Etat de terreur en Guinée

Arrestations arbitraires, tortures, violation de domicile et saccage des maisons et des biens, tels sont les exploits des éléments de l’armée et de la gendarmerie chargés de mener les enquêtes sur les tirs contre la résidence d’Alpha Condé à Kipé…

Un retour sous escorte de guerre

De retour de son séjour américain,  Alpha Condé a regagné le palais présidentiel sous une impressionnante escorte militaire avec des hélicoptères de combat (MI-24) qui se sont illustrés dans les guerres en Afghanistan, Irak et Tchechenie. Pourtant la Guinée n’est pas officiellement en état de guerre. L’état d’urgence n’a pas non plus été décrété. A défaut de l’amour des Guinéens, Alpha Condé est désormais prisonnier de lui-même et de son armée plus tribalisée que jamais.
Des personnes y compris âgées ont été sommées de se mobiliser par le gouverneur de Conakry Resco Camara, pour l’accueillir, sous ce chaud mois de Ramadan où la cherté de la vie se dispute à la difficulté des habitants à trouver leur pitance quotidienne.
On ne s’appesantira pas sur le fait que les présidents des institutions dites républicaines avaient tous fait la haie à l’aéroport de Conakry Gbessia.  Ce qui est consternant et chagrinant à la fois, c’est que le CNT, au lieu de jouer son rôle de gardien des droits fondamentaux et des libertés publiques, se vautre dans ses péroraisons d’avoir adopté des « bons textes » sans se soucier de leur respect, encore moins sourciller sur leurs violations. Aussi peu nombreux y soient ils, il est déplorable que les membres des partis politiques de l’opposition (du CNT) ne tentent pas de sonner l’alarme en mettant le sujet de ces arrestations arbitraires, de chasse à l’opposition et à l’homme, de militarisation à outrance de la capitale et certaines zones ciblées, à l’ordre du jour des débats parlementaires.

Une absence totale d’indépendance de la justice

Selon un site en ligne, au moins huit différents services mènent l’enquête sur cette affaire. Cinq de ses services relèvent des renseignements rattachés à la présidence. Chacun des services travaillant indépendamment les uns des autres. Ce qui constitue déjà une violation du code de procédure pénale (CPP). Parmi les services intervenant, l’armée de terre qui n’a aucune qualité pour intervenir dans cette procédure.
Il existe deux acteurs majeurs d’une enquête judiciaire, ce sont les officiers et les agents de police judiciaire (art 11 CPP). Ceux-ci agissent sous la surveillance du Procureur général et sous le contrôle de la chambre d’accusation, ce qui implique une certaine coordination et non le désordre que l’on constate. La liste de ceux qui ont qualité d’officiers de police judiciaire est donnée par l’article 14 du CPP. Il s’agit principalement d’officiers et de sous officiers de la gendarmerie et de la police. L’armée n’y figure pas. Ont qualité d’agent de police judiciaire, les militaires de la gendarmerie et les forces de police (art 19 CPP). L’armée n’y a pas droit de cité. Les agents de police judiciaires ont vocation à aider les officiers de police judiciaire.
Un autre enquêteur masqué se trouve être Alpha Condé, qui est la supposée victime. En effet dans différentes déclarations il  met en cause des personnes bien déterminées (militaires, hommes d’affaire et politiciens) et avait même ordonné l’arrestation de certains avant la prétendue attaque, en prenant le soin d’avertir un Etat voisin de ce qui se tramait. C’est à se demander s’il n’en était pas complice. Sinon comment expliquer qu’il connaisse les coupables avant même enquête ? La « victime » qui identifie déjà ses agresseurs sans les avoir vues et dont les services mènent l’enquête ? Même dans un Etat où règne l’état d’exception, la justice n’est pas aussi bafouée. Dans cette procédure, la présomption d’innocence est loin d’être respectée. La justice ne présente aucun principe d’indépendance et aucun gage d’équité.

Un mobile à la poursuite de l’épuration d’une armée déjà tribalisée

Le rapport sur la réforme du secteur de sécurité en Guinée transmis par le général Cissé à Sekouba Konaté en mai 2010 disait page 4 « Dans le domaine de la défense, les forces armées guinéennes ne correspondent pas à un schéma républicain. Elles se caractérisent par l’indiscipline, l’implication dans des activités illégales, un recrutement et des avancements de complaisance ».  Il constate que « le dispositif juridique n’est pas mis en application, ou encore, il n’est pas géré démocratiquement. De cela résulte une confusion manifeste des rôles et des compétences entre les différentes forces ; confusion qui se fait au profit de l’armée ».

C’est une armée dont l’effectif réel demeure un mystère. Le rapport du général Cissé mandaté par l’ONU en application de l’Accord de Ouagadougou fait observer qu’entre 2001 et 2009, l’effectif des armées est passé de 10 000 à 32 261 hommes sans compter la gendarmerie avec un pic d’accroissement exponentiel  entre 2008-2009, avec plus de 10 000 recrues au profit notamment de la gendarmerie.
Le rapport d’International Crisis Group intitulé Guinée, Réformer l’armée du 23 septembre 2010, lui considère que « Au cours des dix dernières années, les effectifs des forces armées ont considérablement augmenté, passant de 10 000 personnes en 2001 à 45 000 en 2010, ce dernier chiffre devant cependant être manié avec précaution ». Le rapport de la Commission des Nations Unies chargée d’enquêter sur les évènements du 28 septembre 2009 mentionnait un effectif de 12 000 hommes et femmes pour l’armée et 5830 pour la gendarmerie.
Tous ces rapports sont unanimes sur le caractère non républicain de l’armée, son indiscipline notoire et les clivages ethniques qui la rongent.
Le Rapport sur la réforme du secteur de sécurité (RSS) note que « Après avoir été mal gérées et utilisées à mauvais escient pendant plusieurs décennies, les forces armées guinéennes constituent aujourd’hui une source potentielle d’instabilité qui pourrait de nouveau plonger la Guinée et sa région dans le chaos. …Les forces armées sont aujourd’hui divisées selon des clivages ethniques et générationnels et sont connues pour leur indiscipline, leurs violations des droits de l’homme, leur insubordination et leurs activités criminelles… Depuis 1958, les régimes successifs ont utilisé l’armée à des fins politiques ».

Résolu à ne pas subir le sort de ses pairs NKwamé Nkrumah et Modibo Keita renversés par des coups d’Etat, Sekou Touré déclare, en 1968, « qu’il n’y aurait jamais de coup d’Etat en Guinée, mais il a ensuite réajusté son idéologie révolutionnaire à l’égard de l’armée et a de plus en plus usé de la terreur, des divisions ethniques, du clientélisme et de toutes nouvelles formes de  surveillance populaire révolutionnaire pour avoir les forces armées complètement sous son contrôle ». (Rapport ICG précité). Les cellules de son parti démocratique de Guinée (PDG), les comités d’unité militaire favorisent le climat de suspicion au sein de la grande muette.
Sékou Touré dont Alpha Condé revendique aujourd’hui l’héritage politique pour la perpétuer, procède à des purges, maltraite le corps des officiers pour démoraliser ses adversaires et éliminer des menaces réelles ou imaginaires. Il cible particulièrement les officiers instruits et compétents en les accusant de trahison, de sabotage pour les exécuter dans ses sinistres camps de la mort et de déshumanisation.

ICG observe que « tout au long de l’histoire de la Guinée, les forces armées ont été politisées et utilisées pour réprimer l’opposition civile, en procédant à des exécutions extra judiciaires, en faisant usage de la torture, et même en participant au trucage des élections […] « L’existence de factions menace sérieusement la cohésion institutionnelle. La ligne de fracture la plus évidente et potentiellement volatile est ethnique. Chaque chef d’Etat a privilégié les membres de son groupe ethnique dans les forces armées et créé des rivalités en leur donnant des promotions ou des rentes. La plupart des officiers à des postes de commandement cherchent à s’entourer de jeunes soldats appartenant à leur groupe ethnique » (p24).

Lansana Conté a tenté de marginaliser les officiers malinkés, alors plus nombreux, après les coups d’Etat de Diarra Traoré de 1985 et la tentative de putsch de 1996 en s’appuyant sur des unités spéciales comme les Rangers. Le CNDD a mis à la retraite les officiers supérieurs en service sous Lansana Conté à l’exception de Toto Camara et a promu tous les membres de son groupe. Méfiant, il a très vite écarté certains comme Aboubacar Sidiki Camara alias Idi Amin qui est présenté comme la tête pensante du CNDD et Saa Alphonse Touré. Il s’est appuyé sur certains corps et casernes de l’armée. Sekouba a pris le soin de démanteler les unités sur lesquelles s’appuyait Dadis en comptant sur des hommes comme Bunduka Condé et le Bataillon des troupes aéroportées (Bata).  Il a également réintégré les écartés de Dadis en les gratifiant d’une élévation. C’est ainsi qu’après avoir libéré Idi Amin, il l’a nommé chef d’état major adjoint des forces armées. Tout en gardant Pivi et Thiegboro, des proches de Dadis Camara, il les a écartés des prises de décision.

Empruntant les pratiques de ses prédécesseurs qu’il dénonçait pourtant, Alpha Condé conserve les traditions d’indiscipline et de népotisme. Bien que civil, il place ses pions en s’appuyant sur le noyau restant du CNDD et sur certains membres de son cabinet présidentiel présentés comme des têtes pensantes à l’instar de François Fall, Ministre d’Etat, secrétaire général à la présidence et Mohamed Diané directeur de cabinet à la présidence. En janvier 2011, il a ainsi confirmé le général Boundouka Condé comme chef d’état major de l’armée de terre ainsi que le-Colonel Moussa Thiegboro Camara, et le lieutenant colonel Pivi. Il  a reconduit le général de brigade Namory Traoré à la tête de l’état major général des armées et le général de brigade Ibrahima Baldé (fossepel) à l’état major de la gendarmerie nationale.

Tout comme ses ministères, ses différents chefs de cabinet et sa myriade de conseillers, certaines de ses nominations sèment la confusion. Ainsi en décembre il nomme comme chef d’Etat major général des Armées, le général de division, Kèlèfa Diallo en remplacement du général de division Nouhou Thiam. Le 9 janvier 2011, il nomme Boundouka Condé au même poste sans muter le premier. S’en est-il rendu compte ? Il est vrai que dans le décret nommant le dernier figurent des mots comme junior et sénior « Article 1er:  sont nommés dans les fonctions de commandement de l’armée, les officiers juniors et supérieurs ci-après » sans que les différents postes attribués ne permettent de distinguer ce qui est junior ou senior.

La réforme tant attendue de l’armée n’est pas du tout en bonne voie. Alpha Condé est Ministre de la Défense et a nommé le général de brigade Bouréma Condé comme son chef d’état major particulier. Il a mis en place une structure collégiale de vingt cinq membres pour l’appuyer. Parmi eux : Idi Amin passé au grade de général, devient son directeur de cabinet tandis que le colonel Amadou Tidiane Diallo devient chef de cabinet (on aimerait savoir la différence entre chef et directeur de cabinet). Il place à la tête des différents commandements militaires :

Pour le compte de l’état Major de l’Armée de l’air, chef d’état major, le colonel Kadjali Conté.
Pour le compte du Bataillon Spécial de Conakry, il confirme le colonel Diakabou au poste de commandant.
Pour le compte du Bataillon Autonome des Troupes Aéroportées (BATA), commandant, le Lieutenant-colonel Aly Traoré (son adjoint le lieutenant colonel Ousmane Cissé est confirmé).
Pour le compte des Armes blindées-cavalerie blindée, commandant : Lieutenant-Colonel Mamadi Touré
Pour le compte de l’Artillerie, commandant : Colonel Pascal Faya Mara (adjoint lieutenant Laye Touré confirmé)
Pour le compte du Bataillon d’Infanterie du camp Camayenne,  commandant : Lieutenant colonel Séma Camara
Pour le compte du Bataillon du Quartier Général (BQG), commandant, le lieutenant :Colonel Mamadouba Sylla (adjoint Lieutenant-colonel Mamadou Diouldé Camara, confirmé)
Pour le compte du Bataillon du Génie Militaire (BGM), commandant le Colonel Naby Youssouf Bangoura est confirmé comme commandant de même que son adjoint le lieutenant colonel Babou Condé.

Le 18 janvier, il édicte un autre décret (D/2011/021/PRG/SGG) portant nomination aux postes de commandement militaire. Le Lieutenant colonel Zézé Onivogui devient chef d’état major de l’armée de l’air en remplacement de Lansana Touré. Mais quid alors de Kadjali Conté ?
Par le décret D/2011/020/PRG/SGG du 19 janvier 2011, il a élevé au grade de général de Brigade le colonel Biro Condé (qui avait été écarté par Dadis en même temps qu’Idi Amin), le colonel Georges Sy et le colonel Bachir Barry. Ce dernier figure sur la liste des personnes arrêtées dans ce complot mystérieux. Il nomme le colonel Malick Marsurin Bangoura comme Coordinateur de l’Aéroport international de Gbessia.

Il a commencé les purges au sein de l’armée dès son installation au pouvoir. Le 21 novembre 2010, à l’issue d’un couvre feu décrété suite aux troubles électoraux, Idi Amin et le gouverneur de Conakry le commandant de bataillon Resco Camara accompagnés des éléments du Bata présentent aux média une vingtaine de militaires arrêtés pour « violation flagrante des consignes du couvre feu » et fouettés au mépris de toute dignité. Voici la liste des personnes arrêtées :

1-Adjudant Aboubacar B Bangoura, Bataillon du Génie Militaire (BGM), Mat.23089G

2- Adjudant Fassou Kourouma, BGM, mat. 23249G

3-Adjudant Mohamed Bangoura, matricule 25091G, Bataillon Génie Militaire

4-Adjudant Souleymane Sylla, Bataillon Génie Militaire, Mat. 23197G

5-Adjudant Sidiki Fofana. Mat. 23108G, BGM

6-Adjudant Balla Mara, Matricule 23037G, Train du BQG

7- Adjudant Fodé Bakary Mansaré, BQG, Mat.26415G

8- Mdl chef, Alhassane II Camara, 23108G, Escadron Mobile 5

9- Mdl Moïse, Savio Bangoura, Mat 31641G, Ecadron Mobile 5

10- Caporal Chef Ousmane Conté, Armée de l’air, mat. 37959G

11- Caporal chef Mohamed Sylla, Mat.38137G, Armée de l’air

12- Caporal chef Albert Lama, mat.37972G, EMA

13- Caporal chef Alya Conté, Compagnie Nouba du BSP, mat. 35715G

14- Caporal chef Djibril Camara, compagnie Nouba du BSC, mat. 36493G

15- Djibril Baldé, Soldat 2è classe, bataillon autonome de Boké

16- Adjudant Mohamed Diallo, BGM, mat.23103G

17- Adjudant Mamadouba Bangoura, 24864G, BQG

18- Adjudant Facély Condé,BGM, mat. 28097G

19-Brigadier chef Séydouba Camara, Mat258333Z, section Sport police

20- Brigadier-chef Thiam Mohamed, Matricule 258753X, Direction générale de la police ;

21- Brigadier-chef Camara Aboubacar, Matricule 257012F, Sûreté nationale Conakry

22- Brigadier Chef Younoussa Diallo, Mat.252108X, CMIS

23- Brigadier-chef Ibrahima Sory Cissé, Matricule 24257537E, CMIS

24- Brigadier-chef Kourouma Fara Lélé, matricule 25571941G, CMIS

25- Brigadier chef Mamadou Diouldé Baldé, Protection Civile Bambéto

Puis, le 23 janvier 2011, lors de son déplacement au Burkina Faso, le général Boundouka Condé et Kelefa Diallo ordonnent l’arrestation du général Nouhou Thiam aux motifs que ce dernier « ne cesse d’appeler les anciens collaborateurs de Sékouba à la révolte et à la désobéissance ». Nouhou Thiam avait déjà été arrêté en septembre lors du déplacement de Sékouba au Liban. Il est cité de nouveau dans cet étrange complot d’Alpha Condé.

En avril 2011, ce sont les militaires affectés à la garde de Cellou Dalein qui sont arrêtés et radiés de l’armée. Comme pour le dernier « complot » d’Alpha, il y a de nombreuses contradictions dans les propos des autorités. Dans un communiqué de protestation, le général et ministre Toto Camara affirme que  « les services de sécurité ont désarmé près de 40 gardes rapprochés, en bérets rouges. Ils sont actuellement objet d’interpellation ». Alpha Condé, lui, se contredit. Dans l’hebdomadaire Jeune Afrique il déclare :

« Il n’y a jamais eu de perquisition, mais un problème interne à la garde personnelle de Cellou. L’argent qu’il distribue à ses hommes, dont certains sont des Bérets rouges, a été mal réparti, et l’un d’entre eux, mécontent, est venu exiger son dû les armes à la main. Tout ce qu’on a raconté dans les médias à ce sujet est faux ». (Jeune Afrique 31 mai 2011 http://www.jeuneafrique.com/Articleimp_ARTJAJA2628p022-029.xm.)
Dans l’entretien qu’il a accordé à RFI, il affirme que :

« D’abord, les 3 militaires qu’on a arrêtés c’était des militaires habillés en civil …(alors que Toto dit qu’ils étaient en tenue). Ils étaient dans la manifestation et on les a pris avec des kalachnikovs et des fusils. Ils ont été condamnés. Mais nous ne pouvons plus accepter que des gens se permettent de casser les véhicules. Est-ce que vous pensez qu’on va continuer à accepter que des gens occupent la rue, jettent des pierres sur les gens ? Non. Personne n’est au-dessus de la loi ». (http://www.rfi.fr/afrique/20110621-alpha-conde-president-guinee-conakry).

Il faut rappeler que depuis l’arrivée au pouvoir du CNDD, le domicile de Cellou Dalein est devenu le terrain de jeu ou d’attraction privilégié de l’armée en quête de caches d’armes. Ce dernier attentat d’Alpha Condé n’a pas fait exception à cette constante, moins de trois mois après leurs dernières perquisitions. Cette fois ci, elle a étendu son champ de distraction au domicile du numéro deux du parti ainsi qu’à la famille du leader en s’attaquant à sa filiation (fils mineur et fille et par extension beau fils et amis présents chez ce dernier). La fille de Cellou Dalein Diallo avait déjà été interpellée en avril pour avoir apporté de la nourriture aux militantes arrêtées. La nouveauté avec le dernier attentat d’Alpha Condé, est le saccage systématique qui accompagne les fouilles intempestives des domiciles de l’opposition et de leurs familles.

Le prétendu attentat a conduit à l’arrestation d’une trentaine de personnes. Le Procureur affirme les avoir déféré devant les juges :

1.Hissiam Awal ou Hisham Fawaz (un des sites en ligne a certainement fait une erreur dans la transcription du nom)
2. le Colonel Aboulaye Bah dit Aïdor
3. le Colonel Boubacar Gassimou Barry
4. Baba Alimou Barry,
5. Le Capitaine Asmiou Camara
6. Lieutenant-colonel Mamadou Bondabon Camara
7. le Commandant Sidiki Camara « De Gaulle », ancien aide de camp Sékouba Konaté
8. le Lt/colonel Issiaga Camara, neveu de l’ancien Président Lansana Conté
9. le Lieutenant Mohamed Condé
10. Mamadou Alpha Diallo,
11. Alpha Aguibou Diallo
12. Lieutenant Mamadou Djéllo Diallo
13. le Colonel Abdoulaye Sy Diallo
14. Commandant  Alpha Oumar Diallo (alias AOB),
15. La seule femme Fatou Badian Diallo
16. un seul civil, Elhadj Mamadou Alpha Diallo.
17. Le Lieutenant Mamadou Saliou Diallo
18. Le Colonel Sadou Diallo
19. le Colonel Sambahou Diamankan, commandant du BSC (camp Alpha Yaya Diallo);
20. le Lt/Colonel Lancinet Doumbouya;
21. Abdel Hilal
22. l’Adjudant Mohamed Kaba;
23. Sous-lieutenant Mohmed Komara
24.le Lt/Colonel Mohamed Sow, commandant de garnison de l’armée de l’air;
25.le Général Nouhou Thiam, ancien chef d’Etat-major général
26 Alpha Saliou Wann,

Après leur interrogatoire, le juge ne s’est pas expliqué sur leur statut pénal. C’est un hebdomadaire africain qui fait état de leur inculpation (équivalent de la mise en examen). N’étant pas sortis libres du tribunal, tout laisse voir qu’ils ont été placés en détention provisoire. 
Ces arrestations ressemblent à une purge au sein de l’armée, destinée simplement à se débarrasser de certains éléments, à défaut d’avoir une vraie politique de réforme du secteur de sécurité, avec des objectifs précis sur le rôle de l’armée, ses relations avec la population, les critères de recrutement, de promotion et de formation à l’étranger, son effectif, comment réorganiser la reconversion des militaires en cas de réduction d’effectifs etc.

Ce complot est d’autant invraisemblable qu’Alpha Condé, qui avant enquête, met en cause l’opposition et des commerçants en plus des militaires, se confiant à son grand ami François Soudan dans l’hebdomadaire jeune Afrique du 31 mai 2011, accusait déjà l’opposition de vouloir recruter des mercenaires.
Peut-on encore accorder foi à Alpha Condé qui n’hésite pas, en toute conscience, à dire des inexactitudes en attribuant à son adversaire des propos que ce dernier n’a jamais tenus ?
Dans l’interview de Jeune Afrique mentionné, « Alpha Condé : qui oserait me donner des leçons de démocratie », il claironne « je suis fier de l’armée guinéenne. Elle ne sort plus dans les rues, elle a accepté que toutes les armes lourdes soient délocalisées à l’intérieur du pays, on ne la voit plus déambuler dans les bars en tenue, ni tenir des barrages ». C’est à croire que ce complot a conduit à une grande reculade, car Conakry est plus militarisé que jamais ainsi que certaines villes de l’intérieur où des militaires armées jusqu’aux dents organisent fouilles et rançons et ont érigé des barrages à n’en plus finir.

Au rythme où vont les complots,  Alpha Condé risque de battre le record de la période sombre de son autre prédécesseur civil et camarade, qui au lieu de s’atteler à la construction et au développement de la Guinée, a concentré toute son énergie à créer un climat de suspicion, de méfiance, de délation et de terreur.
Aujourd’hui, les clivages ethniques sont plus vivaces que jamais comme le montrent ses rumeurs d’empoisonnement et le discours du Médiateur contre les Peuls, les affrontements entre Kpélès et Malinkès à Galakpaye à Yomou (Guinée forestière). Les citoyens sont spoliés de leurs biens sous couvert d’expropriation au mépris des procédures y afférentes qui exigent un calendrier précis et une indemnisation préalable (ferme d’Alsény Barry, habitants de Saoro chassés par la Société guinéenne de palmiers à huile et d’hévéas avec l’appui de l’armée sans aucun mandat etc.). Même les animaux ne sont pas épargnés (deux milles bovins massacrés en Guinée forestière sans réaction d’apaisement des autorités morales et politiques).

Hassatou Baldé