Madame la Première Dame de la République du Sénégal,
Monsieur le Premier Ministre,
Mesdames et Messieurs les Membres du Gouvernement,
Messieurs les Ministres du Ghana et de la Gambie,
Monsieur le Président de la Commission de l’UEMOE,
Monsieur le Président du Mouvement des Entreprises Du Sénégal,
Mesdames, Messieurs et Chers invités,
En des circonstances comme celle-ci, c’est d’abord à la gratitude qu’il faut faire face. Monsieur le Président du Mouvement des entreprises Sénégalaises, l’hommage dont vous avez voulu me gratifier pour souligner ma part pour le renforcement des libertés et de la démocratie en Afrique et dans le monde, me touche profondément. J’accepte avec humilité, votre prestigieuse distinction comme une récompense et un encouragement et je suis pleinement conscient que le combat pour les valeurs qu’elle porte est un sacerdoce. Cette distinction ne revient pas à ma seule personne ; elle appartient au peuple de Guinée et à tous les africains dans leur quête de liberté et de démocratie.
Je reçois cet honneur dans un pays que je considère comme ma patrie. Le Sénégal est le premier lieu de mon ressourcement physique, moral et spirituel. C’est à Dakar que je me suis retrouvé pour réfléchir sur ma vie, après de longues années d’expérience gouvernementale. C’est ici que j’ai trouvé l’inspiration qui m’a conduit au combat politique. C’est mon havre de tranquillité, mon lieu de refuge pour panser mes blessures physiques et morales comme celles dont j’ai été victimes le 28 Septembre 2009.
Est-il besoin d’évoquer l’hospitalité généreuse du peuple sénégalais pour des générations de guinéens alors que dans le cœur de mes compatriotes, ces deux pays ne font qu’un, tant les liens tissés par la géographie et l’histoire les confondent. L’expression de fraternité à l’égard de mes compatriotes tient aussi d’une politique gouvernementale lucide et sensible aux graves difficultés que connaît mon pays depuis 1958. Cette politique, inspirée par le Président Senghor a conserver sa constance et ce sont ceux qui ne connaissent l’histoire des deux pays qui peuvent s’étonner de la détermination et peut-être même de l’impatience du Président WADE, de voir la population guinéenne sortir de sa grande souffrance. C’est donc tout naturellement qu’il a joué un rôle éminent dans la résolution de la crise institutionnelle de la Guinée. En ce qui me concerne, je lui exprime une infinie gratitude pour les conseils de retenue qu’il n’a cessé de me prodiguer et qui ont permis d’éviter à la Guinée une dérive à l’ivoirienne. Je confie ces sentiments à Madame WADE que je salue très respectueusement et à qui je présente mes déférents hommages.
Je voudrais également remercier, du fonds du cœur, tous mes amis, les responsables de mon parti et mes amis politiques d’avoir tenu à témoigner, de leur présence, la cérémonie qui m’honore aujourd’hui.
Mesdames et Messieurs,
Les valeurs de liberté, de démocratie, étroitement liées à celles de responsabilité, de solidarité et de tolérance constituent la base du projet que je porte en moi. Dans une enceinte comme celle-ci, composée surtout d’entrepreneurs, je mettrais en avant la liberté. La liberté est un enjeu de vie, qui va plus loin que la politique. Source d’efficacité et de dynamisme, elle conditionne l’épanouissement des hommes. Elle a besoin elle-même d’un Etat de droit garantissant l’exercice d’une justice indépendante, soucieuse de protéger les droits des citoyens, au-delà de tous les clivages. Elle a besoin aussi de solidarité, car sans cela, la cohésion sociale et donc l’équilibre de nos sociétés sont menacés. Mais dans mon esprit, il ne peut pas y avoir de solidarité sans un grand sens de responsabilité personnelle.
Ce sont ces valeurs qui fondent mon combat politique. Lors des dernières élections présidentielles en Guinée, j’étais fondé à en contester les résultats comme beaucoup de mes militants m’inclinaient, non sans raison, à le faire. Je m’en suis abstenu. En effet, je suis pour la conquête pacifique du pouvoir ; aucun pouvoir ne vaut qu’on lui sacrifie des vies humaines. Comme le disait le Président WADE, alors dans l’opposition : « Je ne marcherais jamais sur des cadavres pour aller au palais ». Mais la démocratie que j’ai contribuée ainsi à mettre en mouvement dans mon pays est de nouveau menacée par le pouvoir actuel. Ainsi, la nouvelle constitution fait l’objet de violations répétées ; mes militants venus m’accueillir sont réprimés à l’arme avec des dizaines de blessés par balles et un mort. Des enfants et adolescents dont l’âge varie entre 8 et 15 ans sont arrêtés, emprisonnés et dans la relaxe est subordonnée au paiement d’une rançon. Mon devoir est de lutter contre de telles dérives. Il n’est pas question d’accepter que de nouveau, la dictature s’installe en Guinée.
Je voudrais terminer en félicitant les autres récipiendaires et remercier le MEDS d’encourager le goût de l’effort au bout duquel on atteint l’excellence.
Je vous remercie de votre aimable attention.