CONTESTATION DU DÉCRET DE CONVOCATION DU CORPS ÉLECTORAL : UN PIÈGE POLITIQUE A ÉVITER.

PREMIÈRE RAISON POLITIQUE

La contestation est en faveur de l’exécutif.

Une contestation de la date est de nature à jouer sur le calendrier électoral de l’élection présidentielle de 2020. 

Cette contestation envue du report de la date des élections législatives à l’effet d’achever l’assainissement du fichier électoral, va donner un argument de taille à l’exécutif, à la CENI et aux partenaires techniques et financiers sur les nécessités de repousser l’élection présidentielle de 2020. 

Cet argument va être lié aux problèmes de temps pour régler des aspects techniques.

Ce retard qui sera donc provoqué pour mieux aborder les élections législatives va avoir une répercussion sur l’organisation de l’élection présidentielle qui est d’ailleurs la plus attendue pour que soit effectif l’alternance démocratique en 2020 pas une autre année.

DEUXIÈME RAISON : 

LA VOLONTÉ JURIDIQUE AFFICHÉE DE L’EXÉCUTIF DE DÉTOURNER L’OPPOSITION DE SON OBJECTIF RÉEL : CELUI D’UNE ALTERNANCE DÉMOCRATIQUE EN 2020 ET PAS EN 2021…

Le Président en prenant ce décret par précipitation, et donc en violation de l’article 62 alinéa 2 du code électoral de 2017 qui dit que le président doit convoquer le corps électoral soixante-dix (70) jours avant le scrutin, savait bien que cette mesure serait contestée. Et que cette contestation favoriserait le changement du débat et permettrait de faire retarder le processus. 

Comme mentionné plus haut, en politique le temps est très précieux, il doit donc jouer sur le temps.

Pendant que les acteurs politiques seraient entrain de débattre ou manifester pour le report des législatives en raison de la défaillance du fichier électoral (ce qui est une évidence), l’exécutif serait déjà entrain de se positionner par rapport à ses objectifs de modification de la constitution donc d’un troisième mandat. Une vraie longueur d’avance.

Au moment où les acteurs politiques seraient enfin d’accord avec ce fichier et accepteraient d’aller aux législatives, juste après les législatives va se poser encore le problème de temps lié aux aspects techniques dans le cadre de l’organisation d’une élection transparente, crédible et acceptée de tous.

Et c’est à partir de là que tous les acteurs et partenaires excepté l’opposition vont se joindre à la mouvance pour estimer qu’il faille d’abord régler les préalables techniques avant d’aller à l’élection.

Ainsi donc il sera très fort probable que cette élection n’ai pas lieu à la date indiquée c’est à dire 2020.

Toute chose qui va donner du temps à la mouvance de mieux se positionner.

QUE DOIVENT FAIRE LES PARTIS POLITIQUES DE L’OPPOSITION ?

– Ne pas contester la date de la tenue des élections législatives.

– Exiger un autre décret qui prend en compte le délai légal sans modifier la date de la tenue du scrutin.

– Mettre en activité leurs différentes équipes en synergie avec la CENI et autres intervenants en vue de l’assainissement du fichier électoral avant la date du 31 décembre 2019 comme le prévoit l’article 17 du code électoral.

– Exiger la rigueur dans l’opération d’assainissement du fichier afin d’obtenir un résultat responsable et à la date du 31 décembre 2019.

En conclusion ce décret comporte un piège à éviter absolument.

Robert THEA. Spécialiste des questions de Démocratie et Bonne Gouvernance.