Avec la CENI, la Guinée n’est pas à un tour de cirque près. Après plusieurs mois de « coma », elle commence à retrouver la cacophonie et l’incompétence qui la caractérise…
Le 16 juin 2011, son « président » désigné dans des conditions douteuses et contestables et condamné signe un protocole d’accord sur les législatives avec le Ministre de l’Administration du Territoire, auteur d’un « livre » sur la Décentralisation et qui aujourd’hui en est le fossoyeur.
Comment a été élaboré puis signé ce Protocole, quels sont les membres de la CENI qui en étaient informés et présents ?
Au lendemain de ce protocole qui veut ainsi contourner la Constitution et la loi organique portant code électoral qui ne permettent pas au gouvernement de réviser à sa guise le fichier électoral, neuf membres de la CENI dénoncent cet accord en le considérant nul.
Ce qui nous amène à un réexamen des textes régissant son fonctionnement.
Selon l’article 20 de la loi l’instituant, ses décisions sont prises de manière consensuelle.
De même les articles 11 et 13 de son Règlement intérieur énoncent que les décisions de l’Assemblée Plénière et celles du Bureau de la CENI sont prises par consensus, ou à défaut par la majorité absolue des membres.
Il est clair que la signature de ce Protocole n’a pas été faite de manière consensuelle et le fait que des membres réagissent après la signature laissent supposer qu’ils n’étaient pas informés des agissements de celui qui se prend pour le Président de la CENI.
Il sied de lui rappeler que l’Assemblée plénière composée de tous les membres de la CENI est l’instance suprême de cette institution collégiale. Cette Assemblée se prononce sur toutes les questions électorales (art 5 RI).
Par ailleurs, le Bureau composé de cinq membres se réunit valablement à la majorité absolue de ses membres (art 9 RI). Lounceny Camara et ses collègues doivent surtout savoir qu’une des attributions du Bureau est de maintenir l’ordre et la discipline au sein de la CENI et exécuter les décisions de l’Assemblée plénière.
Il faut que la CENI cesse ses jeux d’enfants gâtés et se comporte comme une Institution responsable qui inspire confiance. Elle ne doit pas perdre de vue que ce sont tous les membres et non seulement son Président qui prennent les décisions. Si elle a opté pour le statut quo en n’invalidant pas la désignation de Lounceny Camara à sa tête et organiser une nouvelle élection pour choisir un Président qui inspire confiance et compétence, elle doit se montrer plus responsable et indépendante et ne plus se contenter de protester mollement et accepter un nouveau état de fait.
Le ridicule de la CENI l’avait conduite à choisir momentanément un étranger pour gérer le second tour car certains de ses membres n’ont jamais compris qu’elle est indépendante et qu’elle n’a pas d’instruction à recevoir d’une quelconque autorité.
Hassatou Baldé