Pour la première fois depuis le 14 mai dernier, la femme de chambre de 32 ans qui accuse Dominique Strauss-Kahn d’agression sexuelle, donne sa version des faits dans les médias américains. Et revient bien sûr sur l’agression sexuelle présumée…
Deux interviews, la première au magazine américain Newsweek – elle fait bien sûr la Une – la seconde à la chaîne de télévision ABC –
Elle sera dévoilée dans son intégralité mardi, pour une même histoire. Nafissatou Diallo, la femme de chambre de 32 ans qui accuse Dominique Strauss-Kahn d’agression sexuelle, sort enfin de l’ombre pour raconter ce qu’elle a subi le 14 mai dernier, dans une Suite présidentielle du Sofitel de Times Square, à New York. Le moment a sans doute été choisi en concertation avec son avocat Kenneth Thompson, tant il paraît opportun. Alors que le 1er juillet dernier, les équipes du procureur avaient elles-mêmes remis en question la crédibilité de la victime, ce qui avait conduit la libération sous condition de DSK au terme d’une audience surprise, l’ouverture d’une enquête préliminaire en France suite aux accusations de Tristane Banon a provoqué un nouveau temps médiatique, beaucoup moins favorable à l’ancien directeur du Fonds monétaire international.
Elle décrit un rapport oral forcé
«Newsweek» revient donc sur l’affaire DSK et sur le long témoignage de Nafissatou Diallo. L’entretien s’est déroulé durant trois heures, en présence des avocats de la femme de chambre, précisent les journalistes Christopher Christopher Dickey et John Solomon. La réfugiée guinéenne décrit dans un premier temps son travail au Sofitel, pour 25 dollars de l’heure en plus des pourboires comme le travail d’une équipe. «J’aimais mon job. J’aime mes collègues. De tant de pays différents. Des Américains, des Africains, des Chinois. Mais nous étions tous pareils, ici», explique-t-elle. Et «Nafi», comme elle est surnommée dans le magazine, de revenir ensuite sur l’agression sexuelle présumée du 14 mai dernier. Sa rencontre avec DSK, nu, dans la Suite 2806. Si sa version des faits avait déjà été racontée par Kenneth Thompson, le 1er juillet dernier, certains détails sont donnés par la femme de chambre, comme des phrases qu’auraient prononcées DSK. «Tu es magnifique», lui aurait-il dit, notamment, après avoir fermé la porte de la Suite. La suite est plus crue. Nafissatou Diallo décrit le rapport oral forcé aux journalistes de Newsweek. «Il me tenait la tête si dur ici», a-t-elle ainsi déclaré, en mimant le geste. «Il était en mouvement en faisant un bruit (…), me jetait des « Suce ma ‘Je ne veux pas dire’ »».
Alors que la prochaine audience se déroulera le 1er août prochain, la Guinéenne ne cache pas sa haine envers l’homme qui aurait détruit sa vie. «A cause de lui, ils me considèrent comme une prostituée. Je veux qu’il aille en prison. Je veux qu’il sache qu’il y a des lieux où tu ne peux pas utiliser ton pouvoir ni ton argent», affirme-t-elle, déclarant également ne pas penser à l’argent.
Une plainte au civil?
L’un de ses avocats, Douglas Wigdor, a de son côté déclaré que Nafissatou Diallo avait décidé de s’exprimer publiquement pour que le monde sache qu’elle n’est «ni une artiste du racket ni une prostituée». «Elle est attaquée (…) et elle a jugé important de mettre un nom et un visage sur son récit», a-t-il ajouté, tout en annonçant que Nafissatou Diallo comptait prochainement déposer une plainte au civil, ce qui implique que son nom soit alors rendu public. Recluse depuis deux mois dans un hôtel avec sa fille, la femme de chambre a affirmé qu’elle n’avait jamais voulu se montrer en public», mais qu’elle était obligée de témoigner désormais à visage découvert.
Pour les avocats de DSK, c’est une pierre de plus dans le mur d’une campagne médiatique. «Elle est la première accusatrice de l’histoire à mener une campagne médiatique pour persuader un procureur de maintenir les charges contre une personne auprès de qui elle espère obtenir de l’argent », ont déclaré Benjamin Brafman et William Taylor, dans un communiqué. «Ses avocats et ses consultants en relations publiques ont orchestré un nombre sans précédent d’événements et de rassemblements médiatiques pour faire pression sur les procureurs dans cette affaire après qu’elle a dû admettre ses efforts extraordinaires pour les induire en erreur.»