Suite à la déclaration « scandaleuse » du médiateur de la République Facinet Touré, qui lors d’un point de presse tenu récemment à Conakry, a estimé que » pour la paix et la stabilité du pays, les peulhs ne doivent pas compétir au pouvoir politique, ils sont plutôt bons au pouvoir économique, le Vice-Président de l’UFDG Bah Oury a réagit lors d’un point de presse qu’il a animé vendredi à la Maison de la presse à Coléah, à la quelle a pris part notre rédaction…
Entouré de certaines personnalités de l’UFDG, le parti de l’ancien Premier Ministre Elhadj Cellou Dalein Diallo, Bah Oury a tout d’abord qualifié cette déclaration de « scandaleuse » et qu’elle constitue une violation flagrante des « principes de l’égalité des citoyens et remet en cause, les fondements de la République ».
On se rappelle Facinet Touré avait déclaré récemment que les peulhs devraient s’occuper du pouvoir économique et laisser les autres ethnies compétir le pouvoir politique, pour la stabilité du pays et pour l’équilibre. Une déclaration qui a choqué la communauté peulh et dont les réactions ont été vives tant en Guinée qu’ailleurs.
Malgré les excuses qu’il a présentées mardi dernier, les réactions sont multiples et continuent à faire encre et salive.
C’est dans cette optique que le Vice-président de l’UFDG, Bah Oury a réagit lors d’un point de presse, tout en estimant que ces propos disqualifient d’office le médiateur de la République, Facinet Touré, car s’attaquant à une partie de la population guinéenne.
Selon M. Bah Oury, ces propos est une « violation de la Constitution guinéenne dans laquelle il est indiqué que: « Tous les citoyens sont égaux en droit et en devoir. Le fait de dire qu’une partie de la communauté nationale n’a pas le droit de compétir pour le pouvoir politique. Et qu’ils ne sont bons qu’à occuper le pouvoir économique, viole le principe de l’égalité des citoyens », s’indigne le numéro 2 de l’UFDG.
Poursuivant son intervention, le conférencier rappelle que des tels propos remettent en cause « le fondement de la République » et peuvent avoir « des conséquences graves pour la stabilité du pays ».
« Dans un état de droit, le procureur devrait se saisir de l’affaire pour traduire le médiateur de la République devant les tribunaux. La société civile, l’ordre des avocats et les autres institutions sont interpellés par cette déclaration » ajoute Bah Oury.
Rappelant que c’est « l’Ivoirité » qui a fait sombrer la Côte d’Ivoire dans la guerre civile, Bah Oury a affirmé que la déclaration du médiateur de la République est une autre forme de « foulaniphobie » que Facinet Touré est en train de développer.
Il annonce ainsi la disqualification de Facinet Touré au poste de médiateur de la République, mais qui n’a pas encore pris fonction, en ces termes:
« Ces positions d’exclusion ne peuvent pas rassembler encore moyen créer la stabilité en Guinée. Cette déclaration est une provocation grave, menant à des conflits d’une extrême gravité et qui pourraient remettre en cause la stabilité et la paix en République de Guinée. Facinet Touré s’est donc disqualifié », conclut-il.
Malgré les excuses de Facinet Touré à l’endroit de « ses oncles peulhs », cette déclaration suscite beaucoup de commentaires de la part de l’opinion nationale et internationale et elle n’est pas de nature consolider la paix sociale et recoudre le tissu social déjà fragilité.
4 mois après sa nomination à ce poste, Facinet Touré n’est toujours pas installé à ses fonctions. Il a dénoncé récemment les attitudes de l’entourage présidentiel qui l’empêcher de rencontrer le président Alpha Condé.
Avec cette déclaration qui enfonce les guinéens dans la division et la haine, Facinet Touré dont le rôle était d’œuvrer en faveur de la réconciliation nationale, de l’unité nationale, conformément aux dispositions contenues dans la Constitution guinéenne, s’est déjà disqualifie pour occuper ce poste, compte tenu qu’il fait le contraire des prérogatives du médiateur de la République.
Or, tout le monde se souvient du rôle joué par Facinet Touré pour le « faux coup d’Etat » de Diarra Traoré, orchestré par le clan de Lansana Conté pour exterminer des officiers supérieurs et cadres malinkés en 1985.
C’est pour toutes ces raisons, que la communauté mandingue avait rejeté sa nomination à ce poste de médiateur de la République, dans une correspondance adressée au président Alpha Condé, dans laquelle elle dénonce son attitude et le rôle qu’il avait joué pour massacrer des centaines des officiers et civils malinkés en 1985. De même, Facinet Touré a été un conseiller de Dadis Camara et il devrait répondre du massacre du 28 septembre où des centaines des guinéens avaient été tués par les forces de défense et de sécurité.
Mérite-il réellement d’occuper un tel poste, dont l’objectif est de réconcilier les guinéens, alors Facinet Touré a été lui même un acteur de la division ethnique et de la mauvaise gestion administrative et financière sous l’ère Conté?
En tout cas, tout porte à croire qu’Alpha Condé s’est rendu compte que sa nomination à ce poste de médiateur était une erreur qu’il convient de rectifier.
A quand son limogeage et sa traduction devant les juridictions du pays pour répondre de ses actes?
L’avenir nous le dira.
Alassane Sylla, guineebox.com