Les enjeux et défis de la problématique d’Ebola

L’apparition et la propagation du virus Ebola en Guinée et dans la sous région sont devenues une préoccupation majeure qui ne saurait épargnée personne eu égard aux multiples conséquences (sociales, économiques et politiques) engendrées. Les quatre Régions Naturelles du pays et tous les secteurs clés de développement (commerce, transport, agriculture, Tourisme, etc.) sont touchés. Cette situation est à la fois triste et alarmante…

 

Si des divergences ont été constatées relative à l’approche pour adresser l’épidémie, force est de reconnaitre, l’unanimité se dégage au niveau de toutes les composantes de la nation sur l’impérieuse nécessité de juguler le plus rapidement que possible cette pandémie. Cet état de fait mériterait d’être capitalisé en mettant l’accent sur les avantages comparatifs de l’implication de chaque entité dans la lutte contre l’Ebola.

Grâce à l’appui des partenaires techniques de la Guinée, un suivi systématique est opéré dans les zones couvertes. Ainsi, selon le Coordonateur Dr Sakoba Keita, 1441 cas sont enregistrés, 831 décès et 145 personnes hospitalisées dans les trois centres de traitement dont 91 cas confirmés et 54 autres en attente de leurs résultats d’examen en date du 13 Octobre 2014. C’est lieu de relever une faible diffusion des mesures d’appréciations relative à la stratégie de riposte menée afin de cerner l’efficacité, l’efficience et l’impact des interventions réalisées. Au regard de la problématique, quelle approche en termes de stratégies devons-nous privilégier ?

Se fondant sur les différentes aides apportées et promises, il nous parait pertinent d’agir sur quatre leviers essentiels, à savoir : i-) la communication ; ii les infrastructures et équipements ; iii-) le personnel ; et iv-) le relèvement des zones et secteurs touchés.

 1-) La communication

 Il est urgent de renforcer les mesures préventives de l’épidémie d’Ebola. La Communication est un moyen par excellence de prévention. Elle doit être judicieusement préparée afin qu’elle puisse mieux impacter auprès des cibles. Pour réussir le pari d’une bonne communication sur l’Ebola, une vision holistique centrée sur les types de messages à véhiculer, les canaux de communications à utiliser, les porteurs des messages et les spécificités de chaque cible, doit être au cœur du dispositif de la stratégie de riposte.

 Les types de messages à véhiculer doivent être préparés par des équipes pluridisciplinaires composés des spécialistes en matière de santé et de sensibilisation/animation. La méthode GRAP (Groupe de Réflexion et d’Apprentissage Pédagogique) pourrait être bien adaptée comme outil de sensibilisation envers les couches qui ne savent pas lire et écrire en Français. La pédagogie de sensibilisation devrait porter sur la connaissance de l’épidémie d’Ebola, les causes, les manifestations, le mode de contamination et les solutions à mettre en œuvre. Des figurines doivent être conçues en vue d’illustrer chaque présentation. Le GRAP est une méthode qui aide les cibles à prendre conscience sur les méfaits de l’épidémie et les solutions idoines à privilégier.

La communication de masse à travers les radios et les télévisions doit être intensifiée afin de toucher un grand audimat. Les porteurs des messages doivent être suffisamment crédibles aux yeux des cibles, afin que celle-ci puisse adopter une attention positive et soutenue des messages livrés. La production de supports de communication (audio et vidéos) adaptés aux besoins de la cause devrait être encouragée.

En résumé, l’arrimage entre la connaissance des cibles, les messages pertinents, les canaux de communication appropriés et les porteurs crédibles pourrait permettre de produire les effets et impacts escomptés.

2-) Les infrastructures et équipements 

Il est primordial de préparer l’accès aux populations touchées en leurs apportant des soins de qualité. Cela devrait commencer logiquement par la construction des infrastructures sanitaires et leurs équipements selon les normes & standards internationaux en nombre suffisant sur des sites appropriés en établissant une cartographie objective à cet effet. C’est un indicateur visible d’appréciation de la volonté politique.

3-) Le personnel

L’Etat se doit d’affecter du personnel suffisant, bien formé et motivé pour intervenir dans les centres d’accueils des patients. Nous devons mettre à profit l’expertise internationale pour développer les compétences locales de façon à préparer une relève susceptible de prendre en charge à moins et long termes une telle épidémie. L’Etat devrait se concerter avec le personnel local sur les mesures incitatives de performances afin qu’il puisse prendre en compte leurs préoccupations en privilégiant la démarche participative. Une telle approche aurait l’avantage d’engager et de mieux responsabiliser le personnel dans la fourniture de l’offre de service de qualité attendue.

4-) Le relèvement des zones et secteurs touchés

Les conséquences socio-économiques d’Ebola constituent un défi réel à relever, qui exigent des réponses durables. D’où la nécessité de s’engager dans la formulation ainsi que la mise en œuvre des projets/programmes de développements en faveur des zones et secteurs clés touchés. Dans la phase de conception, il est souhaitable de privilégier l’implication des bénéficiaires des futures interventions dans le choix des types d’appuis à leur apporter.

Les dirigeants actuels auraient mieux à gagner en prônant sans tabou le dialogue et la concertation avec les acteurs politiques guinéens pour s’accorder sur l’agenda et les contours relatives à l’organisation des élections locales et présidentielles de 2015 afin de créer un climat apaisé, gage d’un environnement propice au relèvement du pays. Ainsi, toute la classe politique y gagnerait en crédibilité. Les partenaires techniques et financiers ainsi que les investisseurs seront mieux motivés à se tourner vers notre pays pour nous accompagner à relever les défis de développement tant rêvé par le peuple.

OUMAR WANN, Consultant en Gouvernance et Consolidation de la Paix. woumarh@gmail.com Tel : 347-589-1008. Maryland-USA.