Communauté internationale qui initie, parraine les dialogues et cosignent les accords conclus entre le gouvernement et l’opposition. Jamais l’on a entendu cette Communauté internationale demander, exiger le respect des accords signés sous son égide. On ne l’entend que quand l’opposition, lassée de voir ses appels au respect des accords ignorés par le Gouvernement, utilisent le seul moyen que lui accorde la Constitution : le droit de manifester dont elle se serait bien passée si ceux qui apportent leurs cautions morale et politique à ces accords avaient veillé à leur respect. Les représentants de la communauté internationale qui sont à Conakry regardent sans condamnation les jeunes peuhls, puisque ce sont toujours eux, tombés sous les balles des donzos habillés de tenues militaires. Aussi souvent, leur prise de position renvoie dos à dos celui qui a été de mauvaise foi et celui qui à été floué.
Désormais, pour lever tout doute sur sa position, et prendre l’opinion nationale à témoin, L’OPPOSITION DOIT RENDRE PUBLIC LE TEXTE DES ACCORDS PORTANT LA SIGNATURE DES DIFFÉRENTS PROTAGONISTES.
L’on saura ainsi qui est menteur dans ce conflit qui bloque le Pays.
Lorsque le Président Alpha Condé traite les Guinéens de menteurs et de démagogues, faut-il en rigoler ou s’en offusquer ? Ni l’un ni l’autre, car il est tout simplement lamentable ! Il ignore que mêmes ses fidèles partisans ne croient plus en lui. Comme il l’a d’ailleurs avoué le premier mai, il ne connait ni la Guinée, ni les Guinéens, je dirai ni même l’âme humaine. Il avoue qu’il n’aurait été qu’un Président mandataire. C’est son frère sans mandat électif qui aurait gouverné le Pays dans l’ombre.
Les guinéens ne disent pas la vérité mais, Monsieur le Président, lorsque vous dites aux guinéens, particulièrement aux femmes de Conakry, que tout ira mieux pour elles quand la Guinée aura obtenu le PPTE , que trois ans après leur situation sociale s’aggrave, qui a menti?
Monsieur le Président, lorsque vous promettez eau et électricité aux guinéens dans les six mois après votre élection, que près de cinq ans après vous déclarez samedi 9 mai à Kankan que vous résoudrez le problème d’eau et d’électricité durant votre second mandat (d’ailleurs hypothétique), qui a menti?
La liste des promesses non tenues serait longue ici; mais Monsieur le Président, lorsque vous imputez tous les problèmes du pays aux anciens Premiers Ministres, sachant très bien que la Constitution de l’époque ne prévoyait pas le poste de Premier Ministre, donc ils n’avaient aucune autorité que celle que le Président Lansana Conté voulait bien leur attribuer, les Guinéens ne se laissent pas abuser par un tel discours. Toutefois, on comprend très bien votre ardeur à préparer le terrain pour que demain vos fidèles démagogues attribuent votre échec à votre actuel Premier Ministre dont tous les guinéens s’accordent à dire qu’il n’est qu’un faire valoir. Sachez que demain il ne sera comptable de rien car votre successeur ne jouera pas au Machiavel.
Monsieur le Président, lorsque, à chaque occasion vous essayez de leur attribuer la responsabilité de la privatisation des entreprises héritées de la première République, sachant très bien qu’il n’y avait pas de Premier Ministre à l’époque de la privatisation, vous savez très bien que vous mentez. Lorsque vous parlez de la privatisation de ces entreprises sans parler de la responsabilité de la Banque Mondiale et de celle du Fonds Monétaire International, qui avaient imposé la privatisation de ces entreprises non rentables, subventionnées par le Gouvernement à coût de milliards de syly puis de francs guinéens, conditions à remplir pour bénéficier du concours financier de ces Institutions, vous faites preuve de mauvaise foi. Vous avez dit et écrit que « le poison commence à pourrir par la tête ». Je dirai moi que le mensonge du père de famille n’est jamais un bon exemple pour ses enfants. Commencez, Monsieur le « père de la Nation », par être un bon exemple pour vos fils et filles que nous sommes.
De telles postures, Monsieur le Président, poussent à l’intolérance. L’intolérance et l’injustice sont toujours sources de frustrations, de haine et de violence. L’accumulation de tout cela rend la situation de la Guinée inextricable.
Chères soeurs, chers frères, la situation étant donc si compliquée pour l’opposition guinéenne, MODÉRONS TOUS NOS CRITIQUES A L’ÉGARD DES LEADERS DE L’OPPOSITION.
Fraternellement à tous et à toutes,
Ansoumane Camara