Anniversaire de l’armée guinéenne ou plus d’un demi-siècle de ratés et de barbarie.

Il suffisait juste d’être issu de l’ethnie du président ou d’être proche d’un officier pour trouver sa place au sein de l’armée. Le népotisme et le favoritisme l’emportèrent sur le bon sens…

[Les Assassins du pays de Sékou Touré à Alpha Condé] Il suffisait juste d’être issu de l’ethnie du président ou d’être proche d’un officier pour trouver sa place au sein de l’armée. Le népotisme et le favoritisme l’emportèrent sur le bon sens.

Créée de toutes pièces le 1er novembre 1958, l’armée guinéenne vient de souffler ses 53 bougies. Conjoncture économique oblige, contrairement aux années précédentes, cet anniversaire a été commémoré avec sobriété dans les principales garnisons militaires du pays.

À la clé : Un cargo militaire que le « professeur » Alpha Condé aurait offert aux fêtards en se substituant à l’État.

Retour sur 53 ans d’existence

[Que faut-il savoir du rapport de banalisation du massacre au stade du 28 septembre ?] C’est le 1er novembre 1958, soit un mois après l’accession de la Guinée à l’indépendance et à la souveraineté internationale, que le président Sékou Touré et son équipe ont mis sur pied l’armée nationale dans le but de défendre l’intégrité du territoire nationale.

Voire même les pays africains aux prises, à l’époque, avec les colonisateurs qui n’entendaient pour rien au monde abandonner leurs « prises ».

Pendant cette période, c’est-à-dire, dans les années 60 et 70, l’armée guinéenne a fait ses preuves sur le continent.

Malgré la misère dans la quelle ils végétaient sous le régime de Sékou Touré, les militaires guinéens ont combattu sur plusieurs fronts pour mettre hors des frontières du continent les européens qui voulaient exploiter indéfiniment les peuples africains.

De l’Angola à la Guinée Bissau en passant par le Mozambique et tant d’autres pays africains, l’armée guinéenne s’illustre à l’époque par des hauts faits. C’est son âge d’or.

Cette parenthèse glorieuse s’est refermée sur elle-même au lendemain de la disparition du premier président Ahmed Sékou Touré, emporté par un problème cardiaque aux États-Unis d’Amérique le 26 mars 1984, même si, faut il le rappeler, le guide avait décapité à plusieurs reprises la grande muette en jetant de vrais officiers dans les camps de la mort comme le tristement Camp Boiro de Conakry.

L’armée de terreur depuis 1984

Le 03 avril de la même année, la grande muette s’empare du pouvoir sous la houlette du Comité Militaire de Redressement National (CMRN) piloté par le colonel Lansana Conté.

Pauvres, très pauvres, les militaires cessent aussitôt d’être une armée républicaine pour se lancer dans une course effrénée à l’enrichissement illicite.

Et avec cette ambition démesurée pour l’argent et les avantages liés au pouvoir, la grande muette n’hésite pas un seul instant, à montrer son vrai visage.

Très vite, les frères d’hier deviennent des ennemis intimes comme l’illustrent le « coup » Diarra Traoré.

L’affaire du 04 juillet 1985 a donné libre cours à des exécutions sommaires au sein de l’armée.

Un véritable pogrom contre les proches des officiers accusés d’être impliqués dans le coup d’état qui aurait été perpétré par Diarra Traoré pour renverser Lansana Conté à l’époque en déplacement à Lomé au Togo.

Les militaires guinéens avaient écrasé avec la plus grande férocité la « tentative » de renversement de Conté.

L’on se souvient encore les images d’un Diarra Traoré que des militaires étaient en train de torturer à mort au Camp Alpha Yaya Diallo.

À l’occasion du coup manqué de Diarra Traoré, des militaires se livrent aux pires exactions allant des tortures aux exécutions sommaires. Sans que justice ne soit faite.

Et au fil des années, sous Lansana Conté, la vaillante armée devient l’ombre d’elle même avec des recrutements massifs à l’emporte pièce. C’est ainsi qu’on a assisté à l’incorporation des monuments du banditisme dans la grande muette.
Pendant cette période, l’État ne mène aucune enquête de moralité sur les prétendants. Il suffisait juste d’être issue de l’ethnie du chef de l’État ou d’être proche d’un officier pour trouver sa place au sein de l’armée. Le népotisme et le favoritisme l’emportèrent sur le bon sens.

Dans les années 90, des militaires guinéens rejoignent les troupes de l’ECOMOG pour ramener la paix au Libéria en proie à l’une des pires guerres civiles des temps modernes.

Au lieu de se battre pour le retour de la paix dans ce pays voisin, les soldats guinéens se sont livrés à un pillage systématique des biens des pauvres populations.

Sous la bannière de l’ECOMOG, les bidasses guinéens ont tout raflé sur leur passage : téléviseurs, voitures, femmes, et pleins d’autres biens matériels ont été ramenés en Guinée au nom de la paix.

Il en va de même en Sierra-Léone où les militaires guinéens ont brillé par leur médiocrité et leurs goûts prononcés pour les biens mal acquis.

[« Aidez moi et donnez-moi du temps, je vais résoudre l’équation Peulhe en Guinée ! », dixit Alpha Condé. Moi Alpha Condé, je prépare une guerre de nettoyage ethnique contre les Peulhs, puis contre les Soussous et les Forestiers. Alpha Condé, cet homme a-t-il une conscience ?] Dans les années 2000, les autorités ont fait de l’armée un fourre tout. N’importe qui pouvait être recruté pour défendre le tricolore guinéen.

Malheureusement, les nouvelles recrues étaient aux antipodes du patriotisme et du sens du devoir.

S’il faut aller au front pour combattre, des bidasses allaient jusqu’à renoncer à l’uniforme. Mais, s’il est question de massacrer les pauvres populations civiles, là, ce sont des champions.

L’on se souvient que lors des « agressions rebelles » le long de la frontière sud avec le Libéria et la Sierra-Léone, en 2000, des militaires avaient choisi de tomber malades volontairement pour ne pas avoir à en découdre avec les « rebelles » qui avaient attaqué la Guinée pendant cette période. Il y’en a qui s’ébouillantaient pour être épargnés du champ de bataille.

Novembre 2001.

Des élèves manifestent à Mali Centre, en Moyenne Guinée, pour protester contre le manque d’enseignants. La répression ne s’est pas fait attendre.

Des militaires venus du camp mâtent les élèves avec la dernière énergie. La manifestation pacifique tourne à la tragédie.

Bilan une dizaine de morts et plusieurs blessés par balles. Les auteurs de ces crimes sont connus de tous. Jusqu’au jour d’aujourd’hui, ils ne sont pas inquiétés.

Quelques mois plus-tard, l’armée revient à la charge, cette fois-ci, dans la préfecture de Télimélé.

Là encore, des militaires lourdement armés écrasent dans le sang une manifestation d’élèves réclamant de bonnes conditions d’études.

La férocité de la répression est à la hauteur de la barbarie des hommes en uniforme : plusieurs élèves tombent sous les balles des bidasses. Pour rien.

Juin 2006.

Des militaires armés jusqu’aux dents n’hésitent pas un seul instant à écraser encore dans le sang une manifestation pacifique à Conakry de lycéens qui réclament de bonnes conditions pour faire face aux épreuves du baccalauréat. Bilan des dizaines de morts et plusieurs élèves blessés.

Janvier-février 2007. Le régime de Lansana Conté est en perte de vitesse en raison de la maladie du vieux général.

Les populations, confrontées à une montée en puissance de la misère et excédées par la guerre de clans pour la succession du natif de Bouramayah, descendent dans la rue pour exiger de bonnes conditions de vie et la fin de la pagaille au sommet de l’État.

Sous la houlette des deux principales centrales syndicales du pays (CNTG-USTG) un mouvement de protestation met en difficultés le régime du grabataire de Wawa, Lansana Conté.

Et là encore, les militaires s’invitent à la répression. Du 10 janvier au 12 février, sans oublier le lundi noir du 22 janvier où des militaires ont massacré froidement des civils aux mains nues qui menaçaient de marcher sur la présidence, les bidasses se livrent à des exactions indescriptibles aux quatre coins du pays.

L’état de siège, décrété par le général Conté dans le but de sauver son régime, augmente en intensité la férocité des militaires dotés d’un pouvoir exceptionnel.

Pendant trois longues semaines, les populations sont livrées à la folie meurtrière des bidasses dont la barbarie le dispute à la cruauté.

Pendant 3 interminables semaines, c’est le règne de la terreur et du cauchemar dans les quartiers de Conakry et dans les autres grandes villes du pays.

Et arrive le 28 septembre 2009.

Ce jour là encore, les militaires n’ont pas failli à leur triste réputation. Après avoir encerclé le stade du 28 septembre, théâtre d’une grande manifestation des opposants contre une éventuelle candidature du capitaine Dadis Camara à la présidentielle, les soldats et autres mercenaires ouvrent le feu sur ces pauvres civils.

Bilan : Près de 200 morts selon l’ONU, des centaines et des centaines de blessés par balles et des dizaines de femmes violées par les bidasses en plein midi.

Autres crimes « ignobles » perpétrés par l’armée sur de pauvres Guinéens qu’elle est censée protégée : Dans l’entre deux tours de la présidentielle de l’année dernière.

Des quartiers mouvementés de Conakry comme Hamdallaye, Bambéto ou encore Cosa ont été le théâtre d’exécutions sommaires de la part des hommes en uniforme.

Et au jour d’aujourd’hui, des militaires sont à l’origine de la plupart des vols à mains armées dans la capitale Conakry, à Kindia et à Labé.

Chaque nuit que Dieu fait vient avec son lot de braquages suivisd’assassinats perpétrés par des militaires armés jusqu’aux dents.

C’est avec ce bilan tragique et scandaleux que la grande muette vient de souffler les 53 bougies de son existence.

Bangaly Touré et Mamadou Saliou Diallo, Directeur de Publication de guinea-forum.org