« A tout seigneur tout honneur ! A chacun selon son dû, selon l’ordre de préséance, pour rendre à quelqu’un la paternité de quelque chose, on doit traiter chacun selon son rang, son mérite ! », stipulait un proverbe datant du milieu du 14ème siècle…
Dans certaines contrées, il arrive malheureusement que l’on retrouve, au sein de la hiérarchie honorifique et de la préséance des « saigneurs », des auteurs d’actes illégaux, illicites, répréhensibles.
Il est aisé d’établir la similitude entre le sort judiciaire heureux de Dominique Strauss-Kahn (DSK) dans l’affaire l’opposant à Nafissatou Diallo (Nafi. D.), d’une part, et le lien d’impunité et de promotion sociale et professionnelle en Guinée au profit des auteurs de crimes de sang, économiques ou qui ont fait montre, preuve de zèle en matière de tribalisme, de sectarisme, d’ethnocentrisme, d’autre part.
Vous aurez droit à un abandon de charges pénales, à une décoration, à un fauteuil ministériel ou à une gratification administrative. C’est selon votre position sociale, la densité de votre portefeuille, votre entregent, etc.
On a oublié qu’il y avait une présumée victime du nom de Nafi. D. Mais, au final, on notera d’autres nombreux perdants dans cette déplorable affaire.
1) L’abandon des charges pénales contre DSK « l’enfant prodigue » du PS
a) Le déséquilibre de la justice américaine entre riches et pauvres
Le juge Michael Obus a suivi les recommandations du procureur Cyrus Vance qui a mis en cause la crédibilité de la plaignante et classé l’affaire le 23 août 2011 : « nous ne pouvons pas demander au jury de croire au témoignage du témoin auquel nous-mêmes nous n’avons pas confiance (…) Il est impossible de prouver au-delà du doute raisonnable que DSK a bien agressé sexuellement la femme de chambre de l’hôtel Sofitel ».
Il refusera la nomination d’un procureur spécial réclamé par l’avocat de Nafi. D.
DSK s’est rendu au FMI, à Washington, pour s’excuser et dire au revoir au personnel de l’institution. Il a fait acte de contrition et reconnu « une erreur de sa part » et s’est dit « désolé » (comme Moussa Dadis Camara après les massacres du 28 septembre 2009) des répercussions négatives pour le FMI.
« Cet homme a visiblement une maladie mentale, a une difficulté à maîtriser ses pulsions. Il est hors du coup, c’est dommage » a déclaré l’ancien Premier ministre Michel Rocard durant l’émission « Le Grand Journal » de Canal plus.
« Le comportement de DSK était déplacé peut-être ; je ne conseillerais pas à DSK de raconter ce qui s’est passé dans la chambre » avait déclaré Benjamin Brafman, dans une interview exclusive au journal « Le Parisien », la star du barreau, connue pour avoir défendu des membres du show-biz et des parrains de la mafia.
Malgré les déclarations précitées et le descriptif de l’acte d’accusation (7 actes) au regard duquel DSK encourait 74 ans d’emprisonnement rien n’y fit ; car cette triste affaire opposait un des hommes les plus puissants du monde, d’une part, et une immigrée, mère célibataire d’une fille de 15 ans et femme de ménage de surcroit, d’autre part.
Ce fut le combat de David et de Goliath et, au final, Nafi. D. et ses défenseurs n’ont pas pu résister, lors de cette première étape au pénal, au rouleau compresseur financier et relationnel de son illustre et puissant adversaire à l’entregent bien fourni.
Il faut reconnaitre que cette justice permet aux riches de s’en sortir mieux que les pauvres qui n’ont d’autres solutions que la prison ne pouvant pas payer des sommes astronomiques pour leur libération conditionnelle.
« C’est un déni de justice » accusera Kenneth Thompson l’avocat de Nafi. D ; sentant le vent tourner, ils portèrent plainte au civil contre DSK le 8 août dernier où l’unanimité du jury n’est pas nécessaire pour l’obtention de la condamnation de l’accusé. L’accusation peut espérer gagner jusqu’à 20 millions de dollars. Cette fois, le motif de la plainte est « une agression sadique ». Aucune date n’a encore été annoncée, mais cette procédure pourrait prendre jusqu’à un an et demi.
Mais la question intégrante, de fond, essentielle est celle-ci : le 14 mai 2011 y-a t-il eu ou non viol dans la suite 2860 du Sofitel de New-York ?
Quid des traces d’ADN de sperme trouvé sur la moquette, de la blessure de Nafi. D. à l’épaule, etc. ?
b) Du « perp walk » humiliant au rang de « guide »
« L’Enfant prodigue » était une comédie en cinq actes de François Marie Arouet dit Voltaire (1694-1778). Mais dans le cas d’espèce il s’agit bien d’un drame.
Pour Ségolène Royale, candidate à la primaire socialiste et l’une des premières à réagir « une page importante se tourne pour lui (DSK), les socialistes continuent d’être au travail, bien évidemment et en même temps on partage ce moment pour lui et sa famille, je souhaite que cette page se tourne malgré la dureté de l’épreuve ».
Du « perp walk » avec des menottes, de la prison de Rikers Island, de Lucifer pour certains au début de ce fait divers à la renaissance du Phénix pour les autres, DSK passe au statut d’enfant prodigue aux yeux de beaucoup de leaders et hiérarques du parti socialiste français. Ces derniers estiment que « vu son expertise, ses qualités d’économiste de réputation mondiale, sa parole comptera (sic) dans le débat national à venir lors de l’élection présidentielle d’avril 2012 ».
DSK se voit ainsi élever au rang de « sage », de « guide » au PS ; contrairement aux 53% de Français qui se sont prononcés contre sa participation au débat politique dans les prochains mois, selon un sondage CSA pour BFM-TV, RMC et 20 Minutes réalisé les 22 et 23 août 2011 .
DSK l’homme politique de premier plan en France, le Zorro de la planète Finance dans le monde, l’ homme providentiel de la Gauche privée de l’Elysée depuis 27 ans d’échec lors de l’élection majeure, est passé en 3 mois du cauchemar à l’espoir.
L’ex-patron du FMI a du « sauter le champagne » avec famille et amis ; il fait la une des magazines (cf. Paris Match) sous un aspect glorieux.
A peine sorti du tribunal pénal, DSK « soulagé » a remercié « tous ceux qui l’ont soutenu dans son cauchemar (…) C’est la fin d’une épreuve terrible et injuste » selon l’ancien directeur du FMI qui est libre sans être blanchi, innocenté.
Par contre, la situation de Nafi. D. s’est dégradée, davantage fragilisée, tous les recours au pénal ayant été épuisés ; sa réputation est considérablement ternie et elle va devoir endurer désormais un enfer vécu au quotidien, le pire des cauchemars. L’incertitude sur son avenir demeure avec un grand point d’interrogation.
Dans son éditorial du 24 août sous le titre « Plus la bienvenue chez nous », le tabloïd américain New York Post demande le renvoi de Nafi. D. dans sa Guinée natale, par le premier avion. Il s’interroge même sur la possibilité de la poursuivre pour parjure.
c) Un procès de l’accusateur, pas de l’accusé ou le remake du procès d’O.J. Simpson
Cette affaire ressemble à s’y méprendre au procès d’Orenthal James Simpson dit O. J. Simpson qui est l’acquittement le plus controversé de l’histoire judiciaire des Etats-Unis ; c’est un fascinant condensé de l’Amérique et une mise en abime hallucinante du système judiciaire américain.
Cet ancien joueur professionnel de football américain et acteur de cinéma fut acquitté au pénal en 1995 à la suite d’un long procès et très médiatisé, mais reconnu coupable au civil. Il avait été accusé du meurtre de son épouse Nicole Brown et son petit ami Ron Goldman.
L’équipe menée par le procureur avait décidé de soumettre à l’attention du jury « ce double meurtre commis dans un accès de jalousie ».
Mais Simpson avait embauché une équipe d’avocats de haut-vol, de renom (Alan Dershowitz, Robert Kardashian, Johnny Cochran et le fameux Benjamin Brafman) qui affirma qu’il était victime de manipulation policière et de procédures hâtives ayant contaminé les preuves ADN. Cette équipe soutint que le détective Mark Fuhrman était raciste et avait contaminé la scène de crime avec des éléments incriminants. Les « Fuhrman tapes » jetèrent le doute sur la crédibilité du policier et jouèrent un grand rôle dans l’acquittement de Simpson.
Les tensions raciales crûrent tout au long du procès et on commençait à s’inquiéter des conséquences d’un verdict de culpabilité, de la perspective d’une nouvelle émeute semblable à celles de 1992, après qu’un jury majoritairement composé de blancs ait acquitté quatre officiers de la police de Los Angeles accusés d’avoir passé à tabac un conducteur noir, Glen King alias Rodney King.
Nafi. D. étant une émigrée guinéenne, le risque d’émeute raciale était nul aux USA.
Mais le 3 octobre 1995, après 3 heures de délibération et devant des millions de téléspectateurs, le verdict de non-culpabilité fut prononcé. Les Afro-américains dans tout le pays manifestèrent leur joie.
Certains commentateurs conclurent que le verdict démontrait l’impact que pouvait avoir l’argent sur le système judiciaire. Dans les interviews des jurés données après le procès, plusieurs annoncèrent qu’ils pensaient que Simpson avait probablement commis l’assassinat mais que la procédure d’enquête négligée selon eux avait rendu l’accusation caduque.
Un procès au civil suivit quelques mois plus tard, déclara Simpson coupable et le condamna à payer 33,5 millions $ de dommages et intérêts. Ce ne fut que justice.
d) Frustration et goût pénible d’inachevé pour les partisans de Nafissatou
Si l’abandon de charges pénales contre DSK fut accueilli avec un grand soulage-ment chez les socialistes, il n’en est pas de même chez les partisans de Nafi. D., de la justice et les féministes.
Anne Mansouret, la mère de Tristane Banon qui a porté plainte contre DSK pour tentative de viol, s’est dite « scandalisée » par la réaction de son parti : « ça me choque d’entendre aussi bien les amis de DSK que Martine Aubry elle-même exprimer leur bonheur, immense soulagement à l’annonce du verdict ».
Pour la députée et ancienne ministre communiste, Marie-George Buffet, « c’est une mauvaise nouvelle pour la justice et pour les femmes ». Elle estime, avec l’avocate Mre Koubbi, que « le dossier médical prouve la réalité de l’agression et les mensonges de Nafi. D. ont été retenus, mais pas ceux de Mr DSK ».
Pour Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de gauche à la présidentielle, « cette affaire laisse un goût pénible d’inachevé pour la mouvance féministe (…) On a l’impression qu’on n’a pas tranché sur des faits mais sur la crédibilité de cette femme (…) Il me semble que ce sont les faits qui comptent, quand bien même ce serait la pire menteuse du monde, elle ne mériterait pas d’être violée ».
Selon Anne Saugier, présidente de la Ligue internationale des femmes et co-créatrice du Comité Justice pour Nafi. D. « c’est un déni de justice (…) il faut aller jusqu’au bout ».
L’association « Osez le féminisme » avait de son côté souligné que « rien de ce qu’une femme a fait ou dit dans le passé ne devrait permettre de minorer la violence qu’elle a subie ».
La principale association féministe américaine « National Organization for Women » (NOW) dénonce une erreur judiciaire, condamne le non-lieu rendu et salue le courage de Nafi. D. « qui doit devenir un exemple pour toutes les femmes (…) Cette erreur judiciaire révèle le caractère de cette société qui tolère la violence sexuelle en jetant la faute et le déshonneur sur les victimes. Mais la véritable honte est dans le camp des criminels et des procureurs qui leur permettent de partir libres et impunis ».
2) Les grands perdants dans cette affaire déplorable
Ils sont au nombre de 5 :
a) La justice américaine érigée, élevée au rang de modèle lors de l’entame de cette affaire n’a pas jugé sur le fond de l’affaire alors qu’existe dans le dossier un examen médical établi par l’hôpital new-yorkais qui avait conclu à une agression et à un viol à l’origine des blessures de Nafi. D. Le 16 août ; l’hebdomadaire français « L’express » avait d’ailleurs publié des extraits de ce document.
C’est une justice expéditive : l’audience a duré 20 minutes et l’entretien de la veille 12 minutes entre le Procureur Vance et Nafi. D.
On s’est surtout appesanti sur la crédibilité, les mensonges de celle-ci : le mensonge serait-il donc plus grave, violent et criminel que le viol ?
b) DSK est éliminé de l’élection présidentielle qui aurait été l’apothéose de sa carrière; il a perdu son emploi prestigieux au FMI ; il est libéré au pénal mais son honneur est loin d’être sauf.
c) Cyrus Vance Jr , monsieur double face : une charge d’une violence inouïe contre DSK au début puis le lâchage de Nafi.D. Il a renoncé à se battre pour protéger sa carrière au détriment de son éthique.
d) La cohésion sociale est altérée en Guinée : le contentieux historique et le clivage ethnique et communautaire entre les Peulhs et les Malinké ont été ravivés.
On observe jusqu’à présent un silence assourdissant du Ministre délégué chargé des Guinéens de l’étranger, Mme Kaba Rouguy Barry dite RBB, et des féministes guinéennes contrairement à Mme Aminata Traoré, militante altermondialiste et ancienne ministre malienne de la culture et du tourisme. Dans un article paru le 01 juillet dernier dans l’hebdomadaire « Jeune Afrique » et intitulé « Affaire DSK : Nafissatou et le fardeau de l’homme blanc » elle déclara « il me faut commencer par exprimer ma solidarité à l’endroit de cette jeune Guinéenne, Nafissatou Diallo, dont la vie tourne aujourd’hui au cauchemar. Le fait de fouiller dans son passé pour vérifier sa moralité me choque autant que l’agression sexuelle qu’elle dénonce ».
Dans sa réaction du 13 juin 2011 sur la radio RFI, le chef de l’Etat guinéen Alpha Condé s’estima partagé : « Dominique Strauss-Kahn est un grand dirigeant (…) Mon parti est membre de l’Internationale socialiste comme le parti socialiste français. Donc c’est une grande tristesse pour nous ce qui est arrivé. Nous sommes doublement touchés : d’abord en tant que socialistes et le fait que ce soit une compatriote ». Cette réaction tardive a été diversement interprétée.
La diatribe de Sano Doussou Condé, une émigrée guinéenne de New York et représentante des femmes du Rassemblement du peuple de Guinée (RPG), le parti d’Alpha Condé, a suscité une grande polémique en traitant les femmes peules de « menteuses et de profiteuses » le 20 mai sur le site IvoirTV.net. Elle a chargé lourdement Nafi. D. et ses complices supposés : « Je suis foudroyée, humiliée (…) Je compatis à l’humiliation de Mme Anne Sinclair (…) Je crois que Nafissatou est manipulée par son propre entourage (…) Cette dame fréquente un milieu qui n’est pas sain. On la pousse à avoir un comportement comme ça rien que pour l’argent ».
En France, par contre, la solidarité pour les nationaux au plus haut niveau de l’Etat n’a jamais fait défaut : «La France n’abandonne jamais ses ressortissants » avait martelé Nicolas Sarkozy qui a toujours porté secours ou tenté de libérer ses compatriotes dans différentes affaires ayant eu lieu à l’étranger :
– L’Arche de Zoé où des Français sont accusées de trafic d’enfants à Abéché, au Tchad. En novembre 2008, N. Sarkozy obtint qu’ils soient jugés à Paris et quitta N’Djamena à l’issue d’une visite de deux heures en leur compagnie.
– La franco-colombienne Ingrid Betancourt enlevée par les FARC le 23 février 2002 et libérée le 2 juillet 2008 .
– La demande de transfèrement de Florence Cassez détenue au Mexique.
– Le 4 juin 2010, N. Sarkozy avait téléphoné en Suisse pour prendre des nouvelles de l’avancement du dossier Roman Polanski puis critiqué la justice américaine.
– Harlem Désir, le n° 2 du PS, avait réclamé l’aide de Sarkozy pour DSK tandis que Claude Guéant, le ministre de l’intérieur, proposera son transfèrement en cas de condamnation.
e) Nafi. D. dont la vie fut étalée sur la place publique surtout pas sous son aspect le plus glorieux ; elle passa du statut de victime présumée à celui de menteuse avérée.
3) Recyclage et promotion permanents des « saigneurs » en Guinée
a) Des lauriers et des gratifications
On constate et déplore la récurrente réhabilitation des fossoyeurs de l’économie guinéenne, des deniers publics, des services publics et des criminels de sang, des violeurs. Pour rappel, certains personnalités du régime de feu Général Lansana Conté avaient été écrouées au PM3 à Conakry pour la mauvaise gestion du Fonds minier guinéen ; il leur était reproché le détournement de :
– 12 milliards 500 millions 837 mille 559 francs par Ahmed Tidiane Souaré ;
– 11 milliards 109 millions 096 mille 700 francs imputé à Ousmane Sylla ;
– 754 millions 542 mille francs guinéens pour Louncény Nabé ;
– 2 milliards 152 millions 216 mille francs guinéens pour Ahmed Kanté.
Louncény Nabé sera nommé le 27 décembre 2010 gouverneur de la Banque Centrale de la République de Guinée (BCRG).
Ahmed Kanté sera promu nouveau patron des Mines : ministre des mines et de la géologie en mars 2007, il a été nommé le 12 août dernier administrateur général de la société guinéenne du patrimoine minier (SOGUIPAMI). Avant sa promotion, il était Conseiller à la Présidence chargé des questions minières. Deux fonctions qu’il va d’ailleurs cumuler. Il fut longtemps incarcéré puis élargi après le remboursement d’une bonne partie des fonds détournés.
Mr. Madifing Diané a été nommé le 23 août dernier ambassadeur au Sénégal ; ce qui suscite beaucoup d’émoi parmi les militants des droits de l’homme et les associations de victimes. Il fut un tortionnaire notoire du funeste camp Boiro durant le régime de plomb de Sékou Touré (1922-1984) et ministre de la sécurité de l’ancien président Lansana Conté (1934-2008). Il était un des agents secrets, entre 1971 et 1984, et en contact avec l’ancien espion du PDG, Jean-Marie Doré qui fut premier ministre du gouvernement de transition.
le Lieutenant-colonel Claude PIVI alias Coplan vient d’être élevé au rang de Chevalier de l’ordre national de mérite de la République ; il fut ministre d’Etat de la sécurité présidentielle et homme de confiance de l’ancien chef de la junte, le capitaine Moussa Dadis Camara en convalescence forcée au Burkina Faso. Il avait été confirmé à son poste et à l’état major de l’armée (ainsi que le lieutenant colonel Moussa Tiegboro Camara) par un décret présidentiel du 9 janvier 2011.
Il sont tous les deux sous la menace d’un transfèrement à la CPI (cf. le rapport onusien accablant et nominatif de Mohamed Bedjaoui) pour les douloureux évènements du 28 Septembre 2009 au stade du même nom. Pivi Coplan n’était pas à sa première forfaiture : en juin 2008, il s’était illustré dans la tuerie des policiers.
Tiégboro Camara avait été également nommé à la tête du département chargé des services spéciaux, de la lutte contre la drogue et les crimes organisés.
D’autres caciques du « contéisme » ont été aussi promus à la présidence de la République par le nouveau pouvoir à l’instar de Mamadou Sylla , Fodé Bangoura, Fodé « Arianaé Soumah et Kiridi Bangoura l’ancien ministre de l’administration du territoire et de la décentralisation qui narguait les opposants en leur disant « vous avez les bulletins de vote, mais nous avons les urnes ».
b) Rendre justice aux vraies victimes
A New-York et Conakry, il faudra, tôt ou tard, rendre justice et réhabiliter les vraies victimes pour exorciser leurs frustrations.
Par un décret du 15 août 2011, Alpha Condé a nommé El hadj Mamadou Saliou Camara, l’Imam de la Mosquée Fayçal de Conakry, et Monseigneur Vincent Koulibaly à la tête de sa commission de réconciliation provisoire.
Il s’agira surtout de combiner le triptyque « Vérité-Justice-Réconciliation », catharsiser les passions, crever l’abcès pour extirper le mal, les crimes de sang, humains et les crimes économiques qui ont une forte incidence sur le développement de notre pays et surtout de ses services publics.
Il n’y a pas de paix sans justice, ni de pardon sans justice ; il n’y a pas de vérité sans justice ; ni de réconciliation sans justice restauratrice, réparatrice. Le rétablissement de la justice sera le seul garant d’une réconciliation et d’une paix durables.
On ne peut pas faire l’économie d’une introspection collective afin d’exorciser les frustrations engendrées par la violence politique depuis les années 50 à nos jours jusqu’aux exactions commises lors de la récente élection présidentielle.
« C’est avec des adversaires que l’on fait des compromis et non ses amis » dit-on.
Conclusion : L’affaire DSK vs Nafi. D. est loin d’avoir livré tous ses secrets et vérités. Elle suscite de nombreux questionnements.
DSK aura-t-il le même sort que O. J. Simpson ?
Les autorités guinéennes décideront-elles enfin, lors du procès au civil, à défendre une compatriote à l’instar de Nicolas Sarkozy vis-à-vis des siens ?
Aux Etats-Unis, il est sain et encourageant pour les parties moins nanties, telle Nafi. D., de constater que des stars, des personnalités publiques et politiques de premier plan (Michael Jackson pour pédophilie, Bernard Madoff pour des malversations financières, etc.) sont passées sous les fourches caudines de l’implacable et impartial appareil judiciaire.
Malgré l’épilogue malheureux pour Nafi. D. et les révélations sur son passé peu lisse, l’hôtel Sofitel a donc décidé de la soutenir en lui offrant la possibilité de continuer à occuper son poste : « Nous sommes en contact avec ses avocats et attendons qu’elle nous fasse connaître ses vœux. La question est de savoir si elle veut reprendre son travail, quand et comment » a confirmé Charlotte Thouvard, directrice des relations médias d’Accor au « Figaro ».
Mais à quand la réhabilitation définitive de la justice et la fin de l’impunité pour les « saigneurs » en Guinée et pour Nafi. D. ?
Que Dieu préserve la Guinée !
Nabbie Ibrahim « Baby » SOUMAH
Juriste et anthropologue guinéen
nabbie_soumah@yahoo.fr
Paris, le 30 août 2011