Le contrat de concession du port de Conakry à la société turque Albayrak est désavantagé pour la Guinée, selon le secrétaire général de la délégation syndicale du port autonome de Conakry. Cheick Cherif Touré invite l’ensemble des travailleurs à s’abstenir d’aller au travail pour exiger la résiliation la concession. Interview !
Guinee360: Qu’est ce que le contrat de concession du port conventionnel de Conakry à la société turque Albayrak implique de si mauvais pour la Guinée autant que le vous le contestiez?
Cheick Cherif Touré : Ce n’est même pas un contrat de bail, c’est presque un contrat de vente parce que le Port autonome de Conakry, le quai conventionnel est un patrimoine national. On fait de concession comme ce que nous avons fait avec Bolloré au Terminal à conteneur à l’ouest ou les chinois au niveau du port est. Donc, si les turcs veulent avoir un autre domaine, il y a derrière le port a l’est, au niveau de Petit bateau. Mais, le patrimoine appartient à la Guinée. Ce que les présidents Sékou Touré et Lansana Conté n’ont pas fait, c’est ce que le président Alpha Condé a fait. C’est un contrat nul et nul effet. Le patrimoine national appartient à la Guinée c’est la capitainerie, la direction de l’exploitation commerciale et logistique. Les bateaux qui viennent, on les taxes et les recettes reviennent à l’Etat guinéen. C’est ce qu’ils veulent bloquer. Dans ce contrat, sur les 100% des recettes, la Guinée a 18% et les turcs, 82%. C’est trop flou.
Vous dites que ce n’est pas le bail. C’est quoi alors ?
La concession c’est un bail qu’on fait à une société qui paie les redevances et la location. Cette fois-ci, c’est le patrimoine de la Guinée qu’on veut privatiser. C’est ce qui n’est pas bon. La société Albayrak appartient à la famille du président Turc. Nous connaissons l’instabilité qu’elle a causée en Somalie d’où elle a été chassée. C’est là le danger quand ils viennent chez nous.
Que deviendra le personnel du port autonome ?
La direction du port autonome va revenir aux turcs. Ils n’auront besoin que de 200 personnes alors que le port a 715 emplois directs. Si tu es licencié, tu n’as rien avoir avec eux puisque l’indemnisation c’est avec l’Etat guinéen.
Quel sera l’impact sur le plan économique ?
Pendant 10 ans, ils vont bénéficier d’exonération des taxes douanières. Ce montant sera versé dans un guichet fantôme puisqu’on ne sait pas à qui appartient ce guichet.
Quel est le coût d’investissements du contrat ?
Le président de la République a dit que le coût d’investissements est de 200 millions USD et le tickets d’entrée 15 millions Usd qui sont insuffisants. En principe, si vous devez faire une concession comme dans les autres pays, chaque travailleurs a une maison, des voitures et plus un montant. Déjà, on a jamais vu le ticket d’entrée de Bolloré.
N’aviez vous pas été associés aux négociations ?
Au départ, c’était entre la direction générale et les directions sectorielles, les gens se sont opposés. Par la suite, de façon unilatérale, ils ont appelé la directrice générale pour signer sans soumettre sous l’approbation de l’Assemblée nationale. Ça n’a même pas été discuté en conseil des ministres ou interministériel. C’est pourquoi, je dis que c’est une vente.
Vous avez rencontré le chef de l’Etat. Qu’est-ce que vous lui aviez dit ?
Quand nous l’avons rencontré au lendemain de la signature du contrat, il a dit « vous avez dit que le port a été vendu. Comment le port a été vendu ?» j’ai dit, monsieur le président si 2 ou 3 personnes se réunissent pour signer un contrat sans le consentement des travailleurs, des directeurs sectoriels et sans que cela ne soit l’objet d’un débat en conseil interministériel ou en conseil des ministres, c’est une vente. Il y a eu des échauffourées entre nous. Je lui ai dit que le pays est régi par le principe de séparation des pouvoirs.
Et il a répondu quoi ?
Il a répondu en disant que personne ne sera licencié. Il a dit que nous sommes manipulés par l’inter-centrale Cntg-Ustg. Le directeur des ressources humaines qui est un expert en droit maritime a dit que ce contrat n’est pas bon pour la Guinée en prenant exemple sur les remorqueurs, les manutentionnaires qui vont perdre leurs emplois. Il (Alpha Condé, ndlr) lui a dit « pourquoi tu dis ça, tu penses que tu es plus instruit que moi, à partir d’aujourd’hui tu es révoqué de tes fonctions ». Quand le président a dit qu’il va auditer la gestion du port, le jeune Fadiga qui est le président du collectif des travailleurs du Port autonome a répondu en disant que nous allons commencer à vous auditer vous aussi. Le chef de l’Etat a ordonné que l’on révoque ce dernier de ses fonctions et d’envoyer un mandat d’amener contre lui.
Quelle est votre stratégie pour faire résilier le contrat ?
Notre stratégie, c’est l’arrêt total du travail au port pour qu’il n’y ait aucune entrée et aucune sortie des bateaux. On a demandé à tout le monde de ne pas aller au port tant que les gendarmes et les policiers sont là-bas.
Qu’en est il des dockers ?
Les dockers ne nous accompagnent pas parce que le président de la République a fait une politique de diviser pour régner. Ceux-là sont des manutentionnaires et ont leur syndicat a part. Ils disent que ça ne leur concerne pas.
Source: Guinee360.com