La Guinée et la CWE de Chine signe une convention de réalisation du barrage hydro-électrique de Kaléta…
A son arrivée à la tête du Ministère d’état à l’énergie et à l’environnement dans le premier gouvernement du président Alpha Condé, El Hadj Papa Koly Kouroumah a fait un diagnostic sans complaisance du secteur de l’énergie en Guinée.
A la suite de ce constat jugé amer, plusieurs décisions furent prises dont celles suspendant de leurs fonctions les principaux responsables de l’entreprise Electricité de Guinée (EDG) pour mauvaise gestion et sabotage d’installations techniques.
Au cours de son premier face à face avec la presse quelques mois après sa prise de fonction, El Hadj Papa Koly avait énuméré un chapelet de difficultés sans la résolution des quelles aucune fourniture normale d’énergie n’était envisageable.
Il avait juré que son gouvernement n’allait jamais commettre l’erreur des régimes précédents, à savoir, faire des promesses et de ne pas les réaliser surtout avec un secteur énergique à l’agonie avec des barrages hydroélectriques en manque d’eau, des pylônes détruits, des lignes de transport vétustes, des centrales thermiques presque tous aux ‘’tombeaux’’ et des populations pressées.
A la place des promesses creuses et aux discours populistes, le gouvernement du changement, à travers son Ministère d’état à l’énergie et à l’environnement a opté pour le réalisme et s’est orienté les sources d’énergie hydro-électrique seule capable aujourd’hui de sortir le pays de l’obscurité et le mettre sur le chemin du développement économique, mais dans combien de temps et à quel prix.
C’est pour répondre à toutes ces interrogations que le Ministre d’Etat à l’énergie et à l’environnement, entouré d’une équipe de cadres et techniciens guinéens venus de différents départements Ministériels (énergie, finances, grands projets, présidence de la République, plan etc.), en partenariat avec la China International Water an Electric Corporation (C.W.E) de la République Populaire de Chine ont planché pendant près de sept mois sur le projet d’aménagement du barrage hydro-électrique de Kaléta sur le fleuve Konkouré à cheval entre la Basse Guinée et la Moyenne Guinée.
C’est ce projet entièrement ficelé qui a fait l’objet de la signature de convention de réalisation ce 13 Août 2011 entre le gouvernement guinéen et la société chinoise CWE.
La cérémonie de signature a eu lieu dans les locaux du Ministère de l’Economie et des Finances sous la présidence d’honneur de Mohamed Saïd Fofana, Premier Ministre chef du gouvernement. Il avait à ses côtés de nombreux membres du gouvernement dont ceux du Ministère d’Etat à l’Energie et à l’Environnement, de l’Economie et des Finances, du Plan etc.
Ont pris part également des hauts cadres de la présidence de la République, des différents départements Ministériels, l’administrateur général des grands projets etc.
Du côté des partenaires chinois, la chef de délégation et vice-présidente de la China International Water and Electric Corporation (CWE) Mme Li Li.
Elle avait à ses côtés, l’ingénieur en chef de CWE, le directeur du département international de CWE, le directeur de l’office pour la Guinée, le représentant de la Banque de Développement de Chine etc.
Il est revenu en tout premier lieu au directeur de la Communication du Ministre d’Etat à l’Energie et à l’Environnement, Monsieur Diabaté de camper l’évènement et le replacer dans le sillage des longues relations de coopération sino-guinéennes, à travers lesquelles la République Populaire de Chine s’est investie dans le secteur Hydro-électrique depuis les années 1960 par les études du barrage de kinkon (Pita) sur le Kokoulo, inauguré en 1966, le barrage sur le Tinkisso à Dabola et tant d’autres réalisations comme le Palais du Peuple, l’hôpital moderne de Kipé et le stade en construction à Nongo etc.
Après cette brève introduction, ce fut au tour du Ministère d’Etat à l’Energie et à l’Environnement, de présenter les caractères techniques du barrage, objet de la cérémonie, El Hadj Papa Koly Kouroumah :
« Nous sommes dans cette salle aujourd’hui pour la signature du contrat qui va lier désormais, la société CWE à la République de Guinée pour la réalisation du barrage de Kaléta.
Le barrage de Kaléta est un barrage qui sera modulé par le barrage de Garafiri. Ce sont les eaux turbinées de Garafiri qui viendront dans le barrage de retenue de Kaléta en termes de bonification. Ce barrage aura une puissance de 240,7 MW. Ces 240,7 mégawatts seront produits par trois turbines.
Les caractéristiques du barrage, à la crête aura une longueur de 1060 mètres de longueur crête. Le barrage doit pouvoir contenir un volume d’eau de vingt-trois millions (23 000 000) de mètres cubes d’eau. Ce complexe-barrage qui va donc être réalisé, il y’aura l’usine, le barrage lui-même, 70 kilomètres de route bitumées, l’électrification de Tondon et de Bady (des Sous-Préfectures de Dubréka) et une ligne de transport de 146 Kilomètres, sans oublier qu’il va y avoir trois postes chargés de la distribution.
Un premier poste à Manéah (Coyah), un poste intermédiaire qui sera à Fria et un poste au départ à Kaléta. »
Le Ministre de l’Economie et des Finances s’est dit quant à lui heureux de signer cette convention pour le barrage de Kaléta, qui, une fois réalisé servira à la Guinée et à la Sous-région Kerfala Yansané :
« … Pour ceux qui n’étaient pas au courant, le financement du barrage de Kaléta devait intervenir après la réalisation du barrage de Garafiri, parce que Kaléta devait être bonifié par le barrage de Garafiri.
Pour des contraintes financières, cela n’a pas pu être possible. Finalement la Guinée s’est tournée vers les pays voisins, qui eux-mêmes avaient des problèmes d’énergie, pour que nous puissions réaliser ensemble ce barrage dans un cadre régional. Précisément dans le cadre de l’Organisation de la Mise en Œuvre du Fleuve Gambie (OMVG) pour quatre pays, en l’occurrence la Guinée, le Sénégal, la Guinée Bissau et la Gambie, et ces quatre pays devaient joindre leurs efforts pour mobiliser les ressources avec comme chef de file la Banque Africaine de Développement avec la contribution de l’ensemble des grands bailleurs significatifs y compris l’Union Européenne, la Banque Mondiale et les Fonds Arabes.
Ce financement était destiné non seulement à réaliser le barrage, mais également à réaliser des lignes d’interconnections entre le barrage et les pays voisins à savoir, le Sénégal, la Guinée Bissau et la Gambie.
Mais malheureusement des délais sont venus gêner la mise en œuvre de ce barrage, également le problème de bouclage du financement s’est posé alors que la Guinée devait en même temps répondre aux attentes des populations, faire redémarrer son économie qui actuellement souffre énormément du manque d’énergie (…) Lorsqu’on interroge les hommes d’affaires, les entreprises, le manque d’énergie est cité à 85% comme la cause majeur de nos contraintes économiques et sociales. Donc la Guinée tout en étant pauvre a cherché à réaliser elle-même le barrage pour que nous puissions faire face à ces contraintes auxquelles j’ai fait référence tout à l’heure, d’où l’appel fait sur le plan international, et nos amis chinois ont été les premiers à répondre, à faire des offres suffisamment intéressantes pour que la Guinée accepte de traiter avec la compagnie qui est aujourd’hui en face de nous, CWE.
Nous sommes très heureux qu’ils aient accepté de nous accompagner dans ce mouvement. Nous sommes également déterminés à faire en sorte que ce barrage, tout en étant financé par nous garde quand même un caractère régional pour pouvoir servir non seulement la Guinée mais également les pays voisins.
En terme de financement, la Guinée apporte naturellement sa côte part à hauteur de 25% du financement et la Chine apporte 75%, pour un financement total de 526 millions de dollars américains cela pour réaliser le barrage, mais comme nous souhaitons pouvoir livrer une partie de l’énergie à nos pays voisins, il faudrait également s’assurer que les financements qui ont été mobilisés pour l’interconnections pour le réseau, que ces financements puissent être disponible pour pouvoir servir et le Sénégal et la Gambie et la Guinée Bissau dans les conditions qui seront à déterminer de commun accord entre nous et ces partenaires.
Donc il s’agit bien d’un ouvrage de caractère national qui appartient à la Guinée qui devrait servir à la Sous-région dans des conditions qui restent à déterminer. On parlait un départ de partage d’énergie mais certainement on va parler de cession d’une partie de l’énergie qui sera produite par le barrage selon une clé de répartition qui reste à déterminer par les autorités de nos pays respectifs (…)
Etant entendu que nous souhaitons que le financement, que la Chine nous apporte un financement concessionnel pour qu’il soit conforme aux engagements que nous avons pris envers les différents partenaires, et je suis sûr que CWE est suffisamment crédible pour pouvoir arriver à mobiliser le financement concessionnel auprès des organismes financiers de la Chine.
Donc, je pense que monsieur le Premier Ministre, ce contrat est bon à être signé.
Nous avons pris toutes les précautions pour que l’ensemble des rubriques de financement soit vérifié par nos techniciens. Ils se sont assurés que les différentes rubriques sont justifiées, maintenant je peux vous certifier qu’on peut le signer sans risque.
Naturellement l’aspect financement restera à déterminer et nous réitérons encore notre souhait que le financement soit concessionnel, parce que dans les conditions actuelles, c’est la seule formule que nous pouvons accepter. »
La représentante des partenaires chinois et vice-présidente de la China International Water and Electric Corporation (CWE) a remercié le chef de l’Etat et son gouvernement pour la confiance placée en sa société.
Elle a assuré le gouvernement de sa capacité de travailler dans les délais impartis, Madame Li Li :
« … A partir d’aujourd’hui, CWE est décidée de travailler sur Kaléta avec le maître d’ouvrage pour lever toutes les contraintes qui se dressent sur le chemin de la Guinée en matière d’énergie afin de partager ensemble toutes les joies.
Nous vous assurons de la capacité de CWE de mobiliser le financement de projet. Nous nous efforcerons également au cours de la réalisation de ce barrage de fournir le maximum d’emploi aux guinéens par la formation des ingénieurs et des techniciens et des cadres de gestion de la centrale.
Nous assisterons aussi le gouvernement guinéen dans la prise en charge des personnes qui seront déplacées, dans la protection de l’environnement et des écosystèmes. »
Le Premier Ministre, chef du gouvernement, président de la cérémonie, n’a pas tari d’éloges à l’endroit de tous ceux qui se sont battus pour le montage de ce projet.
Dans ce cadre, il a transmis les félicitations du chef de l’Etat à l’ensemble de ces acteurs et singulièrement à la partie chinoise dont le pays constitue aujourd’hui un espoir pour les pays africains, Mohamed Saïd Fofana :
« … La Chine et la Guinée sont des pays amis, qui ont tissé depuis longtemps, des relations d’amitié de fraternité et de coopération de tous genres.
Aujourd’hui la Chine constitue pour nous et pour beaucoup d’autres pays africains un espoir.
Aujourd’hui nos amis chinois sont à nos côtés. Il n’y a pas longtemps, nous avons inauguré l’hôpital de Kipé. Un hôpital qui a vocation d’être un hôpital de référence.
La Chine va investir dans beaucoup de domaines, et aujourd’hui il est heureux de constater que nous assistons au démarrage d’un projet avec le gouvernement guinéen (…)
L’électricité au jour d’aujourd’hui est une nécessité pour la Guinée, non seulement pour les besoins domestiques mais sans cette électricité nous avons des problèmes, or la Guinée a vocation d’attirer beaucoup d’investissements étrangers dans des domaines comme les mines, et l’électricité est indispensable pour ces investissements.
Kaléta est un investissement majeur qui permettra certainement d’aller vers d’autres. Il va permettre à la Guinée de réaliser beaucoup de choses, créer des emplois et des revenus.
Nous tenons à dire que le gouvernement guinéen mettra tout en œuvre pour respecter ses engagements. Nous veillerons personnellement sur la réalisation de ces infrastructures. Nous veillerons à ce que l’administration guinéenne respecte les engagements auxquels nous avons souscrits, tout en sachant que nos amis chinois feront tout pour que les promesses soient tenues. »
Les questions auxquelles l’on est en droit de se poser et dont il n’a pas été question au cours de cette signature demeurent : à quand le démarrage des travaux ? dans quelles conditions le prêt chinois (75%) va-t-il être remboursé ?
La réponse à toutes ces interrogations pourraient mieux éclairer l’opinion.
Mody Sory Diallo
Source: Barkere.net