En Guinée où la connaissance de l’histoire est une hérésie et l’amnésie collective une apologie, le calvaire de Sisyphe condamné à faire rouler dans le Tartare, un rocher au sommet d’une colline dont il redescend à chaque fois, n’est, hélas, pas un mythe…
C’est une triste réalité. Depuis l’indépendance, c’est un éternel recommencement de déceptions après l’espoir suscité, mais brisé par des Hommes de mauvaise fois, d’un cynisme absolu qui cultivent l’art du mensonge enrobé d’un habillage verbal où le loup n’hésite pas à se présenter comme un agneau, le carnassier comme un ruminant.
François Lounceny Fall fait partie de cette catégorie, des gens sans foi, sans éthique pour qui la fin justifie les moyens, peu importe que ces moyens soient des plus abjects.
Pyromane qui chuchote au feu, agresseur qui murmure au secours
François Lounceny Fall a griffonné de mots qu’il a intitulé « lettre ouverte ». Curieusement l’auteur de cette lettre ouverte a ressorti son autre casquette, président d’un obscur parti politique.
Une lettre ouverte est certes un texte écrit sous forme de lettre via un médium, mais le plus souvent ses principaux destinataires sont des responsables politiques. D’où la curiosité de se présenter comme président de parti et passer sous silence sa fonction actuelle à savoir Ministre d’Etat, secrétaire général à la Présidence (Ministre et Secrétaire se retrouvent dans le même titre).
Il est par conséquent un acteur politique de premier plan à qui il devrait adresser son gribouillis.
Dans sa lettre à lui-même, il découvre l’exacerbation des tensions ethniques et baratine «Le phénomène a fait son apparition lors des dernières consultations électorales au cours desquelles tous les observateurs avertis ont noté des votes communautaristes qui ont caractérisé le déroulement des élections… » « Pour un pays qui, en raison de son histoire récente, a plus que besoin de ressouder son tissu social, la « tribalisation » de la vie politique est porteuse de tous les dangers. Le spectre de la division, avec son corolaire de risques majeurs pèse sur l’unité de la nation et la quiétude sociale ».
Si le ridicule ne tue pas, comme nombreux ont rappelé l’adage, le cynisme lui tue et il a tué et François Lounceny Fall en porte une lourde responsabilité. Joue-t-il à l’amnésique volontaire ou est il sorti d’un coma dans lequel il s’était plongé consciemment ? Il ose de surcroît anesthésier avec des propos du genre « « En raison de la gravité de certains événements survenus dans l’histoire de notre pays, l’Omerta ne saurait être la règle… » « La construction d’une société démocratique et prospère en Guinée doit tirer les leçons du passé qui ont laissé des traces ».
Il sied de lui rafraichir la mémoire pour qu’il assume sa part dans l’histoire de la division ethnique en Guinée.
François Fall fait partie des cadres, donc ceux qui élaborent la stratégie, de l’alliance arc en ciel qui ont répandu la rumeur de l’empoisonnement jamais prouvé de leurs militants, qu’ils ont imputé pas à François, ni à Fall ou d’autres personnes physiques clairement identifiées comme l’exige le droit pénal, mais aux Peuls, une entité à part entière de la population guinéenne. Il était le porte-parole de leur alliance et avait alors justifié les violences contre les Peuls dans leurs fiefs par ces mots de sa bouche sortis « Nous avons reçu des informations concernant la camionnette. Et vraisemblablement c’est cette camionnette qui a transporté l’eau qui a justement causé ces douleurs à nos militants… Dans cette camionnette, on a naturellement trouvé de l’eau et aussi des bouteilles d’acide »… Fall n’a jamais condamné les assassinats des « Peuls » par leurs propres militants qu’ils ont ainsi conditionné et comble de cynisme, leur alliance a refusé d’effectuer la tournée de sensibilisation pour apaiser les tensions.
Dans un Etat normal le Procureur de la République aurait engagé des poursuites contre ces colporteurs de rumeurs aux conséquences aussi néfastes. Dans un pays où les partis sont bien structurés et organisés, ils auraient lancé des poursuites judiciaires contre de tels agissement avec énergie et détermination quitte à gravir tous les échelons de l’ordre judiciaire et aller devant la justice régionale voire internationale.
Depuis qu’il est aux commandes son nouveau maître Alpha Condé ne cesse de tenir des propos à caractère ethnique tendant à denier à certains leur appartenance à la terre de leurs ancêtres, affabulant en leur donnant des noms de tortues, sans que cela ne suscite l’indignation de François Lounceny Fall qui occupe un poste de responsabilité lui permettant de prendre des décisions.
François Fall ne s’est non plus jamais ému des propos désobligeants, insultants et discriminatoires de son collègue du gouvernement, celui de l’Administration du Territoire Alhassane Condé.
Le 20 mai 2011, Facinet Touré, affublé du titre de Médiateur de la République par Alpha Condé a déclaré que si les Peuls ne laissent pas les autres ethnies se partager le pouvoir politique la confrontation serait inévitable. De tels propos violent la Constitution qui incrimine les propos et les actes discriminatoires fondés sur l’ethnie, la race, etc. (art 4) et sont également punis par le code pénal guinéen (art 136 à 139). Ils n’ont jamais été désavoués par François Fall qui s’émeut aujourd’hui du poids des coordinations régionales. Or Facinet Touret joue un rôle considérable dans la volonté du pouvoir actuel de manipuler les coordinations régionales que Fall dénonce aujourd’hui alors, qu’en tant que cadre arc en ciel et ministre du noyau du cercle d’Alpha Condé, il fait partie de ceux qui ont élaboré une stratégie de manipulation ethnique en se basant justement sur ces coordinations régionales.
Alpha Condé, François Fall et consorts architectes et maîtres d’œuvre de l’instrumentalisation et de la manipulation des coordinations régionales
Depuis l’avènement d’Alpha Condé, une coordination régionale est placée au même pied d’égalité que le gouvernement, tandis que les autres doivent faire l’objet de manipulation pour permettre une emprise hypnotique sur les Guinéens. Les exemples ne manquent pas surtout au niveau des nominations à des postes de responsabilité ou considérés comme prestigieux ou juteux. Même le dernier rapport d’International Crisis Group cite le cas de Moussa Keita, directeur sortant de la Société des télécommunications de Guinée qui a mobilisé sa coordination pour conserver son poste refusant ainsi d’être remplacé par Morlaye Youla, natif d’une autre région
(http://www.crisisgroup.org/~/media/Files/africa/west-africa/guinea/178%20Guinee%20– %20remettre%20la%20transition%20sur%20les%20rails.pdf).
Tans que les trois autres coordinations régionales se fendent des messages de soutien « indéfectible » à se damner, cela ne pose aucun problème aux autorités. Les interdictions « de soutien » n’interviennent que quand les autres aussi commencent à défendre leurs intérêts, à exiger la justice, l’égalité dans le traitement des Guinéens ou pour contre carrer les projets des autorités tendant à imposer « des candidats » à soutenir en fendant des communiqués avec usurpation d’identité. La manipulation est ainsi enrayée par une prise de conscience. Alors c’est panique à bord. Il faut ressortir dare-dare les recettes du premier tyran dont ils ont promis de parachever l’œuvre principalement consacrée à la destruction du tissu social, distendre les relations amicales et de bons voisinages par le discours souvent de division sous le masque d’un bouc émissaire responsable des tensions observées.
En l’occurrence, dans ce galimatias de Fall, les coordinations régionales sont les nouveaux responsables des malheurs guinéens. Il claironne « Pendant que le Président de la République engage un processus salvateur de réconciliation nationale, par la mise en place d’un Comité Provisoire de Réflexion, l’on assiste à l’émergence de l’ethno-stratégie dans la vie politique en Guinée »
« Depuis, les coordinations régionales s’éloignant de leur mission de facilitation de dialogue social entre les différentes communautés nationales s’investissent de plus en plus dans l’arène politique » .
A entendre ceci, des expressions de dépit surgissent comme Eh wotan ! Modi ! Hey ! Décidément, ce Monsieur a soit une mémoire très courte, très sélective ou est d’un cynisme inégalé.
Alors il faut lui marteler dans le crâne que c’est Alpha Condé dont il est lui-même Fall membre du staff qui a décidé d’appuyer « toute sa réconciliation nationale » sur les coordinations régionales. Ainsi après avoir nommé deux religieux, dont un a déjà décidé d’accorder aux bourreaux le pardon sans qu’ils l’aient demandé, quel a été le premier acte de cette étrange commission dont on ne sait plus si elle de réconciliation ou de réflexion. La première action de ce « machin » a été d’aller voir la Coordination du Fouta. La « commission » n’était pas dirigée par ses responsables mais par El Hadj Ahmadou Cherif, grand Calife de Kankan. Pire, elle est venue avec des fadaises pour demander ce que veut le Fouta pour qu’il y ait la paix. Comme si le Fouta posait un problème de paix.
Les manipulateurs qui s’attendaient, comme par le passé à du folklore organisé avec danses, « sacrifices » rituels et remerciements infinis des habitants du Fouta pour la « généreuse magnanimité du grand président qui a la bonté d’accorder la réconciliation aux Guinéens », sont restés hébétés face aux exigences de justice et d’égalité. Un virus a certainement enrayé la programmation prévue des experts manipulateurs.
Pensant à un accident de parcours, les autorités ont de nouveau confié la coordination du Fouta à Conakry. Cette fois-ci, elles ont compris que leur disque avait vraiment été déprogrammé et certainement endommagé. D’où l’interdiction le lendemain de toute « manifestation de soutien » qui voulait surtout interdire toute expression qui contrarie Alpha Condé.
Suivant les instructions de son « créateur » la commission pseudo indépendante sans véritable stratégie qui a décidé de s’appuyer sur des sous commissions préfectorales, prétend avoir identifié 60 lieux de culte. Encore une fois, que Fall ne devait pas être surpris de l’implication des coordinations régionales dans le processus brouillon engagé par son embrouillé de président.
Les zélés de l’arc en ciel se vantent de l’abolition de la chefferie traditionnelle (qui fort heureusement existe encore dans la plupart des Etats africains et sont de véritables vecteurs des traditions et de l’histoire de leurs régions) en occultant le fait que les coordinations régionales sont le reliquat ou s’inspirent de cette chefferie traditionnelle. En Guinée où la religion joue un rôle de premier plan, les imans et les prêtres font partie de ces notables que l’on retrouve dans ces coordinations régionales. Alpha Condé a catégoriquement ordonné la mise à l’écart des organisations des droits de l’homme qui sont les plus aptes à identifier les victimes et décrété que tout le monde est victime et coupable. Ce qui est faux. En ce qui me concerne, je ne suis pas coupable, ni de crime de sang, ni d’un quelconque délit en Guinée. Il se donne en exemple à suivre, en prétextant qu’il a été victime du premier régime et qu’il a cependant pardonné la preuve étant qu’il s’est rendu sur la « tombe de Sékou Touré ». Personnellement, j’ai envi d’en savoir plus sur les véritables liens entre Alpha Condé et Sekou Touré. Je continue à être dubitative quant au fait que l’opposant « historique » n’a finalement pas d’autre vision politique que celle de celui qu’il prétendait combattre. En quoi lui était il alors opposé ?
Il appartient aux victimes, qui ont été meurtris dans leur chair, dans leur âme de savoir si elles veulent prendre Alpha Condé en modèle à suivre. Ce n’est pas à lui de pardonner les bourreaux qui n’ont pas tous été identifiés et qui doivent révéler d’autres informations qui peuvent apaiser les victimes et surtout qui n’ont exprimé ni remords, ni regrets et encore moins un quelconque repentir.
Alors François Lounceny Fall, c’est à votre staff et chef qu’il faut lire votre chiffon et limiter au plus vite les dommages irréversibles que votre tactique de division ont provoqué dans le tissu social guinéen. Assumez pour une fois vos actes.
Hassatou Baldé