Depuis l’investiture d’Alpha Condé à la tête de la République de Guinée, les discours et les actes qu’il a posés n’ont jamais été rassurants pour les guinéens…
Force est de constater avec beaucoup de regrets et d’amertumes que ses six premiers mois de gouvernance n’ont rien apporté au peuple de Guinée en terme de changement dans sa vie socioéconomique. La situation est même devenue plus catastrophique qu’avant car par son attitude, Alpha Condé lui-même est responsable de la détérioration des relations intercommunautaires et de la situation économique. Tout est fait pour diviser les guinéens et décourager les investisseurs étrangers. Le comportement et les discours de celui qu’on qualifie aujourd’hui de président démocratiquement élu, nous rappelle tristement Sékou Touré dans sa façon de gouverner la Guinée. Il avait d’ailleurs informé le peuple lors de la campagne présidentielle qu’il prendrait la Guinée là où Sékou Touré l’avait laissée, il avait tout simplement omis de dire qu’il se comporterait aussi comme Sékou Touré pour éliminer le reste de l’élite guinéenne. Il n’a pas perdu du temps pour s’inspirer des méthodes de Sékou Touré, stigmatisant l’une des communautés du pays en la qualifiant de « les autres ».
Aujourd’hui les plus avertis savent bien que c’est mal parti avec Alpha Condé pour les prochaines années en Guinée parce que son attitude nous ramène dans les années noires de la dictature du sanguinaire Sékou Touré avec ses théories de complot pour éliminer l’élite qui dénonçait ses dérives. L’histoire politique de notre pays depuis l’indépendance a été écrite au Camp Boiro, aux trente deux escaliers du camps Alpha Yaya, aux geôles de l’Île de Kassa, au stade du 28 septembre et au Camp Koundara rebaptisé Camp Makambo. Il est indéniable que notre histoire politique a été écrite avec le sang des victimes des régimes politiques qui se sont succédés à la tête de notre pays. Dans cette triste narration de notre histoire politique, nous ne nous permettrons pas d’oublier les victimes tombées sous les balles de l’armée lors des événements de janvier et février 2007. Sékou Touré a donné le ton et tous ses successeurs ont suivi l’exemple, le tout dernier est également sur les traces de son modèle politique malgré ses chansons de changement qu’il fredonne dans les oreilles des guinéens.
Depuis la soit disant tentative d’assassinat du Président de la République « démocratique » par certains militaires de l’armée, l’heure est si grave à Conakry où le régime en place viole délibérément les domiciles de certains civils selon leur appartenance ethnique et politique. La vie de plusieurs leaders politiques, menacée par un commando mis en place par le régime pour les éliminer physiquement et attribuer leur disparition à des éléments incontrôlés de l’armée. Ces éléments qu’on appelle naïvement incontrôlés sont pourtant les plus contrôlés de l’armée car, ils forment une milice en son sein même pour exécuter les sales besognes de leur chef. Aujourd’hui, les guinéens sont partagés et confus sur l’attitude à adopter face à cet événement. Etant habitués à la théorie du complot avec les régimes précédents, plusieurs guinéens pensent qu’Alpha est l’instigateur de cet acte d’autant plus que ses explications n’ont pas convaincu et ont ouvert des brèches de doutes dans l’esprit des citoyens. Les explications fournies n’étaient pas dignes d’un président qui a échappé à un assassinat. Il n’y avait aucune cohérence dans ses propos, des renforts arrivés après deux heures de combat avec les assaillants tandis que les deux camps (Alpha Yaya Diallo et Samory Touré) ne sont pas loin de son domicile.
Complots politiques pour justifier les éliminations physiques des leaders de l’opposition, des intellectuels, et masquer l’incompétence :
Alpha Condé se réfère aujourd’hui des complots initiés par Sékou Touré, deux ans après notre indépendance. Pour illustrer nos dires, nous nous réfèrerons du roman de notre frère Amadou Diallo intitulé « La mort de Telli Diallo, Paris. Karthala 1983. 154 pages » Comme nous le dit ce long témoignage « En 1960, le complot des « intellectuels tarés » permet à Sékou Touré de se débarrasser de quelques opposants notoires dont Ibrahima Diallo, ancien responsable de la F.E.A.N.F.
En 1961, le complot des enseignants lui donne l’occasion de mettre au pas les intellectuels de gauche qui se posent et posent publiquement des questions insistantes sur les options économiques et sociales de la direction du PDG.
En 1965, le complot des commerçants met en vedette un commerçant, « Petit Touré », qu’on accuse d’avoir voulu affamer les Guinéens en retenant, en pleine période de crise, un stock de céréales. En fait, Petit Touré et ses amis, dont certaines personnalités politiques restées dans l’ombre, ont voulu opposer au PDG un nouveau parti. Des arrestations massives ont eu lieu qui ont frappé le commerce, l’enseignement et l’administration.
Un an après, à Foulaya, à l’Institut agronomique de Kindia, (ancien Institut Pasteur) au cours du sixième congrès du Parti, les idées de 1965 firent surface. Des ministres, membres du Bureau Politique National — citons Camara Bengali, ministre de l’Information —, des gouverneurs de l’Intérieur et celui de la Région Administrative de Conakry, Tounkara Jean Faragué, et d’autres personnalités ont tenté d’imposer au congrès la dissociation du secrétariat général du parti, autrement dit la direction du Parti, de la Présidence de la République, autrement dit l’exécutif. Mis en minorité, ces hommes échouèrent. Ils furent mis en veilleuse. La vengeance du Président Sékou Touré s’exerça pourtant, mais plus tard. Tous connurent la prison. Camara Bengali y échappa en raison de la maladie incurable dont il était atteint. Il mourut à l’hôpital gardé par deux gardes. On dit même que le pouvoir s’arrangea pour abréger ses jours ».
Ces méthodes et stratégies ont inspiré Alpha Condé tout au long de la campagne du deuxième tour de l’élection présidentielle du 7 novembre 2010, d’ailleurs il s’en inspire jusqu’à présent.
Nous commencerons cette analyse comparative par les propos d’Alpha Condé en stigmatisant les commerçants peulhs. Il n’a cessé au cours des deux campagnes de la présidentielle, d’affirmer que les commerçants peulhs sont « une mafia » et c’est cette mafia qui est responsable de la misère des guinéens. Or, c’est Sékou Touré et ses propres alliés d’aujourd’hui qui ont transformé l’Etat en une mafia pour abuser et affamer le bas peuple.
Nous nous rappelons tristement du fameux complot d’empoisonnement qu’Alpha Condé a publiquement attribuer à la communauté peuhle pour justifier la chasse des électeurs peulhs de Siguiri et de Kouroussa. A peine installé à la présidence, Alpha poursuit son « diviser pour régner » en traitant une partie de la nation « les autres » oubliant qu’il est désormais un président d’une République. A dixinn, Alpha annonce aux guinéens les ingrédients de la soupe qu’il s’apprête à leur servir pour les cinq prochaines années, nous citerons quelques uns de ces pimentés ingrédients : stigmatisation de la communauté peuhle, mensonges politiques, incitation à la haine, complots politiques pour éliminer le reste de l’élite guinéenne etc.…..
Etant un homme complexé comme le fût son idole Sékou Touré, Alpha Condé masque son incompétence en affabulant et en fomentant des complots politiques pour détourner les guinéens des objectifs du développement socioéconomique. Il faut admettre que Sékou a tué tous ses opposants parce que ces derniers voulaient proposer une alternative au peuple de Guinée et n’ayant pas la capacité intellectuelle de participer au débat, il inventa la machine à tuer , « les complots politiques».
Tout au long de sa tournée en Basse Côte, il n’a cessé de préparer les « naïfs guinéens » à accepter la mise en scène de son complot afin de justifier les violations des domiciles de certains citoyens clairvoyants. Il n’arrêtait pas de dire « nous sommes au courant de ce qui se manigance à Dakar…….» Il a trouvé les responsables et les coupables de ce complot avant même le 19 juillet 2011. Une fois de plus, Alpha Condé a raté sa mise en scène politique au point que les démocrates guinéens ont vite compris qu’il ne fait que du déjà vu et du déjà connu en Guinée depuis l’époque de Sékou Touré.
Alpha et Sékou Touré ont tout en commun, ils sont tous les deux complexés face aux intellectuels, ils ont la haine enfuie au fond de leur cœur contre les peulhs, ils sont tous des menteurs, ils n’ont aucun respect pour leur propre communauté, c’est-à-dire les malinkés. Ils sont tous les deux communistes de la famille des socialistes.
A l’image de Sékou Touré, Alpha Condé n’apportera rien aux guinéens et à la Guinée, il ne résoudra aucun problème, il aggravera plutôt la situation et sera surtout le responsable des affrontements interethniques, d’ailleurs il est l’instigateur des évènements de Siguiri et de Kouroussa. Depuis le temps qu’il vient en Guinée, il n’apporte que des ennuis au peuple de Guinée. Heureusement pour la Guinée, il ne fera pas autant de temps que son sanguinaire d’idole et sans aucun doute le peuple finira par avoir la raison pour le chasser avant qu’il ne mette le feu sur le toit de la maison commune à tous les guinéens.
En emboitant les pas de Sékou Touré, Alpha montre ses limites politiques et donne raison à ceux qui doutent de la capacité des intellectuels guinéens à sortir le pays de son gouffre sociopolitique. Parlant de doute, un ami burkinabais lors d’un débat disait ceci « Chaque peuple a le président qu’il mérite, c’est triste ce qui arrive aux guinéens mais ce sont eux qui l’ont accepté et pourtant ils méritent mieux ». Fort heureusement, n’étant pas un fataliste, le groupe de guinéens qui participait au débat donna des arguments solides pour prouver l’innocence du peuple et profita pour accabler les intellectuels. Il décourage les investisseurs étrangers qui, au préalable ont besoin d’un climat de stabilité dans un pays avant de s’y intéresser. Il perpétue avec son faux changement, les malheurs que les ennemis de la République ne cessent d’infliger au peuple de Guinée. Il s’est entouré de tous les prédateurs de notre économie et d’ethnocentristes comme lui pour maintenir le peuple au plus bas d’une existence humaine digne de nom.
Au plus profond de lui-même, Alpha Condé sait bel et bien qu’il est incapable de sortir la Guinée de cette misère économique, sociale, politique, nous dirons même psychologique, engendrée par son idole Sékou Touré et qu’il s’apprête à perpétuer durant son règne sur les vies des guinéens, si ces derniers se laissent berner encore. Au lieu de tendre la main aux guinéens capables pour relancer le pays, il se replie en s’enveloppant de la haine, de la jalousie, de l’envie pour diviser ses compatriotes. Avec une telle attitude, il met en péril l’avenir et l’espoir de la jeunesse guinéenne qui ne rêve de participer à la compétition que pour faire de la Guinée une nation prospère et unie.
SEKOU TOURE ET ALPHA, DEUX SOCIALISTES SANS PROGRAMME SOCIAL.
Durant tout son règne malgré le soutien soviétique, Sékou Touré n’a su mettre en place une véritable politique sociale susceptible d’accompagner et de venir en aide aux couches sociales les plus démunies en Guinée. Tout ce qu’il avait réussi à mettre sur place, ne servait qu’à la propagande de sa fausse révolution. Certains guinéens se rappellent encore des FAPA (fermes agropastorales d’arrondissement) que Sékou avait imposées à toutes les préfectures pour développer l’agriculture. Ces fermes n’avaient pour but que de nourrir les milices et les agents de sa révolution. Elles n’étaient pas conçues et adaptées pour développer l’agriculture à une échelle nationale. Toutes les productions qui provenaient de ces fermes, étaient envoyées à Conakry et distribuées entre les familles du clan présidentiel et des amis de la révolution. Le comble avec ces FAPA, ce sont les universitaires et les écoliers qui étaient envoyés pour les entretenir.
Sékou Touré n’avait aucune théorie du développement, qu’elle soit sociale ou libérale, il était vague dans tout ce qu’il initiait sans aucune étude approfondie au préalable. Il n’a laissé à la Guinée aucune infrastructure sociale.
Quant à Alpha Condé, il est incapable d’expliquer aux guinéens le programme social de son mandat. Il a refusé le débat d’échange avec son challenger du deuxième tour de la présidentielle à cause de son incapacité à articuler correctement sur les tenants et les aboutissants de son programme. Après six mois de gouvernance, Alpha, jusqu’à présent, n’a tenu aucun discours sur sa politique sociale. La misère sociale a même galopé dans les familles guinéennes car, à cause de lui, la solidarité sociale qui existait auparavant entre ces familles a disparu. Les mendiants se multiplient et exposent leur misère tout au long des routes de la capitale. Aucun programme de réinsertion sociale prévu pour redonner espoir à cette fragile couche sociale. On dit souvent que les premières impressions sont souvent les bonnes tandis qu’avec Alpha, elles sont plutôt mauvaises et n’augurent pas un futur serein pour les guinéens.
Aujourd’hui, force est de constater avec regret d’ailleurs qu’Alpha Condé calque sa façon de gouverner à celle de Sékou Touré. Il divague et s’aventure dans tout ce qu’il entreprend. Il a surpris les guinéens avec ses « engrais » commandés pour soit disant relancer l’agriculture guinéenne. Dans cette histoire d’engrais, Alpha et son gouvernement ont montré à tous les guinéens leur amateurisme en matière de gouvernance. Ils ont été incapables de réaliser une étude sur l’utilisation de ces engrais et envisager des moyens logistiques pour leur stockage. Ils ont oublié, autant pour nous, ils ne savent pas qu’une campagne agricole se prépare à tous les niveaux. Il fallait au préalable évaluer les moyens logistiques disponibles et les besoins des agriculteurs de chaque région naturelle etc.……..
Tous les indicateurs d’un enlisement des problèmes sociopolitiques et économiques comme au temps de la révolution de Sékou Touré sont là, ils sont visibles. Il revient au peuple de Guinée de prendre ses responsabilités afin d’éviter de voir sa propre maison partir en fumé. Et, faire comprendre à Alpha qu’il (le peuple) a déjà fait beaucoup de sacrifices pour obtenir ces quelques acquis démocratiques et il sait en faire encore pour ancrer les principes démocratiques dans les têtes de ses gouvernants. C’est lui qui a délibérément pactisé avec l’armée pour arriver au pouvoir, qu’il en assume les conséquences qui découlent de ce pacte, au lieu de dire « ce sont les personnes d’une communauté qui sont derrière ça ».
Aucune communauté n’acceptera d’être l’argument politique d’un pouvoir, Alpha doit savoir que cette époque est révolue.
Nous n’accepterons plus les complots politiques pour justifier l’élimination de nos intellectuels et nous voulons une compétition politique loyale pour que chaque digne fils de la Guinée puisse participer au débat afin de soigner les maux de notre pays.
Qu’Allah nous débarrasse de tous les ennemis de la République.
Amen !
Marwane Diallo