Depuis l’annonce de d’une éventuelle augmentation du prix du carburant par le ministre du Budget le lendemain de la suspension de la grève des enseignants, les Guinéens sont inquiets. Dans un entretien accordé à notre rédaction, l’économiste Ibrahima Sanoh voit mal cette augmentation. Selon lui l’Etat devrait plutôt réduire son train de vie. Par ailleurs, l’économiste révèle que certaines entreprises auraient des crédits d’impôts sur l’Etat.
La rareté du carburant dans les stations ces derniers jours, inquiète la population. Cette situation tend à une nouvelle crise sociale, quand on sait que certains mouvements syndicaux haussent déjà le ton pour s’opposer à une augmentation du prix, alors que le gouvernement y tient. Ce dernier pour raisonner, souligne que les institutions de Breton Wood exigent une élévation du prix à la pompe. Un argument, que rejette Ibrahima Sanoh. « Ce n’est pas le FMI et la BM qui leur dit d’augmenter le prix du carburant. S’ils le font, c’est pour avoir le manque à gagner causer par leur propre méchanceté de détournement. Et ils vont conduire le peuple à une autre instabilité politique » fulmine l’économiste, avant de préciser, « la chose la plus grande que l’Etat ne dit pas, ce qu’aujourd’hui, il y a beaucoup d’entreprises minières qui ont des crédits d’impôts sur l’Etat. Jusqu’en 2021, 2022, il y a des entreprises qui ne vont pas payer l’impôt en Guinée. Parce que tout simplement, ils ont fait des avances à l’Etat. Alors vous voyez la méchanceté. Le régime d’Alpha Condé prend fin en 2020 et jusqu’en 2021 et 2022, il y a des entreprises qui ne payeront pas des impôts. Non seulement on a détruit l’avenir de ceux qui sont là aujourd’hui et qu’on est en train de détruire les rêves des enfants qui ne sont pas nés » a-t-il regretté.
Plus loin, Ibrahima Sanoh estime que l’Etat devrait revoir son train de vie. « Aujourd’hui, on a une croissance économique de 6%, le taux le plus grand qu’on a connu dans l’histoire de la Guinée. Mais le FMI et la BM disent que les recettes fiscales n’ont pas suivi. Alors que si naturellement la croissance est là, les recettes doivent suivre. Mais les recettes n’ont pas suivi parce qu’il y a une corruption. Et l’Etat est en train de payer de ses propres inconséquences et de ses turpitudes les plus grandes. Nous avons vu des coups de milliards qu’ils ont injectés pour déstabiliser la grève syndicale, pour gagner les élections Vous voyez son train de vie qui est exorbitant. Je crois qu’il doit revoir son train de vie » souligne l’économiste.
Sadjo Diallo pour guineebox.com