« Le désastre actuel commande que toutes les forces vives de la nation revoient leur attitude vis-à-vis d’un régime qui inexorablement conduit toute la nation au chaos. La lutte contre Ebola exige constance dans l’effort, une solide volonté politique, une gestion rigoureuse des ressources allouées pour servir exclusivement les populations sinistrées et un sens élevé de la responsabilité et de l’intérêt national », dit l’opposant forcé de vivre en exile, Bah Oury, dans une declaration comme suit…
ALORS QUE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE SE MOBILISE CONTRE EBOLA, CONAKRY CONFIRME D’ETRE LE MAILLON FAIBLE DE LA STRATEGIE INTERNATIONALE
A ce jour, l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) signale prés de 3500 morts infectés par la fièvre hémorragique Ebola dans les trois pays le Liberia, la Sierra-Léone et la Guinée. Pour la Guinée, les statistiques officielles indiquent prés de 750 décès des suites de l’épidémie. Toutefois, des témoignages concordants font état de décès non répertoriés dans les zones minières de Banankoro et dans les zones frontalières avec le Liberia du côté de la préfecture de Macenta. Le chiffre officiel est déjà suffisamment alarmant ,aussi est-il préférable de faire preuve de transparence dans la comptabilisation des victimes afin de pouvoir évaluer avec exactitude les efforts à fournir pour éradiquer le plus rapidement possible ce fléau dans cette partie du monde.
L’organe exécutif des Nations Unies, le Conseil de Sécurité a adopté le jeudi 18 septembre une résolution, qui souligne de profondes inquiétudes et de graves préoccupations pour l’avenir des pays d’Afrique de l’Ouest touchés par le virus. Le Conseil de Sécurité estime « les acquis obtenus par ces pays en matière de consolidation de la paix et du développement risquent d’être réduits à néant par l’épidémie d’Ebola ». L’instance onusienne lance alors, un cri d’alarme « l’épidémie compromet la stabilité des pays les plus touchés, elle peut provoquer de nouveaux épisodes de troubles civils et de tensions sociales, une détérioration du climat politique et une aggravation de l’insécurité ». Enfin le Conseil de Sécurité juge « l’ampleur extraordinaire de l’épidémie d’Ebola en Afrique constitue une menace pour la paix et la sécurité internationales ».
La résolution 2177 dessine ainsi à juste titre l’architecture diplomatique par laquelle la communauté internationale s’implique pour apporter son concours aux trois pays sinistrés. Le Président OBAMA déploie trois milliers de militaires en Sierra-Léone et au Liberia pour la construction d’infrastructures sanitaires pour suppléer aux graves déficits dans ce domaine. La Grande-Bretagne, elle aussi renforce sa présence par l’envoi de quelques centaines de soldats pour appuyer les efforts des autorités Sierra-léonaises afin d’endiguer la propagation de l’épidémie. Pour la Guinée, dans un premier temps le Président Hollande de la France, lors de sa conférence de presse du 18 septembre annonce la construction d’un hôpital militaire en Guinée-Forestiére en signe de solidarité, pour assister notre pays en détresse. Contrairement au bon sens et à la nécessité de mobiliser tous les efforts pour stopper le virus, les autorités guinéennes dédaignent cet apport sous prétexte que cela serait une atteinte au « nationalisme ombrageux, des héritiers de Sékou TOURE ». C’est ainsi qu’un communiqué conjoint des Ministres Laurent FABIUS et Marisol TOURAINE annonce que le centre sera géré par la Croix-Rouge Française avec un important soutien de l’Etat Français (Affaires Étrangères, Santé, Défense et Intérieur).
Cette attitude du gouvernement guinéen traduit une constance qui consiste à reléguer au second rang toutes les initiatives qui mettent en priorité les intérêts des populations. Refus de l’hôpital militaire français, alors que le Liberia et la Sierra-Léone accueillent avec bienveillance plus de trois milliers de soldats américains et britanniques, refus de prendre les mesures idoines pour étouffer le développement de la maladie en Guinée-Forestiére entre Décembre 2013 et mars2014, pour ne pas faire annuler la visite officielle du Roi Mohamed VI sont autant d’actes qui sacrifient l’intérêt national. En effet, M. Alpha CONDE ne souhaite nullement la présence de militaires français sur le territoire national pour pouvoir utiliser la violence à sa guise dans la répression contre les populations civiles. Les massacres non encore élucidés de Womey prés de Nzérékoré et la militarisation de cette partie du pays confirment nos craintes de voir la logique sécuritaire de la gouvernance d’Alpha CONDE prendre le dessus sur le déploiement de moyens appropriés pour lutter contre l’épidémie. L’évocation d’un « nationalisme ombrageux des guinéens » fait sourire, lorsque nous savons que des soldats étrangers sont intégrés dans les services de la sécurité présidentielle du Chef de l’Etat guinéen.
Alors que de sources bien informées de l’OMS et de MSF s’inquiétant ces jours ci de la recrudescence du nombre de personnes infectées à Conakry et à Guéckédou, l’aide que reçoit le gouvernement guinéen n’arrive pas aux zones les plus affectées. Au même moment le corps médical guinéen est entrain d’être décapité. Le préfet de Guéckédou, Mohamed V KEITA s’est fait l’écho de se sentiment d’abandon. Comme d’habitude, les détournements des deniers collectés pour servir d’autres intérêts catégoriels et la mauvaise gestion chronique des projets nationaux par incompétence ou par laxisme entraînent un sentiment d’exaspération et de colère au niveau des populations. C’est ainsi que les « missions de sensibilisation gouvernementales » deviennent des moments exutoires de la frustration populaire à l’égard des autorités. Womey, Forécariah et Coyah sont quelques illustrations de l’indignation nationale face à une gouvernance corrompue et insensible à la détresse collective. La fièvre hémorragique Ebola en tant que telle est une maladie qui peut être vaincue si des moyens adaptés et une volonté politique forte sont déployés pour la combattre. La plus part des autorités politiques des pays de la sous-région ont d’ores et déjà déployé des efforts dans ce sens pour préserver leur pays contre cette foudroyante épidémie. Conakry brille ainsi encore dans sa « singularité irresponsable » au détriment de la santé publique nationale et internationale. M. Alpha CONDE pour masquer sa responsabilité dans la mauvaise gestion de l’épidémie qui a conduit à sa propagation dans la sous-région, s’agite médiatiquement et diplomatiquement pour faire bonne figure. Hélas le mal est déjà fait. Comme dit l’autre, « l’eau versée à terre, n’est plus récupérable ». En fin de compte, la fièvre Ebola est un miroir révélateur de la profondeur du désastre guinéen dût à une très longue succession de gouvernances anachroniques, irresponsables et crapuleuses.
Le désastre actuel commande que toutes les forces vives de la nation revoient leur attitude vis-à-vis d’un régime qui inexorablement conduit toute la nation au chaos. La lutte contre Ebola exige constance dans l’effort, une solide volonté politique, une gestion rigoureuse des ressources allouées pour servir exclusivement les populations sinistrées et un sens élevé de la responsabilité et de l’intérêt national. A l’aune de la durée au pouvoir, M. Alpha CONDE a prouvé qu’il ne satisfait aucun de ses critères. Cyniquement il prétend que son unique agenda est « la lutte contre Ebola » pour justifier la mise entre parenthèse pour un certain temps du processus politique national tel que prévu par la constitution guinéenne.
Notre responsabilité pour le devenir de notre pays et du destin collectif de tous les guinéens est plus que jamais interpellée. En ce qui concerne la communauté internationale, forte de la résolution du conseil de sécurité des nations unies elle doit faire fi de la « souveraineté proclamée » par des dirigeants irresponsables alors que leur peuple est en détresse.
Le danger est présent en Guinée. Nous devons le combattre pour sauver notre pays de la décomposition.
BAH OURY
Ancien Ministre de la Réconciliation Nationale
1er Vice-Président de l’UFDG