Rediffusion : (Diffusé pour la première fois le dimanche 26 Octobre 2008). Les paroles s’envolent mais les écrits résistent aux intempéries de l’histoire et restent pour le témoignage de cette même histoire…
L’Ouzbékistan, c’est le pays habité par les Ouzbèkes. L’Afghanistan, c’est le pays habité par les Afghans. Le Turkménistan, c’est le pays peuplé par les Turkmènes et le Pakistan, c’est le territoire peuplé par les Pakistanais, Kurdistan, c’est le territoire peuplé par les Kurdes, Tadjikistan, peuplé par les Tadjikes et la Guinée est le pays habité par les absurdes, d’où le non la Guinée = Absurdistan.
En « Absurdistan », la République de l’absurdité où le ridicule ne tue guère, c’est cela la Guinée où le soleil se lève au Sud. Quant à savoir où il se couchera, c’est une autre question.
Un Capitaine commande des Colonels, des Commandants, des lieutenants-Colonels et des Généraux, c’est cela le paradoxe ou l’ambigüité guinéenne !
C’est cela la Guinée, « l’Absurdistan », le monde à l’ envers !
Il n’y a pas de pires maux que ceux de l’esprit, nous dit-on. Un esprit sain dans un corps sain est une fontaine de vigueur, d’action et de productivité par contre un esprit malade même dans un corps sain, constitue une source de tragédie, de rétrogression et de « si, je savais ».
La Guinée est dirigée par des hommes aux esprits malades au point de transformer le pays en une peuplade des absurdes car ce qui se passe en Guinée est au delà de toute imagination, au delà de toute compréhension par un esprit humain normal.
De nos jours, l’argent est considéré comme l’essence même de la richesse et le centre de toute convoitise et cela quelque soit le moyen employé : Mentir, Voler ou même agresser les personnes.
La Guinée depuis son accession à l’indépendance, ne cesse de subir et de flirter avec l’impunité exacerbée par un tribalisme criant, qui conduit de facto à la médiocrité dont bon nombre d’acteurs politiques, si non la totalité, et ceux de l’administration s’y sont illustrés et ont excellé sont devenus.
Les nombreux détournements de deniers publics, les assassinats gratuits ou politiques en passant par des folies de grandeurs divers, sont restés impunis.
En prenant des exemples de modèle de réconciliation comme en Afrique du Sud, le peuple de Guinée aurait eu l’ultime l’opportunité de revisiter les ténèbres de son histoire avec courage et lucidité pour faire la lumière sur les atrocités commises depuis l’indépendance jusqu’à nos jours et connaître tous les fossoyeurs économiques (anciens et nouveaux) du pays qui ont pillé et continuent les ressources du pays impunément et détournent les nombreuses aides financières dont le pays a bénéficié et qui continuent de rôder autour des différents régimes qui se sont succédés en Guinée.
Mais, il n’en a rien été. Les Guinéens continuent la fuite en avant. Il faut tout disséquer avant de parler d’un pardon même si ce pardon doit arranger pratiquement et politiquement Lansana Conté et son sérail.
Il faut répondre aux questions suivantes :
Qui a fait quoi ?
Qui a demandé pardon à qui ?
Le pardon, même symbolique, n’a pas de valeur sur la destinée du pays et sur la vraie réconciliation si les Guinéens ignorent complètement l’objet de leur discorde et les implications sur le cours de l’histoire de leur pays.
Au delà des discours hypocrites et des « minutes de silence » qu’est ce que le gouvernement a fait pour rendre justice à ces morts qui regardent tout un peuple qui s’enfonce dans la menterie ?
Le point cardinal de toute vraie réconciliation ou de dialogue national est : chaque Guinéen a droit de se demander et de savoir qui est le fautif et qui est la victime.
Avant de parler de pardon, il faut qu’il ait une reconnaissance, un mea culpa de la part des auteurs des détournements, des assassinats, et autres crimes.
Ce ne sont pas les informations ou les témoignages sur les crimes qui font défaut. Ce qui manque aux Guinéens surtout à ses dirigeants, c’est le courage de comprendre ce que tout le monde connaît et d’en tirer les conséquences.
Les victimes sont connues et cela n’épargne presqu’aucune famille, aucune région et aucune ethnie.
– La première victime toute désignée, c’est le peuple de Guinée.
Les autres victimes sont :
– Ce sont ces nombreuses mères de famille respectables qui ont été bafouées dans leur honneur, dans leur dignité de femme devant leurs enfants ;
– Ce sont ces nombreux enfants orphelins et veuves mères de familles qui, en plus d’être privés de la tendresse paternelle, maternelle et matrimoniale, ne savent pas ou sont enterrés leurs pères, leurs maris, leurs épouses.
-Ce sont aussi les différents parents qui ont perdu des membres de leur famille dans des atrocités sans précédent en Guinée depuis l’indépendance jusqu’aujourd’hui lors des campagnes de tueries presque avoisinant un génocide.
-Ces nombreuses personnes (fils et filles) brutalisées, blessées, violées dans leurs corps, leurs âmes, par les « Tontons Macoutes » de Sékou Touré et Lansana Conté.
– Et la liste des choses endurées par le peuple de Guinée continue et s’allonge interminablement.
Les différentes atrocités des deux régimes sont connues, délaissées, mais traînant les unes et les autres dans leur sillage, la désolation, misère, voire la haine.
En refusant de demander de compte à toutes ces personnes ayant directement ou indirectement commandité ces atrocités, la Guinée a légitimé voir institutionnalisé l’impunité.
Pour qu’une personne se rende compte de son erreur, de sa faute ou de son crime rien ne vaut plus que de lui demander des comptes.
Pour la simple raison que ceux qui ont commis des actes criminels n’ont jamais été inquiétés en Guinée, ni hier, ni aujourd’hui, il est logique de savoir que l’avenir ne sera que la continuité du passé, continuité renforcée par le présent. Ces mêmes criminels ou les potentiels criminels n’hésiteront pas de refaire les mêmes choses et voire pire.
Il faut mettre fin aux practices politiques et administratives qui ont conduit à la pérennisation des crimes imprescriptibles ainsi qu’à l’institutionnalisation de l’impunité sous toutes ses formes.
S’il faut en définir de façon brève la situation actuelle de la Guinée, elle se résume en cette courte phrase : Le trouble est grand, la nuit est profonde, l’avenir incertain mais pas totalement perdue si les Guinéens se réveillent de leur torpeur et de leur amnésie car dans des montagnes de désespoir, il y a un caillou d’espérance.
La Guinée est un pays unique tant il est incompréhensible de comprendre et de justifier le paradoxe guinéen. La Guinée est devenue un pays de l’irrationnel, de l’illogique et de l’impensable.
Il est important de savoir que le plus grand péril du pays, est la lenteur, l’aveuglement, l’amnésie et l’obstination même des dirigeants politiques et administratifs qui ont brillé par leur refus catégorique de comprendre que la Guinée a besoin d’une nouvelle donne, d’une nouvelle orientation, d’une autre façon de penser et de diriger.
Il faut que les Guinéens laissent de côté leurs égos personnels et pensent à leurs enfants et aux enfants de leurs enfants, aux petits-fils. Il faut que les Guinéens imaginent et projettent un peu, quel pays voudraient-ils laisser à leurs enfants et petit enfants.
Le Général Lansana Conté n’avait jamais l’aptitude, l’intelligence, la conscience et les qualités physiques, intellectuelles et morales pour diriger ce beau pays, la Guinée.
Maintenant qu’il est mort de sa mort dans la honte, les Guinéens doivent vite fermer cette parenthèse plus que scandaleuse, honteuse et tragique de leur histoire mais tout en tirant les leçons. Il y va de la survie du pays en tant que nation.
Les Guinéens et Guinéennes peuvent changer leur destin à condition que chaque citoyen accepte de faire son « auto-révolution culturelle et mentale».
Il faut renouer avec les valeurs humanistes qui donnent des repères à toute Nation. Il s’agit de rompre avec la facilité et la légèreté à l’origine de nos turpitudes en faisant la distinction entre le vrai et le faux ; la justice et l’injustice ; le patriotisme et la collaboration ; l’acceptable et l’inacceptable ; le bien et le mal.
Le peuple a parlé, Lansana Conté et sa cour royale ont refusé de l’écouter !
Lui qui se croyait immortel, où est –il aujourd’hui et dans quelles conditions il a cassé sa pipe?
Le singe qui tombe de la branche d’arbre où il est accroché, ne voit pas son ombre ! dit-on.
Chaque citoyen Guinéen qu’il vive dans le pays ou d’ailleurs, possède sa part de responsabilité dans cette faillite collective du pays et ce serait une énorme lâcheté que d’imputer sans cesse la faute aux autres qu’à soi-même, derrière cette hypocrite phrase « pas de chance », ou encore s’en prendre aux étrangers comme des boucs émissaires, dans le but de se refaire une virginité politique.
La faillite de la société Guinéenne est la conséquence de toute politique inefficiente prônée par des leaders politiques et militaires qui sont incompétents et sans amour pour le pays, plutôt guidés par une avidité d’un enrichissement illégal et rapide au détriment des intérêts du peuple.
Je serais heureux si les quelques lignes ci-dessus, ont contribué à jeter dans les ténèbres actuelles, une lumière sur la marche des Guinéens sur cette route rudimentaire de l’avenir.
La Guinée est suffisamment riche pour satisfaire les besoins de tous les Guinéens et Guinéennes mais, elle (la Guinée) trop petite et pauvre pour assouvir les appétits égoïstes de chacun.
Il faut que le citoyen Guinéen retrouve son sens de dignité et éviter d’être des petits politiciens pantins sans grandeurs qui s’accrochent au pouvoir et à ses avantages quitte à se renier et s’humilier.
Il faut que les Guinéens épousent la vérité qui est comme l’eau froide, elle (l’eau froide) qui fait mal seulement aux dents malades.
De toute évidence, le temps nous est compté, rien ne restera éternellement caché, la vérité finit toujours par triompher.
« La vérité est comme l’eau froide, elle ne fait mal qu’aux dents malades ».
Dr. Mamadou Diallo, MD