Mercredi 25 janvier 2012. Vers 15h. Taouyah. Commune de Ratoma. M. Bano SOW, membre du Bureau Exécutif de l’UFDG, Administrateur du Siège national du Parti sort d’un déjeuner…
Il est kidnappé, par un groupe de gendarmes. En pleine circulation. En plein jour. Il est sorti de son véhicule, manu militari et conduit à l’Escadron mobile N°2 de Hamdallaye. Il y subit les premiers interrogatoires. Tard, dans la nuit, il est expédié, menotté, à l’Escadron Mobile N°3.
Jeudi 26 janvier 2012. Il est transféré au PM3. Son interrogatoire s’y poursuit. En présence d’un avocat.
Vendredi 27 janvier 2012. Au matin, M. Bano SOW est devant le Procureur de la République et un Juge d’Instruction au Tribunal de Première Instance de Dixinn. On l’interroge sur les relations qu’il entretiendrait avec Thierno Souleymane BAH dit « Général ». Celui-ci l’aurait cité pendant ses auditions sur l’affaire contre la résidence privée du Président Alpha Condé. Souleymane BAH dit « Général » arrêté à Labé, courant décembre, semble-t-il, dans le cadre de la même affaire.
Chers compatriotes,
Ce kidnapping est en violation de toutes les procédures légales du pays. Cet acte, contraire aux principes de l’Etat de droit et de la démocratie est en fait une grossière machination politique. Ça veut affaiblir l’UFDG. Ça veut museler l’opposition démocratique. Une fois de plus, ça démontre que notre pays est loin de récolter les fruits de son espérance au lendemain des élections qui ont porté M. Alpha CONDE au pouvoir.
M. Bano SOW, victime supplémentaire de l’arbitraire et de l’injustice des autorités de notre pays, a passé une semaine en prison. Sans raison. Si ce n’est au motif fallacieux de la pseudo dénonciation d’une autre victime d’arrestation et d’incarcération abusives. M. Bano SOW est privé de sa liberté. Pendant une semaine. Il est libéré le mardi 31 janvier 2012 : liberté provisoire. Assortie de contrôle judiciaire. Prononcé par le Juge. Parce que le dossier est tout naturellement vide.
Guinéennes, Guinéens,
Après cette décision dont M. Bano SOW a bénéficié, il nous paraît capital de revenir sur l’enchaînement des événements et de marquer quelques observations :
1°/- Bano SOW a été enlevé en pleine journée, sans avoir au préalable reçu aucune convocation de la part des autorités judiciaires. Alors qu’en tant qu’homme public, son interpellation aurait pu suivre toutes les règles en la matière, sans aucun risque que le « suspect » ne se défile ou se soustraie de ses responsabilités, si elles étaient avérées. Cet enlèvement est la preuve qu’aucun Guinéen n’est désormais à l’abri du même sort et que n’importe qui peut se faire embastiller à n’importe quel moment, au mépris des règles de droit et de la démocratie ;
2°/- Bano SOW a été kidnappé sur une supposée dénonciation d’un certain Souleymane BAH, dit « Général ». Cela veut donc dire que la pratique de la délation a encore de beaux jours devant elle. Il suffirait alors qu’un quidam cite votre nom dans une affaire « trouble » pour que la police et la gendarmerie vous tombent dessus, faisant l’économie malsaine d’une véritable enquête pour situer les faits, exhumer les tenants et les aboutissants de la dénonciation. Mieux, la délation prime, en premier comme en dernier ressort, sur votre présomption d’innocence et sur votre droit à vous défendre ;
3°/- Souleymane BAH, dit « Général » affirme n’avoir jamais cité Bano SOW. A quelque titre que ce soit. Les avocats de M. BAH qui ont assisté à toutes ses auditions confirment évidemment cette déclaration. « Général » était scandalisé d’apprendre qu’on lui attribue des propos qu’il n’a jamais tenus. Ainsi, a-t-on tenté de fabriquer sur le dos de deux innocents une histoire cousue de fils blancs pour des fins politiciennes, obscures et déshonorantes pour notre pays.
Au terme de ces observations simples, le cas Bano SOW révèle qu’il ne peut être un cas isolé. Si on a essayé de lui faire porter cette rocambolesque accusation, d’autres personnes pourraient croupir en prison selon la même logique machiavélique. Bano SOW n’a eu son salut qu’avec la mobilisation des militants de l’UFDG et la communauté internationale, sans compter sa confrontation avec Souleymane BAH. Moralité : le dossier qu’on lui avait constitué siffle d’un vide assourdissant.
En attendant, notre tête elle résonne de questions : et si Souleymane BAH, si d’autres innocents prisonniers attendaient, eux aussi, d’être confrontés à leurs délateurs pour que toutes les accusations dégringolent comme des châteaux de cartes ? Et si Thierno Soufiane Diallo (à qui on a affublé le grade de Lieutenant alors qu’il n’a jamais été dans l’armée) était mort en prison suivant le même type de soupçons ? Et si le procès qui tarde depuis plus de six mois tenait son retard du même vide qui ligote les dossiers des accusés civiles et militaires ? Et si les prisons, dans cette affaire, étaient remplies d’autres Bano SOW ?
Chers compatriotes,
Les questions se posent. Les doutes persistent. Les zones d’ombre subsistent. Il est des moments où notre conscience individuelle nous interpelle, afin que notre mémoire collective se souvienne que face à l’adversité et à la haine, nous avons brandi l’étendard de la liberté pour que notre semblable ne s’éteigne pas injustement. Il est temps de relever le défi de l’honnêteté, de la probité et de la vérité par les temps des manipulations qui courent.
Quant à nous, nous ne déroberons pas ce devoir de défense des valeurs qui font le socle de notre Nation. Nous savons que l’UFDG est une force politique qui fait trembler M. Alpha Condé et son gouvernement. Ils cherchent, par différentes manœuvres, de jour comme de nuit, à destabiliser notre parti : cela va de l’exil forcé de notre Vice-président chargé de la communication et des relations extérieures, au débauchage de cet autre Vice-président chargé des affaires politiques au compte de l’arc-en-ciel, en passant par la chasse aux cadres de l’administration supposés appartenir à l’UFDG. Le kidnapping de Bano SOW et d’autres citoyens procèdent de ce même plan d’intimidation et de destabilisation. C’est le lieu de rappeler qu’aucune forme d’intimidation et de violence ne saurait nous détourner de notre combat pour une Guinée libre et démocratique, où chaque Guinéen pourra exercer ses droits en toute liberté, sans restriction aucune.
C’est dans ce sens que nous demandons aux organisations des droits de l’homme la vérification systématique, au cas par cas, de tous les dossiers d’accusation, pour s’assurer des motifs de détention de tous les citoyens détenus dans le cadre de cette fameuse attaque du domicile de M. Alpha CONDE.
En tout état de cause, l’UFDG se réserve le droit de porter plainte contre l’Etat devant les juridictions compétentes, pour kidnapping, détention arbitraire et abus de pouvoir. Des citoyens Guinéens croupissent sans nul doute en prison suivant les mêmes procédés et motifs qu’a connu M. Bano SOW. Nous ne devons pas l’accepter. Nous ne l’accepterons pas. Nous ne le tolérerons pas. Il y va de la sécurité et de l’intégrité physique de chacun de nous. Le front citoyen que nous devons constituer doit être bâti sur la base d’un pacte républicain qui remet la liberté et le droit au cœur de notre quotidien. C’est le combat de chacun et de tous.
Chers compatriotes,
Guinéennes, Guinéens,
L’heure est grave. C’est pourquoi, nous lançons un appel pressant afin que nous restions mobilisés pour marquer notre ferme opposition à la mise en place sournoise d’une nouvelle dictature. Nous ne voulons pas du retour de cette Guinée-là ! L’utilisation de l’arme du complot pour se maintenir au pouvoir est une pratique ancienne et rétrograde qui n’a plus court dans notre Guinée debout, déterminée à défendre la liberté et la justice. C’est cette lutte pour une Guinée débarrassée de la violence, de la haine, de la peur et de l’arbitraire que l’UFDG entend édifier sur la base de la tolérance, de la fraternité et de la solidarité, de la justice, de la paix et de la démocratie.
Dans l’espoir qu’un sursaut national ébranle de nouveau les certitudes totalitaires des nouveaux Césars, nous vous prions de croire à l’expression de notre espérance renouvelée.
Que Dieu bénisse les Guinéens et la Guinée !
Souleymane Thiâ’nguel BAH
Conseiller à la Communication UFDG